Chris Slade Timeline
au Forum de Vauréal le 10 novembre 2017 – Par : Olivier Carle


En cette année 2017, ce concert de Chris Slade Timeline était mon troisième d’un groupe mené par un batteur de légende. J’avais assez mal commencé avec celui de Phil Rudd en avril à l’Empreinte, un total naufrage. Par contre la prestation de Brian Downey en ce même Forum m’avait époustouflé par sa qualité musicale. Qu’allait-il en être de celui de Mr Slade ? On va y venir…

Je passe brièvement sur la 1ère partie Higher Than qui n’éblouit guère par son originalité. Tout le monde attend le batteur à la carrière foisonnante de pied ferme. L’idée de cette tournée avec Timeline est de parcourir la carrière de Chris Slade à travers des « tubes » des différents groupes dont il a fait partie. On va comprendre assez vite que si l’idée est bonne sur le papier, sa mise en œuvre va nécessiter des concessions historiques parfois un peu limite.

A tout seigneur tout honneur, le groupe attaque avec un morceau d’AC/DC puisque Chris est essentiellement connu pour être leur batteur grosso modo depuis 1990 avec des allées et venues en fonction de la santé et des déboires judiciaires de Phil Rudd. Le morceau en question « Dirty Deeds Done Dirt Cheap » est excellent sans aucun doute mais pourquoi aller chercher celui-là qui date de 1976 soit 14 ans avant l’arrivée de Chris dans le groupe ? Même s’il a eu l’occasion de le jouer avec la bande à Angus par la suite, ce morceau appartient à AC/DC période Phil Rudd qu’on le veuille ou non ! Personnellement sans vouloir jouer les puristes exigeants, ça me gêne quand même un peu !

On le sait peu mais Chris a commencé sa carrière avec l’immense Tom Jones dans les années 60. On n’aura pas le droit ce soir à un titre de cette époque car même si le public est essentiellement composé de seniors, il ne faut pas non plus exagérer ! On passe donc directement à la case Manfred Mann’s Earth Band chez qui Chris a officié tout au long des années 70. C’est logiquement le second chanteur de Timeline, plus « Classic Rock » que le premier très « Brian Johnson », qui prend le micro pour une superbe version de « Davy’s On The Road Again ». Cette chanson a marqué toute mon adolescence et c’est un vrai bonheur de la réentendre même si notre chanteur de ce soir n’a pas le timbre du grand Chris Thompson

Retour à AC/DC avec « High Voltage ». Celui-là date aussi de 1976 donc même observation que précédemment. La version est plutôt bonne, le groupe est soudé et reproduit fidèlement ce classique mais j’ai encore une fois l’impression que « la ficelle est un peu grosse » !

On passe maintenant à la période Uriah Heep puisque Chris a brièvement tenu les baguettes de ce groupe légendaire au début des années 80. J’avais d’ailleurs eu la chance de le voir avec la bande à Mick Box en novembre 1980 en Angleterre à un moment où la formation partait en sucette puisque seul Mick demeurait d’origine. Exit les Ken Hensley, John Lawton, John Wetton, Lee Kerslake que Slade remplacera avant la dissolution provisoire du groupe… Pourquoi ne pas reprendre alors « Think It Over » de 1980 auquel Chris a participé ? Au lieu de ça et pour que le public connaisse le morceau, on échappe à « Easy Living » mais on a droit à un autre classique « July Morning » de 1971 soit 10 ans avant l’arrivée de Chris chez Uriah Heep ! Bonne version là encore, la voix de notre chanteur « Classic Rock » s’adaptant tout à fait à ce répertoire mais j’ai quand même du mal à comprendre. Etait-il nécessaire de jouer un morceau d’Uriah Heep  juste histoire de dire « j’en ai fait partie » ? La question reste posée.

Vous aurez compris le schéma, on revient ensuite à AC/DC histoire de relancer un peu l’ambiance avec un « Hell’s Bells » de derrière les fagots. Cette fois le chanteur est vraiment en phase avec sa casquette et sa Brian Johnsons attitude mais bon c’était en 1980 et Mr Slade ne pouvait pas être à la fois dans Uriah Heep  et chez les Australiens…

Juste avant de rejoindre Angus et Malcolm, Chris avait tourné en 1989 avec Gary Moore donc pourquoi ne pas reprendre un petit « Parisienne Walkways » de 1979 tant qu’on y est ? Bon on ne pinaillera pas cette fois ci car l’hommage à Gary et Phil Lynott est plutôt très réussi avec notre chanteur qui s’en donne à cœur joie et une excellente prestation du guitariste notamment pour le célèbre vibrato ! C’est vrai qu’avoir joué avec Gary Moore n’est pas donné à tout le monde, demandez à Ian Paice, Tommy Aldridge, Eric Singer ou Cozy Powell (R.I.P.) !

En 1984 Chris Slade a accompagné David Gilmour pour la tournée « About Face », Jeff Porcaro qui avait joué sur l’album ne souhaitant pas partir sur la route avec David. Cela permet à notre batteur Star de se lancer dans un « Confortably Numb » de rigueur, on ne pouvait guère trouver un titre plus fédérateur que celui-là concernant Gilmour. Bon pas la meilleure version que j’ai entendue mais ça le fait auprès des ménagères de moins de 50 ans de l’assistance ! Le nombre de « mais je connais ça ! » que j’ai entendus ce soir-là le confirme…

Après cette ballade reposante, on repart sur les chapeaux de roue avec « You Shook Me All Night Long » de qui-vous-savez. Fidèlement reproduite, cette chanson est reprise en cœur par le public dont au moins 90% est venu pour entendre du « ACeDèCe » ! Chris Slade nous gratifiera d’un solo de batterie qui ne restera pas dans les annales, à 71 ans il faut quand même se ménager…

On enchaîne avec « The Razors Edge » et là je dis banco, voilà enfin un morceau des Australiens qui date de l’arrivée de Slade en leur sein. Bon ce n’est pas un classique au sens strict du terme mais au moins là on est en phase avec l’histoire… En tous cas beaucoup plus qu’avec « Back In Black » qui arrive maintenant mais bon ne boudons pas notre plaisir pour autant de réentendre cet hymne des 80’s.
Bizarrement on refait un bond en arrière dans le temps avec un retour aux années Manfred Mann. Chris nous explique qu’en 1976 lui et Manfred ont décidé de donner une seconde chance à un morceau découvert sur un album qui n’avait pas marché en 1973 d’un artiste inconnu à l’époque : Bruce Springsteen ! Et c’est parti pour une très belle version de « Blinded By The Light », un des gros succès du MMEB… Là encore la voix de Chris Thompson manque cruellement mais c’est quand même un grand moment musical que le Chris Slade Timeline nous offre là.

Le concert se terminera par un feu d’artifice dédié à AC/DC avec « Thunderstruck » de la période Chris Slade donc (1990) mais aussi « Riff Raff » de « Powerage » (1978), « Whole Lotta Rosie » de « Let There Be Rock » (1977) et l’incontournable « Highway To Hell » (1979). Le public est content c’est l’essentiel !

On l’aura compris je suis plutôt partagé sur la démarche de Chris Slade avec Timeline même si j’en comprends bien les motivations. Il est clair que c’est un peu frustrant d’avoir fait partie d’autant de groupes légendaires mais à l’exception du Manfred Mann’s earth Band pas au meilleur moment de leurs carrières respectives ! Il a donc fallu faire des choix plus commerciaux que cohérents historiquement parlant… Une fois ces réserves émises on peut reconnaître que l’artiste est talentueux et possède un jeu de batterie tout en finesse et adaptable à toute sorte de musique contrairement à Phil Rudd qui joue d’une façon très linéaire. Son groupe actuel assure bien et pour un Tribute Band le Job est fait de façon remarquable. De toute façon l’avenir d’AC/DC étant plus que sombre, on comprend que Chris ait besoin de trouver une porte de sortie et de continuer à arpenter les scènes du monde entier même si ce ne sont plus des stades de 80.000 personnes !
Merci à Aurélie Vandenborn.


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