Image : Blandine Gouel
Nick Mason’s Saucerful Of Secrets @ L’Olympia Paris 2018.
Une fois n’est pas coutume c’est relativement tard que je me suis décidé à aller voir ce concert à l’Olympia. D’une part parce que j’ai découvert un peu par hasard que le célèbre batteur de Pink Floyd avait une tournée passant par La France et d’autre part parce que j’avais quelque peu oublié les premiers albums du groupe anglais près de 50 ans plus tard… Mais la curiosité l’emporta et je me rendis donc à l’Olympia en ce début septembre et je fis bien !
Le but avoué de cette tournée était de revisiter le répertoire du Floyd antérieur à « Dark Side Of The Moon » soit la période 1967-1972, pas forcément la plus connue mais néanmoins la plus créative à mon sens du fait de la présence de Syd Barrett sur les 2 premiers albums : « The Piper At The Gates Of Dawn » et « A Saucerful Of Secrets ». On est loin des délires de « The Wall » ou de « Animals » mais on a là la quintessence du Psychédélisme des 60’s/70’s.
Nick est le batteur du groupe depuis 52 ans et il ne manquera pas de le rappeler tout au long de la soirée… Il nous livrera également quelques anecdotes sur le groupe et quelques piques à ses célèbres confrères, le tout avec un humour typiquement British. On apprendra ainsi que Roger Waters n’est pas très partageur et ne laissait pas Nick s’occuper du Gong au début de « Set The Controls… », du coup il se rattrape aujourd’hui !
Visiblement Nick n’est pas très adepte des Shows grandiloquents de Roger et préfère revenir à l’essentiel, la musique sans effets spéciaux perturbateurs…
Pour l’occasion il s’est entouré de 4 musiciens d’exception. A tout seigneur, tout honneur commençons par le plus connu : Guy Pratt à la basse et au chant. Mr Pratt a un C.V. long comme le bras puisqu’il a joué en Live avec le Floyd, puis avec Gilmour mais aussi avec Roxy/Bryan Ferry, Bowie, Madonna, Michael Jackson… J’en passe et des meilleurs sans oublier : Whitesnake ou Gary Moore ! Bref que du lourd et pourtant pas d’esbroufe sur scène, juste le plaisir de jouer ces titres mythiques avec Nick et les autres… Notamment Gary Kemp, connu pour son rôle essentiel au sein du groupe New Wave : Spandau Ballet. Ce guitariste émérite a un joli brin de voix qui passe très bien dans ce registre Floydien. Il voue visiblement un culte bien mérité à Nick qu’il nous raconte avoir vu avec Floyd dans son adolescence et que c’est le seul musicien du groupe dont il se souvient car « c’est le seul qui bougeait sur scène » ! Les deux autres larrons sont moins célèbres mais néanmoins très efficaces. Il y a le discret : Lee Harris à la guitare qui délivrera quelques soli bien sentis et Dom Beken dans le rôle très important de claviériste car la musique du Floyd s’appuie énormément sur les synthés et les effets sonores de toutes sortes…
Pendant près d’1 heure trois quarts, l’Olympia va vibrer au son du Rock Psychédélique qui a initié la légende du groupe britannique. Après une très longue intro, les guitares s’enflamment brusquement pour « Interstellar Overdrive » du tout premier album et on sent qu’on va s’en prendre plein les esgourdes ce soir. « Astronomy Domine », qui ouvrait ce même opus, permet à Nick de montrer toute sa puissance derrière les fûts et cela malgré ses 74 printemps. La force de frappe et la cohérence du groupe sont tout à fait impressionnantes et le public est déjà conquis. On enchaîne sur le très énergique « Lucifer Sam » comme sur l’album de 1967 et on a peine à croire que ce titre a plus de 50 ans tant il sonne moderne ce soir avec cet orgue omniprésent et la superbe prestation vocale de Guy Pratt. Petit bond en avant de 4 ans avec cet extrait du légendaire « Meddle » qu’est le magnifique « Fearless », un pur enchantement. On arrive maintenant en 1972 avec le titre éponyme de « Obscured By Clouds », un instrumental lancinant qui permet à Gary de « Slider » sur sa guitare pour notre plus grand plaisir et d’enchaîner comme sur l’album avec « When You’re In » qui sonne toujours plus Wishbone Ash avec le temps… Grand moment de la soirée, la version du Single de 1967 « Arnold Layne », superbe chanson très 60’s écrite par Syd et qui traverse les décennies sans prendre une ride… Petite pépite ensuite avec « Vegetable Man » que, Nick nous le confirmera, le groupe devait inclure dans Saucerful mais qui est restée longtemps dans les tiroirs jusqu’à son inclusion il y a 2 ans dans le coffret « The Early Years ». Un titre un peu déjanté comme Syd savait si bien les créer mais néanmoins intéressant à redécouvrir 50 ans plus tard…
On en arrive maintenant à l’album qui fut mon tout premier vinyle et qui m’a fait découvrir Pink Floyd au tout début des années 70 : « Atom Heart Mother » et la célèbre vache de la pochette à qui je voue un culte éternel même s’il n’est pas considéré comme un album majeur des Anglais. Le groupe nous livre tout d’abord une version toute en douceur du très nostalgique « If » qui ouvrait la face B de la galette. Puis, miracle, on passe à la face A avec les 4 premiers mouvements de la grandiose « symphonie » qu’est « Atom Heart Mother » et là je dois avouer que j’en ai presque les larmes aux yeux car je n’ai encore jamais eu la chance de voir ce titre joué en Live. Rien que pour ce moment ce concert restera à jamais gravé dans ma mémoire ! Petit détour ensuite par la bande originale du film « More » de 1969 avec « The Nile Song » et « Green Is The Colour », 2 morceaux sympathiques mais pas inoubliables… On revient aux choses sérieuses avec l’intro de Saucerful : « Let There Be More Light » et sa ligne de basse hallucinante. Autre moment phare de la soirée et pas seulement pour son intro de Gong, « Set The Controls For The Heart Of The Sun » dans une version rallongée totalement hypnotique et sublime qui mettra tout le monde à genoux ! Mais Nick Mason ne s’arrête pas là et nous propose l’excellent « See Emily Play », autre Single écrit à l’époque par Syd et que j’avais découvert pour ma part via la version de Bowie sur « Pin Ups » de 1973 avant d’acquérir la compil’ « Relics » quelques années plus tard. Très bonne version de ce petit joyau des 60’s qui obtient un franc succès auprès du public de l’Olympia. Petit intermède Pop avec « Bike » qui clôturait « Piper » avant le final de « One Of These days » que tout amateur du « Meddle » de Pink Floyd connait par cœur avec sa ligne de basse omniprésente et les guitares qui s’envolent…
Le groupe disparaît ensuite Backstage non sans remercier chaleureusement le public debout de la fosse aux derniers rangs. Il reviendra pour un « A Saucerful Of Secrets » indispensable puisqu’il donne son nom à cette formation exceptionnelle. Superbe version de ce morceau typique du Floyd de la fin des 60’s qui annonçait les « Meddle » et « Dark Side Of The Moon » de la suite mais c’est une autre histoire… Choix étonnant ensuite que de finir avec le très Pop « Point Me At The Sky », j’aurais personnellement préféré un petit « Careful With That Axe, Eugene » ou un extrait de la partie studio d’ « Ummagumma », album totalement ignoré ce soir à mon grand regret mais on ne peut pas tout avoir !
Au final ce concert de Nick Mason’s Saucerful Of Secrets fut une excellente surprise et restera certainement un de mes meilleurs souvenirs Live de cette année 2018. Il parait que le groupe va enregistrer un album de nouveautés, j’ai hâte…
Live Report : Olivier Carle, Images Live : Guillaume Frémeau
Merci à Alain Lahana.