Corky Laing Plays Mountain au New Morning 2018 !
Je n’ai eu la chance de voir ce groupe mythique qu’est Mountain qu’une seule fois, c’était en 1985 en 1ère partie de Deep Purple qui faisait son grand retour. Le groupe de Leslie West ne fut pas très bon ce soir là, Felix Pappalardi s’était fait flinguer par sa femme 2 ans auparavant et seuls subsistaient Leslie et Corky du groupe d’origine. Pas un grand souvenir en tous cas même si on avait eu droit à un « Mississipi Queen » acceptable ! Par la suite j’ai revu Leslie West, au New Morning en 2010, pour un concert intimiste, très Blues, sans grand rapport avec le Mountain de l’époque… Ce concert de Corky Laing dans ce même New Morning était donc une occasion unique de réentendre enfin en Live le répertoire de la fin des années 60 et du début des Seventies de ces précurseurs du Hard Rock.
Pour l’occasion, Corky, 70 ans au compteur et toujours batteur de son état, s’est entouré d’un guitariste de talent, Chris Shutters, et d’un bassiste tout aussi doué, Mark Mikel. Il fallait des pointures pour remplacer Leslie et Felix et le choix était le bon ! Il faudrait aussi mentionner Jack Bruce d’ailleurs puisque on s’attendait à ce que Corky rende un hommage à la formation West, Bruce & Laing au cours de ce concert et ce sera le cas avec un seul et unique extrait de « Why Dontcha »… Ce qui fut intéressant ce soir là au New Morning c’est la musique bien sûr mais aussi toutes les anecdotes que le batteur a pu nous conter 50 après et le bougre n’est pas avare en la matière !
On attaque avec « Dreams Of Milk & Honey » suivi de « Blood Of The Sun ». La frappe de Corky est toujours aussi précise et efficace malgré les années et on sent chez lui un vrai plaisir de se retrouver sur scène pour partager la musique de son groupe d’origine. On continue avec « Travellin’ In The Dark » du second album « Nantucket Sleighride » de 1971 puis « Long Red » issu du premier album solo de Leslie West « Mountain » de 1969 qu’on attribue souvent à tort à la discographie de Mountain (le groupe !) du fait de la présence de Felix sur cet opus. Petit hommage à Jack Bruce (et Pete Brown !) avec le superbe titre « Theme For An Imaginary Western » interprété avec beaucoup de Feeling par le trio. Ce morceau très nostalgique a quasiment toujours fait partie de la Setlist de Mountain et c’est un vrai plaisir de le réentendre ce soir au New. On reste dans un son très Cream avec le très bon « Never In My Life » lui aussi issu du premier album de Mountain « Climbin’ ». On comprend à l’écoute de ce titre comment le groupe de Leslie West est devenu avec Cream et d’autres le précurseur du Hard Rock des 70’s.
« Mississipi Queen » est l’occasion pour Corky de nous raconter la genèse de ce brûlot… Il s’agit donc d’une jolie jeune femme venue à un concert de son groupe de l’époque Energy sur l’île de Nantucket. Soudain une coupure d’électricité et seule la batterie peut encore se faire entendre. La jeune femme continue à danser au son de la « Cowbell » de Corky, seulement éclairée par les lampes de sécurité incendie du club. Le batteur est fasciné par cette beauté sexy à la robe transparente qui partira finalement avec son ami musicien. En rentrant dépité chez lui, notre batteur s’empressera d’écrire un morceau en hommage à la belle avec introduction à la « Cowbell » comme s’il voulait continuer à la voir danser pour toujours… Jolie histoire qui lui portera chance puisque ce morceau « Mississipi Queen » restera comme un des grands moments de la courte carrière du groupe américain.
On reste à Nantucket avec « Nantucket Sleighride » et Corky nous conte l’histoire de ces baleiniers emportés par les animaux marins harponnés depuis leurs bateaux. Il en profite pour rendre un hommage poignant à tous ceux qui ont disparu de sa vie à un moment ou à un autre tout au long de sa carrière de plus de 50 ans maintenant… Corky nous fera ensuite la démonstration s’il en était encore besoin de ses talents de batteur pour le morceau « Like A Rolling Stone » durant lequel il parle plus qu’il ne chante tout en frappant ses fûts allègrement. Un peu long peut-être ! Avec « For Yasgur’s Farm » du premier album on est dans l’ambiance Woodstock puisque c’était le nom du propriétaire de la ferme où a eu lieu le célèbre festival de 1969. Joli morceau très nostalgique. « Sittin’ On A Rainbow » nous ramène à un rythme plus soutenu et le morceau me fait irrésistiblement penser à Johnny Winter/Rick Derringer… « Don’t Look Around » qui ouvrait « Nantucket Sleighride » est encore plus rapide et fait partie selon moi des meilleurs morceaux de la carrière de Mountain. Corky se déchaîne sur sa batterie et le guitariste et le bassiste ne sont pas en reste… Un pur moment de plaisir musical partagé. Lorsque Corky annonce que le trio va maintenant rendre hommage à West, Bruce & Laing, tout le monde s’attend à un « Why Dontcha » de derrière les fagots mais en fait c’est « The Doctor » qui déboule… Excellent morceau également où la guitare de Chris et la basse de Mark font des étincelles !
Corky ne résiste alors pas à l’envie de nous raconter ses anecdotes de Woodstock. Il faut savoir qu’à l’époque du festival, il n’était pas dans Mountain. Ce n’est que peu de temps après qu’il a remplacé N.D.Smart derrière les fûts. Néanmoins le groupe y a joué 9 morceaux dont « Yasgur ‘s Farm » inspiré par le morceau « Who Am I But You And The Sun » de Corky qui a de ce fait reçu un disque d’or de remerciement pour Woodstock sans y avoir joué. De plus quelques temps après, au moment de sortir le disque du festival, l’ingénieur du son s’est aperçu que le micro était resté trop loin de la batterie de Ric Lee (Ten Years After), privant ainsi la prestation du groupe d’Alvin Lee de la partie « Drums » notamment sur « Goin’ Home ». TYA étant en tournée à ce moment là, il fut décidé de demander à Corky devenu le cogneur de Mountain entre temps de doubler la batterie de Ric Lee. Tâche facile à première vue pour un batteur aguerri mais qui s’est révélée plus ardue lorsque Corky s’est aperçu que la version de cet opus à Woodstock durait près d’une demie heure et surtout qu’Alvin augmentait sensiblement la cadence au cours du morceau. Notre batteur raconte qu’il est sorti de la session épuisé et qu’il a vite demandé à rentrer chez lui (« Goin’ Home ») ! Néanmoins cette prestation (non rémunérée !) a permis à Corky de recevoir ensuite un second disque d’or de Woodstock, une nouvelle fois sans avoir participé au festival original ! Jolies anecdotes en tous cas qui permettent au trio de se lancer dans un « Goin’ Home » jouissif très apprécié du public certes restreint mais aux anges de replonger près de 50 ans en arrière…
Ce concert mémorable se terminera par un « Silver Paper » très Groovy repris en chœur par les fans de la première heure (« Open Your Heart, Let The Sunshine In ») juste avant un « Roll Over Beethoven » d’anthologie mené à un train d’enfer… Au final un vrai plaisir de retrouver Corky Laing plus de 30 ans après son concert à Paris Bercy avec Mountain. Celui du New Morning nous laissera en tous cas un bien meilleur souvenir musical en espérant le revoir un jour sur la même scène que Leslie West, on peut toujours rêver !
Live Report d’Olivier Carle
Merci à Dom et 106dB…