Glenn Hughes Performs Classic Deep Purple Live @ Paris, l’Elysée Montmartre, le 6 Novembre 2018.

Une soirée exceptionnelle s’annonce : à Naples, le Match crucial du PSG qui tente de sauver sa saison européenne en Champion League, et dans le même temps, à l’Élysée Montmartre, Glenn Hughes, The Voice Of Rock, « The Real One », qui se déplace pour un Revival de taille : Glenn Hughes Performs Classic Deep Purple Live. Choix cornélien, s’il en est qui s’impose, c’est bien ce casse-tête qui pourrait en être un.

Le sexagénaire anglais a averti : il est venu pour se produire avec une Setlist extraordinaire, exceptionnelle, magnifique pour les vrais amateurs de Hard Rock des Seventies… La période Mark III et IV. Un voyage dans le temps que l’on n’espérait pas et des titres Live jamais entendus par les fans français. Un « Musical Trip » à ne pas en douter bouleversant et explosif. Alors : avec cette soirée de folie, aucune hésitation… ! Ma décision fut prise en un millième de seconde, et ce, malgré ma passion pour mon club parisien de cœur… Il est vrai, le combat s’avère inégal, et même injuste.

Un PSG hésitant qui risque une élimination en Champion League Versus un Glenn Hughes qui revient avec 22 titres en partie inédits du Deep Purple de la meilleure période, pour nous les fans français. Glenn ressuscite cette époque où il y officiait avec génie, entre son arrivée dans ce combo en 1974 et la séparation du groupe le 19 juillet 1976. Il nous offre les splendides musiques issues des disques d’anthologie, Burn (enregistré en novembre 1973 à Montreux et sorti en février 1974), Strombinger (enregistré dans les studios Musicland en août 1974 à Munich en Allemagne, mixé dans les studios Record Plant à Los Angeles et sorti en novembre 1974) et Come Taste The Band (enregistré en août et septembre 1975 au Musicland de Munich et sorti le 10 octobre 1975).

Avec Glenn, il y eut incontestablement un avant et un après Deep Purple. Difficile de survivre après le passage de ce bassiste et chanteur unique. D’ailleurs, c’est si vrai que cette mythique assemblée d’excellents musiciens se sépara après ces deux années exceptionnelles. Avec l’arrivée de David Coverdale, Glenn Hughes et Tommy Bolin au sein de Deep Purple, ce dernier a négocié intelligemment et subtilement une nouvelle direction musicale plus Funk, Blues et Soul. Une mixture surtout représentée sur le magistral opus, Strombinger. Indéniablement, ce cycle constituera LA grande période du Purple, même si à l’époque la presse et les fans ne furent pas si unanimes dans ce constat. Depuis, c’est devenu une évidence pour beaucoup. Alors, découvrir pour la première fois certains titres de cette magnifique période, cela ne se rate sous aucun prétexte. Vraiment aucun. Alors, si certains ont fait l’impasse sur cette soirée musicale unique, tant pis pour eux. Honte sur eux, même. Heureusement, beaucoup avaient fait le même choix que moi. Choix évident lorsque l’on connaît les relations privilégiées entre Glenn et son public. Tant pis pour Neymar Jr et ses coéquipiers…, ce sera pour une fois, sans moi.

Glenn adore La France et il y compte de vrais amis. Ces derniers se bousculent pour venir le saluer. Même les plus illustres sont présents, Patrick Rondat, médusé, assiste à un spectacle exceptionnel ; Renaud Hantson, ami de toujours de « The Voice », après une heure passée avec l’immense Glenn dans sa loge, rejoint le parterre de fans venus acclamer le gigantesque chanteur de Rock que Glenn a toujours été.

Le Show débute à 20 heures 20 avec une bande son radiophonique des Seventies afin de nous remettre dans l’époque à revisiter. Puis, une fois dans l’ambiance, les musiciens viennent s’installer sur scène pour un explosif ‘’Strombinger’’. Malheureusement, ce sera l’unique titre de la soirée issu de l’album éponyme, il me manque les fabuleux : ‘’Holy Man’’, ‘’Hold On’’, ‘’Lady Double Dealer’’. À travers ce premier Scud, Glenn prouve, avec une voix aiguë si particulière, qu’il reste dans le Rock, LE Maître vocal par excellence.

Le Show se poursuit ainsi dans la même veine jusqu’à 22 heures 20, où Glenn achèvera son voyage spirituel avec un seul et unique rappel. Mais quel rappel avec deux des titres les plus classiques du Purple : un ‘’Burn’’ exaltant de six minutes et demie suivi d’un ‘’Highway Star’’ tonitruant tiré du non moins tonitruant opus Machine Head. Ce n’est que sur ce dernier titre que Glenn va lâcher sa basse pour occuper le poste de Lead-Singer uniquement, laissant de fait sa place de musicien à un inconnu de son staff aux cheveux longs et barbus. Au final, à 66 ans, Glenn assure comme jamais : deux heures à se taper le cul par terre. Une scène sobre aux couleurs pastel de la période Hippie et avec le culte de la personnalité que Glenn a toujours su manier avec intelligence.

Mais entre ces splendides compositions qui démarrent et clôturent le concert, Glenn n’oublie pas l’opus Burn. Deux titres figurent sur la superbe Setlist de la tournée, ‘’Might Just Take Your Life’’ et ‘’Sail Away’’ qui propulsent définitivement les spectateurs vers l’une des plus belles périodes du Hard Rock anglais. Celle reconnut, comme fondatrice pour toutes les générations de Hard Rockers qui ont suivi. Le socle de cette musique posée par : Led Zeppelin, Black Sabbath et Deep Purple et que l’on adore tant. La cérémonie de cette soirée ne pouvait exister sans un retour aux sources. Pour Glenn, il ne peut donc exister de tournée Revival sans rendre hommage à son meilleur ami de l’époque, l’ex-guitariste Tommy Bolin. Sa complicité avec Tommy, qui remplaça d’ailleurs avec brio Ritchie Blackmore, n’a jamais été feinte, contrairement à d’autres amitiés que le groupe a essayé de nous vendre dans les années soixante-dix. Glenn n’a jamais caché son antipathie pour Ritchie. Ce dernier d’ailleurs quitta Deep Purple officiellement le 21 juin 1975, après son concert au Palais des Sports de Paris le 7 avril 1975. Leur relation tumultueuse en étant une des raisons. Blackmore partit former Rainbow avec le chanteur Ronnie James Dio qui assurait depuis 1972 toutes les premières parties de Deep Purple avec son groupe Elf.

Lorsque, 42 ans plus tard, The Voice Of Rock fait à l’Élysée Montmartre un bond dans le temps en reprenant deux titres du splendide ‘’Come Taste The Band’’, le public se trouve aux anges. La voix tremblante de Glenn sur ‘’Gettin’ Tighter’’, pendant qu’il nous explique à quel point il a toujours aimé, respecté, honoré le travail de son ami Tommy, l’émotion est si palpable que les fans dans la salle applaudissent avec force et vigueur. Personne n’a oublié Tommy Bolin, ce guitariste américain hors du commun. Merci David Coverdale ! Tommy fut débusqué par David lorsque ce dernier l’entendit jouer sur l’album Spectrum de Billy Cobham. Malgré son départ prématuré d’une overdose, il demeure incontestablement dans le panthéon des Guitar Hero. Leur Addiction aux drogues dures, héroïne pour Bolin et cocaïne pour Hugues ont définitivement scellé leur amitié éternelle. Ce soir-là, à l’Élysée Montmartre, Glenn débute ce splendide ‘’Gettin’ Tighter’’ par un solo de basse d’une trentaine de secondes qui met tout le monde d’accord… Puis, une intro d’une minute trente qui annonce un voyage dans le temps extraordinaire. En quatorze minutes, le titre explose la salle. Jamais ce titre ne fut aussi long et joué avec autant d’intensité. Quel plaisir.

Toujours issu de l’éblouissant opus Come Taste The Band, vient le tour de la chanson ‘’You Keep On Moving’’, enregistrée à l’origine pendant les Sessions de l’album Burn. ‘’You Keep On Moving’’ dure à l’Élysée Montmartre près de sept minutes. Des minutes de bonheur. Ce titre, Glenn l’a toujours repris sur scène depuis des décennies. ‘’You Keep On Moving’’ figure pour moi au panthéon des sublimes compositions Rock et il m’a même fait adorer cet instrument ingrat qu’est la basse. La démonstration vocale de Glenn se révèle exemplaire sur le final de ce titre… Incontestablement, la foule ne s’y méprend pas à constater la réaction de la salle lors des sublimes vocalises… Lorsque David Coverdale perd chaque année un peu plus sa voix, Glenn Hugues, malgré toutes ses addictions passées et ses errances de vie, il n’a pas perdu son illustre instrument… C’est là, dans de tels moments de vérités que l’on est obligé de constater que Glenn surpasse, comme il a toujours surpassé, son ancien collègue David. CQFD.

Retour à l’Élysée Montmartre avec l’opus Burn. C’est avec ‘’You Fool No One’’, et un magistral ‘’Mistreated’’ de 12 minutes, du pur bonheur avec ses montées dans les aigus que seul Glenn sait faire que la soirée continue. Ce Blues mythique de ‘’Mistreated’’ que l’on pourrait emporter sur la route 66 afin de rouler paisiblement en communiant avec la nature, l’amour, la musique et nos rêves d’adolescents… Ces fameux rêves de Rock Star que nous avons tous eus. Alors, comme j’ai prévu, il y a peu, de faire cette route 66 avant fin 2019, promis, je me souviendrai que sur ma Playlist, la version de ‘’Mistreated’’ à l’Élysée Montmartre figurera bien en bonne position. Peut-être même que j’emporterai les trois albums du Purple version Glenn Hughes….

La soirée d’anthologie se poursuit, mais n’empêche pas quelques pensées vers le stade San Paolo de Naples. Avec quelques regards sur mon portable, je découvre que le PSG vient de marquer. Quelle soirée. Néanmoins, je ne me perturbe pas, je reste concentré sur la scène de l’Élysée Montmartre. Retour sur la période Machine Head, le classique ‘’Smoke On The Water’’ avec un final en clin d’œil sur l’un de ses titres favoris, ‘’Georgia On My Mind’’, vient clore une prestation éblouissante de Glenn Hughes.

Ce  »Musical Trip », en 2018, avec la couleur et le talent de Glenn Hughes, nous a transporté en seulement onze titres majeurs du Rock comme rarement un concert de ce type pouvait le réaliser. Avec ses 66 ans, sa chemise à fleurs, son débardeur digne des Seventies, sa chevelure d’époque qui avait repoussé, ses lunettes de soleil d’époque également, une musique qui sonnait comme au règne de mon adolescence, un jeu de scène irréprochable, Mister Glenn a parfaitement réussi le voyage dans le temps. Mieux, on se serait véritablement cru être aux Abattoirs de la Villette en 1975. Glenn, ce soir-là, il m’a même fait regretter de ne pas être né dix ans plus tôt pour avoir eu le privilège de voir le Deep Purple de l’époque. Nous sommes malheureusement en 2018, mais la différence ne s’est absolument pas ressentie. Ce concert mémorable de Glenn Hughes du 6 novembre 2018 restera gravé au plus profond de ma mémoire et de mon cœur de Rocker… Et le PSG a quand même sauvé l’honneur avec un Match nul 1 – 1 qui ne les condamne pas… Ah quelle admirable soirée !
Live Report : Carlos Sancho