Patrick Fiori à Paris l’Olympia, le 3 novembre 2018.
Un samedi soir heureux sur la terre.
En 23 ans de carrière, depuis Phoebus, rôle qu’il incarnait dans la Comédie Musicale Notre Dame de Paris, Patrick Fiori demeure un artiste engagé qui n’a pas sa langue dans la poche. Il revient avec ‘’Promesse’’, son dernier opus, le douzième, sorti le 29 septembre 2017. Avec ‘’Promesse’’, l’artiste, nous lance un défi : à nous aussi de toujours tenir nos promesses. Voilà la formidable invitation à laquelle nous a convié Patrick Fiori, à l’Olympia, le 3 novembre 2018. Depuis 1994, il n’a jamais failli ni à sa parole, ni à ses promesses et ses engagements. Pas si nombreuse cette catégorie de personnes ! Ce chanteur populaire se livre comme il chante. Patrick Fiori se lâche avec un tel talent… Il n’a pas peur de ses sentiments. À regarder de plus près, un constat s’impose : c’est un bonheur de trouver un artiste aussi impudiquement pudique, intègre et toujours aussi fiable sur le long terme. Et, malgré son succès, Patrick Fiori reste une personne humble sans jamais sombrer dans le pathos ni dans l’hypocrisie… D’ailleurs, sa longévité dans un Business aussi cruel et hypocrite que le monde musical ne peut s’expliquer autrement !
La relation que l’artiste entretient avec son public s’avère exemplaire : une fidélité réciproque sans borne depuis le début, des rendez-vous jamais ratés, des promesses toujours tenues et peut-être le plus important un respect mutuel qui dure depuis plus de deux décennies. D’autres Stars de Notre Dame de Paris, moins sincères dans leur engagement, n’ont pas connu la même ascension que Patrick Fiori. Ce n’est plus maintenant que les fans vont faillir à leur engagement et lâcher Phoebus. Il est évident que seules les personnes, vraiment intègres, franches et sincères méritent la totale fidélité de leurs proches…
Revenons donc à ce samedi soir si important pour une kyrielle de fans. Le rendez-vous fut donc pris au printemps dernier entre l’artiste, ses admirateurs et l’Olympia. Comme Patrick Fiori l’exprimait avec justesse sur son premier disque, »puisque c’est l’heure », à notre tour d’honorer notre parole en le rejoignant dans ce nouveau rendez-vous. Des retrouvailles sur le thème de l’amour. Aller soutenir le chanteur sur scène, ce n’est finalement en amour qu’un retour normal des choses.
Après nous avoir présenté un jeune couple (Philippine & Théo) signé chez Sony, et qu’il confie avoir croisé dans les couloirs de sa maison de disques, Patrick décide de les inviter à chauffer la salle. Le duo ne propose que d’anciennes chansons. Une réussite malgré ce choix étonnant ! Décidément, là encore, Patrick a frappé dans le mille pour préparer ses fans.
Après une petite pause afin d’avaler une bonne bière bien fraîche, le temps de refaire un dernier petit point avec l’équipe technique, ces derniers expliquent que Patrick demeure un bourreau de travail, qu’il adore la route et les vraies rencontres. Celles où l’amour porte chaque instant.
Pour son nouveau passage dans cette salle mythique, la dernière fois remontant en mai dernier, Patrick Fiori revient nous offrir en musique une nouvelle énorme dose d’amour. Après une tournée au printemps dernier et des festivals d’été, l’artiste revient après un Break qu’il s’est octroyé pour recharger ses batteries auprès des gens qu’il aime. Patrick retourne donc sur la route pour retrouver d’autres personnes qui comptent pour lui, ses fans. Il a prévenu, il les retrouvera jusqu’en fin 2018, avant de reprendre le dernier volet de cette tournée au printemps prochain. Des retrouvailles à chaque fois avec la même énergie, le même sens du don, le même plaisir… La soirée s’avère toujours à la hauteur de l’artiste et de sa manière de concevoir sa vie, son métier et sa relation avec ceux qu’il aime. Sur scène, Patrick envoie toujours une voix aussi puissante. Il distille des chansons toujours aussi efficaces qu’un public conquis reprend en chœur dès les premières notes. Un amour et un voyage musical porté par un groupe qui ne démérite pas. Patrick montre que l’alchimie parfaite dans une relation d’amour existe. Le Show s’assemble toujours autour des mêmes ingrédients : sobriété, percutant et intensité. Comme à chaque concert, chaque tournée, chaque rencontre, Patrick a encore tenu toutes ses promesses. Une habitude dont nous ne sommes pas prêt de nous lasser. Elles sont si rares les personnes d’honneurs, et qui tiennent leurs paroles. Probablement que son côté corse s’avère une des composantes si solide pour sa philosophie de vie.
En vingt-deux titres, Patrick emmène son public dans un voyage. Comme l’artiste l’exprime dès son arrivée à son public » À la force de l’amour, on ouvre un peu plus son cœur »… Et en matière d’ouverture, autant celle de l’esprit que celle du cœur, Patrick l’ouvre sans aucune restriction. La Setlist, presque parfaite, nous porte au centre du cœur de Fiori. Entre ce magnifique, »Mes belles figures » dans lequel Patrick nous enivre aux doux embruns de sa famille la plus proche, »Promesse » splendide chanson éponyme, »Les gens qu’on aime » (aux paroles chirurgicales de son ami Jean-Jacques Goldman). Il suffit de les lire pour comprendre, »Ce matin, j’irai dire aux gens que j’aime juste merci d’être ce qu’ils sont… Ce matin, j’irai dire aux gens que j’aime comme il compte pour moi chaque instant… Et le dire, c’est important « , merci Jean-Jacques de nous dire aussi facilement ceux que nous ne parvenons toujours pas à comprendre aussi facilement dans l’existence. Patrick poursuit avec ‘’Ta belle histoire » qui nous tire quelques larmes. Le chanteur n’hésite pas de nous emmener dans ce lieu magique ‘’Où, je vis’’. Ce dernier titre sera le dernier de la soirée. Finalement, ‘’Promesse’’, le douzième opus se trouve largement représenté…
Néanmoins, son public, toujours aussi nostalgique, il est vrai qu’en amour on est toujours plus ou moins mélancolique, et avec une audience aimant les belles chansons, les fans ne boudent pas leur plaisir lorsque Patrick entonne ses plus grands tubes ‘’Il paraît’’, ‘’Choisir’’, ‘’L’instinct masculin’’, ‘’Peut-être que peut-être’’, ‘’Quatre mots sur un piano’’, celui-ci seul sans son compère Jean-Jacques Goldman. Patrick en profite pour chanter les douleurs de l’amour, ‘’Sans bruit’’, ‘’Toutes les peines’’, et l’éternel ‘’Que tu reviennes’’.
La soirée touche le sublime lorsqu’il interprète ‘’À la vie’’, un titre aussi émouvant que réaliste qui restera pour moi une ode à la VIE ! Comment ne pas succomber lorsqu’il clame « À la vie, à l’amour que ces moments-là restent en nous pour toujours. À l’Amitié, aux beaux jours, qu’ils éclairent vos parcours. Bonne route et à demain. Que rien ne sépare jamais nos chemins. Bonne chance et prenez soin du monde autant que de vous. Au bonheur, au plaisir, que le cynisme jamais ne vous abîme. À la musique. À nos rires qu’ils sachent nous réunir. Que vous appreniez d’hier. Que les traces de vos pères jamais ne s’effacent. Que la santé vous garde. Et que des enfants vous chantent un jour à vous rendre sourds : à la vie, à l’amour… Soyez curieux, ne cessez jamais d’apprendre, voir, écouter, sentir, entendre. »
Si l’artiste flirte avec l’amour, la famille, l’amitié, la douceur, Patrick Fiori n’en oublie pas de s’amuser comme un enfant en enchaînant deux titres très festifs »Tu connais tout » et »Si on chantait plus fort ». Et un concert du généreux Fiori ne serait jamais un concert de Patrick Fiori s’il abandonnait l’essentiel : le chanteur n’oublie jamais d’où il vient et surtout pas ses origines. Aucun tour de chant ne peut se réaliser sans qu’il chante son amour pour ses régions de cœur, »Furrunatu », »Corsica », et »Marseille »…
Seule petite fausse note, pour moi, et qui me laisse définitivement sur ma faim : l’interprète n’a pas chanté ‘’Je ne serai jamais’’, le titre qui le résume le mieux et qui restera pour moi un hymne non pas à l’amour, mais un hymne pour chacun d’entre nous. Ce fabuleux texte qui me porte depuis des années… Texte de 2005 que je vous offre avec tout l’amour dont aurait pu vous combler l’excellent Patrick Fiori : « Je ne serai jamais ni l’ombre d’un homme, ni le pâle reflet d’un autre que moi. Je suis toutes mes failles, mes blessures et mes fautes. Je suis ce que tu vois. Je ne serai jamais le héros de tes fables, ni ce beau chevalier dont tu rêves parfois, si je dresse mes bras en murs infranchissables. Tu vois, je ne suis que moi. Je ne serai jamais ni Prince d’illusion, ni de ces beaux Marquis, si brillants et narquois. Je suis de mon histoire, de mon passé, de mes passions. Je suis ce que je crois. Je ne serai jamais un regret pour mes pères, un de ces baladins à la solde d’un Roi. Et je veux des enfants toujours fiers d’être fiers. Je suis ce que je dois. Mais je pourrais ma belle si tu le demandais décrocher les étoiles te couvrir de soie, faire enfin de mes bras le plus beaux des palais. Mais je ne serai jamais, jamais que moi. Je ne serai jamais, jamais que moi «
Merci Patrick finalement d’être toi sans jamais sur jouer ni racoler, et de nous montrer ainsi la voie vers l’authenticité à laquelle nous devons tous aspirer… Celle qui fait de nous que l’on soit un humain : Une belle personne.
Live Report & images : Carlos Sancho.