Shakin’ Street + Ocean, Paris au Petit Bain, le 11 janvier 2019.

Voilà 2 groupes que je n’ai jamais eu la chance de voir sur scène à la grande époque, du milieu des années 70 au début des années 80. Je me réjouissais donc de pouvoir enfin découvrir Shakin’ Street et Océan à l’occasion de cet événement très attendu au Petit Bain.

C’est le groupe de Georges Bodossian qui ouvre les hostilités à 19h30 pétante pour un Set d’un peu plus d’une heure devant un public nombreux. Le son est fort, limite trop fort même, mais les Français ont décidé de frapper un grand coup avant la tornade Shakin’ Street. On retrouve donc le guitariste en très grande forme, peu souriant il faut bien le dire, mais très concentré sur sa six-cordes ! Au chant il y a Stef Reb qui remplace le regretté Robert Belmonte décédé il y a une quinzaine d’années. Bon on peut à juste titre regretter que l’amplitude vocale de Stef n’égale pas celle de Robert mais il faut bien reconnaître qu’il fait tout son possible pour combler ces lacunes et établir un contact chaleureux avec le public. La section rythmique est plutôt efficace avec Noël Alberola, le bassiste d’origine du groupe, et Alain Gouillard derrière les futs, qui avait rejoint Océan début 80 lorsque les Frenchies faisaient la 1ère partie de la tournée française d’AC/DC sur le Highway To Hell Tour

On aura droit à une Setlist alternant titres plutôt Hard Rock d’il y a 40 ans et des extraits de l’excellent dernier album « C’est La Fin… » de 2016. On attaque avec le Heavy « Aristo » qui met la barre très haut. Autre extrait de l’album éponyme de 1981, le classique « Rock ‘n’ Roll » a gardé toute son énergie et Georges nous délivre un redoutable solo. On reste en 1981 avec le Trustien « A force de gueuler » qui reste un incontournable du Hard français des 80’s. On enchaîne avec les très bons « La haine » et « Désillusion » du dernier opus, on y sent Stef plus à l’aise vocalement car cet album a été enregistré avec lui et correspond plus à son registre. « Attention contrôle » sonne de nouveau bien années 80 et le refrain est repris en chœur par les fans des débuts du groupe. Ambiance plus Bluesy avec le superbe « Qu’on me laisse le temps » qui restera un grand moment de ce concert avec son riff entêtant. Retour au gros son avec « Rouge lézard » de 2016, la guitare de Georges est toujours plus tranchante et le groupe est au taquet derrière le patron ! Idem avec « Je crois que tu aimes ça », un Hard Boogie bien efficace qui entraîne les derniers indécis… J’avoue être un peu moins fan de « Tu n’penses qu’à ta Gueule » qui semble néanmoins obtenir une certaine unanimité au sein des premiers rangs. Rappel très efficace avec le classique « Dégage » qui sonne très Trust de la bonne époque et le bien Speed « La mort rôde autour de nous », une véritable ode à la fête et au Rock ‘n’ Roll. Comme beaucoup dans le public, j’ai été très impressionné par la prestation d’Océan en ce début d’année 2019 et je n’hésiterai pas à retourner les voir dès que l’occasion se présentera…

Courte pause et Shakin’ Street entre en scène. Atmosphère électrique dans la salle pour ce grand retour ! 2 membres originaux : Fabienne au chant et le légendaire Ross The Boss à la guitare. La section rythmique des cultissimes Dictators : Dean Rispler à la basse et J.P. « Thunderbolt » Patterson à la batterie. Enfin le brillant Freddie Katz à la seconde guitare… Enfin un groupe de fines gâchettes américaines pour accompagner la grande Fabienne Shine ! Gros son, guitares tranchantes, rythmique d’acier et notre chanteuse en grande forme… Tout est réuni pour un Set d’enfer !

Le concert sera relativement court (1 heure et quart) mais intense… Sans surprise la Setlist s’appuie essentiellement sur l’album éponyme de 1980 qui sera joué quasiment dans son intégralité ! C’est l’énergique « Solid As A Rock » qui ouvre le bal et on retrouve un Ross Friedman tout sourire qui se déchaîne sur sa guitare. Pas de baisse de régime avec l’épique « No Compromise » et son refrain lancinant. Ambiance Punk avec le « No Time To Lose » sur lequel les premiers rangs se déchaînent.

Fabienne parle d’une façon très douce avec son public entre les morceaux, souvent interrompue malheureusement par quelques « fans » solidement éméchés et parfois peu respectueux mais bon ! Elle en profite pour nous annoncer que son album solo bénéficiera d’une sortie mondiale et se lance dans un superbe « I Gotta Fly » qu’elle a coécrit avec Freddie Katz et qui sonne très Blondie. On reste dans cette ambiance à la Debbie Harry avec « I ‘m Your Girl » toujours extrait de son nouvel album solo.

Et maintenant retour à Shakin’ Street à proprement parler avec mon titre fétiche « Suzie Wong » dont Fabienne nous explique brièvement la genèse et la fascination qu’elle avait pour cette jeune prostituée… Elle en profite pour nous annoncer que c’est aussi le morceau préféré de Ross The Boss, histoire de dire que les « métallos » (je cite !) sont aussi capables d’aimer des choses plus Pop ! Petit détour ensuite par l’album culte « Live And Raw » avec le titre en français de la soirée « Môme(s) des villes », enregistré à l’époque avec rien moins que Jimmy Page à la guitare… Moyen de rappeler avec ce morceau très Runaways dans l’esprit que bien que vivant aux Etats-Unis, Fabienne reste une chanteuse profondément française dans l’âme. Avec « Every Man Every Woman Is A Star », l’album de 1980 est de nouveau à l’honneur et cet hymne Hard/Punk emporte tout sur son passage… Bien qu’enregistrés il y a quasiment 40 ans (et non 30 comme semble le croire malicieusement Fabienne !), tous ces titres passent toujours impeccablement l’épreuve de la scène et tout particulièrement avec cette bande de musiciens chevronnés… « Don’t Tell Me How To Shake It » est donc le titre de l’album solo de Fabienne mais aussi celui joué maintenant toutes guitares dehors par Ross et Freddie avec une Fabienne aux anges devant la réaction très positive des fans… On reste sur la nouveauté avec « The World And Me » , un très bel hommage au grand Johnny Thunders et dont, là encore, nous avons les anecdotes liées à sa création. Fabienne avait rédigé ce texte il y a quelques années pour remercier Johnny Thunders de lui avoir dédié « You Can’t Put Your Arms Around A Memory » mais celui-ci ne l’a semble-t-il jamais reçu. Trouvant dommage de laisser ce texte dans un tiroir, elle l’a donc mis en musique avec l’aide de Freddie pour ce nouvel album solo. On ne peut que s’en réjouir car il est fort beau et très émouvant à tel point que son interprétation au Petit Bain restera comme un grand moment du concert… « Soul Dealer » arrive maintenant sans crier gare et le groupe remet le turbo comme jamais. On ne s’arrête pas en si bon chemin avec une version survitaminée de « Box You », son refrain repris en chœur et ses guitares en fusion. On s’approche doucement de la fin du Show et c’est le moment de ressortir le légendaire « Vampire Rock » de 1978… Excellente version de ce « tube » de Shakin’ Street avant que le groupe ne reprenne un hymne des 70’s de Iggy & les Stooges : « Wanna Be Your Dog », cerise sur le gâteau de cette soirée mémorable !

On est ensuite invités à rejoindre la terrasse du Petit Bain pour rencontrer les musiciens et faire signer les albums d’Océan ou de Shakin’ Street apportés en nombre par les fans. Les 2 groupes promettent de repasser à Paris le 26, à la Dame de Canton, pour un autre concert mémorable et on y sera !
Live Report d’Olivier Carle