Uriah Heep, The Living The Dream Tour 2019, le 22 janvier à Paris La Cigale.

Le Rock est définitivement vraiment à la fête pour moi. Après un excellent spectacle de Molly Hatchet auquel j’ai assisté en décembre dernier, avant de clôturer l’année 2018 en apothéose pour des fêtes de fin d’années entouré des miens, l’année 2019 se profile déjà comme une très grande année avec tous les rendez-vous qui m’attendent !

L’année 2019 a démarré pour moi sur les chapeaux de roues, et ce n’est pas pour me déplaire du tout… Il ne suffisait pas de grand-chose pour m’ajouter encore un peu plus de bonheur à ce mois de janvier. Et c’est chose faite avec Uriah Heep, un de mes groupes favoris d’adolescent, s’installe pour une soirée magique à La Cigale, le quartier animé de mon enfance, Pigalle, Anvers et Abbesses.

Mais avant de retrouver les Papys du Rock qui ont gardé la foi et leur énergie d’antan, c’est à Elias Idris qu’il revient de chauffer la salle. Ce natif de la région parisienne au Look androgyne à la Ziggy de David Bowie a distillé d’excellents titres Pop Folk à la Bob Dylan, Joan Baez, Neil Young ou Crosby Still And Nash, bref de la Beat Poetry Amercaine, pour nous faire patienter en commandant quelques bières dans les différents bars de la salle. Elias est venu se produire en duo avec son comparse depuis dix ans pendant une toute petite demi-heure. Encore un rêveur français qui a pensé qu’en allant enregistrer et produire son premier opus  »Gold In The Ashes » sorti chez Vicious Circle, dans la cité des anges revêtait un gage de qualité supplémentaire pour la réussite d’un album de Pop Folk… Encore un attrape couillon qui consiste à croire que les choses produites à L.A. seraient bien meilleures pour épater les français.

Voilà un français de plus qui s’est fait berner par cette ville fade et sans âme qui continue d’attirer les âmes en quête d’une reconnaissance américaine quand tant d’artistes américains viennent en France pour produire des albums Bankable… Une oasis pour les européens. Los Angeles, qui pour Jared Leto, Leader de Thirty Seconds To Mars et acteur à succès reconnu à Hollywood, cette cité des anges représente la ville des paumés. Il se navre d’ailleurs souvent de la double facette de sa ville. Il l’évoque chaque fois qu’il le peut, non seulement dans les médias du monde entier, mais aussi dans un de ses clips,  »City Of Angels », l’un de ses plus gros succès. Comme Jared a l’habitude de le rappeler : «Los Angeles ne cesse de fournir aux personnes sensibles des vies de rêves qui bien trop souvent se transforment très vite en cauchemars les plus sordides pour qui n’a pas l’âme de conquérant !» Bref, pour cette Superstar Hollywoodienne, L.A. se révèle la plus grande escroquerie des États-Unis. Quand je pense que nous avons en France certains studios d’enregistrements qui sont reconnus à travers le monde parmi les plus performants du monde… ! Mais heureusement, nous n’étions pas venus ce soir pour le Frenchie androgyne…

Retour sur la reprise de la tournée de Uriah Heep avec comme première date pour eux de l’année, un retour à Paris, sous la neige et face à une foule chaleureuse comme jamais de quinquagénaires. Les musiciens britanniques viennent nous présenter leur vingt-cinquième album,  »Living The Dream ». Entre nous : c’est une véritable réussite. Et comme le titre éloquent de ce nouvel opus sorti le 14 septembre 2018 l’explique, rien de tel que de vivre son rêve dans la réalité. Depuis la sortie de ce nouveau disque que je me passe en boucle, j’en sais quelque chose… Il faut définitivement vivre ses rêves, et putain qu’est-ce que c’est bon ! Bref, nous ne sommes pas là pour parler de moi, mais bien de Uriah Heep et de son nouveau projet. Ce vingt-cinquième disque s’avère excellent. Il salue encore la qualité artistique intrinsèque de ce groupe qui eut la bonne idée de sortir leur premier opus en 1970, Very ‘Eavy… Very ‘Umble.

Depuis près de cinquante ans, ce combo ne déçoit jamais. Je l’avoue, même si certains albums se révèlent moins bons que d’autres, je suis toujours aussi fan. En réalité, en voyant l’excellent travail de cette nouvelle galette, ce groupe n’a pas changé depuis ces débuts. La preuve, dès les premières notes de l’excellent ‘’Grazed By Heaven’’, nouveau titre issu de ‘’Living The Dream’’, également la première chanson qui ouvre le nouvel opus du groupe, mes souvenirs de ce combo britannique surgissent sur la scène parisienne qui accueille le fantastique Uriah Heep pour une nouvelle soirée mémorable. Encore une. Avec cette première chanson, ce soir, ce sera le départ d’un concert d’une excellente facture nous offrant un sublime voyage à remonter le temps d’une heure trente en passant de 2018 à 1970.

La Setlist principalement issue du début des Seventies en est l’illustre preuve. Ce combo étonne et démontre qu’avec tous les tumultes, il a puisé dans toute la force qu’il a dû accumuler auprès de leurs fans pour être encore là présent un demi-siècle après leur premier concert. Depuis cinq décennies, Uriah Heep emporte l’audience dans un tourbillon de notes qui font chavirer toute une salle déjà acquise. La magie est toujours là. Ce Heavy Metal Progressif, à mi-chemin entre Rock Progressif et un Hard Rock des plus classiques, ne vieillit pas. Bien au contraire, la magie et le dosage restent parfaits. Ils ont trouvé la recette parfaite avec le mariage des guitares Hard Rock archi efficaces, alliées aux superbes mélodies progressives et Folk du clavériste Ken Hensley, musicien illustre qui délaissera en 1981 le groupe pour se consacrer à la spiritualité et au mysticisme, et le tout sur une aération musicale liée saupoudrée par de surprenantes capacités vocales de David Byron, autre membre fondateur viré pour des problèmes d’alcool et qui sera remplacé par John Lawton en 1976, lui-même remplacé par John Sloman en 1980.

On finit par s’y perdre avec ces allées et venues intempestives, mais la vie d’un groupe est comme n’importe quelle autre vie, avec des hauts et des bas. Néanmoins, le résultat s’avère toujours aussi détonant. Ces multiples changements de Line Up n’altèrent pourtant jamais la finalité artistique. Mieux. A travers toutes les variantes au sein du groupe, Uriah Heep comme le bon vin, se bonifie avec les années. En les voyant en Live, il est incontestable qu’une émotion évidente emplit de joie le cœur des fans à travers le monde autant qu’en les observant réunis sur la même scène. Ce bonheur, il faut bien l’avouer, demeure bien plus savoureux que la surdose d’héroïne qui tua le bassiste Gary Thain. Cette tragique perte sera néanmoins avantageusement remplacée par le génialissime John Wetton, ex-King Crimson et qui partit le 25 juin 1976 pour fonder en 1981 son propre groupe : Asia.

Durant les nombreuses décennies que le groupe traverse, les membres quittent le navire les uns après les autres, mais les changements de Line Up améliorent toujours la qualité du groupe. Limpide constat à en voir la situation et les mouvements au bout de dix ans d’expérience. La physionomie du groupe évolue encore. Mais les effets secondaires ne sont pas sans laisser quelques traces. Suite à la sortie de ‘’Conquest’’, ce sublime disque sorti en février 1980, il est temps pour Uriah Heep de faire du ménage au sein du groupe et de prendre de nouvelles directions artistiques en revoyant les choses différemment. Le groupe se sépare quasiment dès la sortie de leur disque et décide de faire un bilan total de la situation. C’est avec leur reformation en 1981, suite à cette séparation nécessaire afin de retrouver un véritable équilibre artistique, que la vie pour ces britanniques va prendre un nouvel essor. Un souffle nouveau qui va sauver le groupe de la perdition.

Pour le plaisir de tous : le Uriah Heep nouveau est arrivé. Mick Box toujours présent pour tenir le cap de son groupe avec ses envolées guitaristiques extraordinaires, Peter Sloman laisse sa place au chant à Peter Goalby, Bob Daisely reprend la basse à Trevor Balder qui reviendra finalement en 1983, Lee Kersaleke vient remplacer le futur batteur d’AC/DC, Chris Salde, Lee qui sera d’ailleurs remplacé par Russel Gilbrook quelques années plus tard, en janvier 2007. La valse de musiciens ne cesse pas. C’est même un sport de haut niveau chez ces britanniques. Pourtant, contrairement à d’autres groupes qui pratiquent ce même sport, les années défilent et Uriah Heep reste toujours présent à défendre sa musique. Les musiciens ne lâchent rien. Ils poursuivent leur rêve.

A cette période, afin de marquer le nouveau tournant, Uriah Heep, via son Leader et unique fondateur, Mike Box, veut changer de nom du groupe et propose, Mick Box Band. La maison de disques refusa prétextant que la popularité du combo ne devait pas être masquée par un nouveau nom si les musiciens ne voulaient pas tout recommencer à zéro. Ils acceptent la réalité économique de leurs patrons et sortent en mars 1982 ‘’Abominog’’, leur treizième album sous le nom de Uriah Heep. La nouvelle et énième mouture de Uriah Heep prend alors une toute nouvelle tournure.

Le succès mondial débarque dans la vie des Rockers britanniques. Plus de quarante pays s’émerveillent devant le talent de ces musiciens de Uriah Heep. Le monde du Rock se trouve alors conquis. Le monde,… Sauf en France. Comme toujours, les habitants du pays de Molière ne reconnaissent pas toujours le talent là où il est. Tant pis, les français n’ont qu’à continuer à s’épancher allègrement dans l’alcool et la charcuterie… Néanmoins, il y a toujours une justice dans la vie paraît-il et le succès pour Uriah Heep dans l’hexagone prendra enfin de d’ampleur lorsque Bernie Shaw rejoindra le groupe en 1986 pour assurer plusieurs séries de concerts gigantesques. Ce n’est que vingt ans plus tard, en 2006, que les Rockers de la Gaule d’Astérix vont commencer à pencher une oreille plus qu’attentive à ces excellents britanniques.

Il leur faudra néanmoins attendre 2008 pour la sortie de leur vingt et unième album, ‘’Walk The Sleeper’’, pour redécouvrir le 6 septembre 2009 à l’Olympia Uriah Heep en première partie de Blue Öyster Cult. Ce fut d’ailleurs la dernière fois que Uriah Heep se produisit à Paris. Ce soir-là, les Rockers anglais bousculent tellement les Rockers gaulois que les horribles Frenchies les reconnaissent enfin à leur juste valeur. Depuis, en se replongeant sur le travail discographique de Uriah Heep, la France a heureusement compris que ce groupe mythique se révèle un combo Rock incontournable. Un indispensable au même titre que les légendaires locomotives du Hard Rock des Seventies : DeepPurple, Black Sabbath et Led Zeppelin.

Mais revenons à cette magnifique soirée parisienne du 22 janvier 2018 à La Cigale. Ce n’est pas sans une certaine émotion que je revois le Leader et guitariste : Mick Box (le seul membre fondateur), le chanteur Bernie Shaw et le clavériste Phil Lanzon (tous deux dans l’aventure depuis 1986), le bassiste Davey Rimmer (arrivée en 2013) et le batteur Russel Gilbrook (le dernier embarqué dans cette expérience musicale depuis 2007) fouler cette mythique scène de La Cigale pour un voyage musical dans le temps en reprenant une Setlist essentiellement tiré du début des Seventies et des meilleurs titres de leur nouvel opus, ‘’Living The Dream’’. Que du bonheur. Le deuxième titre Live de la Setlist du 22 janvier arrive comme une furie dans l’atmosphère chaude de la salle parisienne : ‘’Return To Fantasy’’, issu de l’album éponyme ‘’Return To Fantasy’’, sorti en mai 1975, donne le LA. Ce titre vient nous éblouir par une guitare vive et racée comme on les aime. Le groupe jongle avec les années. Les musiciens reviennent à la chanson éponyme ‘’Living The Dream’’.

La foule assiste à la démonstration avec le superbe titre ‘’Too Scared To Run’’, du fameux treizième disque ‘’Abominog’’, commercialisé en mars 1982, l’album de leur renaissance, installe définitivement Uriah Heep dans la cour des grands et le public le manifeste en acclamant le groupe. Bernie fait le Show avec son étui à révolver sur la cuisse droite qui lui sert à déposer son micro. Vient ensuite ‘’Take Away My Soul’’ puis ‘’Knocking At My Door’’, deux nouveaux titres de l’album éponyme ‘’Living The Dream’’.

Comme pour marquer le fait qu’entre 1982 et 2018, le groupe ne voulait pas que l’on s’attarde inutilement sur une période trop insatisfaisante et surtout orchestrée par d’autres de tragédies humaines ou par des déceptions artistiques. Retour aux sources alors et à l’origine de ce que Uriah Heep a toujours été : un excellent groupe de Hard Rock. ‘’Rainbow Demon’’, tiré du quatrième opus ‘’Look At Yourself’’ sorti le 15 octobre 1971, est là pour nous rappeler cette formidable époque où tout était permis. Le fameux Power Flower qui nous ouvre la porte à tous nos rêves. Toutes les folies se trouvent à notre portée et rien ni personne ne peut se mettre en travers de notre chemin pour trouver notre bonheur en vivant NOTRE vie, celle que chacun d’entre nous a le droit et la possibilité de choisir pour lui-même. Une véritable période dorée.

En écoutant les deux titres suivants tirés du tout récent ‘’Living The Dream’’, l’atmosphère et l’ambiance ravissent le public. Décidément, ce dernier opus est une vraie réussite. Avec l’arrivée de la guitare acoustique sur ‘’Waters Flowin’’’, suivi d’un titre de près de dix minutes, ‘’Rocks In The Road’’, sur lequel le bassiste change sa basse pour un instrument en forme bizarre, on constate que les années passent et que la réalité demeure : les temps ont peut-être changés pour certains, mais encore aujourd’hui, rien n’y personne ne peut se mettre sur notre route et briser les rêves que nous nous sommes fixés. Nous pouvons être heureux si nous le voulons vraiment et nous nous devons d’ailleurs de l’être. Uriah Heep en a fait sa devise. Et ils ont plus que raison. Au total, le dernier album ‘’Living The Dream’’ porte à six le nombre de titres représentés ce 22 janvier avec enthousiasme par les anglais. Plus de la moitié du disque qui compte dix chansons. Après cette partie totalement promotionnelle, nécessaire mais pas désagréable du tout, retour aux affaires courantes et à ce qui nous a fait tant aimé Uriah Heep durant notre adolescence.

Voilà la demie heure nostalgie pour notre plus grand plaisir. Vient tout d’abord sur plus de sept minutes ‘’Gypsy’’ l’un de leurs plus célèbres titres tirés du premier opus commercialisé le 13 juin 1970, Very ‘Eavy… Very ‘Umble. Uriah Heep enchaîne avec deux titres archi efficaces. Tout d’abord, alors que le bassiste reprend sa basse initiale, sur l’excellent ‘’Look At Yourself’’, Bernie exhorte le public à se joindre au groupe pendant le refrain. La symbiose opère sans problème. Ensuite, le formidable morceau de près de onze minutes, ‘’July Morning’’, l’un des titres les plus célèbres pour le groupe. Mick Box explique à l’audience de La Cigale à quel point ce titre demeure important pour lui. C’est en écoutant les séances de répétitions pour cette musique qu’il a compris qu’en réunissant les efforts ahurissants et l’énorme travail de chacun, qu’Uriah Heep avait un véritable  »Masterpiece » énorme. Il faut bien avouer qu’avec le solo de guitare, et les éternels Gimmicks que l’instrumentiste a pour habitude de nous offrir, nous avons entendu ce soir un instant magique qui m’a fait littéralement fait frémir sur place. Ces chansons titres sont issues de l’extraordinaire troisième opus éponyme ‘’Look At Yourself’’, datant du 15 octobre 1971. Là encore, les musiciens figent le temps en nous ramenant vers notre enfance dorée et tirent les sourires enjoués sur le visage des spectateurs heureux de ce voyage émotionnel dans le temps.

La nostalgie continue avec l’immanquable ‘’Lady In Black’’ que le public entonne en chœur pendant le refrain de l’une des chansons les plus célèbres. Un titre tiré du second opus ‘’Salisbury’’ sorti en février 1971. La période faste de 1971 se trouve au cœur de la fête à La Cigale. Et quel pied. Manque malheureusement l’incontournable titre : ‘’Salisbury’’, tiré du second opus du même nom ‘’Salisbury’’, de près de dix-sept minutes… Alors, même s’il ne le joue pas ce soir, ce concert reste une référence pour les vieux fans comme moi de Uriah Heep.

Malgré ce petit oubli qui est, en fait pour moi une légère faute de goût, le final avec le rappel s’avère néanmoins explosif et plonge encore davantage la salle pendant un petit quart d’heure dans la nostalgie Seventies. Deux titres illustres de la non moins faste année 1972 se succèdent pour notre plus grande joie : le brillant ‘’Sunrise’’, tiré du ‘’The Magician’s Birthday’’, commercialisé en novembre 1972, et ‘’Easy Livin’’’, un des plus grands hits issu de l’excellent ‘’Demons and Wizards’’, dans les bacs lui le 19 mai 1972. L’apothéose se trouve au rendez-vous et le bonheur se lit sans distinction sur le visage des spectateurs présents qui quittent la salle parisienne dans une légèreté et une joie évidente.

Finalement, avec Uriah Heep, entre ce voyage musical du début des années 70 qui vient clôturer ce splendide spectacle et le démarrage du Show avec un titre du nouvel album de 2018, ces anglais qui n’ont plus trop la tête sur les épaules avec un Brexit qui leur revient en Boomerang, voici une soirée parisienne qu’il ne fallait absolument pas rater pour continuer à vibrer à travers le temps, les souvenirs heureux et le plaisir que le Rock nous apportera toujours. ‘’Long Live Rock ‘n’ Roll’’ comme le chantait le regretté Ronnie James Dio avec le cultisme Rainbow.

Je revis avec des soirées comme celles-ci et tant d’autres depuis quelques mois. Il faut se rendre à l’évidence, je ne pouvais donc pas mieux commencer l’année et les mois à venir ne peuvent que me réjouir lorsque l’on sait ce qui m’attend dans ce premier semestre. Dans mon cas, l’année 2019 semble être définitivement une de mes meilleurs crus. J’espère qu’il en sera de même pour vous.
Texte & images : Carlos Sancho