Tears For Fears
, « Rule The World Tour » à l’Accord Hôtel Arena Paris, le 21 février 2019.
Trop longtemps que les anglais n’avaient pas foulé une scène parisienne… La dernière fois que Roland Orzabal et Curt Smith ont joué à Paris, pour des contraintes médiatiques, leur Show dura un peu moins de quarante minutes. Ce fut le 18 juin 2005, au Parc des Princes, le fief du Paris Saint-Germain avec ses grandes messes sportives… Quel bonheur ! Les fans n’ont jamais oublié cette date. Et pour cause, ce méga concert à 33 euros le billet a été organisé par Europe 2, et diffusé simultanément sur la radio périphérique et la chaîne MCM. La radio offrait pour un prix si modique une affiche de rêve pour l’époque : aux côtés de Tears For Fears se sont produits : M, Moby, Garbage et Luke. La prestation du duo anglais donna lieu à un disque Live extraordinaire,  »Secret World », sorti en 2006. Mais, leur dernière prestation remonte en réalité en 2007, lors d’un gigantesque concert privé auquel j’ai eu la chance d’assister à l’Olympia. Mais chut, c’était un concert privé.

Bref. Cette fois, la venue de Tears For Fears à Paris s’avère une prouesse. N’oublions pas que ce fut pour des raisons de santé que la date du 18 mai 2018 au Dôme de Paris (ancien Palais des Sports) fut reprogrammée au 21 février 2019 à l’Accord Hôtel Arena. Toutefois, pour ce retour, la première réalité m’interpelle. Alors, après une si longue attente, il faut bien admettre qu’une heure vingt-six minutes de concert, ce fut trop peu pour la hauteur de l’événement. Vraiment trop peu. Mais peu importe, l’essentiel n’est pas là. Enfin, c’est bien ce que je me suis dit à la fin du concert.

Mais, intéressons-nous un peu au-dessous de l’histoire, celle qui apporte parfois encore un peu plus de magie. La principale information demeure finalement l’événement de ce 21 février 2019. Roland Orzabal, le « vrai » Leader de Tears For Fears, et Curt Smith, son alter ego, nous reviennent et remplissent l’Accord Hôtel Arena. Tears For Fears aime La France et les Français adorent toujours le duo anglais. Formidable nouvelle.

Mais tout ne s’est pas déroulé aussi simplement, car en 2018, la mauvaise nouvelle est tombée : le concert est reporté. Jamais bon signe ça. Et afin de faire passer cette pilule, Alain Lahana, le tourneur et producteur du concert français a joué à un jeu dangereux. Passer d’une salle de 6 000 places à une de 12 000, « Wouah » qui l’aurait cru. Ce pari, le producteur français, l’a pris et franchement personne ne le croyait réalisable. Tears For Fears n’est plus dans l’actualité. Alors, revenir après autant d’années d’absence sans nouvel album ni nouvelle chanson et avec quelques problèmes de santé, le producteur français se lance à priori un gros défi. Ou alors, Alain Lahana s’est blindé intelligemment, l’assurance que le français a contractée doit être en béton. Il faut être clair : financièrement, changer de lieu ainsi, et doubler le nombre de spectateurs, avec autant d’incertitudes, il fallait vraiment être fou pour y croire. Même les intéressés, Roland et Curt, eux, n’y croyaient pas. Seul Alain Lahana, n’avait aucun doute. Et comme Alain Lahana me le confirma pendant l’After Show, il n’imaginait pas une seconde commettre la moindre erreur et pire, le français ne contracta aucune assurance supplémentaire. Il était bien le seul à croire à un tel projet aussi fou, et il a eu raison de suivre son instinct. Alain Lahana, toujours aussi passionné, a réussi le tour de force de prouver aux professionnels anglais que le petit français avait eu raison de croire en ses rêves. Heureux et fier d’avoir réussi son défi, Alain Lahana m’expliqua toujours à l’After Show que pour la petite histoire, une fois tous les billets vendus, le producteur avait généreusement doublé le cachet du duo anglais et offert quelques autres cadeaux. Peut-être une compensation pour le Brexit qui approche… !

Diantre, quelle frayeur ! Alain Lahana aime indéniablement les risques, il sait les évaluer, et ses nombreuses expériences dans le Business musical français, et ses superbes années de réussite dans l’univers de la New Wave et du Punk, le prouve. Il suffit de lire son CV pour comprendre que les seize années passées aux côtés de l’antidiva : David Bowie et ce jusqu’à la fin, Patti Smith depuis 1995, Iggy Pop depuis 1977, Suzanne Vega, Féfé, Police, les Clash, Bernard Lavilliers, Paul Personne, Phil Collins pendant plus de vingt ans, … Lui confèrent une véritable expertise dans l’organisation de concerts et l’appréciation de ce qu’il faut ou non. Une estimation précise capable de lui permettre d’examiner la bonne stratégie des risques qu’il peut et qu’il doit prendre pour réussir tous ses projets. Pour Tears For Fears, ce fut incontestablement une opération gagnante pour tout le monde. Une chose reste certaine, si le nom du groupe anglais signifie « Pleurs pour des peurs », Alain Lahana n’a jamais eu la moindre peur en quarante ans de carrière de mouiller sa chemise et de relever ses manches pour importer la musique qu’il aime jusqu’à nos yeux et nos oreilles. Merci à toi l’Ami pour cette passion partagée.

Revenons aux musiciens et la prestation qui à priori nous réunissent tous ici. Élevés par leur mère dans des familles monoparentales, Roland et Curt n’ont cessé à travers leur discographie à exprimer leur lien si fort à la mère. Une discographie très faible au nombre de disques, mais extraordinaire au vu des Hits que chaque opus a réalisé.

Si pour ce duo, tout commence médiatiquement à l’automne 1982 avec « Mad World », leur popularité va aller en grandissant très vite jusqu’à devenir des artistes Pop incontournables de la scène anglaise. Pour son premier opus,  »The Hurting », sorti le 25 mars 1983 et vendu à ce jour à plus de trois millions d’exemplaires, Roland y exprime toutes ses blessures de l’enfance qui ne l’ont jamais abandonné à travers un album que les fans qualifient à juste titre d’album-concept. Classée dans les Charts anglais pendant 65 semaines, entre 1983 et 1985, cette galette marque le vrai début de Tears For Fears. Les quelques essais passés ne seront finalement là que pour se construire une solide réputation avec des titres archis bien ficelés. Après « Mad World », le succès de Tears For Fears ne se démentira pas avec l’excellent « Shout » en 1984.

C’est aussi cette même année que sort leur second album  »Songs From The Big Chair », titre choisi en référence aux personnes possédant plusieurs personnalités et qui ne se sentent en sécurité qu’auprès de leur psychanalyste sur la fameuse « grande chaise ». Ce nouvel opus, dans les bacs le 17 février 1985, se classe numéro un dès sa sortie partout dans le monde, Canada, Allemagne, États-Unis, Pays-Bas… Un triomphe qui propulse le groupe en tête des ventes. L’album ‘’Songs From The Big Chair’’, s’est vendu à plus de 12 millions d’exemplaires. L’heure de la consécration a sonné pour ce duo de jeunes minets anglais. A moins de 23 ans, Tears For Fears atteint les sommets en mars 1985 grâce aux deux nouveaux énormes Singles qui viennent ponctuer un lancement Marketing réussi « Shout », sorti le 23 novembre 1984, et « Everybody Wants To Rule The World », chez les disquaires le 22 mars 1985. Ces deux tubes planétaires offrent la première place des Charts américain. Sur le territoire de l’Oncle Sam, il s’en vendra plus de 5 millions de copies. Le succès ne sera pas uniquement américain, ‘’Songs From The Big Chair’’, Tears For Fears décroche leur premier disque d’or en France. Un exploit pour notre plus grand plaisir. Cet opus se révèle un tournant pour tous. À cette époque, lors du passage du vinyle au CD, cet album fut l’un des premiers, avec ‘’Brother In Arms’’, de Dire Straits, et certains autres disques d’Alan Parson Project, à se fabriquer dans le nouveau format. Dès lors, le Back catalogue s’enrichit pour le bonheur des fans et le succès planétaire va sourire pour Tears For Fears.

En 1989, avec un album moins Electro Pop et résolument plus Jazzy et Bluesy, ‘’The Seeds Of Love’’, le groupe révolutionne l’industrie du disque avec un opus qui s’écoule à plus de cinq millions d’unités. Si cet album s’avère plus vendu en France que le précédent, aux USA, c’est le contraire. Chaque continent tient là sa galette de référence. J’avoue une nette préférence pour cette troisième réalisation. Et je ne suis pas seul à le penser. Selon les connaisseurs, avec un morceau considéré comme l’un des plus aboutis, « Sowing The Seeds Of Love », et avec le batteur français Manu Katché au sommet de son art qui impulse un rythme de folie, ce troisième opus, ‘’The Seeds Of Love’’, s’accapare les dix premières places des Charts pendant plusieurs semaines dans de très nombreux pays dont La France. Mais ce disque regorge d’autres chansons toutes aussi fabuleuses les unes que les autres. « Woman In Chains », que l’on trouvera dans les bacs le 6 novembre 1989, se révèle bluffante. La prestation sur ce morceau de Phil Collins, le gigantesque batteur de Genesis, s’avère comme la plupart du disque magistrale. Mais ce disque ne serait pas mon préféré sans l’exceptionnel « Badman’s Songs ». Une tuerie ce morceau, où de nouveau Manu Katché démontre toute l’étendue de son talent pour les amateurs de batterie comme moi. Cet opus demeure un album de référence pour les batteurs avec un excellent Simon Philips qui y tient admirablement les baguettes sur « A Year Of The Knife ». Cette troisième galette ravit tout sur son passage. Disque de platine aussi bien au Royaume-Uni, en France qu’aux USA, puis double platine au Canada, … Le succès demeure incontestable. Bref, un régal à consommer sans modération.

Alors, après un tel opus indispensable me direz-vous et une réussite aussi évidente, les médias de l’époque n’ont pas à s’inquiéter quant à l’avenir de ce duo de très grande classe. La route, toute tracée, ne laisse apercevoir que du bon. Pourtant, comme pour tout un chacun, lorsque les choses semblent aller pour le mieux dans la vie, en grattant bien, il y a toujours un caillou caché dans la chaussure. Un jour, cette caillasse devient si gênante qu’il faut s’en débarrasser. En raison de divergences, comme dans n’importe quel couple, même le plus uni, Curt Smith décide finalement de quitter le groupe en 1991 afin de réaliser une carrière solo. Erreur, elle sera malheureusement sans véritable succès. Néanmoins, de l’autre côté, la carrière de Tears For Fears, après le départ de Curt ne parvient pas s’en remettre. Ce n’est d’ailleurs pas la sortie des deux opus suivants, ‘’Elemental’’, sorti le 7 juin 1993 et ‘’Raoul And The King Of Spain’’, sorti le 6 octobre 1995, qui me feront penser le contraire. Ce n’est que grâce à « Break It Down Again », sur ‘’Elemental’’, qui a maintenu un succès honorable pour le groupe, mais restera un opus avec peu de Singles Bankable contrairement aux albums précédents, que ce premier disque sans Curt surnage encore un peu. Cet album s’écoule à plus d’un million d’unités. Il récolte quand même plusieurs récompenses, disque d’or en France, aux États-Unis, et au Royaume-Uni. Mais la magie ne semble plus là. Pourtant, avec ce disque, Tear For Fears décroche une décennie de succès mérité aux inspirations toujours éclairées.

Puis, après le dernier succès commercial de ‘’Elemental’’, même si moins important que le précédent, ‘’Raoul And The King Of Spain’’, sort le 6 octobre 1995. Ce n’est pas pour rien, avec leurs deux carrières en perte de vitesse, que Roland et Curt décident en 2004 de se retrouver afin de renouer avec le succès. L’idée, très bien reçue et les fans répondent encore présents. C’est là que sort le disque ‘’Everybody Loves A Happy Ending’’, la suite logique de leur dernier disque enregistré ensemble, ‘’The Seeds Of Love’’ paru quelques années plus tôt. Depuis, des attentes de nouvelles compositions qui pourraient nous faire autant rêver que dans les Eighties…

Pour le moment, alors que nous nous trouvons en 2005, les chansons de Tears For Fears sont reprises par la terre entière et le groupe accumule les tournées à travers le monde, mais soyons honnêtes, surtout aux États-Unis, sans retourner ensemble en studio. Rien de nouveau. Frustrant. Seules les rééditions fleurissent dans les bacs des disquaires. Pourtant, les rumeurs d’un nouvel opus ne cessent de circuler… Leur nouvel album prévu initialement au printemps 2012, repoussé à l’été 2016, puis finalement planifié pour 2017 se transformera en une compilation à l’automne 2017 avec juste deux titres inédits. Quelle déception ! Peu importe, la musique légendaire de Tear For Fears demeure et les tournées sont là pour nous rappeler que ce groupe reste un des groupes majeurs d’une génération qui a toujours adoré la vraie bonne musique. Celle où les mélodies nous transportent et nous font oublier les mauvais moments à surmonter, et ce, le temps d’une chanson magique.

Alors, sans rien à se mettre de nouveau sous la dent avec Tears For Fears, et à force de tourner, il fallait bien qu’un jour le duo repose ses valises et ses instruments à Paris. Enfin. Nous y voilà. Ce jour béni est arrivé. Quel plaisir de retrouver enfin en concert les plus beaux titres de Tears For Fears en ce 21 février 2019 à l’Accord Hôtel Arena. J’avoue que j’ai toujours préféré les versions Live. Les 12 000 personnes présentes dans cette salle parisienne ne sont pas prêtes d’oublier ce mémorable Show. Quel spectacle. Bluffant. Jouissif. Enivrant. Un voyage extraordinaire. Dès les premières notes sur la sono de « Everybody Wants To Rule The World », Tears For Fears nous renvoie en 1985. Ce sublime voyage dans le temps propulse toute une foule enjouée dans une jeunesse bien éloignée, et qui après tant d’années demeure toujours aussi vivace dans le cœur de chacun venu acclamer ce groupe légendaire. Et ce n’est qu’après quelques mesures dans une sono lointaine et une scène sans aucun musicien que le duo, Roland Orzabal et Curt Smith, apparaît pour interpréter « Everybody Wants To Rule The World ». La foule ovationne ce duo mythique de la scène anglaise des années 80. Certes, des artistes aujourd’hui âgé de 57 ans, mais même si ces jeunes minets qui connurent le succès ont vieilli, artistiquement, leur talent s’est tout simplement bonifié… Il suffira de le constater durant toute la soirée, chanson après chanson. Dès la seconde le « Secret World », sorti uniquement en France en 2006, le spectacle s’intensifie avec une scénographie sobre et parfaite avec également de superbes films et des images de synthèse absolument réussies. Roland Orzabal et Curt Smith jouent bien mieux. Ils se donnent davantage et le plaisir se voit à l’œil nu. Et rien d’étonnant à ce plaisir, il suffit de les voir sur scène, pour constater que Curt et Roland ont su s’entourer des plus grands. Les musiciens qui les accompagnent sont impressionnants d’efficacité et de talent. La scénographie se révèle purement un joyau. Les deux écrans au-dessus des musiciens permettent à toute une génération de regarder leurs idoles et constater que même si les années passent, les instrumentistes prennent un plaisir non dissimulé à se retrouver devant nous afin de nous offrir quinze titres de légende, dont un « Creep » de Radiohead, interprété avec brio. Seul petit accroc pour moi sur ce morceau : les parties Gimmick essentielles de guitare sur le refrain qui donnent toute l’impulsion de ce splendide morceau de Tom Yorke n’ont pas toujours été respectées. Selon moi, cela a ôté l’impulsion judicieuse que proposait Tom York sur sa chanson originale de 1992. Dommage. Peu importe, ce Hit mondial a permis d’offrir une interprétation très personnelle pour Roland de l’un de ses titres fétiches des Nineties. Et pour nous, de nous souvenir à quel point Radiohead restera un monument de la musique !

Ce Show se déroule dans une ambiance jubilatoire. Roland manifeste sa joie d’être parmi nous. Entre les chansons, et dès qu’il le peut, le Leader s’adresse à la foule en français. Il nous explique qu’avec son grand-père français, il a été amené à apprendre la langue de Molière pour son plus grand plaisir. Les fans l’ovationnent. Il faut bien avouer que peu d’Anglais font cet effort. La cinquième chanson aux ambiances dansantes, « Break It Down Again », débarque sur une scène survoltée avec sa grosse rythmique efficace. Les spectateurs frappent dans les mains et impulsent encore davantage d’énergie à un groupe qui n’en manque absolument pas. Le public parisien semble être en très grande forme. Sur « Change », le public bat encore la mesure sur le dernier refrain, et ce jusqu’à la fin du titre. La communion dans ce nouveau sanctuaire de la musique ne fait plus de doute. Dès que le duo interprète « Memorie Fade », l’excellent Break de batterie qui nous arrive dans les oreilles annonce une pluie de questions sur la manière dont le batteur va interpréter certains titres que j’attends avec impatience. J’espère vivement qu’ils n’en feront pas l’impasse : « Bad Man’s Song ».

Pour « Suffer The Children », la splendide Carina Round nous offre une voix monumentale. Sa voix toute aussi somptueuse que son physique fait que l’on ne la lâche pas du regard. Enfin, moi surtout, tellement elle m’impressionne. Ce titre, sorti en novembre 1981 fut initialement interprété par Caroline Orzabal, l’épouse de Roland depuis 36 ans. Même sans Madame Orzabal, la version de ce soir donne des frissons. Intense et pure. Les paroles, soyons sincères, y aident beaucoup. Le reste du concert se trouve à l’avenant. « Pale Shelter », sorti le 9 avril 1982, se révèle émouvant et efficace grâce à des musiciens au sommet de leur art et une parfaite combinaison entre la musique et le visuel. Chaque titre de cette tournée s’avère une marche supplémentaire vers la quintessence. « Mad World », sorti le 20 septembre 1982, restera l’un des hymnes les plus populaires de Tears For Fears. Le public parisien se délecte d’entendre de nouveau cette incantation si souvent reprise par tant d’artistes. Une version Live bien meilleure que celle en studio. Une des plus belles qu’il m’ait été donné d’entendre. Sur la scène de l’Accord Hôtel Arena, la puissance artistique se lie à l’émotion musicale exacerbée et à des souvenirs toujours aussi prenants. L’audience du soir totalement conquise envoie des ondes positives aux musiciens qui offrent en retour un voyage dans le temps sans prendre une ride. Le public présent ce soir-là ressent cette magie qui s’opère devant eux.

A la suite de ce moment magique, Tears For Fears nous offre un quart d’heure de rêve : L’envoûtant « Advice For The Young At Heart » que je me suis si souvent passé en boucle, sorti le 19 février 1990, puis le gigantesque et très rythmique « Swoding The Seeds Of Love », aux allures très Beatles, période Sergeant Peper, où tout le public se lève comme un seul homme, viennent flirter avec l’émouvant et voluptueux « Woman In Chains ». Pour ce dernier titre, Roland Orzabal rejoint vocalement la voix impressionnante de la délicieuse Carina Round, afin de se poursuivre sur le tonique et sensuel « Bad Man’s Song », toujours avec la sublime voix de Carina Round,… Ces deux chansons me transforment en adolescent qui vient assister à un concert de ses idoles. Pour « Bad Man’s Song », je prends ma claque de la soirée. Ces hymnes de ‘’The Seeds Of Love’’ de la soirée marquent le ton pour chacun d’entre nous. Alors que tout le public avait une place assise, dès le début du spectacle, toute la salle est debout. Sur « Bad Man’s Song », l’évocation rythmique de l’incontournable Manu Katché plane au-dessus de la scène et dans mes pensées. Le français reconnu comme un des meilleurs batteurs de la planète, a accompagné avec talent : Sting, Peter Gabriel, et bien d’autres… Demeure pour moi le batteur éternel de ce titre. Alors, lorsqu’il s’agit d’évaluer la prestation du batteur anglais sur scène, c’est bien Manu qui de son siège a admiré le talent de son confrère et qui en parle le mieux. Lorsqu’il rejoint Curt dans les coulisses, le français lâche un « Juste exceptionnel ! » Rien à ajouter…


Emmanuel Virot, Curt Smith (Tears For Fears)
& Manu Katché (Sting, Peter Gabriel, Tears For Fears, etc.)

Vient ensuite un moment rare avec l’interprétation de « Head Over Heels/Broken » avec une superbe partie de guitare Telecaster jouée avec le Bottleneck. La choriste, après nous avoir démontré tout son talent vocal, nous fait littéralement craquer, enfin moi surtout. Pendant la chanson, sa danse lascive fait rêver. Roland en profite pour nous offrir une leçon mélodique avec une splendide puissance vocale dans les aigus. Un modèle du genre. Le corps qui bouge ainsi fait bien plus rêver finalement que certaines autres choristes que j’ai pu voir avec d’autres groupes. Tout est parfait. Ce concert se révèle renversant. L’énorme performance me laisse encore bouche bée…

Malheureusement, la fin de cette exquise soirée s’approche. C’est l’heure du rappel et du splendide incontournable « Shout » repris en chœur par toute une salle conquise. Ce final s’avère explosif, les 12 000 personnes ne sont plus à l’Accord Hôtel Arena, ni à Paris d’ailleurs. Elles chavirent dans les Eighties afin de retrouver leur jeunesse et leur insouciance… La salle exulte et le public chante à tue-tête. Roland ne voulant quitter la salle sans un dernier petit cadeau, descend dans la fosse rejoindre les fans qui chantent depuis le début les paroles par cœur… Le chanteur s’amuse avec l’un d’entre eux. Oui, ce soir-là, à Paris, incontestablement, les 12 000 spectateurs ne peuvent être que des fans quand on voit le bonheur sur leur doux et heureux visage. La dernière émotion se trouve en marche, une belle façon de quitter un public qui attendait depuis si longtemps cette soirée. Après le premier couplet, Roland tend son micro à un fan qui chante par cœur le refrain. Roland sourit de joie devant ce sublime instant de partage. Après ce passage éblouissant avec ce fan qui s’en souviendra très longtemps, le solo de guitare final de Roland sur « Shout », le dernier hymne de la soirée, s’avère exceptionnel. Personne ne désire la fin de ce spectacle digne d’une belle romance. Et pourtant !

Ce sera le seul et unique titre pour ce rappel exceptionnel… C’est donc déjà fini. Mon plus grand regret, Tears For Fears a fait l’impasse sur un de mes titres préférés « A Year Of The Knife » sur lequel joue l’excellent Simon Phillips, batteur de Toto. Au final, une heure vingt-six minutes avec un seul rappel pour dire au revoir… Pourquoi cette fin cruelle ? Il ne reste qu’à espérer un retour des musiciens de Tears For Fears. Bref, qu’ils n’attendent plus des lustres avant de revenir enflammer une salle parisienne. Dans l’existence, il faut toujours s’armer d’espoir. Qui sait, nous ne sommes peut-être pas à l’abri d’une autre très belle surprise… Alors, Alain Lahana, et si tu prenais un nouveau pari : Tears For Fears très bientôt de retour en France, pas dans une salle couverte, mais cette fois dans un stade ?
Texte & Images Live & 1 Backstage : Carlos Sancho

Setlist du 21 février 2019 :

Everybody Wants To Rule The World (Album « Songs From The Big Chair »)
Secret World (Album « Everybody Loves A Happy Ending »)

Sowing The Seeds Of Love (Album « The Seeds Of Love »)

Pale Shelter (Album « The Hurting »)

Break It Down Again (Album « Elemental »)

Advice For The Young At Heart (Album « The Seeds Of Love »)

Creep (Reprise de : Radiohead)

Change (Album « The Hurting »)

Mad World (Album « The Hurting »)

Memories Fade (Album « The Hurting »)

Suffer The Children (Avec Carina Round) (Album « The Hurting »)

Woman In Chains (Avec Carina Round) (Album « The Seeds Of Love »)

Badman’s Song (Avec Carina Round) (Album « The Seeds Of Love »)

Head Over Heels / Broken (Album « Songs From The Big Chair »)

Rappel :

Shout (Album « Songs From The Big Chair »)