PSGMarseille, au Parc des Princes, le 17 mars 2019.

Cette saison, alors que je n’ai loupé aucun match à domicile du PSG, j’ai eu la chance avec mon fils de vivre de grands moments de plaisir en voyant des joueurs exceptionnels pour des matchs d’anthologies contre Naples, et surtout Liverpool, et d’autres matchs quasi parfaits en Ligue 1 Conforama… Jamais leur slogan « Rêvons plus grand » ne pouvait avoir plus de sens pour mon équipe de cœur.


Mais, dans l’existence, tout s’arrête bien un jour ! Il ne faut jamais oublier que rien ne dure. Rien. Vraiment rien. Donc, après la raclée, que dis-je, la branlée historique, l’humiliation que ces rois du pétrole ont gracieusement offert aux supporters parisiens que nous sommes si fiers d’être, comment ne pas aller les voir se faire pardonner lors de la première rencontre à domicile après la débâcle en Champion’s League. Le pardon doit être un acte libérateur qu’il ne faut pas mépriser. Un acte rédempteur permettant de poursuivre à aimer son prochain…, comme son équipe fétiche. Mieux encore, un acte émancipateur nous donnant accès à ce qui nous forge et nous unit : continuer à supporter des joueurs inqualifiables au Parc des Baltringues ? Oui, ces baltringues qui honorent leurs comptes en banque bien davantage que leur maillot. Ils se devaient de se disculper… De retrouver un honneur qu’ils avaient bafoué eux-mêmes. Un honneur que des artistes tels que : Luis Fernandez, Rai, Pauleta, Carlos Bianchi, Safet Sucic, Dominique Rocheteau, Georges Weah, David Ginola, Ronaldinho, David Beckham, et même à sa façon Zlatan Ibrahimovic ont su porter à merveille.

Pour tous les fans du PSG, malgré toutes ces légendes qui ont foulé la pelouse du Parc des Princes, le club sera toujours plus grand que les individualités qui le composent. Tous s’y sont pliés. Il en va de même pour : Gianluigi Buffon, Thilo Kehrer, Dani Alves, Angel Di Maria, Marco Verrati, Thiago Silva, Julian Draxler, Kylian Mbappé, Neymar. À la faveur de ce précepte très ancré en moi, et malgré la honte du match de Manchester United, impossible de faire l’impasse sur la fin de la saison, surtout lorsque… Nos joueurs de Subbuteo, ou de Babyfoot géant, doivent affronter nos pires ennemis, les « marseillais »… Comment nos apprentis sportifs parisiens allaient-ils donc se rattraper face aux supporters fidèles que nous sommes et toujours aussi amoureux de notre ville, et du club ? Le challenge en vaut-il vraiment la peine ? Pour moi, plus la difficulté s’avère grande, plus le challenge m’excite. Et là, avec ces joueurs surpayés qui ont tout à prouver, je dois bien avouer que le jeu se trouve à la hauteur de mes espérances.


Bref. Autant le 28 novembre dernier, face à Liverpool, mon fils et moi, nous étions fiers de nos joueurs parisiens, autant pour le match contre Manchester United, leur faute professionnelle ne pouvait être pardonnée sans une partie irréprochable et largement victorieuse face à l’Olympique de Marseille. Il est vrai qu’enfiler 4 pruneaux à Dijon les a soulagés, mais pas nous, les vrais fans du PSG… ! À eux de nous prouver désormais qu’ils méritent de porter fièrement notre tunique. Celle qui leur permet de se construire de formidables châteaux en Amérique du Sud pour eux et leur famille. À chacun ses responsabilités. Que ce soit pour les joueurs, les supporters et même le « Vulgum Pecus ». J’en assume toujours les miennes, cela ne va pas changer maintenant ! Aux autres d’en faire de même. Les supporters n’ont jamais cessé de les soutenir lorsqu’ils ont arrêté de jouer face à une équipe C anglaise. Comment l’expliquer ? Cette même équipe battue 2-0 ce Week-End par Arsenal, classée désormais quatrième de la Premier League

Ce dimanche 17 avril 2019 commence donc par une halte à 18 heures 30 au Café des Trois Obus, le fief des amoureux du PSG. Histoire de faire monter la pression, les chants commencent dans la rue et les abords du stade. Un « classico » possède toujours une saveur particulière. Une odeur de souffre pour une confrontation entre hommes, sévèrement burnés, comme le prétendait Bernard Tapie.

Enfin, c’est l’heure. Les deux équipes arrivent sur le terrain face à une tribune d’Auteuil vide et une ambiance lourde. Un drôle de silence de Cathédrale plane sur la pelouse pour une telle affiche. Les Collectif Ultras Paris (CUP) avaient prévenu : « Nous ferons une grève des encouragements suite au fiasco face à Manchester United afin de leur faire comprendre notre très fort mécontentent ». Ils promettent de laisser leurs sièges vident pendant les trente premières minutes. Pendant ce temps, les banderoles déployées marqueront les hostilités : « On n’oublie pas », « Respecter l’institution », « Des biftons à la place du cœur », « Moyens illimités, exigences Low-Cost », « Dijon – Paris, 0 – 4. Attention au match retour »… Le match se lance dans une atmosphère inquiétante et pas seulement sur le terrain.


Les 22 joueurs débutent, sous le regard d’Edison Cavani et Neymar qui assistent au match dans les tribunes. Dès le début de la partie, l’atmosphère se révèle très pesante avec des joueurs parisiens encore atteints psychologiquement. L’opération reconquête ne va pas être simple pour eux, surtout si les joueurs de l’émir Al-Thani jouent avec la peur de perdre. À la 2ème minute, Mario Balotelli signe une frappe extraordinaire de 25 mètres sur laquelle Alphone Areola se couche. La pelouse très humide ne facilite pas le travail du gardien pour capter le ballon. Dès la 6ème minute, Steve Mandanda, le gardien marseillais frôle le ridicule. Sur une remise en retrait d’un phocéen, il manque son contrôle et voit le ballon filer derrière lui qui passe tout près de son montant droit. Marseille a eu chaud. Au bout de 15 minutes, l’arbitre, Antony Gautier refuse un but parisien à Angel Di Maria. La VAR s’avère formelle, cette fois, l’Argentin se trouve hors-jeu au départ de l’action.

Et c’est à ce moment là que tout change dans la tribune d’Auteuil. Au final : le Boycott n’aura duré que 15 minutes et non trente comme prévu. Et comme l’explique Romain Mabille, le Président du CUP, au journal Le Parisien, « Je pense que le message est passé. On avait à cœur de montrer à tout le monde qu’on n’était pas content de l’attitude des joueurs, mais que ce n’était pas pour ça qu’on allait lâcher le club, surtout pour PSGMarseille. » Le CUP d’Auteuil décide de revenir afin de supporter le PSG avec des slogans habituels : Des chants anti-Marseillais jusqu’à la mi-temps, puis pro-PSG comme d’habitude ensuite. Les éternels, « Allez Paris, Paris est magique », « Debout le parc, debout le parc, debout », ou des « Qui ne saute pas est marseillais », sans oublier l’habituel « Marseille, Marseille, on t’enc.le ! ». Le CUP étant très joueur, afin de répondre aux provocations malsaines sur Internet de l’italien de Marseille, les supporters lui envoient un « Balotelli est une sal.pe ! ». Cependant, ne nous trompons pas, nous assistons à un « classico ». Ces slogans plutôt gentillets laissent place à d’autres, bien moins agréables… Les supporters de CUP démarrent leur soirée avec un « Paris, c’est nous » afin de faire comprendre aux joueurs qu’ils nous doivent le respect. Le ton est donné.


La première demi-heure est équilibrée. Les deux équipes se neutralisent assez bien. C’est au tour du gardien phocéen de se mettre en évidence. À la 24ème minute, une superbe frappe de Thomas Meunier que Steve Mandanda sort d’une parade splendide. Le « classico » a définitivement un parfum très spécial, surtout avec cette opération reconquête. Alors que très tôt dans le match, Thomas Tuchel, le Coach, doit faire face à la sortie de deux joueurs blessés, à la 31ème minute : Dani Alves, touché au genou, puis deux minutes plus tard, c’est au tour de Thomas Meunier. Tous les coups semblent permis et les Marseillais ne se privent pas d’en administrer une kyrielle au jeune international français Kylian MBappé pendant toute la rencontre. À la 32ème minute, Angel Di Maria fait signe à son banc pour une douleur qui aurait pu lui faire quitter le terrain. On frôle l’hécatombe.

Qu’à cela ne tienne, l’important se situe ailleurs. Dans le stade, la haine de à l’Olympique de Marseille et des Marseillais s’avère plus forte que la passion du foot, ou du PSG. C’est indéniable… À entendre les slogans, aucun doute : un « classico » n’a rien à voir avec les autres matchs de l’année, y compris en Champion’s League. Les ritournelles habituelles laissent place à des chants violents plus virulents. Vraiment très particuliers. Dès la 39ème minute, le stade entonne « Ah, les marseillais, allez-vous faire enc.ler, on est tous venus pour chanter, PSG allez allez ! », puis c’est au tour de ce petit chef-d’œuvre, « Marseillais, va nick.. ta mère, sur la cane, cane, cane, canebière… »

Dans la première demi-heure de jeu, le PSG dispose d’une possession de balle parfaite de 65%. Même si ces joueurs de la capitale ont du mal à construire un jeu efficace entre autre à cause des nombreux actes d’anti jeux des Marseillais, la rencontre se révèle intéressante ! Les phocéens dominent légèrement leurs homologues parisiens. Heureusement, la libération vient encore du même homme. Kylian MBappé marque dans les arrêts de jeu de la première mi-temps sur une passe méticuleuse du magistral Angel Di Maria. L’Argentin, décisif durant toute la partie, fait vivre un véritable supplice à la défense phocéenne. Et nous n’en sommes qu’à la fin de la première mi-temps. La physionomie de cette mi-temps démontre une partie plutôt équilibrée.


Les Marseillais de Rudi Garcia reviennent pour la seconde mi-temps avec plus de mordant, c’est certain. Ils égalisent même dès le début de la seconde période d’une superbe frappe de Valère Germain à la 27ème seconde. Oui, si tôt. L’erreur vient encore de Thilo Kerer, le même qui offrit le premier but dès l’entame du match contre Manchester United. Décidément… Qui parle de la rigueur allemande avec ce germanique-là ? Les parisiens semblent sonnés, mais n’ont pas d’autres choix : ils doivent se reprendre très vite.

Le jeu sur le terrain devient de plus en plus électrique entre les joueurs et les contacts se musclent considérablement. Les parisiens doivent se racheter et les marseillais ne sont pas prêts à vendre leur peau très facilement. L’arbitre a fort à faire pour se faire respecter, il sort de nombreux cartons jaunes : 7 au total. À plusieurs reprises, la nervosité éclate entre les joueurs et on frôle la bagarre générale avec le phocéen Lucas Ocampos et le parisien Presnel Kimpembe. À la 57ème minute, une faute de Marco Verratti sur Morgan Sanson, suite à un tampon sur MBappé, fait monter le ton dans le rond central. Nous retrouvons l’odeur des « classico » à l’ancienne. Le public se trouve sous pression et les sportifs sont presque à en venir aux mains si cela continue. La fin de match promet…

Arbitre devient parfois un métier à risque. Du carton jaune, l’homme en noir va passer directement au rouge. À la 62ème minute, Steve Mandanda, le gardien marseillais se trouve exclu pour une faute de main hors de sa surface de réparation face à l’étoile Angel Di Maria. Les Ultras exhortent le Parc avec des « Debout le Parc, Debout le Parc, debout… », Mario Balotelli est remplacé par Yohann Pelé afin de faire rentrer un véritable gardien de métier. Sur sa première action, le gardien remplaçant, Yohann Pelé, encaisse son premier but dans la lucarne droite sur un coup franc magistral du pied gauche du maestro Angel Di Maria, surnommé El Fideo est juste « phénoménaaaaaaaal ». Le Parc des Princes chavire. L’Argentin s’envole partout, ce soir, il brille. Il passe du four au moulin en un claquement de doigts. Il marche sur l’eau et mystifie tous ses adversaires. Il a d’ailleurs été désigné « l’homme du match » avec une note bien plus qu’honorable, 9/10. Voilà, les supporters parisiens et leur équipe commencent à se réconcilier. L’ambiance des grands soirs s’installe petit à petit. Le Parc des Princes reprend vie. Enfin…


Pourtant, pour les vrais supporters du PSG, comme moi, la seule chose primordiale reste la victoire de notre équipe. Nous l’avons emporté 3-1 avec deux superbes buts de l’exceptionnel Angel Di Maria (55ème minute : une superbe frappe enveloppée qui termine dans le petit filet opposé et à la 66ème minute : une sublime frappe sur un coup franc à 30 mètres) avec 100% de ses dribbles réussis et un autre but du prodige MBappé… Le score aurait pu être plus lourd. Marseille l’a échappé belle avec un but refusé et un pénalty à la 94ème minute de MBappé. Il fut non transformé, car superbement bien stoppé par le gardien phocéen. L’ambiance des grandes soirées est de mise avec des fumigènes pour célébrer chaque but parisien. Certes, les fumigènes sont interdits, mais pour l’occasion, cela en valait vraiment la peine. Au final, l’ogre du PSG a croqué, sans être extrêmement brillant collectivement, sa danseuse marseillaise. Les statistiques à la fin du match sont assez éloquentes pour comprendre la supériorité des parisiens : 300 passes réussies contre 232 (90% contre 83%), 5 tirs cadrés contre 2, 6 tirs contre 3, 8 centres contre 7, et 55,8% de possession de balle contre 44,2. Seule statistique en faveur des marseillais, 44 duels gagnés contre 42.

Ce match engagé, et à la limite du Fairplay, les parisiens l’ont largement contrôlé face à des marseillais résignés, fébriles et fatalistes. Après cette 27ème journée, ces derniers sont relégués à 30 points au classement, et Lille, leur dauphin, à 20 points. Résultat : malgré une partie à jeu égal, aucun exploit pour leur pire ennemi marseillais. Après cette victoire, cela fait neuf ans que les phocéens se font malmenés, bousculés et qu’ils perdent sur la pelouse du Parc des Princes.

Finalement, la soirée se révèle excellente pour nous : depuis le 27 novembre 2011, ce sont 19 « classico » de suite remportés par Paris, avec 16 matchs gagnés et 3 matchs nuls. Ce soir, Angel Di Maria, le génie cinq étoiles, crucifie presque à lui seul Marseille et El Fideo nous permet de rester maîtres chez nous. Il dispense une combativité de tous les instants. Pour ce « classico », il s’est transformé en artiste exceptionnel. À l’image de son coup franc « Dimariaesque »… Aucun doute, l’Argentin survole le stade lorsqu’il joue ainsi. Voilà la plus belle des victoires, sans haine ni violence. Merci Paris. Notre slogan revit : « Ici, c’est Paris ! » Nous voici très certainement en marche pour le début d’une réconciliation et de cicatrisation entre les joueurs et leurs supporters. En attendant, avec ce « classico », nous avons vécu une nouvelle soirée à part. Et après ce match, je ne retiendrai finalement qu’une chose « Paris est magique et Marseille est tragique ! »
Texte & images : Carlos Sancho