Third World @ Paris au New Morning, le samedi 8 juin 2019.
La venue de Third World, les patriarches du Reggae, au New Morning en ce mois de juin 2019 était un événement à ne pas rater ! Les fans ne s’y sont d’ailleurs pas trompés puisque le club parisien affiche complet. Il faut dire que les passages des Jamaïcains dans la capitale ne sont pas légion… J’ai eu la chance de les voir au Zénith en octobre 87 pour un concert que ne n’oublierai jamais… Le groupe était arrivé très en retard et avait joué sur le coup de minuit devant un public plus que clairsemé du fait de l’attente mais sincèrement je n’avais encore jamais vu à l’époque un Set de Reggae aussi époustouflant et innovant ! Le son, les lumières, le solo de violoncelle, la voix de Bunny RugsTout était parfait !

Je les ai revus pour le festival Summer Jam ’93 à la Lorelei en Allemagne aux côtés de Aswad, Israel Vibration, Inner Circle, Shabba Ranks, etc. Et là encore ils étaient arrivés à la bourre et avaient dû passer à la fin de la soirée pour un Set de ce fait très court mais néanmoins intense. Après ce furent 1996 et 1998 à l’Elysée Montmartre mais je ne garde pas un souvenir impérissable de ces 2 prestations. Ce fut beaucoup mieux au Zénith pour le Reggae Night Party Tour ’99 avec : Jimmy Cliff, Pato Banton, Sinsemilia, Diana King, etc. Je ne les avais donc pas revus depuis 20 ans et entre temps de l’eau a coulé sous les ponts puisque Bunny a disparu et Third World n’a sorti que quelques nouveaux opus sur d’obscurs Labels alors qu’à la grande époque les illustres maisons de disques que sont : CBS, Island ou Mercury leurs faisaient les yeux doux…


De ce passé glorieux ne subsistent que Stephen « Cat » Coore à la guitare et au violoncelle et Richard « Bassie » Daley à la basse. Au chant c’est : AJ Brown du groupe Inner Circle qui a pris le relais. Il faut dire que les carrières de TW et de IC sont intimement liées puisque Cat, Ibo et Bunny Rugs entre autres faisaient partie de IC avant de former TW en 1973. A la batterie on retrouve l’excellent Tony « Ruption » Williams qui les a rejoints il y a plus de 20 ans. Aux claviers, il y a les 2 membres les plus récents de TW à savoir : Norris « Noriega » Webb à droite et Maurice « Smooth Lion » Greggory à gauche.

Les Reggae Ambassadors montent sur scène vers 21h30 pour 1 heure et demie de Reggae mâtiné de Soul/R&B. On reconnaît tout de suite le Hit de 1978 « Now That We’ve Found Love » et c’est le délire dans le New Morning surchauffé et plein comme un œuf. On enchaîne avec un autre tube qui leur a donné leur sobriquet : « Reggae Ambassador ». Le son est excellent, la machine tourne bien et AJ nous fait presque oublier son illustre prédécesseur au micro. Cat est le Leader évident du groupe du fait de sa longévité et de son rôle fondamental à la guitare. Il nous délivre d’ailleurs régulièrement des soli ciselés.


On continue avec « Forbidden Love » de l’album quelque peu méconnu « Serious Business » de 1989 qui donne l’occasion à Noriega de se charger de l’intermède Rap avec brio. Avec « Sense Of Purpose » de l’album du même nom de 1985, on retrouve le Third World archi commercial et redoutablement efficace de la période « disco » que certains lui ont reproché mais certainement pas moi tant la qualité musicale est bien là ! Ce titre est une pure merveille de Reggae Pop.

L’ambiance festive continue avec « Can’t Say Free » et « Reggae Party » avant un plus récent (2015) et très Cool « YimMasGan » très apprécié du public parisien. Retour aux sources ensuite avec un magnifique « Jah Glory » de derrière les fagots, en l’occurrence du légendaire album « 96° In The Shade » de 1977… On reste dans la période Island avec un extrait de « The Story’s Been Told » de 1979 : le sautillant « Irie Ites » qui reste un classique du genre. On passe à l’année 1980 et à l’album « Arise In Harmony » avec le très Roots « Uptown Rebel » qui rappelle que Third World appartient à la même lignée que Bob Marley, Peter Tosh ou Burning Spear ! Puis retour de nouveau en 1977 avec le très beau et relaxant « Dreamland » de Bunny Livingston, mieux connu sous le nom de Bunny Wailer des mythiques Wailers qui ont compté en leurs rangs Marley et Tosh justement… On reste d’ailleurs ensuite sur le même album avec « 1865 (96° In The Shade », sans conteste un des titres les plus fédérateurs de Third World et un classique parmi les classiques. Pour montrer que TW est toujours capable d’aligner des Hits, le groupe nous présente alors 2 nouveaux titres très accrocheurs qui seront sur l’album à venir : « Loving You Is Easy » dont la mélodie et le Gimmick vous rentrent dans la tête pour ne plus en sortir et « Everybody Sings » qui risque bien de devenir également un tube. Ruption quitte maintenant sa place derrière les fûts, remplacé par Smooth Lion, et s’empare d’un djembe pour un festival de percussions très inspiré qui emporte le public du New Morning… Puis c’est Cat qui ressort son violoncelle pour le traditionnel Medley avec un hommage très émouvant au « Redemption Song » de Bob, repris à l’unisson par les fans.

Bon ce qui vient après est franchement dispensable à savoir une reprise du « Con Te Partiro » par AJ qui veut sans doute nous montrer ses talents de vocaliste mais on frise là le Kitsch voire le ridicule. On oublie bien vite cette faute de goût avec un « Try Jah Love » très attendu par les fans et que le groupe introduit subtilement par un « Sweet Dreams », clin d’œil à Eurythmics. Ce titre de 1982 est toujours aussi efficace et n’a pas pris une ride. Le groupe quitte ensuite la scène pour mieux revenir avec ce que Cat présente comme un cadeau aux fans de la première heure de Third World, leur tout premier titre de 1976, la sublime reprise des Abyssinians « Satta Massagana », un pur moment de bonheur qui clôt de la meilleure des façons ce fantastique concert ! On pourra juste regretter que le groupe n’ait pas joué plus longtemps et n’ait pas intégré des titres comme le succès disco « Lagos Jump » ou « Brand New Beggar » que j’aime beaucoup ou encore le fabuleux « You’re Playing Us To Close » qui reste pour moi le sommet de la carrière de Third World !

En tout cas ce retour des Jamaïcains à Paris est une franche réussite et on souhaite de tout cœur que la sortie du nouvel album, qui n’est qu’une question de semaines d’après le Tour Manager, soit synonyme d’une nouvelle tournée européenne à venir…
Live Report & images : Olivier Carle

Merci à Heather et Floz