Elton John Versus Rod Stewart à l’AccordHotels Arena 2019.


En cet été caniculaire de 2019, le Rock anglais se trouve à l’honneur dans la capitale française. En deux semaines, deux énormes Stars anglaises de la Pop ont foulé la scène de l’Accord Hotel Arena. De plus, leurs similitudes ne s’arrêtent pas là. Si la musique a souvent réuni Elton John et Rod Stewart, le football les a souvent opposés. Elton n’a jamais caché sa passion pour le club londonien de Watford, dont il est Président à vie et dont il fut propriétaire pendant 25 ans, alors que l’écossais de naissance, Rod, lorgnait durant son adolescence sur une carrière de footballeur. Les deux chanteurs populaires connaissent le football par cœur et ils lui vouent une passion illimitée. Si Elton n’a jamais chaussé les crampons, Rod a joué pendant son adolescence pour le club de Brendford avant de devenir un supporter inconditionnel du Celtic de Glasgow !

Les comparaisons peuvent encore s’illustrer ici. Les deux partagent leur fierté d’être anglais et La Reine Elisabeth II les voit même comme d’importants représentants de son royaume. Elle les a d’ailleurs anoblis tous les deux. Rod le sera le 11 octobre 2016, alors que Elton lui ravira la priorité le 24 février 1998. Toutefois, soyons réalistes, ils ne sont pas les seuls à avoir bénéficié d’un tel sacre. Mick Jagger l’a connu en 2002, Bono en 2009, Paul Mc Cartney en 1997, et … Ils ont tous été anoblis pour la même raison : « Services rendus à la musique populaire ».

Si dans les Seventies bon nombre de médias les ont souvent opposés, à l’image des Beatles et des Rolling Stones, Elton et Rod ont souvent pu sourire de cette opposition médiatique qui les a menés finalement en même temps vers l’apogée de leur carrière. Ces deux génies de l’industrie du disque de l’époque étaient incontournables jusqu’à la fin des Eighties. Pourtant, malgré des parcours assez similaires, Elton et Rod ont emprunté deux voies bien distinctes afin de parvenir au firmament des Charts à travers le monde. Au début de sa carrière, l’aînée, Rod né en 1945, s’est tout d’abord illustré aux côtés du célèbre Jeff Beck, puis de l’étonnant Ron Wood, futur guitariste des Stones, au sein de la magnifique formation des Faces, un groupe que tous les véritables amateurs de Rock adorent. Même si plus tard l’écossais a flirté avec plusieurs styles musicaux différents, Rod s’est avant tout fait reconnaître pour une carrière plutôt Pop Rock. Pendant cette même période, Elton, né en 1947, fan inconditionnel des Beatles, a préféré se démarquer aux côtés de Bernie Taupin avec lequel il réalisera une carrière Pop exemplaire et sortira une foultitude de Hits plus ou moins à consonance variété. Elton développera en seulement deux décennies une carrière à faire pâlir tous les artistes du monde entier. Finalement, avec ces deux artistes, nous découvrons deux parcours plutôt complémentaires pour une offre musicale des plus riches.

Si ces deux Stars internationales possèdent un ego à l’image de leur carrière, il faut bien admettre que le résultat de leurs travaux se contemple dans la longévité de leur art. Rod commence à se faire remarquer en 1963 sur le quai de la station de métro Twickenham. C’est aussi à cette période qu’il enregistre ses premiers titres. Pourtant, tout ne sera pas aussi simple pour lui. Un passage à vide de plusieurs années amènera Rod à rejoindre tout d’abord Jeff Beck en 1967, puis The Faces en 1969. Ces deux projets porteront enfin Rod jusqu’au sommet de la gloire pendant deux longues décennies. Ensuite, comme tous les grands artistes l’ont connu, Rod va vivre une nouvelle fois une traversée du désert avant de revenir en force quelques années plus tard, dans les années 2000. Alors que les billets des concerts de Rod s’arrachent désormais en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, jetons un petit coup d’œil sur la carrière de son acolyte…

Elton fonde en 1962 Bluesology, son premier groupe. C’est en juin 1967 qu’il rencontre Bernie Taupin grâce à une annonce dans le légendaire NME (NDJ : New Musical Express). Ce duo constitué, leurs premiers titres voient le jour en 1968 sous le Label : DJM Records, Label appartenant à l’éditeur : Dick James. À partir de 1970, Elton va connaître une ascension fulgurante au point de se faire affubler du surnom 4%. Ce petit sobriquet signifiant que Elton John écoule à lui seul 4% des disques vendus chaque jour dans le monde. Depuis, personne n’a jamais fait mieux. Son destin artistique va lui aussi connaître un frein notable au début des années 90. Ses albums, parfois inégaux, vont envoyer Elton en cure de désintoxication pour Addiction à la cocaïne et à l’alcool afin de se requinquer pour tenter de se sauver et de préserver sa carrière d’un désastre annoncé. Suite à sa période commerciale en berne, et une désintoxication réussie, Elton va retrouver le succès grâce aux comédies musicales et leurs fantastiques musiques qu’il compose pour Le Roi Lion et Billy Elliot. Le plus amusant de ces deux aventures entre Rod et Elton, alors qu’ils ont démarré leur carrière quasiment au même moment, et après 50 ans de très bons et loyaux services dans l’industrie du disque, les deux Stars anglaises entament leur Farewell Tour presque au même moment. L’occasion de revivre avec ces deux artistes une nouvelle fois des émotions que leur absence nous avait fait oublier depuis plusieurs décennies déjà. Vraiment.

L’ironie de la vie pousse le destin de ces deux Stars majestueuses à se suivre, même dans leur fin de carrière. C’est amusant de constater que Rod n’avait pas remis les pieds sur une scène française depuis 1995. Il a mis 24 ans pour revenir en France, et en prime dans la même salle que son compatriote, seulement deux semaines après Elton. Du coup, au regard de cette convergence de talents et de bonnes étoiles, c’est Elton qui ouvre le bal le 20 juin 2019. Rod enchaîne le 6 juillet. Mais, Elton aura le dernier mot. Toujours le Maître incontesté des artistes Pop, l’anglais reviendra pour clôturer son Farewell Tour avec trois concerts en octobre 2020. Le plaisir ne se boudant pas, je n’ai pu résister d’aller à la rencontre de ces deux Monstres sacrés des mélodies en compagnie de mon fils. Nous y étions aux Shows de 2019 des deux artistes Pop Rock. Alors, qui sait si nous renouvellerons les choses pour ceux de 2020…

C’est parti à 20 heures pétantes pour plus de deux heures trente de Show gigantesque avec six talentueux musiciens autour du pianiste anglais rondouillard et à l’humour British très pince-sans-rire que nous adorons tous. Sir Elton démarre avec enthousiasme sur ‘’Bennie And The Jets’’, un superbe titre de l’album qui a donné le nom de sa dernière tournée ‘’Goodbye Yellow Brick Road’’. Une tournée d’adieu ne serait pas une belle tournée si l’artiste ne jouait pas ses plus grands succès. Et Sir Elton ne le sait que trop bien. Du coup, Sir Elton délivre une collection de Singles extraordinaires avec ‘’All The Girls Love Alice’’, ‘’I Guess That’s Why The Call It The Blues’’, et un ‘’Tini Dancer’’ qu’il interprète très différemment de ce qu’il a pu proposer par le passé. Quel régal de réentendre le très attendu ‘’Rocket Man’’, une chanson qui a d’ailleurs donné le titre à son Biopic qui à mon sens laisse à désirer.

Que dire de la version extraordinaire de ‘’Indian Sunset’’ que je n’avais jamais entendu en Live et qu’il commence A Cappela ! Cette merveille tirée du superbe album ‘’Mad Man Across Water’’, en 1971, me laisse sans voix. C’est une de ses chansons préférées et franchement un titre Live qui vaut plus que le détour par la bluffante prestation du percussionniste et les envolées magiques de piano de Sir Elton. Rien qu’en assistant à ce début de Show, on ne peut qu’admettre que l’anglais à plus de 5000 concerts dans sa carrière sait véritablement construire un spectacle. Ses détracteurs pourraient dire que la seconde Reine d’Angleterre a surtout su se bâtir une solide réputation grâce à ses tenues extravagantes et ses lunettes légendaires… Pourtant, Sir Elton n’oublie jamais que son public vient d’abord pour écouter les chansons représentant la bande originale de leur propre vie. Un privilège que peu d’artistes peuvent se targuer de revendiquer. C’est pourquoi, même à son âge, le chanteur sait encore jouer avec ses tenues toujours aussi extravagantes et ses lunettes démesurées, et Sir Elton n’hésite pas à enchaîner sans se préoccuper de ses détracteurs le gigantesque ‘’Sorry Seems To Be The Hardest Word’’, puis une version explosive de près de treize minutes de ‘’Levon’’, que l’américain : Jon Bon Jovi a, en son temps, repris avec succès. La version ‘’Levon’’ du 20 juin 2019, donnant l’impression d’un énorme Jam entre virtuoses de leurs instruments, se révèle d’ailleurs bien meilleure que celle que l’artiste anglais et le chef d’orchestre nous avaient offerte lors de sa dernière venue, le 1er décembre 2017.

D’ailleurs, le spectacle entier de 2019 se révèle non seulement plus dynamique que celui de 2017, mais surtout beaucoup plus réussi en tout point. Le frisson estival demeure garanti pendant toute la prestation de Sir Elton. Il ne s’arrête cependant pas en si bon chemin : deux heures et demie d’un Show intense, il faut bien remplir les minutes de spectacle avec du matériel toujours aussi lourd. L’anglais poursuit avec l’incontournable hommage à Marylin Monroe, et non comme beaucoup peuvent le croire à Lady Di, avec un ‘’Candle In The Wind’’ qu’il aurait pu éviter selon moi tant je la trouve à force insupportable. Et en matière de politique, si aucune allusion ne fut faite ce 20 juin 2019 à la défunte Princesse, Sir Elton aime jouer avec la politique. Si on en juge par les images moqueuses et authentiques diffusées sur le grand écran pendant ‘’Border Song’’, j’avoue avoir adoré à quel point Sir Elton montre qu’il ne supporte pas Donald Trump

Sur scène, avec Sir Elton le Groove est roi avec un tel mélodiste. Dans la salle, le public se trouve sur la route du bonheur. La température monte lorsqu’il interprète ‘’Someone Saved My Life Tonight’’. Alors, si ce n’est pas quelqu’un en particulier qui l’a sauvé, c’est bien la musique qui lui a permis de ne pas sombrer et mourir dans le plus grand abandon de tous. Et à propos de mort que Sir Elton a bien souvent frôlée, j’avoue que j’attendais avec impatience le somptueux ‘’Funeral For A Friend/Love Lies Bleeding’’, un titre que Sir Elton n’avait plus joué depuis 2010 sur la scène du Zénith lorsqu’il avait ouvert son Show avec ce joyau. Ce concert de 2010 m’avait à l’époque complètement retourné tant la magie qui avait été ressentie ce soir-là au Zénith. Je n’ai jamais retrouvé cette ferveur depuis. Sur la tournée 2019, je fus moins conquis par ‘’Daniel’’, une chanson qui m’a toujours ennuyé même si le thème de la guerre du Vietnam et de ses dérives m’ont toujours interpellé. C’est à ce moment-là, juste avant la formidable chanson ‘’Believe’’ que Sir Elton explique partiellement en français, pour ceux qui n’auraient pas vu le Biopic, que c’est à cette période, en 1992, qu’il a décidé de se faire aider pour devenir Clean et sobre pour profiter de la vie et s’engager en faveur de la lutte contre le SIDA. Une sobriété qu’il continue depuis plus de 20 ans. Il ajoute que l’Amour et la Compassion doivent être toujours dans le cœur de chacun pour tenter de trouver le bonheur et vivre une existence paisible auprès de ceux que l’on aime. Il remercie la vie et les fans de lui avoir fait vivre une telle vie hallucinante. Sur l’écran en fond de scène, les vidéos diffusées dépeignent un Elton John décontracté, et en même temps très impliqué, démontrant que le chanteur engagé reste avant tout un véritable être humain avec ses forces et ses propres faiblesses.

La dernière ligne droite se révèle monumentale. Sir Elton l’entame avec émotion en interprétant le splendide ‘’Don’t Let The Sun Goes Down’’, puis une des vieilles chansons que je préfère ‘’The Bitch Is Back’’, avant d’entonner la chanson de sa résurrection ‘’I’m Still Standing’’ et les Rocks endiablés de ‘’Crocodile Rock’’ et ‘’Saturday Night Is Alright For Fighting’’. Indéniablement, l’ancien binoclard boudiné s’est définitivement mué en cinquante ans de carrière en une gloire incontestée du Show-Business et un humaniste exemplaire. La fin de ce Show à l’américaine s’achève avec deux joyaux : ‘’Your Song’’ et l’inénarrable : ‘’Goodbye Yellow Brick Road’’. Un au revoir pour permettre aux fans de quitter la salle sur encore de la musique du génie anglais, ‘’Don’t Go Breaking My Heart’’, le duo qu’il a interprété avec Kiki Dee, pour une pause qui ne sera que de courte durée puisque Sir Elton reviendra pour trois Shows explosifs en octobre 2020. Des concerts que je vous suggère de ne pas louper tant l’émotion sera sans conteste au rendez-vous. Mais en attendant, regardons ce qui s’est passé le 6 juillet 2019 avec Sir Rod Stewart, son compatriote écossais.

Annoncé à 19 heures 30, pour sa dernière tournée baptisée ‘’Blood Red Roses Tour’’, Sir Rod monte sur scène à 20 heures 10 avec l’excellent ‘’Have A Party’’, une reprise de Sam Cooke. Son spectacle se décompose en trois parties : un tour de chauffe balayant ses premières années de carrière, une partie acoustique baptisée ‘’Stripped’’, et une dernière sobrement appelée ‘’Main Set Part 2’’ afin de nous assainir ses plus grands succès mondiaux. Le chanteur écossais se produit devant une salle un peu moins remplie que celle de Sir Elton. Même après 32 albums à l’actif de l’écossais, la hiérarchie s’établit d’elle-même. Alors que pour Sir Elton John tous les musiciens étaient masculins, Sir Rod Stewart, s’est accompagné de six magnifiques représentantes de la gent féminine. Trois choristes, danseuses de claquettes sur ‘’Forever Young’’ et toutes identiquement habillées à la Tina Turner, et ce qui ne gâche rien, à la plastique parfaite auxquelles il faut adjoindre trois superbes danseuses et musiciennes multi-instrumentistes tout aussi plantureuses. La Setlist se révèle différente des autres concerts de la tournée. Contrairement à son acolyte Sir Elton, Sir Rod adapte chaque Show à son auditoire. Il l’explique à sa façon : La plupart des tubes qu’il interprète, Sir Rod s’efforce de les modifier chaque soir, afin de ne pas s’ennuyer lui-même…


Donc, ce soir, ce 6 juillet 2019, Sir Rod l’avait prévenu en se confiant au quotidien : « Pour ma tournée, à Paris, je chanterai essentiellement mes Hits, car je ne suis pas venu depuis trop longtemps ». L’audience aura donc le bonheur et le privilège de retrouver les monuments de la carrière de l’écossais. Dans la première partie du Show, Sir Rod chante ses titres de légende, ‘’Young Turks’’, ‘’Some Guys Have All The Luck’’, ‘’Stay With Me’’ des Faces avec une chorégraphie digne de Tina Turner dans ses plus belles années avec son éternel final de ‘’Proud Mary’’. Sir Rod poursuit avec la chanson de circonstance, ‘’Tonight The Night’’, avant de se lancer dans le somptueux ‘’Forever Young’’. La machine se révèle lancée et le public s’avère admiratif après tant d’années d’attente. Le Show devient magique et les musiciens sont des musiciens de classe mondiale. Sir Rod veut recréer une complicité avec son public français. Il le prouve en se laissant aller à deux confidences face à la foule française d’un soir. Deux anecdotes que peu de spectateurs imaginaient d’ailleurs.

Il nous livre la première juste avant d’interpréter ‘’Rythm Of My Heart’’. Sir Rod explique qu’avant de monter sur scène, il a beaucoup pensé aux forces anglaises qui ont débarqué 76 ans et un mois pile auparavant sur les côtes de Normandie. Les images qui défilent sur l’écran géant montrent à quel point Sir Rod se trouve sensible à cette période de l’histoire. La seconde évocation, Sir Rod a rappelé que Johnny Hallyday faisait partie de ses meilleurs amis français. Sur scène en ce soir de juillet à Paris, dans sa ville, Sir Rod a voulu lui adresser un clin d’œil fraternel en interprétant ‘’Rollin’ And Tumblin’’’, un des classiques de Muddy Waters. Ce titre que Sir Rod jouait si souvent à Los Angeles avec son ami Johnny. L’écossais a voulu rendre un dernier hommage au géant français qui, en son temps, ne l’oublions pas lui avait piqué son plus fidèle acolyte, le guitariste Robin Le Mesurier qui pourtant l’avait déjà quitté en 1987. Une façon des plus inhabituelles de faire connaissance entre le géant français et le plus sexy des chanteurs écossais. Sir Rod comptait bien le reprendre pour sa tournée de l’époque avant que Johnny ne lui grille la priorité. Robin, ce musicien anglais accompagnera le Elvis français en jouant avec lui de 1994 jusqu’en 2018, devant l’église de la Madeleine, aux côtés de Yarol Poupaud, pour les funérailles nationales du Rocker français. L’écossais m’achève dès le départ avec ‘’The Killing Of Georgie (Part I And II)’’. Une surprise à laquelle je fus plus qu’admiratif.

Le voyage dans le temps que propose Sir Rod me ramène en arrière avec un subtil arrêt à mes années Coca-Cola lorsque Sir Rod était endorsé par la marque concurrente, Pepsi. Pendant quelques secondes Sir Rod s’amuse à nous raconter que les médias de l’époque avaient réussi à le prendre sur un cliché provocateur où le chanteur se tenait avec un verre de … Coca à la main. Cette photo lui a valu quelques remontrances de la part de son sponsor de boisson gazeuse. Quelques années plus tard, après nous avoir confié cette mésaventure, Sir Rod démontre qu’il n’est absolument pas rancunier et il n’hésite pas à interpréter ‘’It Takes Two’’. Cette musique de la pub mondiale de la marque phare des Eighties où Sir Rod avait, quelques années avant un certain Michael Jackson, vendu très charitablement son image Bankable à Pepsi. Cette reprise de Marvin Gaye qui a connu à travers cette pub mondiale un second succès planétaire lorsque Sir Rod l’a interprétée aux côtés de Tina Turner. Juste une petite remarque sur cette Setlist : Dommage que la ‘’Acid Queen’’, du film Tommy des Who, n’a pas eu la bonne idée de venir fouler la scène parisienne ce 6 juillet 2019.

Sir Rod se permet de finir son premier Set sur un magistral défilé de titres renversants. Il enchaîne sur ‘’I’d Rather Go Blind’’. Un titre énorme qui me ramène là encore dans mon adolescence plutôt mouvementée. Le chanteur anglais permet d’ailleurs pendant cette prestation à ses musiciens rythmiques de se mettre en valeur.


Pour une fois, un solo indispensable de deux batteries et un percussionniste à l’unisson parfait. Les solii de batterie habituellement dispensables se trouvent toujours si ennuyeux, et je suis moi même batteur, ont laissé ce soir-là, place à un moment unique dans l’histoire de la batterie : Ce solo fut cette fois tout sauf ennuyeux, bien au contraire. Trop rare ces moments où les batteurs apportent un véritable plus à un concert sans prendre le risque de perdre des tas de spectateurs en route… Je ne pouvais donc pas passer cette info sous silence. Sir Rod achèvera la première partie de son spectacle avec un instrumental très inattendu. Une superbe version de ‘’Local Hero’’, l’instrumental de Dire Straits, qui nous a non seulement étonné mais qui a permis à Sir Rod d’aller enfiler une tenue plus appropriée pour la suite de son spectacle.


Pour la seconde partie, un peu plus courte que la précédente, la partie acoustique, après une envolée musicale attendrissante vers la culture celtique où les musiciennes nous ont gratifiés de quelques mesures du répertoire Celte, tous les musiciens se retrouvent assis sur le bord de la scène face à un public toujours aussi captivé. Les musiciens entourent un Sir Rod très à l’aise. Autour de lui, une harpe, des guitares acoustiques, un violon et des chœurs purs viennent le soutenir. Heureux d’être au plus près de leur public, les musiciens nous proposent un Set très intimiste avec des titres qui nous rappellent que l’écossais a commercialisé quelques albums intimistes de reprises à la sauce Rod Stewart. Il démarre ce clin d’œil avec ‘’Handbags And Gladrags’’, de Mike d’Abo, ‘’Reason To Believe’’, de Tim Hardin, ‘’Dirty Old Town’’, de Ewan McColl. Trois titres exceptionnels que j’ai eu le plaisir de découvrir pour la première fois sur scène et de grandement les apprécier. Sir Rod se réjouit de l’accueil que son public français réserve à ses reprises. L’audience va enfoncer le clou dès les premières notes de ‘’I Don’t Want To Talk About It’’. Somptueux et magique. Le saxophoniste se révèle exalté pour notre plus grand plaisir. Ses superbes prestations me font étrangement penser au regretté Clarence Clemmons, l’ami émérite de Bruce Springsteen. Le public va reprendre en chœur avec Sir Rod un de ses plus beaux succès, ‘’Have I Told You Lately’’, une reprise de Van Morisson que Sir Rod adore interpréter à sa sauce. Ce second Set nous a aussi fait voyager dans une autre atmosphère bien à lui, celle de l’image du Crooner que l’écossais développe depuis quelques années déjà.


Pour la troisième et dernière partie, encore plus restreinte que les deux premières, le final de cette soirée magique reste à marquer d’une pierre blanche. Nos plus belles années bonheur d’adolescent remontent à la surface. Alors que Sir Rod s’échappe pour se changer pour la quatrième fois, les filles se lâchent sur un excellent ‘’She Works Hard For The Money’’ de Donna Summer. Sir Rod réapparaît décontracté afin de finir son Show en apothéose. Il enfile quatre des tubes les plus représentatifs d’une carrière hors norme. Sir Rod commence par ‘’Baby Jane’’, puis vient une de ses plus belles perles, ‘’Sailing’’, avant de prouver que malgré son âge, 74 ans, Sir Rod a toujours besoin de demander s’il est toujours aussi sexy avec son éternel ‘’Da Ya Think I’m Sexy ?’’ Le public ne s’y trompe pas, il répond avec ferveur. Il danse, chante, l’acclame répondant à sa sempiternelle question : « Oui, tu resteras toujours le mec sexy des années 80 ». Cette époque bénie où tout était permis et nous rêvions tous que le monde nous appartenait comme le mentionnait à sa façon Tony Montana… Dans l’excellent film Scarface !

Sir Rod ne fera qu’un seul rappel. Malheureusement. Mais quel rappel ! Il finit son tour de chant et de quatre décennies de succès par l’un de ses plus beaux titres ‘’Maggie May’’. En deux heures, trente minutes de moins que son collègue, Sir Rod a quand même réussi à enflammer une foule conquise et qui n’en pouvait plus d’attendre le retour d’un prodige de la Pop mondiale. La salle met du temps à se rallumer comme si les négociations en coulisses nous permettaient de croire que Sir Rod allait revenir. Et non, l’espoir ne fut que de courte durée.

Mon plus grand regret sur ce concert parisien de Sir Rod restera marqué par l’absence sur la Setlist du joyau que j’attendais de toutes mes forces de Tom Waits, ‘’Tom Traubert’s Blues (Waltzing Matilda)’’… Je n’ai plus qu’à espérer que Sir Rod reviendra pour nous l’offrir… Et pour cela, revenons à la course à l’échalote qui subsiste toujours entre les deux monstres sacrés de la Pop anglaise des années soixante-dix. Si à chacune des dernières tournées de Sir Rod Stewart, aucun promoteur français ne l’a Booké de peur de ne pas remplir une trop grosse salle afin de couvrir l’énorme cachet demandé, Sir Rod conserve toujours un vieux rêve qu’il espère un jour réaliser : venir chanter à l’Olympia. Sur cette tournée, cela a failli se réaliser, comme il l’a confié au journal Le Parisien en avril dernier. Mais, doit-on y voir encore un signe de compétition à distance avec Sir Elton John, ce dernier qui s’y est produit à deux reprises les 5, 6 et 7 février 2016, et avant cela les 9, 10 et 11 décembre 2013… ? En tous les cas, après ce rappel sur les six Olympia d’avance de Sir Elton, le rêve de Sir Rod s’avère amusant. Nous n’avons plus qu’à attendre !!!
Live Report & images Live : Carlos Sancho + images promos DR (affiches & Covers).