The Stranglers à L’Olympia, le 27 novembre 2019.
J’avoue être passé un peu à côté des Stranglers dans les années 70, plus occupé à écouter du Hard ou du Prog’ que du Punk Rock ! Ce n’est qu’une fois chez CBS et en participant au lancement de l’album «Aural Sculpture» et du Single «Skin Deep» en 1984, qui se sont très bien vendus à l’époque, que je me suis sérieusement penché sur la carrière des Anglais. J’ai alors redécouvert ces excellents albums que sont «Feline», «The Raven» ou «No More Heroes». C’est en 1986 que je les ai découverts Live au Zénith pour le «Dreamtime» Tour, porté par le succès de «Always The Sun». La bande à JJ Burnel avait pris un virage beaucoup plus consensuel et nettement moins Punk Rock depuis «La Folie» et cela lui permettait de remplir des grandes salles en France et ailleurs !

Je les ai revus en 1990 au Grand Rex pour le «10» Tour et les dernières prestations de Hugh Cornwell avec ses camarades puisqu’il les quittera brutalement 3 mois plus tard. Ensuite ce sera 1995 à l’Élysée Montmartre avec toujours Burnel, Greenfield et Black mais un nouveau chanteur Paul Roberts et John Ellis à la guitare pour le «About Time» Tour, pas un souvenir impérissable ! Ça faisait donc 24 ans que je n’avais pas revu les Étrangleurs et j’avais hâte de les retrouver à l’Olympia


D’autant qu’en 1ère partie ce sont d’autres «revenants» qui étaient annoncés à savoir Ruts DC, ex-Ruts. Le groupe a connu ses heures de «gloire» en pleine période Punk, à la fin des années 70, avec un son proche des Clash et surtout très imprégné de Reggae comme en témoigne «Jah War» qu’ils ne manqueront pas de jouer ce soir. J’avais beaucoup aimé leur collaboration avec Valérie Lagrange au début des années 80 et j’avais d’ailleurs eu la chance de les voir ensemble à l’Eldorado en 1984. A l’époque ils jouaient essentiellement du Reggae/Dub et j’aurais d’ailleurs aimé qu’ils jouent un peu plus que «Jah War» et «Mighty Soldier» dans le genre pour ce passage à l’Olympia.


Mais 1ère partie des Stranglers et temps limité obligent, ils se sont concentrés sur leurs morceaux les plus Rock comme «Something That I Said», «You’re Just A», «West One (Shine On Me)», «Music Must Destroy», «Kill The Pain», «Staring At The Rude Boys», «In A Rut» que John Peel passait si souvent sur la BBC, l’incontournable et quasi unique tube des Ruts «Babylon’s Burning» et le percutant «Psychic Attack». En 45 minutes, Ruts DC a revisité l’essentiel de sa carrière Punk-Rock pour le plus grand plaisir des fans de ce genre musical qui a marqué la fin des Seventies !


Comme prévu les Stranglers apparaissent à 21h15 précises sur fond de «WaltzinBlack» comme à chaque fois. Le rideau de fond de scène montre un décor un peu glauque de catacombes et de gigantesques bouches d’aération ventilées. On retrouve d’ailleurs d’énormes ventilateurs au milieu des musiciens qui créeront de très beaux effets lumineux et colorés tout au long de la prestation lorsqu’ils se mettront à tourner… Jean-Jacques et le remplaçant de Jet Black sont à gauche, Baz et Dave occupent la droite de la scène. C’est avec «The Raven» que le quatuor lance les hostilités, le son est fort mais précis même si on entend plus les claviers que la guitare. Le nouveau batteur Jim Macaulay est une vraie pile électrique et se révèlera être un vrai Booster pour les autres musiciens. Burnel est très en voix et rechantera tout au long de la soirée ses morceaux comme à l’époque. Baz s’occupera lui de la partie Cornwell. Quant à Dave, il semble avoir pris un sacré coup de vieux mais ses parties de clavier sont toujours aussi envoûtantes et fondamentales pour le son du groupe, à l’instar d’un Manzarek chez les Doors ! Je ne sais pas ce qu’il a bu tout au long du Set, même pendant les soli, mais une chose est sûre il a très soif…

Retour ensuite au premier album ayant vu l’arrivée de Baz, «Norfolk Coast» en 2004, avec le superbe «I’ve Been Wild». Bond en arrière de près de 30 ans pour «(Get A) Grip (On Yourself)» du tout premier album «Rattus Norvegicus» en plein Boom Punk. Burnel s’en donne à cœur joie sur sa basse, par contre il fait beaucoup moins de mouvements de karaté avec sa jambe quand il joue qu’à l’époque… Après le nostalgique «Midnight Summer Dream» de «Feline» (1983) et le «Westernisant», «Time To Die» de «Stranglers In The Night» (1992), on retrouve avec grand plaisir le très rythmé «Nice N’ Sleazy» de l’album «Black And White» de 1978. Le groupe repart au taquet avec «Norfolk Coast» de l’album éponyme avant un «5 Minutes» survitaminé issu de «No More Heroes» (1977). «Unbroken», un de mes titres préférés des Anglais, nous ramène en 2006 à l’album «Suite XVI» qui marquait un retour au son des débuts… Dispensable mais néanmoins toujours très apprécié du public, c’est maintenant «Golden Brown» qui pointe son nez dans une version somme toute assez banale mais je dois avouer que je ne prise guère ce morceau. On reste dans le Public-Friendly avec le tube «Always The Sun» qu’on a sans doute assez entendu depuis plus de 30 ans sur toutes les FM ! On revient aux choses «sérieuses» avec «Nuclear Device (The Wizard Of Aus)» de «The Raven» puis le classique «Peaches» du 1er album et le fulgurant et Doorsien «Toiler On The Sea» de 1978. Des sons de vague annoncent le très beau «Freedom Is Insane» chanté par un JJ Burnel très inspiré… Ce sera d’ailleurs le seul morceau du dernier album studio en date «Giants» de 2012. Petite reprise ensuite du «Walk On By» de Dionne Warwick dans une version plutôt rapide assez proche de la version sortie en Single en 1978 mais qui selon moi n’apporte pas grand chose même si le groupe a l’air d’y tenir !

On revient au son classique des Stranglers avec le superbe «Something Better Change» de l’album «No More Heroes» avec la basse virevoltante de Burnel et un excellent travail aux claviers de Dave ! Le plus récent «Relentless» est aussi très réussi et on sent chez les Anglais une vraie communion musicale. «Hanging Around» que tout le monde attendait obtient ensuite un succès mérité auprès des fans. L’album «Black And White» sera une nouvelle fois mis à l’honneur avec l’excellent «Tank» qui met tout le monde d’accord avant que le quatuor ne quitte la scène après plus d’une heure et demie de Show. Il reviendra pour le bien Boogie «Go Buddy Go», «le tout premier titre que les Stranglers jouaient dans les Pubs, juste avant de devenir le meilleur groupe du monde» dixit Jean-Jacques d’un ton goguenard ! Et bien sûr ce sera l’apothéose avec le célèbre «No More Heroes» qui n’a pas pris une ride et reste sans conteste un des hymnes des années Punk…

Au final on aurait bien aimé entendre encore quelques brûlots comme «Skin Deep» ou les reprises du «All Day And All Of The Night» des Kinks voire du «96 Tears» de ? & The Mysterians… Une chose est sûre, les Stranglers de 2019 n’ont plus grand chose à voir avec le groupe de 1977 car ils ont acquis une maîtrise incroyable de leur art avec le temps et sont devenus une sorte d’icône des années 70/80 plus proches du Classic Rock que du Punk Rock et qu’on revoit avec beaucoup de plaisir et de nostalgie…
Live Report : Olivier Carle, images Live : Yann Charles

Merci à Yann, Simon, Sabrina et Anne-Lyse

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