TvRockLive.com a déjà effectué la chronique du premier album «Obstacle» du trio parisien de musique Rock Fuzz Stoner, sorti le 13 mars 2020. Pour célébrer ce premier album né en plein confinement, TvRockLive.com a Interviewé pour vous ces trois jeunes musiciens confinés à La Hague. Confinés ensemble pour mieux créer, ils nous communiquent à la fois leurs espoirs et leurs mystères. Tous les trois, via Skype, sont présents : Jean-Marie Canoville (guitare, chant), Raphaël Jeandenand (synthé), et Tom Karren (batterie).

TvRockLive.com : Tout d’abord, comme vous êtes là tous les trois, profitons-en pour nous rappeler l’historique du groupe.
JM : Tous les trois, on a commencé en septembre 2017, au moment du premier concert. On avait commencé un an auparavant à écrire les titres et à monter le Set Live. On s’est rencontré sur Internet via des petites annonces de musiciens.

Raphaël : Ouais, c’est ça. On voulait monter un trio à la base, avec de l’orgue.

TvRockLive.com : Vous prétendez être influencés par des artistes comme The Doors, Birth Of Joy, Neil Young, Queens Of The Stone Age, Wolfmother, All Them Witches… Quelles sont les origines de ces influences ?
JM : Je dirais qu’il y a deux marqueurs sur ces influences-là : tous les groupes des années 70 et avant, qui sont les groupes avec lesquels on a grandi et qui nous ont donnés envie de faire la zique. les Doors, Deep Purple, les Beatles, toutes ces espèces de légendes du Rock. Puis, il y a toute la deuxième vague des années 90-2000 où tu peux retrouver Queens Of The Stone Age, Wolfmother, All Them Witches. Pour nous, c’est le top départ car on s’est dit OK, c’est Cool, on peut faire du Rock Vintage tout en rajoutant une note de modernité. C’est ça qui nous fait dire aussi : nous aussi, on veut faire parti de cette vague-là. Les racines des groupes légendaires des années 60-70.

Raphaël : Pour moi, les Doors est l’un des groupes favoris de mon père. Je les ai découverts à la maison, en même temps les vieux Cds, les vieux vinyles. Pour Deep Purple, c’est mes parents qui m’amenaient aux concerts. Cela fait parti des groupes qui m’ont donné envie de faire de la scène, de l’orgue, en particulier, et du Rock.

TvRockLive.com : C’est plutôt un choix personnel, vouloir se mettre en opposition, ne pas écouter la même musique que ses parents, être rebelle ou, au contraire, une influence familiale ?
JM : Mes deux grands frères étaient tombés là-dedans, un peu en opposition pour leur part. Moi, c’était plus, mes grands frères écoutent de la musique, putain, c’est mortel ! Je veux faire pareil. Et pour la vague plus récente, plus 2000, c’est la découverte plus personnelle, de sorties en concerts.

Tom : Une fois la culture un peu faite avec ce que les darons peuvent amener, les choses les plus récentes comme All Them Witches, Queens Of The Stone Age, tu essaies de faire ta propre culture à toi. qui rappelle les vieux mais qui est en même temps un peu plus proche de toi.

TvRockLive.com : J’ai une question pour le chanteur. Tu es la voix du groupe, qualifiée comme puissante, habitée. Est-ce que cela vient de ton père ou de ta mère ? (Mdr).
JM : Mon père est un éminent joueur de cornemuse. Peut-être que le souffle vient de là. Je ne sais pas. Ma mère aime bien chanter. La cornemuse est un instrument ultra puissant et qui peut être ultra amplifié.

TvRockLive.com : Quelles formations musicales avez-vous reçues ? Ou êtes-vous plutôt autodidactes ?
R : J’ai fait une école qui s’appelle Music Academy International, à Nancy. C’est une école qui permet pendant un an d’avoir un cursus très dense : on ne fait que jouer toute la journée avec plein de profs. Ils sont tous hyper intéressants. On peut se perfectionner en vue d’une carrière musique.

J’ai également fait des cours particuliers et travaillé à la maison des groupes comme Deep Purple, les Doors, en relevant à partir de YouTube les morceaux que je voulais travailler.

Tom lève la main !

TvRockLive.com : Pas la peine de lever la main (Mdr).
Tom : J’avais pris des cours particuliers avec un batteur Punk irlandais qui était venu en France avec quel-qu’uns de ses potes et sa famille. A la fin de l’année, il y avait des petits concours. C’était sympa aussi. J’en ai fait quelques années et cela m’a bien servi. C’est Cool !

JM : Pour ma part, j’ai pris quelques cours particuliers de guitare pour choper les bases. J’ai fait très peu de théorie. J’ai surtout joué chez moi à reprendre des plans à l’oreille et aussi avec des magazines de guitare. La formation la plus soutenue que j’ai eue, en fait, c’est au lycée. Je faisais une option musique lourde avec 9 heures par semaine, dans mon Bac L. C’est dans l’enseignement public du secondaire que j’ai eu ce truc-là. Ça m’a fait beaucoup travailler la voix, l’écoute et l’analyse de morceaux. C’est surtout ça qui m’a aidé pour la suite.

TvRockLive.com : Sortir un premier album en plein confinement, c’est comme accoucher d’un nouveau né en pleine guerre ! Comment le vivez-vous ? (Ptdr).
JM : On s’est promis de ne pas pleurer (mdr). C’était un peu compliqué, surtout que la date de sortie c’était le vendredi 13 mars, donc un vendredi 13, on aurait dû s’en douter ! Et c’est le jour où l’interdiction de rassemblement de 100 personnes a été annoncée, du coup ça a été un peu dur à annoncer. Toute la sphère musicale était portée là-dessus. On a eu pas mal de dates qui ont été annulées : La Maroquinerie. C’est reporté. Mais cela s’enchaîne moins bien avec la sortie de l’album. Du coup, on essaie de faire vivre le côté réseaux et médiatique. On en profite pendant le confinement. On est parti tous les trois ensemble dans une maison, un peu loin de tout. On a pris nos instruments et on écrit la suite.

TvRockLive.com : Qui compose dans le groupe : un peu tous les trois ou non ?
JM : Au début, c’était un peu classique dans une formation Rock où quelqu’un arrive avec une chanson et on l’arrange ensemble. Ça c’était le mode d’écriture qu’on a utilisé avant et pour sortir le EP. Au moment où on a créé le groupe, on s’est retrouvé et on a utilisé ce mode. Depuis trois ans, on a développé tout un vocabulaire musical et on se comprend beaucoup mieux. On est plus en osmose. Là où au début on apportait un morceau, aujourd’hui c’est plutôt des fragments qui sont apportés et on retravaille tous ensemble. Des fois, le morceau final ne ressemble pas au riff de départ et c’est un processus beaucoup plus riche en terme d’écriture. Au début, c’est un peu plus fastidieux mais une fois que tu as pris le pli de travailler ensemble, tu te rends compte que cela offre beaucoup plus de possibilités et que cela permet de rebondir sur des petits blocages : c’est vachement intéressant de travailler comme ça.

R : Et cela permet de s’essayer, aux conditions : on joue, on joue pas, ça plaît, ça ne plaît pas, on essaie. Du coup, on peut avoir le son directement final, à l’oreille.

TvRockLive.com : Il y a une bonne entente dans le groupe, une bonne écoute et pas trop d’ego qui se frictionnent.
JM : On est des crèmes.

R : Ça amène parfois à discuter sur un truc mais on essaie toujours de faire ça en bonne intelligence. Et il reste toujours les Marios cartes pour sortir les nerfs après (mdr) !

TvRockLive.com : Quel est le morceau préféré pour chacun d’entre vous sur l’album « Obstacle » ?
Tom : « Features » parce qu’elle prend bien le temps de s’épanouir, elle passe par plusieurs stades, par plusieurs états. Elle est généreuse . Et moi, je la trouve vraiment Cool. Je la trouve vraiment plaisante à jouer. A un moment, on avait un petit peu peur de la faire en concert mais quand on est dedans on sent vraiment qu’il se passe un truc. J’aime vraiment jouer le morceau « Features ».

JM : Pour moi, cela change forcément d’un mois à l’autre, d’un concert à l’autre, cela change souvent. En ce moment, c’est « Gone » qui est le cinquième titre de l’album, qui est l’un des plus longs aussi. Je l’aime bien parce que je le trouve très émotif. Il y a une palette d’émotions que j’aime bien dedans. Il a un sens personnel qui est assez fort et du coup c’est toujours plus touchant de le chanter. Ce que j’aime bien c’est qu’il y a une partie très joyeuse au début, qui est sympa et qui est plus entraînante et un peu plus éclairée que le reste de notre musique parfois assez sombre. Sur la dernière partie, il y a tout un contraste, très sombre, très violent. J’aime bien ce côté petite fleur au début contrastant avec le côté vraiment dur, sombre qui arrive derrière. J’aime bien ça parce que cela regroupe dans un seul titre le sens général de l’album qui est ce petit paradoxe entre quelque chose de beau, d’agréable et pourtant il y a un gros rond noir dessus qui t’empêche de le voir et qui est douloureux : c’est l’obstacle, d’où le nom de l’album.

R : C’est vraiment dur à choisir parce que je les aime bien. J’aime bien tous les jouer mais peut être « Quicklime » parce que déjà j’aime bien la forme assez carrée de ce morceau. J’aime bien quand c’est écrit comme ça et le fait de l’avoir fait en clip aussi. On a souvent été très attachés à ce morceau pour l’enregistrement pour le clip. Donc, c’était intéressant de faire avec quatre minutes trente de faire autant de choses autour comme ça.

TvRockLive.com : Avez-vous d’autres passions en dehors de la musique ?
R : Moi, du Rock à la musique électronique mais ça reste de la musique (Mdr).

T : En dehors de Howard, je suis caviste de bières artisanales et c’est un monde assez sympa. C’est plaisant de bosser là-dedans car il y a beaucoup de mixité entre les gens qui font de la zique et les gens qui boivent de la bière. Donc, deux petits mondes qui peuvent cohabiter assez facilement

JM : J’aime beaucoup lire. Je trouve qu’il y a énormément d’auteurs hyper chouettes, y compris en France. Je lis énormément d’anticipation, de science fiction ou de fantastique. Il y a des auteurs qui me soufflent à chaque roman qu’ils sortent. Que ce soit dans la langue ou dans la trame historique, il y a des trucs incroyables qui se passent en ce moment. Je ne suis jamais déçu : c’est vraiment une source d’évasion pour moi. Il y a vraiment plein d’auteurs hyper Cools à suivre : Jaworski, Léo Henry.

T : Le nom du groupe Howard est tiré de lectures fantastiques, qui venait de Howard Phillips Lovecraft. On était parti de cet univers.

TvRockLive.com : Dans quelles conditions avez-vous enregistrez cet album ? Quel studio ?
R : On l’a enregistré en janvier et février 2019 au Studio Sextan, à Malakoff. L’enregistrement a été effectué par Arthur Bourré qui est un jeune homme incroyable derrière des manettes de table de mixage. Ça été remastérisé par Quentin Fleury. Ce sont les deux ingénieurs qui avaient déjà travaillé pour notre EP sorti en 2018.

JM : Sextan, on aime bien parce que c’est un studio qui est super grand. Cela permet des explorations de prises de son, d’avoir plus de marge sur le son, sur l’enregistrement, comme avoir des réverbes. Ça sonne comme dans une grande pièce et ça on aime bien. C’est aussi un studio qui a un parc micros incroyable, donc d’obtenir une bonne qualité de prise. Et comme Arthur Bourré travaille là, il le connaît comme sa poche, donc il n’y a jamais de perte de temps de branchement, de matos. Tout va vite et on peut se concentrer sur la musique et sur les prises. C’est ça qu’on aime bien et il y a un parking devant, en plus (Mdr).

TvRockLive.com : Est-ce que c’était un travail fastidieux comme enregistrer pendant douze heures par jour, voire toute la nuit ?
R : C’est comme ça. Les studios sont très demandés. Du coup, quand tu arrives à obtenir des jours de présence là-bas, tu fais en sorte qui comptent. Tu passes énormément de temps en studio, bien sûr. Il y a un côté tunnel : tu t’enfermes dedans, tu traces et on a fait trois jours au Studio Sextan pour sept morceaux qui sont parfois assez longs. Ça fait des journées bien remplies. On a fait quelques jours additionnels dans un autre Studio One Coffee pour faire les voix et les guitares aussi. Mine de rien, tu ne peux pas tout faire en trois jours avec la satisfaction de pouvoir ré-essayer d’autres choses, de vouloir ajouter des arrangements . Ça c’était uniquement pour le travail de prises. Derrière, on a continué pour le travail de mix au Studio Sextan avec Arthur. On a rajouté des arrangements et là c’était mortel ! Justement l’une des raisons pour lesquelles on aime bien bosser avec Arthur, c’est parce qu’il comprend la musique qu’on fait. Ce n’est pas juste un bon technicien, c’est aussi un mélomane averti qui comprend notre zique et qui va proposer des arrangements, des nouvelles textures, c’est ça qu’est Cool de bosser avec lui.

TvRockLive.com : Revenons sur la signification du titre que j’aime plus particulièrement : c’est « Make Up Your Mind » . Que raconte cette chanson ?
JM : Je vais commencer par « Make Up Your mind ». Comme le titre l’indique, cela veut dire : « prends une décision, décide toi : » J’ai commencé à écrire ce texte quand j’étais un peu dans le flou et ça commençait à me les briser menu ! Parfois, tu n’arrives pas à choisir et tu es vraiment entre deux options, et tu te perds dans le questionnement. Et là tu te dis, il faut faire un choix. C’était le coup de gueule, tu as les clés, alors vas-y. Et fait, le texte était déjà écrit et on l’a calé sur ces riffs-là après. C’est quelque chose qui arrive assez fréquemment dans Howard, on fait la musique en premier, les mélodies, que ce soit vocal ou instrumental. On considère la voix comme un instrument. Dans la chanson, il y avait un côté hyper rentre dedans, je trouve que cette ligne droite allait bien. Voilà, décide-toi quoi ! Va tout droit et après ça trace. De plus, pour moi, c’était un choix à faire dans ma vie privée : comment tu répartis ton temps entre tes potes, ta vie de famille ton boulot… Des fois, ça coûte un peu cher de faire ces choix-là, mais il faut les faire pour continuer à avancer.

TvRockLive.com : Vivez-vous de votre musique ou travaillez-vous en dehors ?
R : Je suis prof de piano, donc je donne de cours de piano. Je vis de la musique mais pas exclusivement du groupe.

JM : Pour ma part, je suis ingé son, donc je suis intermittent du spectacle. Je tourne avec des groupes de musique et pour des compagnies de cirque. Je vis du spectacle du vivant mais pas uniquement avec le groupe.

T : Comme je le glissais tout à l’heure, je travaille dans une cave à bières artisanales qui fait bar à Paris.

TvRockLive.com : Donne-nous l’adresse comme ça on va y aller après le dé confinement total !
T : 14 rue des Halles, à Paris. Cela s’appelle Bières Cultes. Il y a quatre bières à la pression qui changent tout le temps.

TvRockLive.com : Comment allez-vous préparer les prochaines dates de concerts ?
JM : Il y a des dates prévues pour juin en France mais avec les mesures on ne sait pas comment cela va tourner. La Maroquinerie (salle parisienne) a été reportée le 29 juin. Nous sommes en recherche active d’un Tour Manager. Pour l’instant, on gère les dates nous-mêmes avec l’aide d’Audrey Chenain.

TvRockLive.com : Pour conclure, le confinement c’est composer et créer de nouveaux morceaux.
R : Voilà, c’est ça ou regarder des reportages RMC découverte sur les chameaux en Australie (Mdr) !

JM : On a des horaires de bureau pour composer mais cela nous convient très bien. Et on a un bon cadre, à la campagne.

T : On a la mer à moins de un kilomètre : on peut voir La Manche et on peut y aller lors de la ballade autorisée.
Interview Exclusive, durant le confinement via Skype par : Martine Varago