Road Trip automnal à Majorque, Espagne, 17-25 octobre 2020 par : Martine Varago

Dernière brèche avant le confinement !

Samedi 17 octobre, nous embarquons sur le vol Transavia Boeing TO 3218 à 18 heures. Orly 3 est en général noir de monde mais ce soir-là, il est plongé dans la sérénité. Les voyages font peur à beaucoup de Français et, en conséquence, le taux de l’aviation a baissé d’au moins 90 %. Cela veut dire qu’il ne reste plus qu’un vol Paris-Palma par semaine sur la compagnie Transavia (le Low Cost d’Air France).


Deux heures plus tard, nous atterrissons à l’aéroport Son Sant Joan de Palma de Mallorca et oublions vite les masques. L’air tiède de la Méditerranée nous caresse délicatement les visages. A peine montés dans une voiture de location, une Peugeot 308, nous filons vers l’hôtel « Hostal Pinar ». Il s’agit d’un hébergement simple, propre et avec une piscine. La nuit ne coûte que 47 euros pour deux personnes, ce qui n’est pas très cher pour Majorque. Sa situation géographique est Camilo Jose Cela, 6, Palma de Majorque, 07014, près du port de Palma. N’ayant pas mangé, nous partons à la recherche de bars ou de cafés ouverts tard le soir au même moment où La France applique la fermeture des bars et des restaurants. Chic ! Nous trouvons le bar « La Polka » tenu par José, Barman chaleureux ! Haut lieu de la culture Rock à Palma, on écoute ici du Hard Rock, du Rock… Les pointures des années 70 comme : Led Zeppelin ou les Rolling Stones. A l’accoutumée, il y a des concerts mais, là aussi, à cause du virus Covid-19, les concerts sont bannis.

Dimanche 18 octobre, nous empruntons la merveilleuse route côtière du sud ouest pour passer par Andraxt puis nous nous rendons à la plage Cala Llamp.

Quelle vue ! On respire… Les petites criques sont nombreuses sur l’île mais celle-ci est déserte ; seuls deux à trois personnes se prélassent tels des lézards sur les rochers. Directement plongés dans l’eau bleue turquoise, nous nageons au milieu de cette beauté transparente et de ses poissons argentés ou multicolores. L’eau fraîche de la mer vivifie nos corps. Quelle détente ! Un spa naturel dans le calme.

Nous repartons vers Valdemossa, l’un des plus célèbres villages de Majorque. Typique avec ses murs ornés d’une faïence religieuse, ce village attire de nombreux touristes. Et cela vaut le détour : ruelles étroites et sinueuses, maisons bien décorées, plantes grasses, plantes vertes et orangers embellissent les ruelles et les places. De plus, l’une des spécialités rares que l’on trouve à Valdemossa est « El Pan De Patata » qui est tout simplement une délicieuse brioche en forme de boule. Elle se mange nappée de sucre glace ou fourrée au chocolat Nutella.

Nous rejoignons notre logement, l’Hostal Villa Verde à Deia, un autre village typique majorquin, situé dans la montagne, dans la chaîne Tramontana. L’hôtel est juché en hauteur et permet d’admirer la petite vallée. Le soir, nous allons avoir la surprise de découvrir un restaurant gastronomique Es Raco Des Teix. L’apéritif est servi avec de l’huile d’olive extra, du pain et des olives. Les plats sont raffinés et la mise en bouche excellente. Pour vous mettre en appétit, allez jeter un coup d’œil sur leur site : http://esracodesteix.es.

Après une bonne nuit au cœur de la montagne, nous entamons une randonnée à partir de la Cala De Deia, une jolie crique de rochers et de galets aux eaux turquoises.

La signalisation étant quasi absente, du fait de la tempête de janvier 2020, nous partons donc à l’aventure. Chaussés de baskets, nous gravissons les rochers et les sentiers mal balisés, à travers la pinède. Nous hésitons parfois malgré l’aide des nouvelles technologies et finalement, nous sommes obligés de faire demi-tour tellement la densité de la végétation méditerranéenne nous entrave les lacets des chaussures ! Mais cela vaut la peine de se perdre : des vues à couper le souffle depuis le sommet des falaises. Cette randonnée facile longeant la mer sur 8 kilomètres dure environ 4 heures (selon votre niveau sportif).

La nuit, nous nous reposons de nouveau à l’Hostal Villa Verde. Le ciel semble pur et son bleu étoilé brille de mille feux. Le 20 octobre, nous reprenons la route pour découvrir le point culminant de l’île, El Puig Major, solide roc surplombant la pinède. Nous entamons notre descente vertigineuse vers la plage de Sa Calobra. Il faut bien conduire sur la voie de droite car la route de montagne est très étroite. La route vertigineuse de Sa Calobra, au tracé remarquable, plonge vers la Méditerranée en impressionnants lacets serrés, dans un dédale de roches déchiquetées aux formes étranges. En 12 km, vous descendrez de 700 m, dans un paysage désolé que domine le Puig Major.

Ensuite, nous passons par Pollença, ville majorquine sans grand intérêt touristique si ce n’est que ses 365 marches, une pour chaque journée de l’année. Jonchées de statues et de cyprès, elles conduisent à l’église de la Mare de Déu Dels Àngels (patronne de Pollença). Les Templiers ont été les premiers propriétaires de ce mont qui accueille aujourd’hui l’une des traditions les plus impressionnantes de la Semaine Sainte de Majorque. Le Calvari n’offre pas seulement des vues sans pareilles de Pollença, mais il suppose aussi l’un des lieux les plus emblématiques grâce à l’impressionnant escalier et ses 14 croix de trois mètres de hauteur qui rappellent le calvaire que Jésus-Christ.

En fin de journée, nous rejoignons notre Hôtel Capri, Paseo Anglada Camarassa, 69, Port de Pollença, 07470. Cette petite ville balnéaire, par habitude noire de monde, est quasi déserte. Le 21 octobre, nous prenons le petit déjeuner sur la terrasse, face à la mer et face au lever du soleil majestueux.

Nous partons sur le cap de Formentor, situé au nord ouest de Majorque. Le trajet d’une vingtaine de kilomètres à partir du port de Pollença est sensationnel et nous réserve de belles surprises. Les criques qui parsèment le parcours ne sont pas toujours faciles d’accès mais elles méritent le détour. Pour préserver cet espace naturel unique inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO en 2011, l’accès au phare est dorénavant réglementé pendant l’été.

Nous effectuons une halte au Mirador Es Colomer. Appelé également Mirador de Sa Creuta, Mirador du Mal Pas ou belvedère du Colombier, ce point de vue sur l’horizon est situé à 200 mètres de hauteur et permet de contempler à la fois la baie de Pollença et la presqu’île de Formentor. Un des plus beaux panoramas sur la péninsule.

Nous abandonnons notre Peugeot 308 dans un parking naturel près de Cala Murta, petite crique sauvage. Nous entamons une rando d’experts et commençons à grimper les 100 marches taillées dans la falaise venteuse. Sujets au vertige, s’abstenir ! De toutes les façons, il est préférable de regarder droit devant soi car l’étroitesse des marches et la force des vents ne permettent pas de se tenir debout ! Un petit regard à l’arrière pour le plaisir du spectacle qui s’ouvre derrière nous. Une fois en haut d’El Fumat, nous pouvons contempler un beau panorama des deux côtés de la montagne : la baie de Pollença, la Victòria, la baie d’Alcúdia, la Sierra de Llevant, le phare de Formentor, la Sierra del Cavall Bernat.

Pour redescendre, nous coupons droit devant nous au lieu de suivre le chemin en lacets. Arrivés en bas, nous croisons quelques chèvres sauvages rousses mais nous nous sommes de nouveau perdus dans la pinède ! Des crottins de cheval nous indiquent qu’il y a certainement une ferme dans le secteur. Nous poursuivons le chemin en nous guidant grâce aux crottins des chevaux et du bruit de quelques rares voitures passantes. Finalement nous arrivons près d’une écurie. Ouf ! Le chemin s’élargit et rassure ! Nous sommes dans une propriété privée et en ressortons vite, coursés par les chèvres !

Nous retrouvons la 308 au parking ; une tentative d’effraction laisse apparaître des marques de pied de biche sur la porte du conducteur. Tentative avortée. Heureusement car nos affaires auraient été dévalisées aussi. Et retourner à pied à Port de Pollença ne nous aurait guère enchantés. Il y a tellement d’autres merveilles à découvrir. En rapportant l’incident de la voiture de location auprès de l’organisme « OK, Rent A Car », le personnel n’est pas du tout surpris de cette tentative de vol mais confirme même que les vols et tentatives sont courants sur l’île !

La route Ma2210 s’achève au phare de Formentor. Le monument a été inauguré en 1863 pour améliorer la navigation le long des côtes. Vous pouvez y admirer un panorama splendide en compagnie des habitants de la Serra de Tramuntana. Les chèvres en liberté vous accompagnent tout le long du trajet et sont à la recherche de nourriture.

Après cette splendide journée, nous repartons vers la plage de Port Pollença.

Le jeudi 22 au matin, nous nous dirigeons vers Cala Radjada en effectuant un détour sur la route pour découvrir le marché bariolé de Inca avec ses stands variés offrant des denrées espagnoles, majorquines, des vêtements et des fleurs… Mais le détour n’en vaut pas la peine. Nous nous installons à l’hôtel Mamboo, Carrer des Moll, joli lieu bien restauré et décoré de façon moderne qui a su conserver des faïences typiques au sol. Cet hôtel, tenu par un couple européen, dispose d’une piscine. En nous promenant, nous constatons la fermeture de 90% des hôtels et restaurants ! C’est calme mais agréable de pouvoir respirer de l’air sans masque !

Après une courte baignade, nous nous rhabillons et allons effectuer une courte visite du village de Capdepera, situé en hauteur. Le château domine le village. Finalement, nous partons en direction de notre dîner gastonomique au sein de la ferme Cases de Son Barbassa. L’endroit est sublime : situé dans la campagne majorquine au milieu des moutons et des oliviers, le gérant a restauré cette ferme en hôtel et restaurant de luxe. La carte est succulente, les produits du terroir sont cultivés sur place, l’huile d’olive fabriquée maison. Un endroit incontournable. Leur site : https://sonbarbassa.com/en/hotel/


Le grand Week-End de trois jours s’annonce : du vendredi 23 au dimanche 25, nous passons dormir chez l’habitant, Lucia, au 21 Carrer dels Hostals, Palma de Majorque, 07002 – Tel +34662499033. Cette femme est charmante et nous pouvons échanger en espagnol sur les conséquences du Covid-19 pour les Majorquins. Eux aussi, bien qu’ils ne soient pas aussi touchés que nous, ressentent un grand vide dans le monde du tourisme, de la culture et ils sont affectés par certaines mesures liées au Covid, comme celle de l’interdiction de fumer à l’extérieur ! Il faut le faire en cachette !

Nous décidons de consacrer la fin du séjour à la riche culture majorquine et de visiter notamment la cathédrale et le Palacio Real Del Almudaina (Palais des Rois), deux Musts incontournables.
Superbement installée face à la mer, la cathédrale domine fièrement la ville de Palma. Bâtie en pierre calcaire de Santanyi, sa couleur chatoie de l’ocre au vieux rose selon la lumière. Sa construction a démarré au début du XIVe siècle. Cette vieille bâtisse est richement ornée d’or et de magnifiques vitraux. Au pied de celle-ci, des promenades en calèche tirées par de magnifiques chevaux à la robe noire sont proposées pour effectuer la visite de la vieille ville.

Face à son entrée se trouve le Palais Royal de l’Almudaina. Son nom signifie citadelle hors des remparts. L’Almudaina fut le siège du royaume indépendant de Majorque durant les règnes de Jacques II, Sanche Ier et Jacques III, jusqu’à ce qu’il passe à la couronne d’Aragon à l’époque de Pierre IV. Le château actuel est le résultat de la transformation de l’Alcazar Musulman dont la construction a débuté en 1281. Le monument consiste en une grande tour rectangulaire, qui abrite le palais du Roi, le palais de la Reine, une salle appelée Tinell, la chapelle royale et les cours intérieures. À l’intérieur, la décoration est remarquable, particulièrement les diverses tapisseries et le mobilier issu de différents monuments historiques. Le monument est aujourd’hui utilisé par le Roi en tant que résidence pour les cérémonies officielles tenues l’été.

Rien ne pourrait exister sans l’art et les grands artistes espagnols. Nous consacrons quelques heures au Musée d’Art contemporain Es Baluard puis à celui de Joan Miró. Pour rappel, Joan Miró, né à Barcelone le 20 avril 1893 et mort à Palma de Majorque le 25 décembre 1983, est un peintre, sculpteur, graveur et céramiste catalan. Se définissant avant tout comme « Catalan international », il est l’un des principaux représentants du mouvement surréaliste.

Devant le Musée d’Art contemporain Es Baluard

Le Musée d’Es Baluard est le Musée d’Art moderne et contemporain par excellence. Situé sur la place Porta de Santa Catalina de Palma, dans les anciennes murailles qui ont entouré la ville jusqu’au début du XXè siècle, il n’en est pas moins un monument historique et architectural. Ses murs de pierres datent du XVIe siècle, mais ce n’est qu’en 2004 que le musée a ouvert officiellement ses portes. A l’entrée est érigée une merveilleuse sculpture. Le musée est divisé en trois étages. Au rez-de-chaussée, l’exceptionnelle galerie d’art abrite des œuvres de nombreux artistes tels que Joaquin Sorolla, Santiago Russinol, Gauguin, Motherwell, Magritte, etc. qui évoquent les paysages de Majorque.
Les expositions temporaires du Musée méritent de porter attention. Mais son attrait tient surtout à sa collection permanente. Celle-ci réunit des œuvres de Joan Miró ou encore de Miquel Barceló.

Le musée de Joan Miró est situé hors du centre ville, à Carrer de Saridakis 29, et il faut prendre un bus ou sa voiture pour s’y rendre . Il offre une splendide exposition de 109 œuvres du peintre jusqu’au 17 mai 2021.

En fin de soirée, samedi soir, de retour à La Polka avant de reprendre notre vol pour Paris-Orly 3. Heureusement que nous avons pu bénéficier de cette bulle d’air méditerranéenne avant ce second confinement crève cœur.

En revenant de cette escapade, j’ai voulu retrouver et exprimer l’art si original de J. Miró.
Images : Martine Varago et Christian