Brain Damage à La Batterie, Guyancourt 2021.
Live Report par : Oliver Carle, images DR.

Brain Damage est de retour à La Batterie 5 ans après le concert avec Lee Perry (R.I.P.) et Mad Professor. Sauf que ce « concert » là est un peu particulier puisqu’il a lieu dans l’Auditorium attenant à la grande salle et devant un public très restreint. Nous ne sommes en effet que 6 à prendre place face au mini-studio installé pour la circonstance. Il s’agit de la Little Big Session n°92. Concept intéressant et surtout très innovateur pour présenter un nouvel album en cette période un peu particulière…

BD nous expliquera qu’il avait eu cette idée il y a fort longtemps et que la pandémie lui a « permis » de la mettre en pratique. C’est suite aux annonces de Frank Riester, éphémère Ministre de la Culture en poste au début du Covid, donnant la possibilité aux artistes de faire des spectacles devant un public ultra restreint, que cette tournée hors norme fut lancée. Les sessions devaient d’ailleurs à l’origine s’appeler les « Frank Riester Sessions » ! Au départ il ne devait s’agir que de quelques dates mais au final il y en aura eu 100 dont ces 9 à Guyancourt. Les 2 dernières auront lieu en cette fin 2021 dans un chalet montagnard sur les hauteurs de Clermont-Ferrand au coin du feu…

Ne pouvant faire venir de Jamaïque l’invité très spécial de son dernier album, le légendaire Big Youth, BD est donc parti seul sur la route avec son matos et son éclairagiste Val pour faire découvrir ce « Brain Damage Meets Big Youth » sorti il y a peu. Le concept est « simple » puisqu’il remixe les morceaux de l’album en reprenant les différentes pistes des instruments et de la voix du Reggaeman pour produire un nouveau mixage à chaque session. On a donc droit à un « concert » unique à chaque fois et cela évite une simple écoute de l’album qu’on pourrait faire tout aussi bien chez soi. BD en profite pour converser d’une façon très intimiste avec le public présent, un peu au cours de sa prestation mais surtout à la fin puisqu’il vient bien volontiers s’asseoir avec nous pour une discussion à bâtons rompus…


Musicalement ce nouvel opus est toujours aussi passionnant avec un Big Youth en grande forme du haut de ses 72 ans. On apprend que celui-ci a fait ses prises vocales de façon totalement spontanée en abordant les thèmes Rasta qui ont établi sa légende à l’instar d’un U-Roy dès les années 70. On retrouve le style unique de BD dans ce nouvel opus avec un mélange très réussi de Reggae, de Dub mais aussi de Jazz notamment pour « 2020 I Pray Thee » et « Play It Again ». « Educated Fools » et « Those Days » m’ont irrésistiblement fait penser à un artiste Reggae que je vénère : le grand Linton Kwesi Johnson ! On pense bien sûr à Bob Marley en écoutant « Wareika Hill ». « Mama Africa » avec son petit côté Ragga mériterait de passer sur toutes les radios de France et de Navarre tant son refrain est entraînant et accrocheur. Il y a même des influences Western dans « Grandma’s Joint » et « Dying Too Young ». On aura droit à un « bonbon au miel » à savoir un inédit en fin de session avec un message toujours très positif et plein d’espoir de Big Youth

Martin Nathan, le vrai nom de Brain Damage, s’éclate toujours autant derrière ses boutons et son fidèle Thérémine qu’il manie régulièrement à bon escient. Il danse volontiers même si le public devant lui reste sagement assis, hésitant un peu à en faire autant du fait du faible nombre et de la configuration du lieu. Les grosses ampoules qui entourent BD montent et baissent en puissance au gré de la musique et renforcent le côté intimiste de la prestation.

Quel plaisir en tout cas de s’immerger dans l’univers passionnant de Brain Damage et de se laisser bercer par la voix de Big Youth au cours de cette session unique en son genre que les rares spectateurs privilégiés ne sont pas près d’oublier…
Merci à Emily Cruz Barthelemy