Bafang + Marquis + Emma Sand à La Batterie de Guyancourt 2022.
Live Report de : Olivier Carle
Images Live : Jean-Christophe Cupcic
Je n’avais pas revu Marquis (de Sade) depuis le concert à La Sirène de La Rochelle il y a 4 ans. Entre temps on a appris la disparition du regretté vocaliste Philippe Pascal et je ressentais une certaine appréhension à revoir le groupe sur scène sans lui. Son passage à La Batterie Guyancourt fut donc l’occasion de franchir le pas…
Mais commençons tout d’abord par Emma Sand qui ouvre la soirée. Avec son groupe, cette artiste parisienne mélange Rock, Folk, Blues et Americana. Une sorte de fusion entre Patti Smith et Nick Cave pour faire « simple » et pas si éloignée d’un Dominique A ou d’un Arthur H.
Le résultat est plutôt convaincant et le public présent, malheureusement peu nombreux, semble bien accrocher au style de cette chanteuse-guitariste à l’univers proche des films de David Lynch. Le 1er véritable album à venir fait l’objet d’une campagne KissKissBankBank et devrait mériter le détour…
C’est au tour de Marquis de monter sur la scène de La Batterie. On s’aperçoit que Thierry Alexandre n’est pas là à la basse, remplacé par Xavier Soulabail pour cause de blessure. Simon Mahieu, avec ses cheveux bleus, est au chant et c’est vrai que cela surprend au premier abord de ne pas retrouver Philippe tant on est habitué à sa présence charismatique.
Ce nouveau chanteur flamand a une personnalité très différente de son prédécesseur, plus extravertie et sans aucun doute moins torturée. Il faut un peu de temps pour s’habituer à son jeu de scène et son timbre de voix mais on finit par se laisser prendre.
Sinon sont bien présents l’excellent Frank Darcel à la guitare et Eric Morinière à la batterie, les deux membres originaux de Marquis de Sade, sans compter Daniel Paboeuf au saxo qui fait quasiment partie intégrante de la formation depuis toujours. Et puis un autre nouveau visage, celui de Niko Boyer, guitariste soliste de talent recruté pour cette nouvelle mouture du groupe rennais.
La Setlist fera la part belle au nouvel album « Aurora » avec notamment les fabuleux « European Psycho » et « Um Immer Jung Zu Bleiben », « Flags Of Utopia » que ne renierait pas The Cure, « Glorie », « Brand New World » qui rappelle un peu Bowie, la ballade « Soulève l’horizon » et l’hommage à l’Ukraine « Holodomor » qui évoque les sombres heures des années 30, le tribal « More Fun Before War » très proche de l’esprit MdS des débuts et enfin le mélancolique « Je n’écrirai Plus Si Souvent » que Daho chante sur l’album de Marquis en hommage à Philippe. Mais c’est avec les titres originaux de Marquis de Sade que le concert prend littéralement son envol et que le public retrouve ses marques. Ce sera notamment le cas avec le dynamique « Brouillard Définitif » extrait de « Rue De Siam » où ne manque que la danse saccadée et hypnotique de Philippe. De « Dantzig Twist » on aura droit à 3 extraits « Set In Motion Memories » qui sonne toujours autant Joy Division, le mythique « Conrad Veidt » avec l’intro en allemand de Frank et le toujours très apprécié « Skin Disease » avec sa guitare tranchante et sa basse virevoltante.
Et puis cerise sur le gâteau, on aura même en exclu un extrait du nouvel album de Marquis à paraître « Brighter » qui ne laisse présager que du bon ! Sans oublier les traditionnelles reprises dont le « Putain Putain » de TC Matic en hommage à Arno, compatriote de Simon qui le décrira comme la seule vraie « Rock Star » belge et décédé il y a peu, « Ich Bin Schmutzig » de Republik, le groupe de Frank qui avait eu la chance d’avoir le légendaire James Chance au saxo et enfin l’hommage au Velvet avec « White Light, White Heat » que Simon revisitera avec notamment un clin d’œil à Stephan Eicher et son Grauzone via un « Eisbär » de derrière les fagots…
Un vrai plaisir de découvrir Marquis en aussi bonne forme et de voir la joie sur le visage de Frank grâce à ce nouveau projet qui marque le début d’une nouvelle ère pour ce groupe culte de la scène hexagonale…
Mais la soirée n’est pas finie puisque le duo Bafang va maintenant la clôturer. Un peu de retard à l’allumage dû à une arrivée tardive des musiciens et il ne subsistera de ce fait qu’une vingtaine de personnes dans la salle quand le groupe monte sur scène. Mais ces courageux-là ne vont pas regretter d’être restés tant la prestation du duo est explosive et festive. Une guitare, une batterie, deux voix et quelques effets et c’est parti pour un « Electrik Makossa » jouissif et dansant. J’ai retrouvé un peu de l’esprit de Tinariwen et beaucoup de celui de Manu Dibango chez ces artistes au Look de Touaregs.
Le batteur se déchaîne sur ses peaux tandis que le guitariste se prend souvent pour Jimi Hendrix… Dommage qu’il n’y ait pas eu plus de monde car on aurait pu se croire dans un club de Douala ou d’Abidjan. Bafang est à découvrir d’urgence pour tous les amateurs de musique africaine, de fusion et de Groove de qualité.
Au final une soirée très réussie qui a brassé les genres musicaux pour le plus grand plaisir de ceux qui ont eu la bonne idée de se rendre à La Batterie Guyancourt en ce vendredi d’octobre !
Merci à Audrey Messina et à Frank Darcel…