Blue Öyster Cult + Gaëlle Buswel au Trianon 2022.
Live Report : Olivier Carle, images : Phil Lizzy


Ma première rencontre avec Blue Öyster Cult remonte à 1975. Il y avait eu dans Rock ‘n’ Folk un excellent article sur les meilleurs albums Live de l’époque et j’avais été particulièrement intéressé par celui de Steppenwolf avec le visuel du loup et celui de BÖC avec la limousine garée devant cette mystérieuse église. Je me suis donc empressé d’acquérir les 2 double-vinyles et je peux dire qu’ils ont beaucoup tourné sur ma platine… La suite c’est cet été 1978 passé aux USA avec le tube « (Don’t Fear) The Reaper » qui tournait en boucle sur les FM américaines alors que l’album dont il était issu, « Agents Of Fortune », était sorti 2 ans auparavant. Il faut dire que ce titre est le plus gros succès du Cult. Après, ce sera 1984 et ma participation au lancement de l’opus « The Revolution By Night » alors que je bossais pour CBS… Il me faudra attendre 1986 pour voir enfin le Culte de l’Huître Bleue sur scène. Ce sera à la Mutualité avec son acoustique approximative pour la tournée « Club Ninja » mais un très bon souvenir avec Tokyo Blade et Morho (ex-Trust) en 1ères parties. Je les reverrai avec plaisir au Palais des Sports en 1989 pour le « Imaginos Tour » avec Patrick Rondat. Il y aura ensuite une décennie de traversée du désert due à leur rupture avec Columbia mais ils passeront à l’Elysée Montmartre en 1995 pour une prestation dont je ne garde pas un souvenir impérissable. Il me faudra ensuite attendre 2009 et le légendaire Olympia avec Uriah Heep pour les revoir… Enorme soirée ! Puis ce sera le Hellfest en 2012 sur la Mainstage mais à oublier bien vite. Par contre le retour à Clisson en 2017, sous la Valley cette fois, restera un de de mes meilleurs souvenirs du Cult. Ce concert maintes fois reporté de 2022 sera donc mon 7ème des Américains, pas le meilleur de tous certes mais néanmoins un excellent moment avec Buck, Eric, Richie, Danny et Jules.

La soirée commence avec l’excellente Gaëlle Buswel accompagnée à la guitare par Sylvain Laforge. J’avais déjà dit le plus grand bien que je pensais de cette prestation en duo en 1ère partie de George Thorogood cet été et je ne vais donc pas me répéter…

Les membres de Blue Öyster Cult montent ensuite sur scène dans la pénombre très tranquillement sur la musique du générique de Blade Runner signée Vangelis. Le quintet attaque avec le tout premier titre du tout premier album de 1972 : « Transmaniacon MC ». Eric Bloom a l’air un peu fatigué mais on peut le comprendre au vu de son âge canonique. Parfois avec sa guitare, souvent sans et allant régulièrement se reposer derrière les claviers.


Fort heureusement, Buck Dharma et Richie Castellano sont là pour le Show ainsi que Danny Miranda qui arpente la scène du Trianon en long et en large. Quant à Jules Radino il reste relativement impassible derrière ses fûts. Bond dans le temps de près d’un demi-siècle avec un extrait bien Hard Rock du dernier album en date « The Symbol Remains » : « That Was Me ». Le groupe paraît soudé et heureux de revenir enfin à Paris après 13 ans d’absence. Retour ensuite en 1977 et à l’album « Spectres » pour le très apprécié « Golden Age Of Leather » avec ses chœurs reconnaissables entre mille, ses guitares aériennes à la Wishbone Ash et les injonctions vocales d’Eric.


On continue avec un morceau que je n’ai jamais vraiment aimé mais qui a pourtant été un gros succès aux USA : « Burnin’ For You » de « Fire Of Unknown Origin » (1981). J’ai toujours trouvé ce titre beaucoup trop facile et clairement destiné aux radios FM pour faire suite à « The Reaper » mais sans en avoir le génie musical. Je lui aurais préféré un « Veteran Of The Psychic Wars » du même album qui restera pour toujours dans mon Top 3 de BÖC ! Heureusement on revient aux choses « sérieuses » avec l’excellent « Harvest Moon » de « Heaven Forbid », l’album qui marqua le retour du groupe aux affaires en 1998 avec la signature chez Steamhammer (SPV), « petit » Label allemand après les années fastes chez la major Columbia. On le voit, les New-Yorkais n’hésitent pas à piocher dans les tréfonds de leur imposante discographie pour cette tournée des 55 ans afin de proposer chaque soir une Set-List quelque peu différente, contrairement à beaucoup de leurs contemporains comme Deep Purple pour ne citer qu’eux !


C’est maintenant l’album « Agents Of Fortune » (1976) qui est à l’honneur avec le classique « E.T.I. (Extra Terrestrial Intelligence) » malheureusement sans la Talk-Box d’intro et avec la voix d’Eric qui peine un tantinet mais on ne va pas chipoter. Plutôt qu’un « Astronomy » réclamé à cor et à cri par les fans, le Cult va maintenant opter pour l’énergique et obscur « Cagey Cretins » de l’album « Secret Treaties » (1974). Intéressant de replonger dans ce son typique des 70’s que tant de groupes actuels essaient de reproduire pour ne pas dire singer sans grand succès, suivez mon regard… Etonnant choix que celui de « Train True (Lennie’s Song)» du dernier album pour enchaîner, morceau sans intérêt selon moi et qui démontre bien combien ce « The Symbol Remains » est très inégal au final et surtout très fourre-tout.


Impression confirmée avec ce « Tainted Blood », ballade sans grande originalité chantée par Castellano et qu’on oublie bien vite… La situation ne s’arrange guère avec le morceau très 80’s dans le mauvais sens du terme « Dancin’ In The Ruins » du très dispensable « Club Ninja » de 1985, pas la meilleure époque du Cult ! Retour aux bonnes choses avec le « Then Came The Last Days Of May » des débuts pour une sublime version magnifiée par les soli de Richie qui a décidément plusieurs cordes à son arc et de Buck impérial qui mettra même un genou à terre au risque d’avoir du mal à se relever avec ses 75 ans d’excès en tous genres… Le Set se termine avec les 2 incontournables « Godzilla » et « (Don’t Fear) The Reaper » que le groupe se doit de jouer tous les soirs pour notre plus grand plaisir. Juste dommage que Buck se croit obligé d’introduire ce dernier avec un solo Bluesy incroyablement long et terne mais bon je pinaille ! Drôle d’idée ensuite pour entamer le rappel de revenir à « Club Ninja » avec le mièvre « Perfect Water » avant les 2 joyaux que sont « Harvester Of Eyes » et « Cities On Flame With Rock ‘n’ Roll » qui viennent largement rattraper les quelques errances précédemment dénoncées…

On l’aura compris, j’aurais préféré une Setlist assez différente de celle de ce soir du 30 octobre. En fait j’ai eu le même problème qu’avec Uriah Heep quelques jours auparavant. Je trouve très honorable d’aller chercher quelques pépites pour ne pas se lasser de jouer les mêmes morceaux tous les soirs et que ceux qui reviendront le lendemain n’aient pas l’impression de revivre 2 fois le même concert mais encore faut-il que les choix soient judicieux même si je sais que ce n’est pas facile et surtout très subjectif… En tout cas, un grand plaisir de revoir Eric et Buck sur scène pour la 7ème fois et, je l’espère, pas la dernière ! Longue vie à eux et au Cult

Merci à Gaëlle, Sabrina et Simon