Jethro Tull à Paris l’Olympia, le 17 novembre 2022.
Live Report & images : Olivier Carle


4 ans après Pleyel sous le nom de Jethro Tull et 7 ans après l’Olympia sous son propre nom, Ian Anderson est donc de retour à Paris pour une tournée intitulée “Jethro Tull/The Prog Years”… Ce groupe anglais a beaucoup compté pour moi car j’ai eu la chance de m’occuper d’eux il y a une trentaine d’années quand je bossais pour EMI Electrola en Allemagne. A l’époque on avait commercialisé la légendaire “boîte à cigares” qui célébrait les 25 ans de JT et j’avais accompagné Ian et sa bande pour la promo : conférence de presse, émissions de TV, concerts, etc. Il faut dire que Jethro Tull est une véritable institution outre-Rhin et le groupe remplissait des salles genre Zénith un peu partout chez nos amis germaniques. J’avais à cette occasion bien sympathisé avec Martin Barre qui ne fait malheureusement plus partie de la formation d’aujourd’hui mais qui tourne toujours régulièrement avec le répertoire du Tull. Même sans Martin, j’étais heureux de retrouver Ian sur la scène de l’Olympia 35 ans après mon tout premier concert de JT au Zénith avec Fairport Convention, soirée mémorable !


Les musiciens sont les mêmes qu’à Pleyel à l’exception du guitariste Joe Parrish arrivé il y a 2 ans. On retrouve donc John O’Hara aux claviers, David Goodier à la basse et Scott Hammond à la batterie. Mais la véritable star de la soirée c’est bien évidemment le seul membre originel de ces dinosaures du Prog’ à savoir Mr Ian Anderson qui semble avoir retrouvé toute sa voix et lève toujours prestement la jambe en jouant de la flûte comme à ses débuts…

Le Show repose essentiellement sur des projections en fond de scène sur un écran géant avec des images d’archive, des “clips”… Le répertoire n’est pas aussi “Prog’” qu’annoncé mais il couvre la carrière de JT en 17 titres plus ou moins connus et 2 Sets de 50 minutes chacun avec entracte pour les prostates des séniors présents en nombre… On fait un bond 53 ans en arrière pour commencer avec un titre de “Stand Up” : “For A Thousand Mothers”. Dans un registre plus Folk, on reste dans les sixties avec “Love Story” sorti en Single en 1968. Très sympa d’aller rechercher ces 2 pépites méconnues de JT. Avec “Living In The Past” on est déjà en terrain plus connu et même si ce titre est sorti il y a plus de 50 ans, il fait partie des incontournables des Anglais. Petit détour inattendu par l’album de 1999 “J-Tull Dot Com”, dont j’avais d’ailleurs vu l’excellente tournée à l’époque dans ce même Olympia, avec le titre dédié aux félins “Hunt By Numbers” et son riff de guitare lancinant. Et hop on retourne de nouveau en 1969, à l’album “This Was” avec l’énergique “Dharma For One” et un “petit solo” de batterie de Scott puisque Ian avait annoncé qu’en 2022 plus personne n’a envie de se coltiner un solo sans fin du batteur ! Avec “Clasp” de 1982, on est pour le coup dans un registre effectivement Prog’ Rock et Ian en profite pour s’en prendre notamment à Poutine en diffusant des images de parades militaires et de conflit nucléaire. Le répertoire récent n’est pas oublié puisque Ian nous propose un extrait du tout nouvel album et 22ème du groupe “The Zealot Gene” avec l’excellent “Mine Is The Mountain”, encore un titre typiquement Prog’. Autre pépite ressortie des tiroirs, ce “Black Sunday” issu de “A” (1980) , l’époque bénie du groupe grâce à la présence en son sein de l’un de mes héros musicaux, Eddie Jobson, que j’ai eu la chance de voir à l’époque avec U.K. mais c’est une autre histoire ! Juste avant l’entracte, le groupe va nous jouer l’un de ses morceaux les plus connus et appréciés du public, “Bourée” adapté de J.S. Bach. avec le solo de basse reconnaissable entre mille et joué de main de maître par David.


Après la pause, on réattaque avec un autre “tube” de JT “Too Old To Rock’n’Roll, Too Young To Die” (1976) avec des images d’archive synchronisées avec la voix de Ian, le public est aux anges. Retour au tout nouvel opus avec le titre éponyme “The Zealot Gene” qui dénonce les excès des nouvelles technologies et des réseaux sociaux. Hommage ensuite à Gabriel Fauré avec le magnifique “Pavane” qui rappelle combien Ian s’est souvent inspiré de la musique classique… “Mrs Tibetts”, du nom de la mère, Enola Gay Hazard Tibbets, de l’un des pilotes qui ont bombardé le Japon avec des ogives nucléaires en 1945, est une nouvelle fois l’occasion de dénoncer les horreurs de la guerre au vu de la situation internationale actuelle… Ce nouveau morceau issu de “The Zealot Gene” est un petit bijou qui mérite amplement sa place dans la Setlist. On repart en 1977 avec le classique “Songs From The Wood” suivi du très attendu “Aqualung” des débuts que JT se doit de jouer à chacun de ses concerts…

Le rappel sera consacré à l’autre incontournable qu’est “Locomotive Breath” avec des projections de très belles images de vieux trains, un régal ! On finit le concert avec des illustrations de drapeaux cette fois pour “The Dampbusters March” qui clôturait le premier album Live de JT en 1978 “Bursting Out”, un des meilleurs albums en public de toute l’histoire du Rock…


Au final même si le Tull de 2022 est beaucoup plus posé que celui de 1978 scéniquement parlant, Ian et ses acolytes ont encore de très beaux restes et nous ont proposé un concert plein de nostalgie et de plaisir auditif en attendant le prochain…

Merci à Sabrina et Simon