Burning Spear, Paris le Zénith, le 20 octobre 2023.
Live Report par : Olivier Carle
Entre Winston Rodney et moi, c’est une longue histoire faite de passion musicale et de fidélité sans faille… ça a commencé en 1981, il y a plus de 40 ans donc, avec une soirée extraordinaire au Rainbow Theatre à Londres pour la sortie de l’album “Hail H.I.M.”, son premier chez EMI après une longue période Island. Ce n’ était pas mon premier concert de Reggae puisque j’avais eu l’occasion de voir le grand Peter Tosh l’année précédente à Naples mais celui de Burning Spear restera à jamais gravé dans ma mémoire pour son intensité et sa ferveur. Il faudra attendre 1987 pour que je le revoie, au Zénith parisien déjà à l’époque. Puis ce sera en 1988 pour la tournée “Mistress Music” et surtout l’enregistrement d’un des plus grands Live de l’histoire du Reggae, “Live In Paris Zénith ’88”, sorti à l’époque sur le Label Blue Moon bien connu des amateurs de ce style de musique. Que ce soit en VHS ou en double CD, cet enregistrement a tourné en boucle chez moi à la fin des années 80. Et en 1989 je retournerai le voir en tête d’affiche de la Nuit Câline, encore et toujours au Zénith, en compagnie de Zouk Machine, Sipho, Bembeya Jazz, etc. Un bien beau souvenir également ! Et il me faudra donc attendre près de 35 ans pour enfin revoir cette légende dans cette salle de la Porte de Pantin qu’il semble affectionner tout particulièrement…
Le Zénith est quasiment blindé de monde, de la fosse aux gradins, lorsque le groupe monte sur scène aux alentours de 21h00 pour plus de 2 heures de Show. Ce retour du Spear à Paris est un véritable évènement pour les nombreux fans du Jamaïcain, né à la fin de la Seconde Guerre, et qui fête cette année ses 78 printemps. Franchement il ne les fait pas, que ce soit au niveau de la voix reconnaissable entre mille et toujours intacte ou de son jeu de scène riche en mouvements de danse et en interventions aux congas. Il ne ménagera pas ses traditionnels “Talk To Me People…”, “Do You Want More…” et autres “Do You Feel Irie…” tout au long de la soirée. Le groupe composé de 2 guitares, 1 clavier, basse et batterie et 1 section de cuivre fait le Job plutôt sagement derrière le Leader. Seul le guitariste soliste fera preuve d’un peu plus d’audace en se lançant dans quelques solos bienvenus et en parcourant la scène en long et en large avec un drapeau pan-africain.
Bien qu’ayant un nouvel album à promouvoir “No Destroyer”, il n’en jouera aucun extrait mais se concentrera sur les titres les plus emblématiques de sa longue carrière comme “Marcus Garvey”, “Slavery Days”, “African Postman”, “Creation Rebel” ou “Old Marcus Garvey” que le public acclamera dès les premières notes.
On pourra juste regretter que contrairement à beaucoup d’autres artistes de Reggae Roots et à ses prestations des années 80, Burning Spear ne laisse quasiment plus aucune place au Rub-a-Dub et aux Riddims qui enrichissaient la seconde partie de certains morceaux de son répertoire en les rendant plus dansants et parfois totalement hypnotiques. J’aurais aimé que ce Dub soit plus présent, comme sur l’album Live de 1988, car c’est un style que j’affectionne particulièrement dans le Reggae. Sinon rien à redire car son groupe tourne toujours à la perfection et ça danse et bouge pas mal dans la fosse comme dans les gradins…
Espérons que la “Lance de Feu” reviendra nous gratifier une nouvelle fois d’un concert de cette tenue… Ils sont rares les Rastas encore debout et aussi généreux dans le paysage musical actuel ! Burning Spear est de ceux-là, ça c’est sûr…
Merci à Nicolas et Mathieu…