Eurythmics Songbook Tour,
salle Pleyel Paris, le 13 novembre 2023.
Live Report & images : Olivier Carle



Etonnant concept que ce “Dave Stewart Presents Eurythmics Songbook/Sweet Dreams 40th Anniversary Tour” qui passe par Pleyel en ce lundi de novembre 2023. Pas d’Annie Lennox donc puisque celle-ci a semble-t-il mis fin à sa carrière. Pour avoir vu le duo originel à 2 reprises il y a environ 35 ans, je me devais d’aller réécouter tous ces tubes intemporels ! Je me souviens très bien du très bon concert à Torhout en juillet 1987 en co-Headlining avec Peter Gabriel, un peu moins de celui de Bercy en 1989 qui ne m’avait pas trop emballé… Mais pour avoir bossé chez RCA, je peux dire que grâce à ces deux-là et à leurs 75 millions d’albums vendus dans le monde, on a pu voir venir à l’époque et rien que pour ça je les remercie !


A propos de RCA, c’est vraisemblablement la raison pour laquelle on retrouve KaS Product (Reload) en 1ère partie de la soirée puisque les 2 groupes partageaient ce même Label au début des années 80. Même si j’avais retrouvé la grande Mona Soyoc il y a peu avec Olivier Mellano, je n’avais pas revu Kas Product depuis février 1984 pour ce concert mythique à l’Ecole Polytechnique, avec le regretté Spatsz. Mona est aujourd’hui en trio avec Pierre Corneau à la basse et Thomas Bouetel aux machines. Pas facile d’arriver sur une si grande scène à 3 et devant un public qui dans sa grande majorité ne vous (re)connaît pas. Même si KP et Eurythmics peuvent être rangés dans la grande famille de la New Wave, les styles sont très différents puisque les Français lorgnent plus vers le Punk alors que les Anglais n’ont jamais caché leurs ambitions Pop-Rock et plus grand public. Bref tout ça pour dire que je ne pense pas que c’était une judicieuse décision (de dernière minute !) de mettre KP en ouverture. A part “Never Come Back” que certains ont reconnu, la plus grande partie de l’assistance venue pour Eurythmics s’est désintéressée de la prestation des Frenchies et c’est dommage… Je pense que Mona devrait continuer à privilégier les clubs ou les “petites” salles pour rendre hommage à la mémoire de Spatsz et de leur duo culte !


Ce qui va suivre va être très surprenant. Dave Stewart a recruté huit jeunes filles toutes plus charmantes les unes que les autres et qui vont se révéler de redoutables vocalistes et instrumentistes. Il y a 3 chanteuses qui vont se partager les morceaux. La première, Kaya Stewart, n’est autre que la fille de Dave. Elle a 23 ans et son père nous racontera qu’elle chantait déjà “There Must Be An Angel” sur les genoux de sa marraine, Annie Lennox, à l’âge de 5 ans. La seconde, Vanessa Amorosi, nous vient d’Australie avec ses jambes recouvertes de magnifiques tatouages ; elle s’occupera des morceaux les plus Rock ou Bluesy du fait de son timbre assez proche d’une Beth Hart. Quant à la troisième, RAHH, avec ses longues tresses africaines, elle prendra en charge les ballades et les Hits les plus doux. Il y a également une batteuse plutôt énergique, une bassiste qui bouge beaucoup, une claviériste (Hannah Koppenburg) qui joue le rôle de chef d’orchestre, une harmoniciste de haut niveau et une saxophoniste qui maîtrise totalement ses différents cuivres. Bref on se croirait dans le clip de Robert Palmer “Addicted To Love” sauf que là les filles ne font pas de figuration, ça joue grave ! En fait tout cela est très “sexy but chic”, un peu à l’image d’un concert de Bryan Ferry pour ceux qui ont eu la chance de le voir sur scène… Pendant près de 2 heures, Dave, très Dandy décalé comme toujours, va jouer de la guitare au milieu de ces 8 créatures de rêve et nous raconter quelques anecdotes sur la carrière de son duo. Il va revisiter les meilleurs moments d’Eurythmics avec des versions plutôt ambitieuses pour certaines et une reproduction assez fidèle pour les plus grands Hits comme “Sweet Dreams…”, “Here Comes The Rain Again”, “There Must Be An Angel” ou encore “The Miracle Of Love”. Le son est un sans faute, normal pour ce producteur émérite. Le Show est à l’image de la musique avec des lumières parfaites et des projections vidéo en haute définition… C’est tellement beau que pendant les trois premiers quarts du spectacle, chacun reste cloué à sa chaise et il faudra attendre la venue de la dynamique Joniece Jamison, qui a fréquemment tourné avec Eurythmics dans la seconde moitié des 80’s, pour que tout le monde se lève notamment pour un “Sisters Are Doin’ It For Themselves” d’anthologie qu’Aretha n’aurait pas renié…

Très belle soirée avec Dave Stewart et ses camarades qui nous a rappelé combien Eurythmics était une redoutable machine à tubes et combien ce groupe a marqué les années 80 de son sceau indélébile…
Merci à Sylvie et à Mathieu