Bonnie Tyler @ Paris l’Olympia, le 4 décembre 2023.
Live Report : Olivier Carle


Bonnie Tyler a une importance particulière pour moi. C’est une des premières artistes de renom que j’ai rencontrées il y a une quarantaine d’années, en 1984 pour être précis. A l’époque je venais de rejoindre sa maison de disques CBS et j’assistais à la convention annuelle du Label. L’évènement c’était la sortie de la bande originale du Metropolis de Fritz Lang en version colorisée et agrémentée de titres Pop-Rock par des artistes divers et variés comme Freddie Mercury, Pat Benatar, Loverboy, Billy Squier, Adam Ant, Jon Anderson… et Bonnie Tyler. Celle-ci nous avait fait l’honneur de sa présence pour la projection du film en avant-première et je m’étais retrouvé assis à proximité d’elle, grand moment inoubliable bien évidemment ! J’avais trouvé son titre “Here She Comes” excellent (signé Georgio Moroder quand même !) et je ne comprends pas pourquoi elle ne l’a pas joué à l’Olympia mais on va y revenir. Je ne l’ai revue que 8 ans plus tard, pendant mes années EMI cette fois. J’accompagnais alors Ian Anderson et Jethro Tull pour l’enregistrement de l’émission annuelle Peter’s Pop Show en novembre 92 dans l’immense Westfalenhalle de Dortmund. J’y avais retrouvé Bon Jovi, Status Quo, Sandra, INXS, The Sisters Of Mercy, Chris Rea, Chris de Burgh… et Bonnie qui avait interprété des titres de son dernier album en date “Angel Heart” qui n’a au final guère marqué les esprits ! Pendant les 30 ans qui ont suivi je dois avouer que je n’ai suivi sa carrière que de très loin mais je me faisais une joie de la voir enfin sur scène pour un concert à part entière dans la salle parisienne la plus emblématique qu’est l’Olympia

La soirée commence par un “protégé” de Bonnie, C.B.Green, qui l’accompagne depuis quelques années en tournée en tant que première partie. C’est un jeune Allemand qui chante en s’accompagnant à la guitare des morceaux certes sympathiques mais qu’on oublie bien vite. Miss Tyler arrive sur scène, annoncée par son Tour Manager, à 21h00 précise. Elle est accompagnée de son Touring Band habituel dont seul le guitariste sortira du lot avec quelques soli bien troussés, les autres se contentant du minimum syndical. Elle attaque le Show avec un titre issu de son album de 2013 “Rocks And Honey” : “Flat On The Floor”, choix étonnant quand on sait qu’il est une reprise du répertoire de la chanteuse américaine de Country-Pop Carrie Underwood quasi inconnue par ici.

La première chose qui frappe c’est que Bonnie a quelque peu perdu ce timbre de voix identifiable entre mille et qu’on a beaucoup comparé à juste titre à celui de Rod Stewart (ou de Kim Carnes). Elle est obligée de pousser énormément ses cordes vocales et j’ai souvent eu mal pour elle tant ça paraissait visiblement difficile ! Physiquement elle a peu changé si ce n’est la disparition des boucles capillaires permanentes que j’aimais tant lors de notre “rencontre” en 1984 et les 72 printemps qui se font sentir, sa jambe en sait quelque chose. Elle nous expliquera que le concert a failli ne pas pouvoir se tenir car elle a été opérée il y a peu du genou et boite encore légèrement. Après 2 ans d’attente et 2 reports pour cause de Covid, cela aurait été dommage ! On continue avec une autre reprise, il y en aura beaucoup ce soir, mais de Creedence Clearwater Revival celle-là : “Have You Ever Seen The Rain”. Ce morceau ouvrait l’album qu’elle avait fait en collaboration avec Jim Steinman en 1983 “Faster Than The Speed Of Light”. Il sera d’ailleurs souvent question ce soir de Mr Steinman car il a beaucoup compté pour la carrière de Bonnie qu’on a parfois désignée comme la “Meat Loaf au féminin”. Petit clin d’œil à Kiss et à sa collaboration de 1988 avec Desmond Child maintenant avec ce “Hide Your Heart” que Paul Stanley avait demandé à Bonnie de chanter en 1988 avant de le reprendre, avec Gene et les autres, l’année suivante sur l’album “Hot In The Shades”.

Retour aux origines de la carrière de Miss Tyler puisqu’elle nous raconte sa rencontre avec Roger Bell qui l’avait découverte en 1975 à Swansea. Il était venu signer un autre artiste qui se produisait dans le même club, le Townsman, et il est reparti également avec Bonnie qui se produisait juste en dessous sous le nom de Sherene Davis. Ce sera ensuite la signature chez RCA, le Management de Ronnie Scott, le changement de nom d’artiste et la sortie du tube “Lost In France” interprété maintenant… Elle nous parlera ensuite de la tournée 2010 en Australie et en Nouvelle-Zélande avec Robin Gibb pour annoncer sa reprise des Bee Gees “To Love Somebody”, un titre enregistré par Bonnie en 1988 sur l’album avec Desmond Child et qui convient parfaitement à son registre vocal. Mais il est l’heure de la promo du dernier album en date “The Best Is Yet To Come” sorti en pleine pandémie et dont la tournée correspondante est enfin possible en cette fin 2023. Elle nous jouera donc le titre éponyme qui sonne très Pop 80’s mais sans grand relief.

Heureusement l’heure du premier “tube” est enfin arrivée avec l’incontournable “It’s A Heartache”, énorme succès de 1977 écrit par son mentor de l’époque Ronnie Scott (avec Steve Wolfe). Bonnie nous annonce ensuite la sortie toute récente de sa biographie “Straight From The Heart” qu’elle a beaucoup hésité à mettre en oeuvre malgré les demandes répétées des éditeurs. Et bien sûr ce sera l’occasion d’interpréter la chanson de Bryan Adams qui porte le même nom et qui sera le second extrait de son album-fétiche de 1983 produit par Steinman, ce “Faster Than The Speed Of Night” où on retrouvait des musiciens du E Street Band de Springsteen comme Roy Bittan ou Max Weinberg et aussi le fantastique Rick Derringer.

On reste d’ailleurs sur ce même opus avec THE “tube” de Bonnie signé Steinman “Total Eclipse Of The Heart” dont la tournée en cours célèbre les 40 ans. On y retrouve la “patte” de Jim, la même qui a fait le succès de Meat Loaf en 1977 avec “Bat Out Of Hell”. Il est à noter que Bonnie a réenregistré il y a 20 ans une version de “Total Eclipse…” en duo avec Kareen Antonn en anglais et en français intitulée “Si Demain…(Turn Around)”. Elle demandera d’ailleurs au producteur de cette reprise, Jean Lahcene, présent dans la salle de se lever et il sera chaleureusement applaudi par les fans de la chanteuse britannique.

C’est sans doute grâce au très gros succès hexagonal de cette reprise et à celle de “It’s A Heartache” (“Si Tout S’arrête) l’année suivante toujours avec Kareen que Bonnie bénéficie aujourd’hui encore d’une aura qui lui permet de faire une tournée française de 6 dates en ce début décembre 2023… Jim Steinman reste à l’honneur avec “Faster Than The Speed Of Light”, 4ème et dernier extrait ce soir de l’album du même nom et son solo de guitare enflammé. Hommage appuyé ensuite à la reine Tina, récemment décédée, avec un “The Best” parfaitement interprété. Ce titre sera donc le 3ème de l’album “Hide Your Heart” de 1988, celui produit par Desmond Child et qui sera lui aussi bien représenté ce soir. Il est à noter que Bonnie est la première à avoir enregistré ce titre de Mike Chapman, 1 an avant que Miss Turner n’en fasse un énorme succès planétaire en 1989. Puis Bonnie quitte rapidement la scène après 1 heure de concert environ, à la grande surprise du public qui s’étonne de n’avoir alors entendu que 11 titres…

La chanteuse reviendra pour célébrer l’héritage de Janis Joplin avec un très classique “Turtle Blues” qui permet à son guitariste de briller une nouvelle fois en jouant une partie de son solo derrière sa tête comme cela se pratiquait fréquemment dans les 70’s. Et puis ce sera l’ultime tube “Holding Out For A Hero” de la bande originale de “Footloose”, encore un souvenir de ce séminaire CBS de 1984. Toujours produit et écrit par Steinman, je trouve que ce titre a plutôt mal vieilli avec ses synthés et ses boîtes à rythmes envahissants et typiques des productions 80’s… J’aurais nettement préféré le “Here She Comes” de la même année (“Metropolis”) mais on ne peut visiblement pas tout avoir !

Un peu frustrant de n’avoir eu droit qu’à 13 titres et à un peu plus qu’une heure et quart de concert quand on connaît la carrière de Miss Tyler. Est-ce dû à ses problèmes de voix, à sa récente opération du genou ou tout simplement à son âge, on ne le saura jamais ! En tout cas ce fut malgré tout un plaisir de la revoir sur scène après toutes ces années et on espère qu’elle repassera par La France très bientôt pour une prestation un peu plus étoffée…

Merci à Thierry et à Mathieu


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