Louis Bertignac, La Merise @ Trappes, le 10/01/2024.
Live Report & images : Olivier Carle


Ce soir je me rends à mon tout premier concert de 2024 et pour la première fois à La Merise de Trappes. Aussi étonnant que ça puisse paraître je n’avais jamais eu l’occasion d’assister à un spectacle dans cette salle pourtant relativement proche de chez moi. Bel endroit modulable qui peut être en configuration assise ou debout comme c’est le cas pour Bertignac. La soirée affiche complet et c’est un public essentiellement composé de cinquantenaires et de sexagénaires qui a fait le déplacement. Il faut dire que Louis va fêter ses 70 printemps le mois prochain et beaucoup le suivent depuis ses débuts avec Higelin puis Téléphone il y a un demi-siècle… C’est mon cas puisque j’ai eu la chance d’user mon vinyle d’”Irradié” au cœur des Seventies et de voir le plus célèbre quartet français au Zénith pour leurs derniers concerts en octobre 1984. J’ai eu aussi l’opportunité de voir Les Visiteurs de Louis et Corine au Casino de Paris en 1988 avec le Hit “Ces Idées-là” du 1er album suivi de “Jack”. Et puis il y a eu cette soirée mémorable au Pigall’s pour le lancement du second album “Rocks”, enregistré à Memphis avec Jim Gaines. Mais ces Visiteurs jetteront l’éponge peu après faute de succès commercial, Virgin préférant tout miser sur Aubert… Je reverrai Louis en solo quelques années plus tard, en 1998 à La Cigale, pour la sortie de l’excellent “Bertignac Live” avec des reprises à la pelle de tous ses héros musicaux. Superbe et magique moment que j’ai malheureusement dû abréger pour me ruer au Réservoir où passait Toto au même moment… Puis ce sera en 2005 dans un festival à Evry entre Daniel Darc et Iggy, à l’occasion de la sortie de l’album “Longtemps” co-écrit avec sa muse Carla Bruni. Je me souviens surtout de son hommage ravageur aux Who avec “Won’t Get Fooled Again” et “My Generation”, un grand moment de Rock ‘n’ Roll. Je l’ai revu il y a peu sur scène à l’Olympia pour la soirée-anniversaire d’Harley Davidson avec un aéropage de guitaristes dont Manu Lanvin, Nono, Yarol Poupaud, Philippe AlmosninoLouis tourne d’ailleurs avec le même batteur que Manu : Jimmy Montout.


Après cette digression historique, revenons à ce concert à La Merise en ce très froid mercredi de janvier. Les lumières de la salle s’éteignent à 20h30 et on découvre le quatuor, composé de Louis, Jimmy, Jean-Max aux claviers et Zou à la basse, qui s’empare de la scène pour plus de 2 heures de spectacle. 2 grands écrans sont disposés à gauche et à droite du groupe avec de très beaux effets visuels, des photos d’archive notamment de Téléphone ou des clips d’époque comme celui de “Jack”.


Beaucoup moins de reprises qu’il y a 25 ans puisque Louis se concentre sur son dernier album en date “Dans Le Film De Ma Vie”, ses meilleurs titres en solo ou avec Les Visiteurs et bien sûr du Téléphone, plébiscité par ses fans… On aura notamment droit aux incontournables “Un Autre Monde”, “Ca (C’est Vraiment Toi)”, “New York Avec Toi” et “Cendrillon” ! Sans oublier les très attendus “Vas-y Guitare”, “Ces Idées-là”, “Jack”, “Je Joue” et l’hommage habituel à Police (“So Lonely”), aux Stones (“Satisfaction”) et aux Beatles (“Hey Jude”).


Musicalement ça tient bien la route et Louis joue toujours remarquablement bien de la guitare. On peut juste regretter l’absence d’un second guitariste qui lui permettrait de ne pas avoir à s’occuper seul du chant, de la rythmique et des soli et qui pourrait donner lieu à des duels de grattes mémorables. Louis communique beaucoup avec le public avec des allusions fréquentes à sa femme à la manière d’un Colombo mais sans le cigare et l’imperméable.


Présente, Laeticia partagera d’ailleurs la scène avec lui pour un très beau “Peut-être un jour”. Il nous avouera aussi qu’il est hypocondriaque et qu’il a une peur bleue de la mort. On sent que le Covid l’a pas mal impacté notamment dans sa vie de couple. Il a tout fait pour ne pas le choper du fait de ses “poumons flingués” mais il finira par en être victime le jour de son mariage, en juillet 2021… Beaucoup d’émotion lorsqu’il nous dira être à “minuit moins cinq” de la fin de sa vie qu’il a eu belle puisqu’il a toujours fait ce qu’il désirait le plus.


Le moins qu’on puisse dire c’est que Louis n’a pas la langue dans sa poche et il fera réagir les quelques féministes de la salle avec des propos parfois un peu “vieux jeu” sur les femmes mais avec pas mal d’auto-dérision pour compenser. Il rendra un hommage vibrant à sa célèbre Gibson SG de 1963 qu’il a acquise à Londres en 1974 pour ses 20 ans et qui le suit depuis ses débuts.

En allant voir Bertignac, on a un peu l’impression de retrouver un “vieux” pote qui nous raconte ses malheurs (et ses bonheurs aussi !), le tout sur fond de Rock et de Blues avec ce qu’il faut de nostalgie, de passion et surtout de talent !

Merci à Francis et à Nicolas