MauditsPrécipice – Par : Franck Leber
Source Atone Records
Note : 5/5
Genre : Post-Metal Instrumental


Maudits est un trio français qui a déjà fait parler de lui depuis 4 ans. Le groupe a sorti Maudits en 2020, un EP Angle Mort en 2021, un autre EP Split en 2022 et aujourd’hui au printemps 2024, c’est un nouvel album intitulé Précipice qui voit le jour. Le style musical prôné par Maudits est le Post-Metal instrumental, mais ils délivrent une musique très personnelle et très affirmée, ils construisent un monde à part, très innovant et plutôt axé sur les sensations, la finesse technique et une grande qualité de composition.


Le Line-Up est composé d’Olivier Dubuc (guitares, effets, ex-The Last Embrace), Erwan Lombard (basse, effets) et Christophe Hiegel (batterie, samples, ex-The Last Embrace) mais pour Précipice, le groupe s’est adjoint les services de Raphael Verguin (violoncelle, ex-Spectrale, Riciin, Psygnosis, Hypno3e), d’Emmanuel Rousseau (piano, mellotron, minimoog, claviers), de Frédéric Gervais (production) et de Nicolas Zivkovich (rhodes, claviers sur «Seizure»).


Et votre serviteur s’embarque alors pour un voyage musical extraordinaire, en dehors de l’habituel, avec sonorités sublimes et recherche constante de plaisir, le tout exprimé avec une musique progressive parfois, mais qui ne laisse pas indifférent, témoin «Précipice Part I», aux guitares stridentes et affriolantes, au son profond, aux frontières de l’expérimental mais bourré de passion : une totale frénésie de notes, pour ce 1er titre de plus de 11 minutes. Une sensibilité à fleur de peau surgit sur des Breaks exaltants, mélodieux et même mélancoliques, quelle classe ! Et ce violoncelle qui vient charmer et adoucir les guitares, soutenu ensuite par des claviers langoureux, une pure merveille ce titre, vraiment époustouflant.

La puissance de la batterie vient ajouter un plus métallique de fort bon aloi, Maudits perfore, Maudits éclate et sur «Seizure» cette impression s’amplifie encore et encore. La sensibilité extrême de ce titre ne pourra que ravir l’auditeur, par son côté sombre en intro puis ses envolées de batterie qui sont démentes, encore un titre de plus de 11 minutes de ravissement. C’est un autre moment musical équilibré, virevoltant et passionnant, avec des éléments Rock, Doom, épiques aussi mais toujours excitants, une vraie pièce harmonieuse, du grand art. Ces musiciens-là ne font pas dans la dentelle, ils provoquent, se défient eux-mêmes et enveloppent l’auditeur dans une ambiance vraiment fabuleuse. Ce titre est magique, délicat et ensorceleur à la fois, d’une grandeur incroyable.

Après une telle entrée en matière, certes d’une durée notable, mais d’une telle passion que cela ne se remarque pas, vers quels horizons allait nous transporter Maudits sur les 6 autres titres de Précipice ? «Pretium Doloris» sera très court et très sombre, d’une beauté sans égale aussi, avec une facette musicale encore plus délicate, par des sonorités claires et hallucinogènes. Ce titre introduit le percutant «Séquelles», aussi court d’ailleurs (près de 3 minutes), comme si cela en était le résultat : batterie terrible, grosses guitares incandescentes et somptueuses à la fois, absolument décapant !
L’auditeur ne sort pas indemne d’un tel Maelstrom musical alors Maudits calme le jeu sur le grandiose second acte de Précipice, le titre «Précipice Part II» étant l’aboutissement de leur quête musicale et émotionnelle avec des guitares et claviers tout en finesse pour commencer. Mais les mélodies repartent de plus belle ensuite, bien fignolées, soutenues par cette sacrée batterie et des envolées de guitares plus fortes, qui transpercent les sens, un vrai régal ! Ce titre est plus rythmé, plus accrocheur et montre l’étendue des possibilités du groupe, qui sont énormes, un vent Rock les pousse en avant. C’est dans un réel cadre paradisiaque que plongent les musiciens sur ce titre monumental et leur enthousiasme jaillit au fur et à mesure en toute limpidité, avec une sensualité, une mélancolie et une montée en puissance incontestables, le final subtil et délicieux faisant pleurer de bonheur votre serviteur.

La guitare sèche de «Lights End» suivie du son enivrant du violoncelle enjolive un titre clair, sublime et ô combien féerique : la magnificence est belle et bien là avec son cortège de fièvres et de douceurs, tout simplement resplendissant ! «Vielä Siellä» poursuit le thème entamé par sa douceur, sa élégance et son allant mélodique, c’est toujours très poignant et très riche avec une envolée finale passionnante. La surprise est un 8ème titre, caché, dit «Ghost Track» sur lequel Maudits poursuit son expression musicale comme pour gâter l’auditeur et ne pas le laisser partir…

Que rajouter à ce déluges de sons, d’éclats instrumentaux remarquables, de délires inventifs et de merveilles jusque là insoupçonnées ? Maudits se livre là à un exercice de haut niveau et apporte une spécificité musicale hors normes, d’une innovation exceptionnelle, d’une justesse permanente et avec une attraction addictive au fur et à mesure des écoutes. Ces musiciens sont totalement impressionnants de justesse, de puissance et délivrent là une pièce musicale d’une majesté lumineuse, dont on sort transformé, émotionnellement parlant. Un chef d’œuvre unique, tout simplement faramineux !!!


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