Alain Chamfort @ La Ferme de Bel Ebat
à Guyancourt le 14 janvier 2025.
Live Report par : Olivier Carle,
images Live par : Blandine Chambonneau


Ce soir je vais enfin découvrir une autre scène proche de chez moi mais où je ne suis encore jamais allé, La Ferme de Bel Ebat à Guyancourt. C’est Alain Chamfort qui m’en donne l’occasion, lui que je n’ai pas revu depuis un peu plus de 40 ans. La première et dernière fois donc c’était à l’Olympia le 18 juin 1984, une sorte “d’appel” pour faire un clin d’œil à l’Histoire ! Etonnamment ce fut aussi à l’époque mon tout premier concert dans cette salle mythique du boulevard parisien des Capucines. Les raisons qui m’avaient poussé à aller voir Alain en 1984 étaient essentiellement professionnelles puisque je bossais pour sa maison de disques CBS et qu’il venait de sortir l’album “Secrets Glacés”… J’avais trouvé sa prestation plutôt convaincante avec pas mal de tubes qui passaient depuis quelques années en radio et qui montraient qu’Alain avait un réel talent de compositeur.


41 ans plus tard je retrouve donc Mr Chamfort dans une salle certes beaucoup plus intime que l’Olympia mais surtout dans une configuration inédite. Il est accompagné de Valli pour la partie “Interview” de la soirée et d’un talentueux pianiste pour revisiter les grands moments de sa longue carrière. Le principe est donc d’alterner de façon harmonieuse entre ses confidences sur ses nombreuses rencontres artistiques et ses chansons revisitées à deux claviers avec la voix toujours enjôleuse d’Alain. La soirée va s’avérer totalement captivante et riche avec pas mal d’anecdotes sur Jacques Dutronc, Claude François, Serge Gainsbourg et bien d’autres.


On découvrira ainsi comment il a commencé le piano très tôt et acquis par la suite un orgue qui lui a ouvert de nouveaux horizons. Il nous racontera sa rencontre un peu surréaliste avec Dutronc dans les bureaux de Vogue et comment celui-ci l’embauchera pour partir en tournée non sans un rendez-vous préliminaire entre les parents de Jacques et les siens afin de les rassurer. Puis ce sera la période Flèche avec Cloclo dont il ne garde pas forcément que des bons souvenirs même si cela lui a permis de trouver son nom de scène et de mettre le pied à l’étrier en tant que “chanteur à minettes”. Il nous parlera avec beaucoup de nostalgie de ses années avec Gainsbarre qui lui offrira le succès mais dont il assistera à la lente descente aux enfers avant la rupture. Il y aura aussi la collaboration musicale avec Philippe Bourgoin de Chagrin d’Amour, à l’époque de “Secrets Glacés” justement, ce qui explique sans doute la présence de Valli sur scène avec lui.


Et puis la rencontre avec le talentueux parolier Jacques Duvall qu’il a fallu apprivoiser au début mais qui lui donnera ses plus beaux textes à partir du milieu des années 80. Sans oublier Pierre-Dominique Burgaud avec qui il collabore depuis le magnifique “Une Vie Saint Laurent” en 2010 et avec lequel il a sorti son ultime album studio “L’Impermanence” l’année dernière. Il nous livrera d’ailleurs un Scoop ce soir puisque cet opus est nommé dans la catégorie “Album de l’année” aux Victoires de la Musique 2025 qui auront lieu mi-février. J’ai beaucoup aimé cette partie “confidences” sur sa vie car j’y ai découvert un musicien très humble, plutôt lucide sur le monde actuel de la musique et surtout très attachant car d’une sincérité réconfortante.

Et la musique me direz-vous ! Toute en finesse et en émotion notamment grâce à cette atmosphère intimiste et sans artifices, juste la voix et les 2 pianos qui s’enrichissent mutuellement. Alain nous fera chanter “Adieu Mon Bébé Chanteur”, souvenir de ses années “minettes”, mais aussi le refrain du magnifique “Géant” dédié à sa fille et qui réussit à nous arracher quelques larmes… Les versions de “Manureva”, “Bambou”, “Chasseur d’Ivoire” ou encore de “La Fièvre Dans le Sang”, “Souris Puisque C’est Grave” et “Traces De Toi” seront bien sûr très appréciées du public présent car ces titres ont marqué l’histoire de la chanson française depuis une cinquantaine d’années. Il y aura aussi des moments d’une très grande intensité comme par exemple le sublime “La Grâce” du dernier album, le bouleversant “L’Ennemi Dans La Glace”, le magnifique “Les Microsillons” qui parle de la vieillesse avec beaucoup de justesse ou encore le très délicat et poétique “Les Salamandres”. Et puis ce “Sinatra” que personnellement j’adore et qui parle de la tristesse de la séparation avec beaucoup d’auto-dérision et de pudeur…


La prestation ne devait durer que 90 minutes, sablier de Valli oblige, et on aura finalement droit à 2 heures d’une intensité rare. Portez-vous bien Mr Chamfort et revenez nous voir aussi longtemps que la vie vous y autorisera car c’est un vrai régal de redécouvrir vos chansons éternelles…
Merci à Audrey