Calogero
Le Paul McCartney Français à l’Olympia, Liberté Chérie Tour, le 23 janvier 2019.

Les jours se suivent et ne ressemblent pas. Si le plaisir le 22 janvier fut réel que dire de l’immense claque prise le lendemain à l’Olympia. Après une soirée Rock la veille avec Uriah Heep, nous voilà ce mercredi frais comme un gardon pour une soirée bien différente. Différente sous tous ses aspects, y compris météorologiques. Toujours aussi agréable de naviguer d’un monde à l’autre. Exit la neige avec un froid glacial et bonsoir les trottoirs glissants et la chaleur d’un Olympia Sold Out pour la venue de Calogero, unanimement considéré comme un monstre sacré de la Pop française… Dix-sept ans qu’il n’avait pas joué dans cette salle mythique.

Cette fois, il y enchaînera cinq prestations intimistes, lui, l’habitué des plus grandes salles de concerts en France. Alors, ce 23 janvier, il faut me mettre au diapason de la soirée. La transition entre ces deux univers passant par le changement d’ambiance nécessite donc un état d’esprit différent. Qu’à cela ne tienne. Une fois la tenue de Rocker tatoué de la veille troqué en quelques minutes pour celle requise de Rocker romantique du jour, je prends la direction de l’Olympia pour retrouver l’ami Calogero Maurici.

Oui, l’ami Calo. Une amitié qui dure depuis plus de trente ans et qu’il fut bon de se retrouver. Une excellente relation professionnelle qui a démarré à l’époque où je suivais le groupe de Calogero, Les Charts, pour TF1 et pour la presse spécialisée lors d’un voyage de presse pour la promotion du groupe d’adolescents presse en Belgique. Et oui, Les Charts. Les groupes d’adolescents mènent si on le désire vers les plus hauts sommets que l’on se fixe.

La preuve, Calogero en a fait un chemin éblouissant depuis ses 16 ans lorsqu’il lance son premier combo avec Gioacchino, son frère aîné, et un ami de longue date Francis Maggiulli. D’un trio à midinettes qui ne payait pas de mine, à l’artiste français incontournable, en passant par le musicien si précis, à l’arrangeur inventif et génialissime, voire au mélodiste reconnu par les plus grands interprètes francophones qu’il est devenu, Calo le multi talentueux s’est taillé en seulement sept albums solo une solide réputation dont il peut être plus que fier. Et il n’est pas le seul des Charts à avoir réussi sa reconversion. Depuis la fin des Charts, Gioacchino collabore évidement toujours avec Calo, mais pas uniquement puisque l’on retrouve ses excellentes participations aussi chez : Johnny Hallyday, Céline Dion, Florent Pagny ou Natasha St Pier.

L’ainé de la fratrie Maurici l’a compris, Gioacchino préfère toujours rester dans l’ombre de son petit frère et s’occuper du Merchandising. Un bon moyen pour aussi savourer cette magnifique double réussite familiale. Son histoire d’amour avec son public depuis 2001 et ses sept albums reste une référence dans le paysage musical français.

Une réussite pour Calo à faire pâlir plus d’un artiste. Trois Victoires de la Musique ornent son salon : Meilleur interprète masculin de l’année en 2004 lors de la 19ème cérémonie des Victoires, la seconde avec la Chanson de l’année en 2005 avec ‘’Si je pouvais lui manquer’’, puis la dernière en date avec la Chanson originale de l’année en 2012 avec ‘’Un jour au mauvais endroit’’. Et on ne compte pas non plus les autres trophées qu’il a aussi remportés aux NRJ Music Awards : en 2004 Meilleur artiste masculin francophone, puis en 2005 Meilleur groupe/duo pour le duo avec Passi, ‘’Face à la mer’’. Une habitude de récolter des récompenses qu’il prend vite mais qui n’a jamais perturbé l’artiste en le faisant dériver de ses principaux objectifs : créer de belles mélodies pour que le public puisse les retenir et les emmener avec eux. Et des chansons que le public s’est accaparé pour les emmener dans le kaléidoscope de leur existence sont légion.

Peu de chanteurs peuvent s’enorgueillir d’une telle collection de hits, de chansons phares et de récompenses saluées par tout le métier. Les distinctions pleuvent pour ce surdoué grenoblois depuis son premier trophée en 2001 décerné par la station Radio France qui le distingue comme Meilleur artiste de l’année, puis en 2004 l’UNAC qui le sacre de son grand prix pour la Chanson de l’année avec ‘’Prendre racine’’. Calo rafle tout. Ses talents sont reconnus par le public comme par le métier. Un Graal que beaucoup recherchent, mais peu le décrochent. Chaque média y va de ses prix qu’il désire remettre au talentueux Calo. Lors des délibérations à chacun des scrutins, le résultat ne fait aucune surprise. C’est Calo qui l’emporte.

En 2009, les auditeurs de RTL sacrent le 25 décembre 2009 son disque ‘’Embellie ‘’ comme Album de l’année, puis cinq ans plus tard ces mêmes auditeurs renouvellent leur vote en 2014 pour l’Album de l’année ‘’Les feux d’artifices’’, vendu à plus de 700 000 copies. Même la SACEM lui décerne les honneurs à la salle Pleyel dans la catégorie Créateur-Interprète avec le Grand Prix de la chanson française le 27 novembre 2017.

Les disques se vendent par palette, au total plus de six millions d’opus écoulés depuis 2001, ses musiques s’arrachent par les plus grands interprètes français et les places de concerts trouvent preneur en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Son franc succès est mérité. Son talent incontesté éblouit tous ceux qui aiment les belles mélodies. Son dernier opus ‘’Liberté chérie’’ sorti en août 2017 fut propulsé quadruple disque de platine en seulement quelques mois. Calo confectionne de la haute couture lorsqu’il décide de travailler avec d’autres artistes. Il n’y a rien de plus à dire : sa carrière s’avère exemplaire. Il le sait et s’en réjouit en m’expliquant entre deux souvenirs que nous échangeons que tant que le public répondra présent à son travail, lui verra alors sa contribution comme un devoir qu’il refuse de bâcler envers ceux qui estiment que son travail mérite d’être écouté. Il ne semble pas prêt de vouloir s’arrêter de composer. En voilà une bonne nouvelle Calo ne change pas et sa loge reste depuis ses débuts son havre de paix. Sa loge est toujours ornée de la photo de ses enfants, d’instruments divers, dont sa guitare fétiche de gaucher, de lampes permettant une atmosphère de relaxation, un mini studio d’enregistrement au cas où une nouvelle idée lui viendrait entre deux coups de fils à ses proches. Et en Backstage, les tentures rouge et noire qu’il affectionne depuis toujours règnent afin de se mettre dans l’ambiance dont il a besoin avant de tout donner à son public. Je retrouve le Calo de ses débuts qui demeure le même musicien qui rêvait de vivre de sa musique à 17 ans.

Ce soir, pour son troisième des cinq Olympia prévu, Calo nous régale. La veille, Calo s’est même payé le luxe de faire diffuser en direct son concert sur la chaîne TMC et sur les ondes de RTL2… Sa nouvelle tournée qui a débuté le 10 mars 2018 à Amiens devient sa plus grande tournée, en nombre de date et en infrastructures. En vingt-trois chansons, l’interprète va enchaîner les succès. La Setlist ne laisse aucun répit aux spectateurs venus en masse après avoir triomphé deux soirs les 5 et 6 juin dernier à l’Accord Hotel Arena. Pour les puristes, le tour de chant s’avère quasiment identique. Mais le malin Calo a su faire du neuf avec du vieux… La petite acrobatie de l’artiste fut de déplacer l’ordre des chansons qu’il a interprétées en janvier à l’Olympia pour donner une impression de renouveau. Ce tour de passe-passe permettra aux fans qui le suivent sur quasi toutes les dates de ne pas assister aux mêmes spectacles. Ah le malin… Nonobstant, cette illusion de différences, vu la taille des deux salles, le décor ne pouvait être le même non plus. Il a quand même pu installer tout le décor et le matériel qu’il avait emporté sur la tournée des Zénith. Bref, en deux heures, Calo fait défiler ses plus grands tubes que la salle reprend en chœur. Les lumières sont juste fantastiques et la prestation des musiciens, à l’image de Christophe Dubois, son batteur depuis 25 ans, est de haut vol.

Mais revenons à l’objet de la soirée. Le spectacle démarre fort, mais ce sera sans aucune chanson de son premier disque,  »Au milieu des autres », sorti le 10 mai 2000 qui s’est écoulé à 100 000 exemplaires. Il est 20 heures 50 lorsque les lumières s’éteignent et que la voix de Charles Aznavour est diffusée sur la scène sombre. Nous entendons en bruit de fond ‘’Mes amis, mes amours, mes emmerdes’’, dans son intégralité. Une entrée en matière qui en impose déjà. Un hommage à l’une des idoles de Calo. Le concert n’est pas encore commencé que l’artiste envoie déjà la première salve d’émotions pour un public muet. Un silence d’or pour respecter la mémoire du regretté Charles.

Tout à coup, alors que le décompte s’égrène dans les coulisses, la voix du défunt laisse place à une guitare puissante qui vient des coulisses. C’est parti pour deux heures dix d’un Show à l’américaine qui va déchirer sa race de tous les spectateurs. Oui, vous avez bien lu. Et c’est bien moi qui l’ait écrit. Je l’assume,… Lisez surtout jusqu’au bout et vous en comprendrez les raisons. Sur la scène, la pénombre laisse juste apparaître un mur de lumières blanches qui viennent du fond se jeter sur le devant de la scène, la place de l’idole. C’est des coulisses que Calogero, tout de noir vêtu et ses baskets blanche et noire, va débouler avec sa guitare, une Gibson demie-caisse rouge, lui le bassiste. Il arrive galvanisé sous les applaudissements d’un public enthousiaste. Il commence le premier couplet seul avec la guitare et un public au tempo parfait.

Comment aurait-il pu en être autrement ? Bref. Alors qu’il installe confortablement le riff dans la tête des spectateurs, une petite minute plus tard, Calo est alors rejoint par ses musiciens. Quel joueur ce Calo… Le concert n’est pas encore véritablement commencé qu’il continue de nous surprendre. Le musicien envoie donc les premières notes de cette ‘’Liberté Chérie’’ si chère. Son nouvel opus, sorti le 28 août 2017 et qui s’est vendu pour le moment à 425 000 copies. Celle que toute le monde recherche et finalement si peu parviennent à trouver… Une quête pour certains qui définit tout un concept de vie les amenant peu à peu vers l’autoroute du bonheur qu’ils empruntent avec un tel délice que rien n’y personne ne pourra les faire dévier de ce chemin nuptial. Un sentier d’allégresse n’excluant pas néanmoins sa dose de désagréments, d’embûches, de mauvaises rencontres qu’il nous a fallu surmonter. Mais une fois tout ceci surmonté, quel bonheur de se sentir libre et amoureux, et de continuer de chérir ce qui nous constitue.

Il demeure indéniable que lorsque l’on trouve sa liberté, nous clamons un des principes de ce statut et de ses devoirs : ‘’J’ai le droit aussi’’. Ce morceau issu de l’avant dernier disque ‘’Les Feux d’artifices’’, sorti le 18 août 2014, vendus à 800 000 exemplaires. Un titre au tempo élevé, aussi appelé Up Tempo, co-écrit avec sa compagne Marie Bastide, qui déjà rien que par le choix des mots donne le ton percutant et revendicateur et inspire un souffle là encore de liberté nécessaire pour trouver l’harmonie indispensable à son existence… Calo l’a bien compris. Pour cette deuxième chanson, il troque sa guitare pour sa légendaire Jazz basse Fender, et met dans cette chanson tout le cœur d’un homme libre et fier d’aimer qui il veut, quand il le désire et surtout comme il le veut. Sa puissance de conviction se trouve au fond de ses tripes et dans son énergie à interpréter au mieux ces magnifiques paroles. Et comme le chanteur le clame dans ce formidable texte, « Un homme est un homme et peu importe où va son cœur ». Il n’a pas peur de choquer. Là encore, il a choisit sa liberté d’aimer, sa liberté de vivre sa vie comme il l’entend. Franchement, comment ne pas adhérer à une telle chanson ?

Pour la troisième chanson, Calo adresse pour la première fois à son public son enthousiasme de retrouver, dix-sept ans plus tard, cette salle mythique et de reprendre une chanson de l’époque, ‘’En apesanteur’’. Énorme tube du second opus,  »Calogero », sorti le 20 février 2002. Cette chanson est devenue en succès quasi immédiat. Il a été certifié Disque d’or en quelques semaines. Le public déjà présent à l’époque, à qui il dédie ce titre, accompagne l’artiste en cœur tout le long de la chanson. Le long pont, sous une lumière bleue apporte une vraie chaleur à l’atmosphère déjà forte. Pendant cet instant magique, sa ligne de basse soutenue par un public extraverti se révèle géniale alors que Calo explique durant ce pont à quel point « C’est trop bien, trop bon de se retrouver avec vous à chanter à l’Olympia ».

Arrive la chanson suivante avec un petit retour en arrière dans le temps avec la jeune Elsa Gilles qui propose en fond musical de la harpe. Cette même artiste qui aura fait la première partie du concert. Le chanteur explique que ses parents sont arrivés d’Italie dans les années cinquante et que Calogero, avant d’être le nom d’artiste qu’il porte dignement, fut le prénom de son grand-père paternel. Il exprime, non sans émotion, se trouver extrêmement fier de voir son prénom inscrit en grande lettre rouge sur la façade extérieur de ce haut lieux parisien de la chanson française du boulevard des Capucines. Son grand-père aurait pu être fier aussi, son petit-fils est bien digne de porter si haut son prénom… Calo se sert de cet hommage à sa famille afin d’exprimer toute l’admiration qu’il témoigne aux familles qui ont dû s’arracher à leur terre natale pour venir et qui se doivent de fournir tant d’efforts pour venir  »Prendre racine ». Tiré toujours du second disque,  »Calogero », qui a trouvé 1 400 000 détenteurs de l’objet en faisant à l’artiste gagné son premier Disque de Diamant. De s’intégrer comme il le peuvent dans un pays dont ils ignoraient tout. Le pont grandiose que les musiciens rendent magnifique.

L’interprète survolté par ce retour dans cette salle saute partout. Calo communique sa joie d’être parmi nous et lâche cette sublime phrase issue de la chanson qui prend tout son sens parfois pour certains « On veut s’aimer, se désaimer, on ne ressemble qu’à ce qu’on fait »… Tellement vrai ! L’instrumental de ce titre, et jusqu’à la fin de la chanson, là encore se révèle monstrueux. Calo exhorte son public à chaque coup de riff puissant qui gronde partout dans la salle avec une énergie toute aussi vigoureuse sur une scène où se trouvent les excellents musiciens autour de Christophe Dubois, son batteur et ami fidèle depuis déjà plus de 25 ans.

L’un des clous de la magie du spectacle reste la conception des excellentes lumières réalisée par Vincent Lerisson qui apparaissent sur ‘’Prendre racine’’. Calo a réussi la performance d’importer à l’Olympia la totalité de la scène qu’il avait installer dans tous les Zénith de France. Quand on connaît les deux salles, le pari semblait irréalisable. Que nenni, ils nous prouvent que lorsque l’on veut… Vingt et un carrés fixés au plafond qui remontent et descendent sur lesquels sont accrochés deux lumières qui tournent pour diffuser des lumières tantôt vives, tantôt douces. Ce mur constitué de 21 panneaux, qui une fois descendu sert d’écran géant sur lequel sont projetés les images du concert. L’ingéniosité de l’affaire reste qu’il n’y a pas un, au diable l’avarice, mais trois écrans géants l’un derrière l’autre avec ces 21 panneaux qui montent et qui descendent au gré de la scénographie orchestrée par l’ingénieur qui les a conçus. Il faut bien avouer que le résultat s’avère gigantesque. J’adore, ce fut sublime…

A peine, ses racines retrouvées avec ses fans, arrive le superbe titre ‘’On se sait par cœur’’, enregistré dans les légendaires studios Abbey Road, lieu sacré des Beatles et dans le studio ou Paul Mc Cartney avait ses habitudes depuis plus de soixante ans. Ce titre fut le second Single de ‘’Liberté chérie’’, sortie le jour de mon anniversaire, le 21 juillet 2017. Sur scène les musiciens jouent sous l’ambiance de lumières bleues face à un public toujours plus enthousiaste qui marque sa présence active à travers un tempo soutenu par des mains vigoureuses, arrive le moment de la seconde dédicace. Calo dédie sa nouvelle chanson, également enregistré à Londres, à toutes les Julie qui se trouvent dans la salle. Heureusement, qu’il ne connaît pas tous les prénoms des spectatrices de l’Olympia.

Suit alors un nouvel hommage, déjà le troisième. Cette fois, il est adressé à Francis Laï. Ce dernier avec qui il vient d’achever un travail en studio et qui lui a ouvert le désir de se lancer dans la musique de films, le conseille régulièrement dans ses futurs projets. Calo interprète dix mesures du génialissime film de Lelouch, ‘’Un homme et une femme’’. Moment attendrissant pour les plus âgés de l’assistance… Il faut bien l’admettre, nous ne sommes pas très nombreux. Le chanteur, assis à son piano, exhorte les filles à crier. Mais dis donc, je me souviens… Ne serait-ce pas un fin clin d’œil à la Bruelmania qui faisait rage dans les années 80, comme pour son groupe d’adolescent de l’époque, Les Charts. Il confesse devant une salle à grande majorité de femmes que autant à 20 ans, il avait du mal à supporter les cris féminins, mais que désormais avec l’âge qui avance, ses mêmes cris lui manquent et qu’il adorait les entendre de nouveau.

Mais, c’est sur la chanson suivante que la tendresse sera la plus effective. Armé d’un violoncelle tenu avec délicatesse par Elsa, d’une simple guitare portée par Jan Pham Huu Tri, et d’un piano sur lequel joue le chanteur, les musiciens évoquent une chanson de son tout dernier disque ‘’Liberté chérie’’ : ‘’Velo d’hiver’’. Un titre que sa compagne actuelle, Marie Bastide, a rédigé en faisant référence à la fameuse rafle du Vel d’hiv qui eut lieu en juillet 1942 dans le 15ème arrondissement parisien, un endroit devenu tristement célèbre, à l’instar, comme le rappelle Calo, des salles de spectacles comme l’Olympia, qui sont toutes destinées d’abord à donner du bonheur. Les frissons commencent à m’envahir. Calo, sans aucun autre instrument jusqu’à la fin du morceau, interprète un solo de piano. Le bougre, il finit par tirer des larmes à une partie des fans. Même les plus vieux comme moi, autant que l’artiste lui même.

Reprendre son spectacle après de telles émotions n’est pas toujours simple. Calo poursuit son tour de chant au piano en allant encore dénicher une nouvelle émotion à travers un très joli texte… ‘’Baiser sans prénom’’. Une balade interprétée devant un mur de lumière blanche qui nous transporte vers une très belle histoire d’amour que le chanteur évoque avec nostalgie. Un sentiment qui fait vendre puisque ce dernier opus, ‘’Liberté chérie’’, en est déjà à ce jour à plus de 425 000 exemplaires d’écoulés.

L’heure de l’amour virtuel est arrivé. Évocation qui n’est pas sans rappeler le splendide ‘’Goodbye Marylou’’ de Michel Polnareff… J’ai nommé ‘’Pomme C’’, co-écrit avec Zazie… A ne pas douter, la version de l’aîné se révèle bien plus belle. Calo reprend sa basse et défend son titre sans retenue, portant les spectateurs vers une communion. Finalement, il a bien raison. Le thème de l’amour par Internet n’est pas la chasse gardée d’un seul artiste.

Retour sur le nouvel opus, la ‘’Liberté chérie’’, un album sacré pour le moment quadruple Disque de platine. Calo se lance dans une chanson qui lui a été inspirée par un de ses plus beaux souvenirs. Enfin, c’est ce qu’il dit sur scène sur cette tournée… Quelle sera l’anecdote de sa prochaine tournée ? Les paris sont ouverts pour ceux qui connaissent bien l’artiste… Revenons à l’histoire du jour. Elle concerne l’époque où avec ses amis d’enfance ils sont partis en pleine après-midi de la banlieue grenobloise à bord d’une voiture qui n’existe plus, une R5 TL blanche, et avec un livre qui n’existe plus non plus, Le guide du Show Business, pour monter conquérir Paris. C’est en arrivant dans la capitale après avoir fait la route en fumant comme des pompiers et en écoutant en boucle la nouvelle cassette sortie de U2, The Johua Tree, que Calo découvre la Tour Eiffel dont il ne se souvenait même plus qu’elle existait. La chute de cette fameuse anecdote afin de rappeler que ceci s’est déroulé lors de l’année  »1987 », d’où le titre écrit par Paul Ecole de ce superbe morceau de son dernier opus en date. La salle surchauffée avec cet excellent titre rend un hommage poignant à l’artiste. Sur les écrans géants, les images d’époque des trois comparses des Charts

La chanson suivante, toujours issue du dernier opus qui dès le jour de sa sortie, il s’est positionné en tête du Top Album. Ce  »Comment font-ils ?’’, s’avère une ode, interprétée pour tous les amoureux qui réussissent encore à être en couple après plusieurs décennies. Une célébration Up Tempo qui fait penser au générique, limite un peu Punk, du formidable film Transpotting de Dany Boyle.

Mais revenons à l’Olympia et à ce superbe titre. Le texte de ce chef d’œuvre, rédigé par Marie Bastide, demeure juste un monument pour moi, comme le fut en son temps le splendide ‘’Et si je pouvais lui manquer’’, qui à mon grand regret d’ailleurs n’a pas été interprété à l’Olympia… Dommage, on peut pas tout avoir dans la vie… Alors, pour cette nouvelle chanson,  »Comment font-ils ? », issue également de la  »Liberté chérie », il faut bien l’admettre : c’est effectivement bien la vraie question… Il suffit d’écouter les paroles attentivement pour parvenir à se poser ces vraies questions « Comment font-ils ? Se parlent-ils ? Se détruisent-ils ? Se perdent-ils ? Se pardonnent-ils ? Quand tout s’abîme. Comment font-ils ? Ceux qui résistent à la menace du temps qui passe. Du temps qui lasse. Se pardonnent-ils ? Quand tout s’abîme. Sont-ils plus courageux que nous ? Sont-ils plus amoureux que nous ? Est-ce qu’il faut tenir tête et laisser passer les tempêtes. Oh, laisser passer les tempêtes. Les tempêtes. » Frissons garantis.

Et dans les mots de Marie, encore une sainte, d’ajouter plus loin, « Comment font-ils ? Ceux qui persistent face à l’impasse du temps qui passe les cœurs d’artistes, équilibristes. » Si répondre à toutes ces interrogations pouvait apporter la solution, cela épargnerait bien des mésaventures inutiles aux couples qui se déchirent. Fallait-il se les poser toutes ces questions avant de se mettre en couple ? Vu l’exemplarité et la longévité de l’union de ce duo d’amoureux autant que professionnel, manifestement, Marie et Calo ont eu bien raison de se pencher sur les problèmes avant qu’ils ne surviennent. A méditer pour nous tous !

Le groupe enchaîne alors sur un instrumental sur lequel les musiciens s’éclatent avec un public complice à souhait. Christophe Dubois enchaîne les Breaks Rock à la batterie et Jan Pham Huu Tri monte sur l’ampli basse Ampeg afin d’interpréter un très court solo de la mort qui annonce le quatrième hommage.

Au tour de ‘’Gabrielle’’ de se retrouver sur la scène de l’Olympia, une grande habituée des lieux. L’évocation des quelques mesures de ce hits national s’achève par un baiser de Calo envoyé au ciel pour le clin d’œil à son interprété et ami…, Johnny Hallyday. Lors des prestations l’année dernière, Johnny se trouvait à ses côté devant une foule ébahie. La soirée se poursuit autant dans l’émotion que dans la fête et l’énergie que ces deux éléments procurent.

Une jolie petite intro au piano qu’exécute Cyrille Nobillet installe une atmosphère plus calme très vite rejoint par Calo à la guitare acoustique et Elsa au Ukulélé. Le Rock énervé laisse place à la balade à la française avec la voix pure de l’interprète sur ‘’C’est dit’’. Ce morceau, issu de ‘’L’embellie’’, sortie le 20 avril 2009. Il s’est quand même écoulé à 400 000 copies et cet album a fini avec un triple Disque de Platine pour 300 000 exemplaires vendus. Cette galette devenant, en prime, numéro 1 des Top ventes dès la première semaine d’exploitation du 20 au 27 avril 2009. Ce titre écrit par l’éternel Jean-Jacques Goldman qui lui fait chanter « On est riche que de ses amis, et mes amis, c’est vous. C’est dit. » Oh combien cette phrase s’avère réelle. Et je dois bien l’avouer, ces derniers temps, je peux m’en rendre compte au regard de ce que mes amis m’ont apporté comme soutien et continuent encore à m’apporter. Et Calo, des amis, il n’en manque pas. Toute la salle chantonne des Lalalala a cappela pendant que le chanteur les regarde avec tendresse.

S’enchaîne directement vers la chanson suivante, écrite en hommage aux victimes des attentats de Nice par le duo en couple à la ville comme à la scène, Marie Bastide et Calogero, ‘’Un jour au mauvais endroit’’. L’album, ‘’Les Feux d’artifices’’, avec, pardonnez du peu, huit Singles sortis pour la commercialisation de ce disque. Elle sera un moment très particulier et si poignant pour moi. C’est là que l’image des attentats du Bataclan où j’ai perdu des amis et de mon petit frère apparaît en moi. Ce dernier qui est parti il y a cinq ans. Cela commence avec « Toi mon frère, dis moi pourquoi la vie continue sans moi ». Et de poursuivre avec « Et c’est parce qu’ils étaient là un jour au mauvais endroit qu’ailleurs, ici ou là bas pour nos frères plus jamais ça ». Pour finir la chanson avec ce Gimmick en version ad lib avec le chœur de tout un Olympia qui clame avec un énorme cœur. Un organe tellement serré, mais un cœur qui continuera de battre pour ceux qui sont partis trop tôt. Nous hurlons ces mots qui sortent comme on dégueule notre colère envers ce qui nous haïssent, « Plus jamais, plus jamais, plus jamais ça ! » L’osmose entre le public et les musiciens se trouve alors à son comble.

L’adrénaline et le trouble montent encore nettement d’un cran. Pour moi, cet instant et ce titre resteront le moment franchement crucial de ce spectacle. Et oui, nous avons tous connu cette sensation… Heureusement, dans des circonstances bien moins violentes, quoi que ! Tous, aussi bien vous, eux, et moi, avons connu ce destin d’être au mauvais endroit. Pour moi, ce fut un jour de juin 2015 place de la Bourse. C’est là, après avoir compris mon erreur d’être au mauvais endroit devant la mauvaise personne, que j’ai compris que nous devons tous prendre notre propre vie en main. La prendre à bras le corps afin de retrouver sa vie et sa  »Liberté chérie ». Mes pensées pendant cette chanson furent, malgré moi, les plus désagréables de la soirée.

Heureusement que les Live ne sont pas censés être complètement identiques d’un soir sur l’autre… Si dans leur ensemble les ponctuelles interventions parlées de Calo, nous ne pouvons que regretter qu’elles le soient apprises par cœur, là, on va voir la grande différence de la soirée à laquelle j’assiste avec celle de la veille. Et des différences, il y en a au moins deux. Ce sont non seulement les caméras de TMC qui ne sont plus là et des effets collatéraux que cela occasionne. Du coup, avec l’absence de caméra, la nuance de taille entre les deux concerts qui se suivent et ne se ressembleront définitivement pas peut faire sourire : Le soir de la captation, allez savoir pourquoi, Julien Clerc a fait le plaisir à son ami Calo de venir chanter avec lui une de ses chansons, ‘’La cavalerie’’. Le lendemain, pas de chance, c’est bien le soir où j’avais décidé de venir à l’Olympia, et là comme il n’y a plus de caméras, plus de Julien, non plus. Mais heureusement, un bar toujours ouvert afin de me sustenter pour me remettre des deux tristes absences auxquelles j’étais soumis…. Heureusement, bien que je n’ai pas l’âme d’un être soumis, et que j’avoue n’avoir jamais aimé ni la voix, ni les chansons de Monsieur Clerc… Quelle chance me suis-je dit d’être venu finalement le quatrième soir, et pas le troisième, Merci Uriah Heep. Du coup, je suis parti fêter son absence ainsi que le retrait des caméras…

Après nous avoir expliqué que Julien Clerc faisait partie plus jeune de ses idoles, Calo confie qu’il se sentait bien plus proche d’artistes souvent considérés comme des corbeaux sombres, The Cure ou Depeche Mode. Le jeune français corrige en disant que ces anglais n’étaient pas des artistes sombres dont tout le monde parlait, mais bien au contraire des gens lumineux qui lui ont donné de la lumière dans sa vie d’adolescent… La foule salue ces quelques mots, les fans doivent aimer les mêmes artistes donc… Il ajoute que la musique ne fut pas son seul moyen d’évasion, mais il trouvait un certain réconfort avec d’autres personnages publics. Des artistes dans un autre genre qui lui ont aussi ouvert la voix vers une autre forme de liberté, celle de pouvoir dire ce que les humoristes voulaient sans jamais être bêtement jugés immédiatement : Coluche et Pierre Desproges, bien que Calo n’hésite pas à confier qu’il ne comprenait pas un traître mot de ce qu’ils disaient, resteront à jamais des exemples gravés dans sa mémoire… Pour le petit grenoblois de l’époque, ses anciennes idoles restent toujours des artistes inoubliables qui lui ont montré le chemin Fondamental que ce musicien grenoblois s’est empressé de suivre, sans jamais les oublier, ni les copier ! (NDJ : Ah oui, j’oubliais, la tirade sur Desproges, là encore, les spectateurs de mardi y ont eu droit, pas ceux du lendemain…) Calo démarre alors ses souvenirs en les interprétant de sa douce voix au piano. Ce texte qu’il a écrit déjà bien longtemps et où il explique « Ce qui nous a élevé, nous élève. Toutes ces pierres sur lesquelles on se hisse. Et qui font de nous un édifice. On a tous au fond du mental. Toutes ces choses fondamentales ! » Une idée digne d’un devoir de philo sur laquelle j’aurai adoré disserter. Et, même encore aujourd’hui. Et le bougre, cette représentation d’élévation sur laquelle s’appuie Calo me rappelle cette autre phrase, de Jean-Louis Aubert qui en a même fait un superbe titre « On aime comme on a été aimé ». Encore un autre sujet philosophique sur lequel se pencher… Les chanteurs français savent nous faire réfléchir. De l’orfèvre pour la pensée avec certaines chansons qui décrivent ces conceptions de vie à la portée de tous mais dont peu se saisissent. Je n’oublierai jamais mon regretté père et ma « Pat d’amour », à qui je pense en écoutant certaines lignes de ce morceau : « Toutes ces personnes nées dans le passé. Qui nous poussent et qui nous font pousser ! »… Et, pour que le tableau soit complet, que tous ces gens qui m’ont vraiment aimé et ceux qui continuent de m’aimer, tout comme celle qui m’aime aujourd’hui, qu’ils se rassurent, si je devais encore m’égarer, je vous promets de respecter cet autre passage de ce superbe titre,  »Fondamental », « Si un jour je me désaccorde. Même perdu, déboussolé. Je ferai résonner la corde. La note sur laquelle j’ai poussé ! »… La seule note qui vaille et qui me construit jour après jour : celle de l’AMOUR !

C’est le moment kitsch de la soirée qui débarque. Et oui, il en fallait bien un ! Toujours au piano, Calo propose à tous ceux à qui il reste encore un peu de batterie, d’allumer leur portable afin que les nouveaux briquets de la nouvelle génération jouent le rôles des étoiles pour sa chanson suivante, ‘’Les feux d’artifices’’. Titre de l’album éponyme, ‘’Les feux d’artifices’’, vendus à 800 000 en devenant le premier Disque de Diamant depuis 2004. La salle entière s’exécute. C’est beau… Oui, c’est vrai, mais en même temps qu’est-ce que c’est kitsch… !

Et pourtant, le talent de Calo demeure de transformer ce moment pompeux et sirupeux, aux recettes éculées, en un autre instant magique. La performance se trouve largement aidée par le sublime texte de Paul Ecole et Giacchino (NDJ : ai-je besoin de vous rappeler que c’est le grand frère de Calo). Ces paroles se révèlent d’une beauté imparable. Elles naviguent sur une mélodie assassine. Elles parviennent même jusqu’à me serrer de nouveau mon cœur déjà meurtri pendant la soirée. Je me trouve terriblement atteint par ce moment de profonde émotion. Jamais, je ne pouvais m’attendre à ce que ce final juste piano/voix m’emporte aussi loin. Juste du sublime à l’état pur et à de l’émotion brute qui me dévaste et en même temps me libère. Merci à Pat, ma protectrice d’en haut, comme à celle qui m’accompagne désormais à qui toutes mes pensées sont allées pendant l’écoute de cette magnifique interprétation.

Alors, oui ! Moment kitsch peut-être, mais aux émois sincères. Avec l’aide de ces fameuses étoiles éphémères au dessus de nos têtes qui ornaient cette salle mythique, finalement, je me suis laissé porté en imaginant que mes deux protectrices étaient là, parmi toutes ces lumières… Mon émotion tremble, et en l’écrivant je tremble encore comme si j’étais toujours dans cette salle. Les mots me manquent. Mon cœur explose. Je craque en écoutant ces quelques lignes à l’effet explosif pour moi « Nous sommes comme des feux d’artifice. Vu qu’on est là pour pas longtemps. Faisons en sorte, tant qu’on existe. De briller dans les yeux des gens. De leur offrir de la lumière. Comme un météore en passant. Car, même si tout est éphémère. On s’en souvient pendant longtemps ». Ce texte me foudroie encore rien qu’en l’écrivant. Quel bonheur de me sentir autant protégé.

Merci au Divin et au violoncelle qui, au bout de une heure et vingt-six minutes de spectacle, je le confesse, l’ami Calo a réussi son pari : je m’incline devant son talent. Il achève  »Les feux d’artifices comme pour porter mes pleurs vers leur cœur pur de celles vers qui ces chaudes larmes tombent et les sanctifier de tout l’amour qu’elles me portent depuis. Je n’aurai pas de mot, ni assez de temps, pour vous remercier, vous mes constellations pas si éphémères, de m’avoir tant donné. Je vous aime ».

Après ces deux chansons empreintes d’émotions ingérables pour moi, il revient à ses fondamentaux avec une chanson de son second opus, Calogero, ressorti un après sa commercialisation avec CD Bonus comprenant 5 titres. Lors de ce spectacle, arrive un morceau que je pourrai porter avec toutes mes tripes tant le titre me représente et me constitue depuis si longtemps, ‘’Aussi libre que moi’’. Là, ce n’est pas compliqué, de la première à la dernière ligne de ce texte écrit par Alana Filippi, Calo et Lionel Florence, je me reconnais sans l’ombre d’un doute. Mais l’intérêt de ce cette chanson n’est pas là. C’est à ce moment là que Calo, armé de sa basse et une orchestration plus Electro, décident de jouer avec l’audience. Il a organisé un jeu : Le concours du meilleur public de la semaine parisienne. Le malin… Cinq concerts de Calo et nous en sommes au quatrième. Le premier fut dimanche 20 janvier. La vieille, les fans avaient atteint le coquet chiffre de 106.1 décibels à l’audimètre, le deuxième soir, le lundi, le public avait atteint 105.4. Pour jouer, il faut chanter les notes que l’archet d’Elsa joue sur son violoncelle. Le public survolté fait monter le score en hurlant de plus en plus fort. La communion entre la scène et ce qui se passe dans toute la salle se trouve à son apogée. Notre public, celui du quatrième soir a atteint le généreux score de 106.9. Il est fort à parier que le public du jeudi, le dernier soir, sera l’heureux vainqueur de ce tour de force vocal.

Vient le moment que j’attends avec malice afin de voir comment le surdoué Calo va s’en sortir. Sur un duo de l’excellent troisième opus de Calo, 3, sortie en 2004 finissant Disque de Platine avec plus de 300 000 copies vendues : ‘’Face à la mer’’ qu’il va devoir chanter seul, sans Passi. Encore une défection. A Bercy, le Rapper chantait aux côtés de Calogero. La bonne surprise de cette interprétation s’avère que Calo s’en sort plutôt bien lorsqu’il s’agit de rapper. Cet italo-français rappe comme s’il était né pour ça sur une chanson qui prend des allures plus Rock qu’à l’habitude. Ce multi instrumentiste s’avère décidément bon partout. Quoi qu’il aborde, il le réussit. Cela finit par en être frustrant pour les autres artistes de sa génération. Et comment, à la fin de ce titre, ne pas de nouveau penser à mon petit frère lorsqu’il finit sa chanson et lance à la salle totalement conquise en prenant à parti tous les spectateurs, lui, ses musiciens, ses fans, vous et même moi, lorsqu’il parle de la mort, « Quelque soit notre âge, on est beaucoup trop jeune pour mourir ». C’est après avoir fini par surmonter son départ que j’ai décidé de vouloir vivre pour deux. Je le lui dois. Une résolution prise le printemps dernier que je m’efforce de ne plus jamais oublier, ne serait-ce que pour ceux qui n’ont pas la chance de continuer à vivre comme nous, vous et moi…

L’heure d’une nouvelle chanson tirée de ‘’Les Feux d’artifices’’, septième album du chanteur. L’instant où l’artiste lâche le plus de confidences : ‘’Fidèle’’, c’est le moment que le bassiste Calo a choisi pour présenter ses musiciens, tous multi-instrumentistes, comme lui, et surtout extraordinairement bons. Après avoir chanté sa fidélité à tous, son quartier, ses choix, ses idées, à sa moitié, ses tourments, ses parents, à ses amis, à Paris, à ses promesses, à sa jeunesse (toujours, ajoute-t-il), à sa folie (et à sa connerie aussi, dit-il), aux souvenirs, aux parfum de sa terre, à ses principes, à son sale caractère, à son équipe, à son sixième sens, à son enfance, … Il achèvera ce titre par clamer son envie de partages et son besoin de dévouement à sa musique et hurle enfin être fidèle à l’Olympia et à son public. Après avoir évoqué toutes ces nobles fidélités, il glisse sa confession la plus impudique : son infidélité au lit. De quoi faire rêver un bon nombre de ses fans féminines…

Encore un nouvel hommage, cette fois, il le rend à Sœur Emmanuelle à qui il a écrit cette superbe chanson, ‘’Yalla’’, qui signifie « En avant », en arabe. Calo exhorte le public à chanter le plus fort possible afin de remercier Sœur Emmanuelle de tout ce qu’elle a fait ici bas. Ce sera la dernière chanson avant le rappel. Il n’y en aura pas pour tout le monde puisque Calo n’a prévu que d’en faire une seule. Premier Single, sorti en mars 2004, tiré de l’album 3, sorti en juillet 2004 et qui fut récompensé d’un Disque de Diamant avec 1 400 000 galettes vendues. Galette d’artiste la plus vendue en France en 2004. Le public acclame l’idole. La salle se trouve debout. Si à l’orchestre, les sièges avaient disparu, au Balcon, tout le monde a passé la soirée debout à danser, à chanter, à frapper dans les mains, bref à communier avec l’hôte de la soirée. Un régal.

Alors qu’au début du spectacle, Calo arrive seul sur scène, pour son rappel, l’artiste est le dernier a arriver. La boucle est bouclée. Ce premier titre qui vient, ‘’Voler de nuit’’, et tiré du dernier disque, ‘’Liberté chérie’’, correspond au superbe roman de Saint-Exupéry paru aux Éditions Gallimard en décembre 1931. Il constitue toujours pour l’heure une belle planche de travail sur laquelle philosopher, surtout en cette période si morose pour tant de personnes perdues et seules à travers le monde. Souvenons-nous de ‘’Rivière’’, le personnage principal de ce roman. Il pense fermement alors que la vérité de l’amour et la vérité du devoir sont contradictoires, et elles demeurent pourtant aussi valables l’une que l’autre. Là encore, penser que les spectateurs de l’Olympia peuvent être emmener à méditer au travers de quelques lignes magiques de chansons populaires, quel pied ! Et cette chanson en regorge, de pensées philosophiques. Quelques sublimes passages méritent réflexions pour certains. Peu importe où ils se cachent, ils ne se cachent finalement que d’eux-mêmes. Alors, peut-être qu’un jour, ces êtres perdus comprendront ce que Calo à voulu dire à propos de Saint Exupéry. Ce célèbre écrivain, reporter et poète français que tant de benêts citent sans vraiment le comprendre finalement. Alors, avec ce joli clin d’œil de Calogero à cet écrivain, et ex-résistant français de la seconde guerre mondiale, j’aime l’idée de citer de nouveau notre Calo philosophe. Néanmoins, saluons cette fois l’auteur de ce formidable texte, Paul Ecole, « Voler de nuit comme Saint- Exupéry. Voir le monde d’en haut, sans le prendre de haut. Voler de nuit, voir ce qui nous unit. Sonner l’écho que nous sommes, nous les Hommes, tous égaux ! » Comme celle-ci un peu plus loin dans la chanson « Un enfant qui dit s’il vous plaît, Monsieur, dessine-moi la paix », où ce Gimmick que le public et Calo, toujours armé de sa basse, entonnent à tue-tête « Dessine-moi la paix ! » Que c’est bon de suivre cette quête pacifique qui nous apporte ce sentiment si bon de sérénité totale ! Cette paix, cet amour de la paix, cette dévotion que nous nous devons d’entretenir pour la conserver, cette fameuse paix qui se trouve en nous…

Alors, pour ceux qui ne l’avaient pas remarqué Calogero affirme dans cet avant dernier titre, qu’il vit pour sa passion avec ‘’Je joue musique’’, le premier Single sorti le 28 avril 2017 de l’excellent dernier œuvre de Calo ‘’Liberté chérie’’. Il se permet même plusieurs clin d’œil à des petits clichés de l’univers musical. Il porte un chapeau presque identique à celui de Slash, et sur le pont, Calo se lance dans un petit solo de basse qui fait étrangement penser à la même ligne de basse que ‘’Miss You’’ des Rolling Stones.

Si après ça, certains prétendent que Calogero n’assume pas sa vie, ses choix et ses influences… C’est au tour d’un titre définitivement Rock sur lequel Calo demande de souligner sa présence à l’aide de leurs mains énergiques qui frappent ce Up Tempo rageur. Le public chante en chœur avec lui les paroles évocatrices de cet hymne à la musique. « Je respire musique. Je réfléchis musique. Je pleure en musique. Et quand je panique, je joue de la basse électrique. Je joue de la musique. Je sens la musique… Je fais l’amour en musique. Je t’aime en musique. Viens faire de la musique. Respirer la musique. C’est toi et moi la musique. C’est nous la musique. Et si tu me quittes, je casse ma guitare électrique. » ! Quel bel hommage que le duo aussi prolifique qu’est Marie Bastide et Calo rendent là finalement à l’une de nos passions communes…

Survolté pendant tout le concert, Calo pousse l’exaltation allant même jusqu’à se tourner face à ses musiciens et à bouger sensuellement son popotin comme Mick Jagger. La surprise pour le public du mercredi sera de taille lorsqu’il s’apercevra que Calo vient de filer sa basse à une jeune fille du premier rang et pendant qu’il va saluer tous les fans accoudés aux barrières, son instrument va passer de main en main pour atterrir… Au fond de la salle. Du coup, deux grandes questions : « Fait-il cela tous les soirs et que devient la basse une fois qu’elle a quitté la main de son propriétaire ? »

Le budget instrument se rapproche de celui des Who avec Pete Townshend ou Jimi Hendrix qui cassaient une guitare par concert… A la fin du morceau, l’artiste français plaisante par les gestes avec son public en lui demandant si celui-ci désire une dernière chanson à la basse ou au piano ? La basse ayant disparue, ce sera donc une interprétation piano/voix du splendide titre ‘’Le portrait’’, tiré de l’album ‘’Les Feux d’artifices’’ qui fut le quatrième Single de l’album en octobre 2015. Les fans chantent pendant que Calo les accompagne de ses jolies notes de piano. Quelle jolie fin pour un spectacle bourré de tant de clin d’œil, de riffs de guitares, de mélodies magiques, de textes splendides, de larmes, de sourires, d’union, d’amour, et de partages… Voilà, c’est fini comme le chantait Jean-Louis Aubert. Ma montre désigne 23 heures 08. Il est temps de partir et pour Calo de remercier son public, celui qu’il n’a jamais déçu. Putain, quelle bête de scène ce Calo.

Si les spectacles du début d’une tournée n’ont rien à voir avec ceux de la fin, c’est juste que certains artistes aiment apporter de légères modifications entre la première et la seconde partie d’une même série de concerts. Alors, « Voilà ce que dans les coulisses on a pu entendre après ce magnifique concert de Calo, il a voulu changer la Setlist… » Du coup, certains titres qu’il a pris plaisir à chanter à Bercy ont disparu pour son passage à l’Olympia : ‘’Suis-je assez clair’’, ‘’Premier pas sous la lune’’, ‘’Pas de BoogieWoggie’’. Et comme dit souvent le dicton, « La nature ayant horreur du vide », Calo les a remplacé par ceux qu’il n’a pas chanté à Bercy : ‘’J’ai le droit aussi’’, ‘’Pomme C’’, ‘’La cavalerie’’.

J’ose à peine imaginer comment furent les trois concerts que Calo a donné en toute intimité lors du rodage au début de la tournée à l’Espace Européen, place de Clichy. C’est là-bas qu’a commencé ‘’Liberté Chérie Tour’’ et c’est uniquement dans cette salle qu’il a chanté ma chanson fétiche, ‘’Et si je pouvais lui manquer » !!!

Alors, si après tout ceci, vous avez l’impression d’être vraiment passé à côté d’un grand moment, jetez-vous sur TMC, qui sait, le Replay fonctionne toujours, sinon, lors de la prochaine tournée, n’hésitez pas, accourez dans la salle de spectacle la plus proche de chez vous pour aller saluer Calo de ma part. Franchement, il le mérite et vous passerez indéniablement un excellent moment.
Live Report & images : Carlos Sancho.