Uriah Heep à La Cigale 2019

Retour aux sources du Classic Rock avec Uriah Heep qui revient enfin dans la capitale. En pénétrant dans La Cigale, plein de souvenirs me reviennent… D’abord ce premier concert que j’ai vu de la bande à Mick Box à Oxford en novembre 1980 soit il y a près de 40 ans pour le Think It Over Tour ! Déjà à l’époque, Mick était le seul rescapé de la formation originelle et il avait embauché Trevor Bolder et Chris Slade à la section rythmique en remplacement de Gary Thain et Lee Kerslake, excusez du peu !

Pour l’anecdote les premières parties de ce concert étaient assurées par Samson avec Bruce Bruce, futur hurleur de Maiden bien connu sous le nom de Dickinson, et Spider, un groupe culte au style très proche de Status Quo. Mais revenons à Uriah Heep, bien que fan de la première heure, ce concert de 1980 ne m’avait guère convaincu et quelques mois plus tard Mick Box se retrouvait de nouveau tout seul à la barre !

Je les ai revus à Paris, 5 ans plus tard, à l’Eldorado pour la tournée « Equator » avec un son très FM, Peter Goalby au chant et John Sinclair aux claviers qui rejoindra Ozzy juste après ! On sentait bien à l’époque que Mick Box marchait sur les traces de Foreigner, il suffit de réécouter « Rockarama » ou « Poor Little Rich Girl » pour s’en convaincre… Encore une fois, pas la meilleure période de UH qui se fera virer de sa maison de disques CBS pour cause de ventes catastrophiques de l’album !

Mon 3ème RDV Live avec les Britanniques fut nettement plus convaincant pour un co-Billing avec Nazareth à Berlin en 1992 sur la tournée Carnival In Rock. Mick avait retrouvé Trevor et Lee et s’était adjoint les services de l’excellent Phil Lanzon aux claviers et du talentueux Bernie Shaw (ex-Grand Prix) au chant et ces deux nouvelles recrues sont toujours là aujourd’hui, le groupe ayant enfin trouvé une certaine stabilité et une créativité salvatrice ! Même Line-Up au Arrow Festival hollandais en juin 2006, à l’affiche avec Blackfoot, Ted Nugent, Whitesnake, George Thorogood, Journey, Status Quo et Deep Purple et toujours un grand plaisir de les revoir en si grande forme devant une foule admirative !

En 2009, c’est à l’Olympia que le Heep posait ses valises pour un co-Billing avec Blue Öyster Cult qui restera un superbe souvenir pour le public présent. Lee Kerslake a rendu son tablier pour raisons de santé et c’est Russell Gilbrook qui a repris les baguettes et ce jusqu’à aujourd’hui. Je les reverrai en juin 2012 au Hellfest pour un Set bien trop court et surtout une des dernières occasions de voir Trevor avec eux puisque celui-ci décédera moins d’un an plus tard… C’est donc Davey Rimmer qui reprendra la basse en 2013 et qui deviendra le « petit nouveau » de la bande ! Davey sera d’ailleurs très content de jouer à La Cigale car il vit avec une Française et la famille est là pour l’applaudir…

Cette longue digression historique étant maintenant refermée, quid de Uriah Heep en 2019 ! Le groupe vient de sortir chez Frontiers l’album qu’on n’attendait plus « Living The Dream » même si les 2 précédents « Into The Wild » (2011) et « Outsider » (2014) étaient déjà très réussis. Ce nouvel album est totalement addictif car rempli de tout ce qu’on aime chez Heep : la voix cajoleuse de Bernie, les riffs acérés de Mick, les claviers à la Jon Lord de Phil et la basse et la batterie qui viennent compléter l’écrin… Près de 50 ans après « …Very ‘Eavy…Very ‘Umble », Mick Box et sa bande sont encore tout à fait capables de sortir un véritable chef-d’œuvre comme « Living The Dream » et ce n’est pas si fréquent chez les groupes de cette époque encore en activité !

Ils vont d’ailleurs nous en interpréter 6 extraits, chose assez rare quand on a une carrière discographique aussi riche qu’UH ! Cette entrée sur « Grazed By Heaven » avec ses chœurs d’une beauté incroyable sera l’annonce d’un concert qui fera date. A 71 ans, Mick Box est dans une forme éblouissante et son jeu de guitare est toujours aussi bluffant ! Choix étrange que ce « Return To Fantasy » pour enchaîner même si l’album correspondant de 1975 avait fait un bon score dans les Charts anglais de l’époque.

Retour aux choses sérieuses avec le très Purple-ien « Living The Dream », une pure merveille mélodique qui aurait été un hit en radio à une autre époque… Bernie Shaw est en grande forme vocale et il ne ménage pas ses efforts pour faire participer les seniors venus en nombre à la messe Heepienne !

Petit détour inattendu, là encore, par la période Goalby/Sinclair/Daisley et l’album « Abominog » de 1982 avec le titre « Too Scared To Run » mené tambour battant par la batterie déchaînée de Russell. Et hop retour en 2018 avec les très bons « Take Away My Soul » et « Knocking At My Door », du Hard Rock pur jus comme sait si bien le faire UH. Et maintenant Mesdames et Messieurs, le classique des classiques « Rainbow Demon » de 1972 issu de l’album « Demons And Wizards » que j’ai usé jusqu’à la corde sur ma platine vinyle à l’époque… Le solo de Mick sonne toujours aussi bien en 2019 et on croirait entendre David Byron et Ken Hensley tant les chœurs sont superbes… Petite ballade du nouvel album pour faire retomber la pression avec « Waters Flowin’ », un petit bijou mélodique chanté avec beaucoup de Feeling par Bernie.

On reste en 2018 avec le de nouveau très Purple-ien « Rocks In The Road » pour lequel l’orgue de Phil fait merveille en duo avec la guitare de Mick. Et cette montée finale incroyable avec la basse ronflante de Davey et un déluge de riffs et de claviers majestueux, peut-être le moment le plus progressif et le plus abouti musicalement de la soirée !

Un bond de près d’un demi-siècle en arrière avec « Gypsy » que tout le monde attendait et la boucle est bouclée… On continue dans les classiques avec le percutant « Look At Yourself » qui n’a pas pris une ride et reste un des favoris du Heep sur scène. On reste en 1971 avec le superbe « July Morning » que les fans écoutent religieusement avant de reprendre en chœur les « la la la la» du refrain… Je suis nettement moins fan du « Lady In Black » de la même époque qui plait beaucoup aux fans allemands d’UH mais que j’ai toujours trouvé profondément plat et ennuyeux.

Le groupe s’éclipse ensuite brièvement avant de revenir pour un « Sunrise » de l’album culte « The Magician’s Birthday », toujours un moment très intense, avant le « Easy Living » de rigueur… C’est loin d’être ma préférée du Heep mais bon c’est bien évidemment leur plus grand tube et ils se doivent de la jouer comme « Paranoid » pour Sabbath ou « Smoke… » pour Purple !

Ce retour de Uriah Heep à Paris a, au final, rempli toutes ses promesses et même si on aurait pu espérer un « Stealin’ » ou un « The Wizard », le groupe a délivré à La Cigale une prestation de haut rang que le public présent n’est pas près d’oublier si je me fie aux éloges entendus en sortant de la salle. J’espère qu’ils ne mettront pas 10 ans pour revenir à Paris…
Live Report d’Olivier Carle, images : Carlos Sancho

Merci à Him Media