Scorpions à Paris Accor Arena, le 17 mai 2022.
Texte : Olivier Carle, images : Stéphane Guilley


Drôle d’impression pour moi de retourner au P.O.P.B., rebaptisé depuis peu Accor Arena, pour assister au concert de Scorpions. Il faut dire que j’ai beaucoup fréquenté cette salle depuis les années 80 mais mon dernier concert là-bas fut Aerosmith en 2010, 12 ans déjà… J’y ai vu près d’une centaine de concerts depuis Deep Purple et Mountain en 1985 ! Et oui, je n’étais pas au concert d’inauguration de février 1984 avec Scorpions et Mama’s Boys pour cause de budget insuffisant après les concerts de Venom/Metallica et Judas Priest/Ted Nugent à Balard ce mois-là qui avaient ponctionné mon pouvoir d’achat… Mais je me suis bien rattrapé par la suite puisque j’ai vu les Allemands à Bercy en 1988 pour la tournée « Savage Amusement », en 1990 pour « Crazy World », en 1996 pour « Pure Instinct » (avec Gotthard pour ceux qui suivent mes Live Reports !). Et puis il y a eu la Deutschlandhalle de Berlin en 1991 après une rencontre mémorable avec Rudolph et Klaus au Hard Rock Café de la capitale allemande à l’occasion de son inauguration en grande pompe. Le concert intimiste de 1999 à la Maison de la Radio restera à jamais gravé dans ma mémoire ! Quelques mois plus tard ce sera le Zénith pour la tournée « Eye To Eye »… Puis les festivals dans les années 2000 comme le superbe Arrow en Hollande en 2007 ou encore les Hellfest de 2011 et 2015 où Scorpions fit forte impression… Ce Bercy 2022 sera donc mon 10ème rendez-vous avec Klaus, Rudolph, Matthias et les « petits nouveaux » Pawel (depuis 2004) et surtout Mikkey que j’ai beaucoup vu avec Motörhead mais pas encore avec le groupe d’Hannovre !

Quand on sait que des groupes comme Blackfoot, Whitesnake, Maiden, Ratt, Bon Jovi, Winger, Cinderella, Europe ou encore récemment Skid Row à Vegas, ont ouvert pour les Allemands, on a du mal à comprendre le choix d’un truc aussi variét’ et mièvre que JJ Wilde pour cette soirée mais bon passons…

Notre quintet monte sur scène vers 21h20 dans un Bercy bien rempli qui l’attend de pied ferme. Dès le premier morceau extrait du nouvel album, « Gas In The Tank », on sent que le Show va être à la hauteur visuellement parlant avec des écrans en fond de scène et de chaque côté. On y verra un scorpion géant fort réaliste et impressionnant, de jolies filles dans des poses suggestives, un bandit manchot pendant le solo de Mikkey et bien d’autres effets spéciaux ! Petit Flashback avec « Make It Real » du légendaire « Animal Magnetism », le groupe paraît en grande forme notamment Rudolph qui continue à faire des moulinets « à la Pete Townshend »sur sa Flying V et à courir régulièrement vers l’avant-scène…

Klaus aura plus de mal à faire des exploits sportifs et se contentera de la marche tranquille ! J’ai été surpris de voir qu’il avait un prompteur qu’il consultait régulièrement mais il faut croire qu’à 74 ans (la semaine prochaine) la mémoire commence à faire défaut… En tout cas question voix, à part quelques rares anicroches, rien à redire sur la prestation vocale de Herr Meine à Bercy. On enchaîne sur les incontournables « The Zoo » et l’instrumental « Coast To Coast » qui restent des grands moments scéniques et ce depuis plus de 40 ans.

Matthias, dont la blessure a retardé le début de la tournée du groupe, faisant de Paris la 1ère date, est relativement discret, en tout cas beaucoup plus que d’habitude me semble-t-il, et se concentre sur ses soli imparables ! Retour à l’actualité discographique des Scorps avec l’excellent « Seventh Sun » enchaîné au beaucoup plus convenu « Peacemaker » qu’on aurait bien volontiers échangé avec un « Dynamite » de la grande époque.

Heureusement on revient aux choses sérieuses avec le brûlot « Bad Boys Running Wild » qui remet les pendules à l’heure mais pas pour longtemps. Pour faire plaisir au public français, Klaus décide de chanter pour la première fois un nouveau morceau « The Language Of My Heart », sorti en Single le jour même, qui énumère tous les poncifs de l’hexagone, de Notre-Dame à la Tour Eiffel en passant par la Marseillaise et Johnny Hallyday, j’en passe et des meilleurs… Franchement, dans le genre, un bon vieux « Holiday » aurait mille fois mieux fait l’affaire ! Le quart-d’heure des Slows langoureux continue avec un « Send Me An Angel » destiné sans aucun doute à la cible des ménagères de « plus de 50 ans »… On continue avec un autre Slow-qui-tue bien connu des fans de Scorpions, « Wind Of Change », avec quelques changements de lyrics pour coller à l’actualité belliqueuse.

La température remonte un peu avec le titre éponyme du nouvel album « Rock Believer » mais là encore j’aurais à titre personnel préféré un « No One Like You » ou un « Another Piece Of Meat » moins consensuels même si je sais bien d’expérience qu’il faut défendre sur scène les derniers Singles pour faire bouillir la marmite.

On repart du bon pied avec le parfait « Tease Me Please Me » de « Crazy World » qui remet enfin le groupe sur les rails. Et pan retour à la case départ avec le dispensable solo de batterie. J’aime beaucoup Mikkey Dee et je connais son talent mais honnêtement quel est encore l’intérêt de ce genre de démonstration de près de 10 minutes sur un Show d’à peine une heure et demie. D’ailleurs le concert touche bientôt à sa fin puisque résonnent dans l’arène les incontournables et énergiques « Blackout » et « Big City Nights ».

Les Allemands reviendront pour le rappel habituel à savoir « Still Loving You » et « Rock You Like A Hurricane » repris en chœur et toujours très appréciés du public.

On aurait pu s’attendre à un Show d’au moins 2 heures pour ces retrouvailles post-covid avec La France que la bande à Klaus aime tant depuis ses débuts. On aurait aimé beaucoup plus d’audace dans la Setlist, plus d’énergie que de sucreries, des incartades dans la période Uli Jon Roth et pourquoi pas 1 ou 2 reprises genre « I Can’t Explain » des Who ou un bon vieux Motörhead pour faire honneur à Mikkey et surtout à leur pote Lemmy !

Cette tournée d’adieu qui n’en finit plus de finir depuis 10 ans, même si le groupe a changé d’avis sur ce sujet depuis, aurait dû être l’occasion de sortir des sentiers battus mais il n’en est rien et c’est un peu dommage ! Peut-être pour les 60 ans de ces pionniers du Hard, on peut toujours rêver…