Porcupine Tree, Paris au Zénith, le 2 novembre 2022.
Live Report : Olivier Carle,
images Live : Benjamin Delacoux (GDP)
images Steven Wilson (2009) : Alex Mitram



J’avoue être passé à côté de Porcupine Tree depuis une trentaine d’années. Pourtant je les avais vus en 2001 au Bataclan en 1ère partie de Marillion sur la tournée Anoraknophobia mais je n’en garde aucun souvenir… Il faut dire qu’à l’époque le virage « Metal » n’avait pas encore été pris par Steven Wilson et PT sonnait très Pop-Rock.


Par la suite j’ai écouté d’une oreille distraite les « In Absentia », « Deadwing » et « Fear Of A Blank Planet » sans être franchement conquis. Ce n’est qu’en 2018 que j’ai enfin pris conscience du talent phénoménal de Wilson d’une part lors de son passage au Hellfest car ce fut la meilleure prestation du festival cette année-là à mon sens et d’autre part avec la sortie du Live « Home Invasion » enregistré au Royal Albert Hall.


Une vraie révélation, tardive certes mais intense ! Du coup je me suis dit qu’il était temps de « redonner sa chance au produit » et d’aller voir cette reformation de Porcupine. Bien m’en a pris puisqu’on va le voir ce sera mon concert de l’année à égalité avec Last Train à Guitare En Scène cet été…

Après une longue introduction instrumentale, le groupe investit la scène à 20h15 dans la pénombre et on distingue les silhouettes de Richard, Gavin, Steven et des 2 nouveaux musiciens.


Le quintet attaque avec un morceau plutôt métallique « Blackest Eyes » issu de « In Absentia » (2002). Le son est parfait, les Lights sont irréprochables et on va avoir droit à un Show d’une modernité époustouflante… Steven nous annonce que le concert va durer 3 heures (!) avec un entracte d’une vingtaine de minutes. Il ajoute qu’ils joueront l’intégralité du nouvel album « Closure/Continuation » dont ils sont particulièrement fiers et on les comprend… Ce sont d’ailleurs les 3 premiers morceaux de ce nouvel opus qui déboulent maintenant, « Harridan », la très belle ballade « Of The New Day » et le Crimsonnien « Rats Return ». Sur ce dernier, les guitares sont acérées et Gavin frappe ses fûts comme un damné. Ca attaque décidément très fort.


La tension retombe un peu avec le majestueux « Even Less » de « Stupid Dreams » (1999) suivi de « Drown With Me » pour lesquels la voix de Steven fait merveille comme toujours. Retour au nouvel album pour le très mélancolique « Dignity » qui rappelle les grandes heures de Marillion ou de Genesis avant un « The Sound Of Muzak » tout en finesse… Petit détour en 2000 avec l’album « Lightbulb Sun » pour un très mélodique « Last Chance To Evacuate Planet Earth Before It Is Recycled ». Avant l’entracte, Porcupine Tree nous délivre un nouvel extrait de « Closure/Continuation », la ballade « Chimera’s Wreck » qui monte en puissance progressivement et que ne renierait pas Robert Fripp.

Comme promis, le quintet revient au bout des 20 minutes d’entracte et met la barre d’emblée très haut avec un « Fear Of A Blank Planet » d’anthologie mené tambour battant par la batterie de Gavin et le chant hypnotique de Steven. On ne s’arrête pas en si bon chemin et c’est le Floydien « Buying New Soul » qui prend la suite pour un moment de grâce musicale. Le tout récent « Walk The Plank » me fait irrésistiblement penser à un artiste que j’aime beaucoup, Rupert Hine, pour son côté avant-gardiste, sophistiqué et en même temps très accessible. Tout comme ce magnifique « Sentimental » issu de FOABP avec sa mélodie simple et très efficace qui aurait mérité d’être un succès en radio si les programmateurs faisaient leur boulot correctement. Mon moment préféré restera ce lancinant « Herd Culling » avec ces « Liar » proférés par un Steven Wilson en transe sur fond de guitares saturées.


Quelqu’un dans la foule rappellera alors que Steven fête ses 55 ans le lendemain du Zénith et le public en profitera pour se lancer dans un « Happy Birthday » polyglotte pour le plus grand bonheur du chanteur. Il faut dire que pas mal de fans sont venus de différents pays européens et notamment d’Espagne. Décidément bien représenté ce soir, c’est encore un extrait de FOABP qui nous est proposé avec « Anesthetize », un des morceaux les plus longs de la carrière du groupe, 18 minutes, mais surtout l’un de ses plus « Metal Prog’ » avec son passage très Heavy qui ravit les amateurs du genre. On termine le Set en apothéose avec le Toolien « Sleep Together », les boucles de claviers lancinantes de Richard, la voix saturée de Steven, les guitares déchaînées et la basse et la batterie qui tournent comme un train lancé à pleine vitesse. Fabuleux moment !

Les Anglais reviendront pour un unique rappel de 3 titres. Steven nous annoncera à cette occasion avec beaucoup d’humour que le groupe avait pensé nous proposer un Medley de titres Classic Rock genre « « (Don ‘t Fear) The Reaper »/ »Smoke On The Water »/ »Paranoïd »/ « Sweet Home Alabama »… Mais que cela n’avait au final aucun intérêt. Il nous expliquera ensuite que PT n’a pas à proprement parler de « tube » et que de ce fait il n’est pas obligé de terminer chaque prestation avec ces incontournables, ce qui finalement est plutôt une chance pour eux car ils font ce qu’ils veulent. « No request » rajoutera-t-il face aux propositions diverses et variées qui fusent depuis la fosse ! Le choix du quintet se portera d’abord sur un très mélancolique « Collapse The Light Into Earth » avec seulement Steven et Richard, encore un très grand moment.

Puis ce sera le Crimsonnien « Halo » du cultissime album « Deadwing » de 2005 et on se plaît à rêver qu’Adrian Belew vienne les rejoindre sur scène. Ce concert magnifique se terminera pour de bon avec un « Trains » issu de « In Absentia », très belle ballade qui résonnera encore joliment dans nos oreilles lorsque le groupe aura quitté la scène.

Je ne m’attendais pas à être aussi conquis par la qualité musicale et visuelle de Porcupine Tree. Cela prouve que Steven Wilson est un des génies de ce XXIème siècle et que ce soit en solo ou avec ses différents projets et on n’a pas fini d’en entendre parler vous pouvez me croire…

Merci à Adeline et Mathieu