On connaît tous Elmer Food Beat ???!!!

Qui n’a pas été ébaubi par ce parcours hors norme qui vit leur premier album, le malicieusement nommé « 30 cm » affoler les compteurs, collectionner les certifications or et platine pour atteindre le score stratosphérique de 650 000 albums vendus en remportant, cerise sur le déjà fort copieux gâteau, La Victoire de la Musique du groupe de l’année en 1991 ; coiffant sur le poteau rien moins que La Mano Negra ou Niagara (excusez du peu !).

Dans une France morose, plombée par les années SIDA, un taux de chômage record et le spectre de la guerre en Irak, qu’il était bon d’entonner à tue-tête « Daniela » (la, la, la, la, la, la, laaa), « le plastique c’est fantastique » ou « la caissière de chez Leclerc ».

Puis après une tournée américaine et un concert au mythique CBGB de New York, les Augustes tirent leur révérence en 1993, emportant avec eux un peu de notre légèreté potache d’adolescent pubère.

C’est sûr le Monde s’annonçait moins drôle…

En 2006, c’est leur retour improbable et l’occasion de vérifier que Manou, le chanteur, reste le meilleur joueur d’épuisette de ce pays, que les salles sont toujours pleines et que les spectateurs affichent le même sourire partout.

Pourtant derrière ce parcours impeccable reste une blessure secrète, pas grand-chose en soi, à peine une égratignure : Elmer Food Beat ne serait que des amuseurs un peu paillards et légers, le tout dit avec la condescendance de celui qui se pâme devant la perspective d’un marathon « anthologie du cinéma d’auteur islandais de 1960 à 1967 » à la Cinémathèque de Saumur.

Pourtant, qu’il est difficile de faire rire sérieusement !

Et qu’il est encore plus difficile de faire rire tout en sensibilisant sur les problèmes de société.

Car enfin, qui crée l’association Les Rockeurs ont du cœur ? Idée géniale, qui voit échanger des places de concerts par des jouets, offerts ensuite aux enfants défavorisés.

Qui modifie son iconique « Plastique c’est fantastique » (déjà utilisé à l’époque par le Ministère de la Santé pour promouvoir le port du préservatif) en « Plastique c’est dramatique » pour soutenir l’association « Sea Cleaners » et le projet Manta pour dépolluer les océans ?

On pourrait encore citer le consentement dans « Quand la dame » (dit non, c’est non) et le nom du nouvel album, objet de ce panégyrique mérité : « le Bruit des Potes ».

Car là encore, l’époque ne porte pas vraiment à la franche poilade et si  »les marchands de canons se frottent les mains », ils sont bien les seuls… Alors au « bruit des bottes » cher à Max Frisch ou Jean Ferrat, il n’est pas inutile de rappeler cet antidote à la sinistrose : « le bruit des potes » avec qui partager les rires et le pain.

Et quitte à embarquer, nous préférons sincèrement, au « radeau de la Méduse » vers lequel nous poussent nos élites bienveillantes (tout en s’aménageant, elles, des canots de sauvetage cinq étoiles ; l’histoire est tragiquement édifiante) celui d’Elmer ; ce « radeau de la méduse (la tatane) » où l’on refait un Monde meilleur dans le respect des autres.


Tracklist :

01-Le bruit des potes
02-Rechauffement Climatique
03-No Future
04-Mon Paradis
05-En vérité
06-Tombeur Né
07-L’un sans C
08-J’reve la nuit
09-Maryline
10-Bling Bling
11-La fille d’à coté
12-Tri Selectif
13-L’amour Dure
14-Sala

Elmer Food Beat en tournée : toutes les dates sur www.elmerfoodbeat.com


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