Tangerine Dream + Malibu
La Gaîté Lyrique Paris, le 20 mai 2023.
Live Report & images par : Olivier Carle


Ce soir je vais revoir un groupe qui a énormément compté dans mon adolescence et que je suis de près depuis lors : Tangerine Dream… Bien sûr j’étais fan de Hard Rock au début des années 70 mais la musique électronique de l’époque a aussi fait partie intégrante de ma culture musicale. J’ai découvert à la Médiathèque de Bourg-la-Reine les merveilles que sont « Phaedra », « Ricochet » ou « Stratosfear » de TD mais aussi les œuvres de Klaus Schulze, Ash Ra Tempel ou encore Peter Baumann, Manuel Göttsching et Tomita sans oublier Vangelis ! Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si je me suis précipité au New Theatre d’Oxford en 1980 pour voir enfin le groupe d’Edgar Froese en vrai pour la tournée « Tangram » et fêter les 10 ans de la formation germanique. Je ne les ai revus que 34 ans plus tard au Trianon de Paris juste avant le décès d’Edgar. Thorsten Quaeschning et Hoshiko Yamane étaient arrivés entre temps et ont perpétré l’héritage de TD depuis 2015 selon la volonté d’Edgar et avec la bénédiction de sa veuve Bianca. J’ai eu la chance de voir cette formation en 2018 à l’Union Chapel de Londres avec aussi Ulrich Schnauss aux claviers. Ce soir à La Gaîté Lyrique c’est l’excellent Paul Frick qui complète le duo Thorsten/Hoshiko aux claviers/synthétiseurs car Ulrich est parti en 2020.


La soirée commence avec la jeune artiste Malibu qui œuvre dans un registre très ambient. Elle va délivrer son Set dans une obscurité quasi totale avec juste l’apport de 2 stroboscopes dont l’intensité variera en fonction de l’évolution des morceaux. Elle est seule derrière son ordinateur et utilise des sons éthérés tout en posant ses harmonies vocales à l’instar d’une Enya par exemple. C’est prodigieusement relaxant et d’une grande beauté à tel point que toute la salle est sous le charme de cette artiste hors norme. On pourrait juste regretter l’utilisation non-stop des stroboscopes qui devient quelque peu fatigante à la longue…


TD entre en scène peu de temps après la fin du Set de Malibu sur fond de musiques aquatiques et de mouettes rieuses. Thorsten, qui s’est blessé récemment, arrive sur scène avec des béquilles mais cela n’affectera en rien sa présence scénique pour les 2 heures et demie de Show qui vont suivre… Hoshiko s’empare immédiatement de son magnifique violon et elle alternera tout au long de la soirée entre lui et ses claviers. Paul s’occupera donc des machines et des synthés tout comme Thorsten qui joue le rôle de chef d’orchestre du trio.


Cette tournée de TD intitulée « From Virgin To Quantum Years » a pour but de célébrer la carrière du groupe depuis les années Virgin, soit l’âge d’or de la formation entre 1974 et 1984 et les albums que je citais en préambule, jusqu’à l’époque actuelle et notamment au dernier album studio en date « Raum ». On commence en force avec le très apprécié « Stratosfear » de 1976. Les fans savent déjà que ce concert va être de haute tenue. Les projections de fond de scène sont magnifiques et illustrent à merveille les différents morceaux. On fait ensuite un bond de 10 ans en avant avec le très accrocheur « Dolphin Dance » des « Blue Years » qui ont suivi les années Virgin avec la signature chez Jive. Retour en 1977 avec la B.O. de « Sorcerer ». La musique des Allemands s’est toujours fort bien prêtée à l’univers cinématographique ou des jeux vidéo et ce morceau « Betrayal » en est la parfaite illustration. Ambiance plus dansante avec le récent « It’s Time To Leave When Everyone Is Dancing » issu du très bon album de 2017 « Quantum Gate ». Le public commence à bouger et on comprend mieux pourquoi ce concert n’est pas en configuration assise comme ce fut souvent le cas avec TD. Retour à une autre bande originale de film, « Risky Business » cette fois, avec le bien connu « Love On A Real Train » de 1983 qui marquait la fin des « Virgin Years ». Le dernier album studio « Raum » est maintenant à l’honneur avec « You’re Always On Time » et son clip un peu rétro projeté en arrière-plan et montrant nos 3 compères enregistrant différents bruits dans la nature tels des chasseurs de sons. Puis me revoilà plongé dans mon concert de 1980 à Oxford avec « Tangram » qui me rappelle tant de souvenirs, un véritable classique des années Virgin. Et on repart dans le futur avec le très mélodieux voire tubesque « Identity Proven Matrix » de « Quantum Gate », album bien représenté ce soir. Avec « Logos » on retrouve le TD plus calme et plus planant, ce qui n’est pas pour me déplaire… Petit détour par l’album « Exit » de 1981 pour « Choronzon » qui avait bien marché à l’époque avec sa rythmique un peu africaine. Bel exemple d’un morceau de TD utilisé pour un jeu vidéo, GTA V en l’occurrence, « Los Santos City Map » passe très bien l’épreuve de la scène et sonne comme un classique du groupe. Petit passage par les « Melrose Years » avec le titre « Mothers Of Rain » de l’album « Optical Race » de 1988, du temps où TD était signé sur le Label Private Music de Peter Baumann, ancien musicien du groupe de la première moitié des 70’s. « Raum » est de nouveau à l’honneur avec les envoûtants et souvent dansants « Continuum » et « Portico » qui montrent que TD continue à produire d’excellents titres de nos jours tout comme il y a 50 ans. Puis retour aux années Virgin avec « White Eagle » de 1982 et le très attendu « Phaedra », tout premier album signé sur le Label de Richard Branson. Ce dernier titre remporte l’unanimité chez les nombreux fans présents ce soir à La Gaîté Lyrique. Visiblement Thorsten et ses comparses sont très heureux de l’accueil du public parisien et bien que le trio ait déjà joué plus de 2 heures, il se lance dans un ultime morceau de bravoure d’une trentaine de minutes composé en direct Live. Beau cadeau pour les afficionados !


Beaucoup de sourires sur les visages à la sortie de ce concert mémorable qui fait honneur à la mémoire d’Edgar Froese et de tous les musiciens qui ont fait partie de l’aventure Tangerine Dream


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