Disturb + Under The Conflicts,
La Taverne du Marshal à La Rochelle, le 2 décembre 2023.
Live Report & images de : Emmanuelle Neveu


Samedi 2 décembre 2023 sonnait la fin d’un voyage, celui de Delphine et Tony qui fermeront prochainement La Taverne du Marshal à La Rochelle. Pour cette échéance bien peu réjouissante, ils ont choisi un merveilleux moyen de marquer les esprits en organisant l’ultime concert de Hardcore et qui de mieux placé pour le faire que STS Productions et un public hors norme pour les remercier.


Sur le papier l’idée était déjà audacieuse mais la réalité a dépassé la fiction. La Rochelle est bien plus qu’une ville, elle est un contraste permanent entre art et techniques, Terre et Mer, histoire, art et contre-culture. Aujourd’hui, une ballade m’a menée dans les rues médiévales, sur le port, au milieu de ses touristes chillant au soleil hivernal, dans les galeries d’art de la rue Fleuriau, pas le temps de prendre une glace chez Ernest, j’ai préféré une crêpe grignotée au Gabut. Après avoir capturé le soleil couchant et ses couleurs jaune orangé plongeant dans la mer, il fut temps de pousser la porte de la Taverne du Marshal pour une soirée d’anthologie.

Dès l’entrée, je croise un requin qui fixe mon regard, c’est l’emblème du premier groupe Under The Conflicts dont le son éclate maintenant par surprise dans la salle déjà blindée. Ce groupe sérieusement émergeant dans le style, se définit comme 5 potes réunis autour de deux passions : le Hardcore/Punk et les nanars. Faut avoir les ref’ et Salut les nanardeurs ! Né à Challans en 2017 , les UTC m’envoient leur énergie en pleine tronche pendant que j’essaye de me frayer un chemin vers le Bar où je tente de saluer Delphine qui a à peine de temps de souffler lorsqu’elle est appelée en urgence pour gérer un problème technique.

Revenons à Under The Conflicts, « Tabasco Meet la brioche vendéenne » disait mon ami Marcus du Fernando Rock Show au Hellfest 2023, à vous de trouver d’autres Punch-Lines comme autant de clins d’œil aux inspirations cinématographiques des lascars.

Mes yeux sont captés par quelques furieux qui commencent à prendre les commandes du Pit. Un premier cochon pendu ose canarder l’assemblée à grands coups de frites de piscine, ce qui remonte un cran plus haut le niveau sonore global. Il est temps de reprendre un verre, il fait chaud. Ce soir, notre impertinence, on s’en fout : « le Hardcore est avant tout un QI négatif » nous assène Max avec un humour aussi débridé que les titres qui vont s’enchaîner comme une boucle incessante. Ah bon ? C’est le même titre depuis 15 mn ? Tu comprends pas c’est Marcel Chaland ? J’ai pas compris …Vient on s’arrête un peu, on pause au bar. Ah bon c’est déjà fini ? 50 minutes viennent de passer en un instant.

D’accord, une pause n’est pas de trop pour tout le monde, il faut recharger les batteries. En attendant Disturb Hardcore de Marseille, qui passent et repassent devant moi avec leur matériel, je reprends mes investigations journalistiques dans le jardin extérieur.

Delphine continue à gérer sa formidable équipe, Cyp au Bar et Dylan à la cuisine s’occupent de remplir et de caler les estomacs. Et c’est reparti pour une suite qui restera dans les mémoires. Les Disturb sont prêts. Au chant, Davy cherche son alter ego Michel qui est introuvable. Le Line Up complété de Vincent et Arnaud (guitares) et Stef (batterie) est un peu différent ce soir car JL à la basse n’a pas pu être des nôtres et a été remplacé au pied levé par Seb dit « Chuck El Breaker » qui fut l’ancien guitariste ! Bref, on attend Michel pour commencer le Set. Évidemment, c’est à chaque fois la même chose, on lui demande toujours de faire des trucs de dernière minute (!!). Le voici qui arrive en courant avec son T-Shirt « Balec » et c’est parti pour donner à La Taverne du Marshal du gros son et un air de dernier bar avant la fin du monde.

Nés en 1999, forts de quelques années d’expérience Disturb est de retour avec un nouvel EP sous le bras, bien prometteur pour signer ce qui sera l’apothéose de cette soirée. La guerre est déclarée à La Taverne par cette énergie pure enfermée depuis trop longtemps et qui se déverse sur les Rochelais qui n’attendaient que cette chaleur pour s’enflammer. Les poutres de la charpente sont prises d’assaut par certains furieux assurés par tous les autres en rangs serrés au-dessous. Il ne fait pas bon d’être au milieu ou devant si vous êtes fragile car l’énergie maîtrisée frise parfois le hors-piste.

La salle prend au fil des titres, l’aspect d’un défouloir où les torses libérés de leurs T-Shirts affichent leurs ecchymoses et leurs égratignures comme des trophées. Malgré quelques mots en plein Set par Davy afin de calmer l’assemblée, c’est peine perdue alors c’est reparti pour les légendes qui hurlent « Stay true ». C’est pas maintenant qu’on va abîmer la joie des Rochelais. Entre bagarre et Ricard il faut choisir, je crois qu’à cet instant j’assiste à l’impossible. La Taverne tient le coup, secouée par de nouveaux assauts sonores et des Slams.

Les orga sont debout sur la table de mixage, j’aperçois des meubles tremblant rattrapés avant leur chute, les Slameurs expérimentés sont malmenés, certain s’écroulant à mes pieds. Puis, soudain tout s’arrête dans un moment de stupeur suspendue. C’en est fini de la mêlée, place aux remerciements, aux accolades, aux amitiés, l’accalmie plus brutale que tout.

La Taverne est restée debout, les poutres ont tenu ainsi que les baies vitrées de la cuisine et du côté rue qui ont été épargnées. Les Coreux ne sont pas des sauvages ! Il parait qu’il faisait 2° ressenti -4, et comme le dirait une humoriste émergente, le culot rochelais c’est de débuter la fête avant la première pinte quand 150 gaillards sont en transe. Merci à tous et toutes et n’oubliez pas que la fin d’une chose est toujours le début d’une autre et que l’avenir est offert à ceux qui continuent à y œuvrer. Hâte de suivre de nouvelles aventures !

P. S : Est-ce que quelqu’un sait qui est Marcel Chaland ?

Merci à mon guide Aidan N. LeFloch, Delphine Coutant, Cyp, Dylan, Side To Side Prod, Mickael Buhot et sa Team de bénévoles,