Rhoda Dakar + Malted Milk @ La Batterie
Guyancourt, le 25 janvier 2024.
Live Report et images : Olivier Carle


Double plateau Soul-Funk/Ska à La Batterie ce soir. Le groupe Malted Milk est en résidence à Guyancourt depuis quelques jours et va nous présenter son nouvel album à venir “1975”. Rhoda Dakar vient de Londres pour la 1ère fois chez nous sous son propre nom en près de 45 ans de carrière…


Malted Milk existe depuis une trentaine d’années et a connu plusieurs phases, commençant par le Blues en duo puis s’orientant vers la Soul et le Funk vers 2007 jusqu’à devenir le septuor qui se présente devant nous aujourd’hui.


Autour d’Arnaud Fradin à la guitare et au chant, seul membre fondateur, on retrouve une section cuivre (trompette + trombone) indispensable à ce genre de musique, un clavier, un second guitariste et une section rythmique très Groovy.


En près d’une heure et demie, Malted Milk va nous jouer l’intégralité de son futur opus et ça sonne très prometteur à l’image du premier Single “Love For Yourself” sorti il y a peu. Rien à envier aux équivalents américains genre Brooklyn Funk Essentials ou aux Canadiens de The Brooks que j’avais découverts Live l’année dernière et qui m’avaient déjà fortement impressionné… La voix suave d’Arnaud fait beaucoup pour l’attrait de ce groupe mais les 6 autres musiciens sont bien loin de faire de la figuration. La machine fonctionne à plein régime pour proposer un cocktail électrisant et rendre un hommage parfait à la musique afro-américaine…


C’est maintenant au tour de la légende qu’est Rhoda Dakar d’investir la scène yvelinoise. J’avais failli la voir il y a bien longtemps pour le festival “Rock Au Féminin” avec Sapho et les Raincoats en mars 1980 pour ce qui sera mon tout premier concert au Bataclan. Mais le sort en aura décidé autrement puisque le groupe de Rhoda, les Bodysnatchers, ne fera finalement pas le déplacement à Paris et se séparera quelques mois plus tard et ce sont les Slits qui les remplaceront au pied levé.


Après ce split, Rhoda rejoindra les Specials puis The Special A.K.A. et collaborera avec d’autre artistes du célèbre Label 2 Tone. Récemment elle a tourné avec The Selecter avec notamment une date à Paris en 2019 que je regrette bien d’avoir loupée.


Elle mène en parallèle une carrière solo depuis 2007 et sort régulièrement des albums dont l’excellent “Version Girl” l’année dernière composé de reprises et dont elle va nous jouer l’essentiel ce soir.


On aura ainsi droit entre autre à sa réinterprétation Ska du ”Stop Your Sobbing” des Pretenders, à une version bien Reggae de “What A Wonderful World” du grand Louis Armstrong, à un “The Man Who Sold The World” de Bowie très Rock Steady et même à un “Everyday Is Like Sunday” de Morrissey très Reggae Love.


Étonnamment Rhoda reprendra même une chanson de Maxime Le Forestier “Comme Un Arbre” dans un français très correct. Il faut dire que son père a vécu par chez nous il y a près d’un siècle et qu’elle a une affection particulière pour notre pays. Elle s’exprimera d’ailleurs très souvent dans notre langue tout au long du concert au grand dam de ses musiciens qui auront bien du mal à la suivre sur ce terrain linguistique.


Très bon groupe au demeurant avec un batteur Rasta et un bassiste bien Groovy ainsi qu’une charmante claviériste, un saxophoniste qui joue aussi du mélodica et un guitariste un peu en retrait.


Son tout premier groupe ne sera pas occulté avec de très bonnes versions de “Easy Life” et surtout du légendaire “Let’s Do Rocksteady” que tout fan des Bodysnatchers connaît par cœur. Malheureusement le public manquera à l’appel pour ce second plateau fort sympathique puisque beaucoup feront l’erreur de partir après Malted Milk et Rhoda finira sa prestation devant une Batterie quelque peu dégarnie. Dommage car je pense que cette artiste qui a traversé près de 50 ans de Rock anglais et qui a beaucoup fréquenté Steve et Paul des Pistols pendant les années Punk mérite le plus grand respect pour sa carrière et ce qu’elle a accompli pour le Ska et le Rocksteady depuis lors ! Se retrouver au stand Merchandising avec elle et quelques rares autres amateurs éclairés à évoquer Terry des Specials qui vient de nous quitter, de Pauline Black, du Londres des 70’s et des Sex Pistols restera gravé à jamais dans ma mémoire…

Merci à Audrey