Stephan Eicher, La Merise, Trappes le 27/01/2024.
Live Report & image Live : Olivier Carle


Retrouvailles avec Stephan Eicher 25 ans plus tard puisque la dernière fois c’était en 1999 à Maisons-Alfort pour la tournée “Louanges” et un des meilleurs concerts qu’il m’ait été donné de voir de cet artiste unique et passionnant. Il faut dire que j’ai eu de nombreuses fois l’occasion d’apprécier ce Suisse sur scène. J’ai d’ailleurs eu la chance d’assister à son tout premier passage en France, aux Bains-Douches en 1984, devant un public clairsemé mais attentif et une groupie asiatique totalement subjuguée avec laquelle je le soupçonne d’avoir fini la soirée… Tous étaient venus écouter le tube “Eisbär” issu de sa collaboration avec son frère Martin au sein de Grauzone, groupe Cold Wave culte du début des 80’s ! Il avait entre temps sorti ses 2 premiers albums solo dont l’excellent “Les Chansons Bleues” sorti chez Polydor et qui commençait à lui valoir une petite notoriété par chez nous. Je l’ai revu 3 ans plus tard à La Cigale avec 2 albums de plus sous le bras et surtout 2 tubes “Two People In A Room” issu de “I Tell This Night” de 1985 et “Combien De Temps” de l’album “Silence” qui donnait son nom à cette tournée 1987. On sentait bien à l’époque que l’ascension du Bernois allait être fulgurante. En 1990 je serai présent au Bataclan pour le “My Place” tour qui marque le début de sa collaboration avec Philippe Djian et un tournant résolument Rock. En 1992 c’est au Loft de Berlin où je vivais alors que je retrouve Stephan pour la tournée triomphale de l’album “Engelberg” avec les Hits “Pas d’Ami Comme Toi” et surtout “Déjeuner En Paix” qui reste son plus gros succès à ce jour. Et en 1999 ce sera donc la révélation au Théâtre Debussy avec un Show dantesque qui avait pourtant commencé tout doucement avec l’arrivée progressive sur scène de ses musiciens et qui finira en apothéose devant un public en délire ! Un moment inoubliable…


Je m’apprête donc à revoir Mr Eicher pour la sixième fois et ce sur la scène de La Merise à Trappes que j’avais découverte il y a peu avec Bertignac. La salle est comble et ce sont 800 personnes environ qui se sont déplacées pour applaudir ce spectacle intitulé “Et Voilà !” qui permet au Suisse de revisiter ses plus grands succès et son dernier opus en formation allégée puisqu’ils ne sont que 4 devant nous. Stephan s’occupe de la guitare et du chant et il est accompagné d’une harpiste, d’un bassiste et d’un claviériste qui passe occasionnellement derrière la batterie. Du fait de cet effectif réduit, il y a pas mal de sons préenregistrées notamment des lignes de batterie, de trompette et autres effets sonores. Le quartet est très resserré au milieu de la scène, ce qui donne une sensation très intimiste. On découvrira vers le milieu du spectacle que les grands coffres disposés derrière le groupe contiennent une batterie automate, une belle boule à facettes et des “cierges” lumineux qui agrémentent la scénographie. Il y a aussi un gigantesque nuage-miroir qui passe régulièrement au dessus des musiciens et diffuse des effets lumineux de toute beauté. Sans oublier une méduse articulée qui se promène sur un câble au dessus de Stephan et dont je n’ai toujours pas compris l’utilité ou la signification profonde ! Il faut dire que l’humour n’est pas absent de cette prestation puisqu’on aura droit à quelques tours de magie plutôt rigolos et à un clin d’œil appuyé de Stephan à ceux qui le nomment “Daniel Hechter” et ne viennent que pour écouter “Déjeuner En Paix” ! Et puis pas mal d’auto-dérision sur les Bernois qui font fabriquer les montres suisses par les Jurassiens (le bassiste en est un) pendant les longues soirée d’hiver pour le plus grand profit des “banquiers et assureurs” zurichois (la harpiste est de là-bas)… La Setlist reprend les principaux tubes évoqués plus haut, à l’exception de “Eisbär” à mon grand regret, et de larges extraits de son dernier album en date “Odes” dont les magnifiques “Sans Contact”, “Le Plus Léger Au Monde”, “Eclaircie” ou “Autour De Ton Cou”. A titre personnel j’ai particulièrement apprécié le mélancolique “Je te Mentirais Disant” et le poignant “Tous Les Bars”. Et puis quel plaisir d’entendre Stephan chanter en bernois la ballade “Lieblingsläbe” et l’hommage à Mani Matter “Hemmige”.

Au final je fus très heureux de revoir Stephan après l’avoir un peu délaissé pendant un quart de siècle… Il est toujours un véritable électron libre de la variété française (suisse) et un compositeur extraordinaire qui se renouvelle perpétuellement. Le public ne s’y trompe pas puisque notre Suisse préféré remplit les salles de France et de Navarre et c’est tant mieux…
Merci à Francis et à Nicolas