Les Excellents @ Paris Café de la Danse, le 13 mai 2025.
Live Report & images par : Olivier Carle


A peine quelques semaines après avoir vu Ramon Pipin au Café de la Danse, me voici donc de retour dans ce même lieu pour assister à la prestation d’un autre projet de Ramon, Les Excellents. L’idée est de reprendre des standards du Rock et de la Pop d’une façon assez fidèle musicalement parlant, avec des paroles en français phonétiquement proches mais surtout très éloignées de la version originale. Un peu à l’image des Bidochons en leur temps ou du groupe Les Franglaises qui s’amuse à traduire littéralement les textes anglais des chansons histoire d’en montrer le côté souvent ridicule et trivial sauf que dans le cas présent ces nouveaux textes sortent tout droit de l’imagination fertile et déjantée de notre ami Ramon Pipin. Il avait déjà exploité ce filon du temps d’Au Bonheur Des Dames ou d’Odeurs mais là il pousse le bouchon encore plus loin… Il s’est adjoint les services de musiciens hors pair, de vocalistes talentueux comme Jérôme Sétian, Eric Massot ou Simone Grégoire, d’un quatuor à cordes nommé Chlamydia mené par la charmante Anne Gravoin, des cuivres des Levallois Horns et même d’un pseudo joueur de cor de chasse en la personne de Sylvain Fusée bien connu des amateurs de Groland.


Le tout pour un spectacle plein de surprises, de costumes, d’humour caustique et de bonne humeur partagée.


Le Set est en 2 parties, la première consacrée à des classiques du Rock et le seconde plus orientée Beatles mais pas que… Le Show va durer plus de 2 heures pour un répertoire de 37 morceaux. Tous ne seront pas joués dans leur intégralité, histoire de maintenir un certain rythme et de ne pas lasser l’assistance avec de trop nombreuses répétitions. Dès le départ le ton est donné puisqu’alors que Ramon et Jérôme accordent leurs Ukulélés, le premier fracasse l’instrument du second à la surprise générale ! Et c’est parti pour « Under Pressure » puis une « Chatte », qu’il faut « nourrir pendant les vacances aux Comores », empruntée au « Shout » de Tears For Fears suivi de « Hotel Formule 1 », clin d’œil à celui des Eagles mais avec des textes désopilants. Le « Venus » de Shocking Blue subira le même sort avec un « Virus » interprété par une Simone Grégoire en pleine forme. « Maniac » de « Flashdance » devient « Mainate », « Hell’s bells » devient « Elle Bêle » et ainsi de suite… La ficelle paraît grosse et la blague répétitive mais c’est interprété avec tellement de talent et les paroles sont tellement rigolotes qu’on se prend au jeu très facilement ! D’autant que les costumes et accessoires ne manquent pas pour rendre le Show encore plus exubérant.


Même le Reggae sera abordé avec un « Galope Salope » qui aurait probablement surpris les auteurs originaux que sont Bob Marley et Peter Tosh (« Get Up, Stand Up ») et qui permet à Eric d’arriver sur scène avec un déguisement de cheval tout à fait approprié. Idem pour Bob Dylan avec « Les Temps Sont En Train De Changer » qui parle de féminisme, juste avant un « Elle Boude » (« I Feel Good » de James Brown) qui voit Simone aller s’asseoir juste devant la scène. Et puis découvrir Jérôme en maillot de bain avec ses tongs sur les oreilles pour un « Ah Qu’ces Tongs Font Mal » puisé dans le répertoire des Stones (« Honky Tonk Women »), ça vaut le déplacement !


C’est donc le répertoire des Beatles qui sera longuement revisité en seconde partie de soirée. « I Am The Walrus » devient « Je suis Le Roi Russe », « Lucy In The Sky With Diamonds » devenu « Mon Ciré En Skaï » nous permet de voir Jérôme en ciré jaune avec un faux poisson dans la poche, « Elle Adore Le Rugby » est un détournement jouissif de « Eleanor Rigby » et « Love Me Do » devient un clin d’œil à « Pompidou »… Et puis il y aura aussi « Porque Te Vas » de Jeanette malicieusement rebaptisé « Pour Qui Ces Vases » sans oublier le « Baba O’Riley » des Who totalement chamboulé pour renaître en un « Baba Ou Riz Au Lait » beaucoup plus trivial.


Et pourquoi pas un peu de Disco avec « Moi J’aime Scier » au grand dam de Ramon et qui voit Jérôme arborer le casque du motard de Village People, de la Soul avec une version tout en finesse de « Papa Etait Un Rolling Stone » en hommage à Charlie W. pour finir avec un « Les Fripes C’est Cheap » volé à Chic et le Café de la Danse qui se lève enfin pour danser avec ces Excellents.


On ressort conquis de ce spectacle, avec le sourire aux lèvres. J’avoue avoir été au moins aussi impressionné par ce Show que par celui donné par Ramon avec son propre répertoire le mois dernier. Sans doute parce que cet artiste iconoclaste est de la même décennie que moi et que de ce fait notre culture musicale est assez proche. On sent chez lui un véritable amour de la culture Rock et de ceux qui l’ont représentée même s’il se permet de la triturer et de la malmener parfois. Tout cela est fait avec tellement de talent et de respect intrinsèque que l’on ne peut qu’approuver la démarche et l’applaudir des 2 mains !

Merci à Franswa