Steven Wilson @ Paris Salle Pleyel, le 24 & 25 mai 2025.
Live Report & image par : Olivier Carle


7 ans après son passage quelque peu surprenant mais néanmoins inoubliable au Hellfest pour la tournée « To The Bone », je vais enfin retrouver Steven Wilson en « solo » à la Salle Pleyel pour sa tournée « The Overview ». Bien sûr je l’ai également vu avec son groupe Porcupine Tree notamment en 1ère partie de Marillion au Bataclan en 2001, au Zénith pour un concert exceptionnel en 2022 et à Guitare en Scène en 2023 pour une prestation de fin de festival mémorable. Il est vrai que je suis de base plus fan de la musique de Porcupine que de celle estampillée Steven Wilson en « solo » mais de fil en aiguille je suis devenu un inconditionnel de ses expérimentations personnelles nettement plus pop (dans le bon sens du terme) que Metal Prog’. Je me réjouissais donc de le retrouver avec son propre groupe et j’ai tellement aimé le premier des 3 concerts donnés à Pleyel que j’y suis retourné le dernier soir c’est dire ! Je l’ai d’ailleurs fait d’autant plus volontiers que Steven avait annoncé que la Setlist changerait partiellement au cours des 3 soirées. Ceux qui auront la chance de voir les 3 auront de ce fait eu l’opportunité d’avoir l’intégralité des différents morceaux joués sur la tournée !


Steven est toujours accompagné du fidèle bassiste Nick Beggs que je connais bien depuis Kajagoogoo et le tube « Too Shy » (1983) et un peu plus tard le phénoménal « Big Bubbles, No Troubles » du trio qu’il avait formé avec Simon Ellis et Austin Howard (1988). Reconnaissable à ses longs cheveux blonds, il s’occupe de la basse donc mais aussi des chœurs et du Virtual Stick, un dérivé MIDI du Chapman Stick, instrument de prédilection d’un certain Tony Levin bien connu des fans de Prog’. On retrouve également le prodigieux claviériste Adam Holzman que les amateurs de Jazz Rock adulent puisqu’il a entre autres côtoyé Miles Davis. Craig Blundell, le batteur, a rejoint Steven il y a une dizaine d’années et est principalement connu pour avoir été derrière les fûts de Steve Hackett, Mike Rutherford et même Bruce Dickinson. Quant au guitariste Randy McStine, c’est le plus jeune de la bande et il vient de rejoindre les rangs du Steven Wilson Band. Sincèrement il a réussi l’exploit de s’intégrer de la plus parfaite des manières en un rien de temps et j’aurais juré qu’il était un membre de la première heure tant il est à l’aise sur scène. Une bien belle équipe autour de Mr Wilson qui, on le sait depuis longtemps, choisit toujours les meilleurs.

Le Show sera divisé en 2 parties avec un entracte d’une vingtaine de minutes et un rappel de 2 morceaux. La première partie est immuablement la reproduction scénique de l’intégralité du nouvel album « The Overview », le huitième de Steven. Ça commence avec « Objects Outlive Us », petit bijou Prog’ qui rappelle les plus belles heures de Yes ou du Genesis époque Peter Gabriel. Le son est somptueux, en quadriphonie puisqu’on ressent pleinement cet effet enveloppant, prouvant une fois de plus que Mr Wilson est un génie en la matière. Les images, souvent cosmiques mais aussi avec un message écologiste prégnant, diffusées derrière les musiciens apportent un vrai plus à l’expérience musicale vécue par le public. Il en sera de même pour le morceau éponyme avec ses influences Kraftwerk au début puis Tangerine Dream, Klaus Schulze ou le Floyd par la suite. C’est la voix de Rotem, la femme de Steven, qui nous présente les différentes planètes et galaxies en fonction de leur taille. Cette odyssée musicale et visuelle qui nous rappelle que nous ne sommes que très peu de chose dans l’immensité de l’univers est un grand moment qui ne peut laisser indifférent et on en ressort totalement conquis par le talent unanime des 5 musiciens. Steven nous expliquera d’ailleurs que ces premières quarante minutes sont si intenses à jouer que le groupe a bien besoin d’un entracte pour se ressourcer…


On repart ensuite pour la seconde partie du Set qui va revisiter la carrière de Mr Wilson depuis ses débuts il y a 35 ans. C’est « The Harmony Codex » issu de son album solo du même nom de 2023 qui ouvre le bal avec son ambiance cinématographique et planante à la Kitaro ou Vangelis. C’est encore une fois la voix de Rotem qui nous charme et la vidéo est une pure merveille. Le samedi c’est « King Ghost » de « The Future Bites », l’album de 2021, qui vient caresser nos oreilles avec son intro électro et la voix envoûtante de Steven. Ensuite il y aura le très (King) Crimsonien « Luminol » (2013), joué les 2 soirs qui viendra nous remplir les esgourdes avec un travail titanesque de Craig et de Nick à la rythmique et des réminiscences plutôt Jazz Rock prodiguées par les doigts agiles d’Adam. Un grand moment assurément ! On enchaînera avec « What Life Brings » (2023) le premier soir avec son ambiance mélancolique et ses chœurs très travaillés qui rappellent les meilleures heures du Floyd. Le lundi ce sera une petite pépite prog’ issue du second album solo de Steven « Grace For Drowning » (2011), « No Part Of Me », qui me rappelle le grand Rupert Hine que j’ai toujours vénéré. Les fans sont aux anges et remercient chaleureusement le Londonien d’avoir rejoué ce morceau à Paris près de 15 ans après sa sortie. C’est maintenant au tour du répertoire de Porcupine Tree d’être revisité. Steven nous expliquera qu’à l’origine, il y a 35 ans, il avait baptisé ainsi ce projet personnel car il ne se sentait pas suffisamment confiant pour se lancer sous son propre nom. On connaît la suite… Le samedi on aura droit au « Voyage 34 (Phase 1) » des débuts (1992) avec ses influences Floydiennes avant un « Dislocated Day » (1995) très attendu et joué les 2 soirs pour la plus grande joie des aficionados de PT. Pas forcément les choix les plus évidents dans la discographie remarquable de PT mais assurément de très bonnes pioches. Le samedi on revient à la carrière solo de Mr Wilson avec « Impossible Tightrope », 3ème extrait de « The Harmony Codex » décidément bien représenté ce soir… Le lundi ce sera le sublime « Pariah » (2017) avec la voix pré-enregistrée de Ninet Tayeb et son visage sur le grand écran. J’avais déjà été fortement impressionné par cette ballade lors du Show de Steven au Hellfest en 2018 surtout devant un public de métalleux mais là dans cette magnifique Salle Pleyel, ce fut encore plus puissant ! Toujours le dernier soir, on revient au tout premier album solo « Insurgentes » de 2008 avec le mystérieux « Abandoner » qui sonne très drone avant un impressionnant « Remainder The Black Dog » du second album avec ses images cauchemardesques et sa mélodie entêtante. La suite sera commune aux 2 concerts à savoir le toujours très sombre « Harmony Korine » de 2008 et son clip effrayant avant un « Vermillioncore » de 2016 totalement orgasmique grâce au travail phénoménal de Nick et de Craig sans oublier les guitares en furie de Steven et Randy pour une montée en puissance incroyable.

Le rappel sera lui composé à chaque fois du « Ancestral » de l’album de 2015 « Hand . Cannot. Erase. » avec un solo d’anthologie de Randy et un quintet au sommet de son art et en totale symbiose. Sans doute un des moments les plus forts de ces 2 concerts devant un public debout et subjugué. Mais le meilleur reste encore à venir avec le très émouvant « The Raven That Refused To Sing » et son dessin animé tellement bouleversant.

Personnellement j’ai trouvé Steven Wilson très à l’aise tout au long de la soirée, notamment le samedi. Il a compati avec ceux qui ne connaissent pas sa musique, qui sont venus juste pour faire plaisir à un parent ou un conjoint et qui risquent de « trouver le temps long » avec beaucoup d’auto-dérision. Il a rappelé qu’il n’a pas de « tube » à proprement parler et que de ce fait il peut jouer ce qu’il veut y compris au rappel. Le lundi il s’est même amusé à noter les publics des 3 soirs en fonction de leur engouement et a dévié sur la notation de ses propres musiciens avec un humour typiquement British…

Toujours un plaisir de retrouver cet artiste atypique et passionnant que ce soit avec son groupe ou avec Porcupine Tree. Plus de 2 heures et demie d’un Show de haute tenue en compagnie de ce qui se fait de mieux dans le prog’ actuel c’est incontestablement ce à quoi nous avons eu droit à la Salle Pleyel pour ces 3 soirées exceptionnelles…

Un très grand merci à Olivier G. et à Matthieu D. !