
Hugues Aufray @ Dôme De Paris, le 9 novembre 2025.
Live Report par : Olivier Carle
& images par : Quentin Ducrest, Murielle Aufray & DR
Un peu plus d’un an après Toto me voici de retour au Palais Des Sports (désormais rebaptisé Dôme De Paris) pour le concert d’un vétéran de la chanson française : Hugues Aufray. Cela me donne l’opportunité de battre mon record temporel entre mon premier et mon dernier rendez-vous avec un même artiste détenu jusque là par Magma (47 ans). En effet c’est en juin 1974 que j’ai vu Hugues pour la première fois, au Théâtre de Verdure du Petit Château de Sceaux qui en était aussi la bibliothèque. C’était un 21 juin mais pas dans le cadre de la Fête de la Musique puisque celle-ci ne sera créée que 8 ans plus tard. Il y a donc 51 ans, plus d’un demi-siècle, qui séparent ces 2 évènements et qui me rappellent mes jeunes années dans les Hauts-de-Seine… J’ai néanmoins revu Hugues sur scène entre temps notamment au Casino de Paris en février 1996 pour le « Trans Dylan » Tour puis en 2000 à l’Olympia. C’est d’ailleurs en 1996 que je l’ai rencontré Backstage via le fort sympathique Georges Augier de Moussac qui travaille avec Hugues depuis plus de 50 ans. C’était pendant mes années RCA et j’avais connu Georges par Enzo Enzo dont je m’occupais en tant que chef de projet. Lors de notre discussion à bâtons rompus dans les loges Hugues m’avait expliqué que le trio le plus important de la chanson française c’était « Brassens, Gainsbourg et… lui ! ». J’avais trouvé ça plutôt mignon même si un peu « mégalo » et il avait ajouté qu’il aurait pu faire Bercy mais que le Casino de Paris lui avait paru plus convivial car quand même moins grand… Je m’étais alors dit que dans ce métier il faut être ambitieux pour réussir ! Le fait est qu’à 96 ans Mr Aufray est toujours en haut de l’affiche, qu’il remplit le Palais des Sports comme à la grande époque (ainsi que d’autres grandes salles hexagonales) et qu’il donne des spectacles de plus de 2 heures et demie. Pas mal pour l’artiste français le plus âgé encore en activité depuis le décès de Marcel Amont en 2023.
La scène est aménagée avec un feu de camp au centre, une tente sur la gauche et un décor montagnard dans le fond sans doute pour donner un côté intimiste, amical et fraternel au spectacle. Hugues est assis au milieu et ses musiciens l’entourent.

Il va nous raconter sa jeunesse dans le Tarn et sa scolarité chez les Dominicains, pendant la guerre, au collège de Sorèze. Il nous parlera de sa sœur actrice Pascale Audret et de ses propres expériences cinématographiques pas toujours très concluantes, en particulier avec une certaine Rose Bosch pour un « Avis De Mistral » qui n’est pas resté dans les annales… Il évoquera avec émotion ses rencontres avec Thomas Pesquet et d’éminents scientifiques qui lui ont beaucoup appris. Il ne mâchera pas ses mots pour évoquer le concours de l’Eurovision actuel avec ses dérives Wokistes, lui qui y a participé en 1964 pour le Luxembourg avec le magnifique « Dès Que Le Printemps Revient »… Il en profitera d’ailleurs pour nous livrer quelques anecdotes au sujet de la gagnante de l’époque Gigliola Cinquetti. Il faut dire qu’Hugues n’a pas la langue dans sa poche lorsqu’il évoque les dérives de notre société notamment en termes d’éducation et d’enseignement des plus jeunes. La jeunesse est d’ailleurs bien représentée sur scène avec une chorale d’enfants, venue de province pour l’occasion, qui l’accompagnera pour certains titres et on verra même son arrière petite-fille venir chanter avec lui. Hugues perd parfois un peu le fil du spectacle car il n’y a visiblement pas eu beaucoup de répétitions, il s’embrouille parfois sur les noms des intervenants ou leur origine géographique mais on lui pardonne facilement ! Il fera venir sur scène un excellent joueur de flûte de Pan qui rendra un hommage musical à Renaud présent dans la salle. Ce n’est d’ailleurs pas le seul invité de marque qui sera là pour l’occasion puisqu’on croisera Gilbert Montagné, Jean-Jacques Debout, Michel Drucker et bien d’autres. Catherine Ringer viendra pousser la chansonnette avec Hugues pour un « Céline » rafraîchissant et parlera de leur rencontre via sa tante. La Setlist ne manquera pas de proposer des titres empruntés à son ami Bob Dylan comme « Cloches Sonnez », « Les Temps Changent » ou encore « La Fille Du Nord ». Et puis des classiques comme « Des Jonquilles Aux Derniers Lilas », le Countrysant « Dan Tucker », le très émouvant « Petit Simon », le très Folk « La Matilda » inspiré d’un air traditionnel (« Waltzing Matilda »)… Tous les incontournables « tubes » d’Hugues seront donc bien présents avec bien sûr le célèbre « Petit Ane Gris » auquel il rajoutera une ultime strophe beaucoup plus gaie histoire de faire taire les critiques qui lui reprochent que ses chansons pour enfants sont souvent très tristes. La preuve en est avec les très attendus « Stewball » et « Adieu Monsieur Le Professeur » qu’on ne se lasse pas d’écouter. Sans oublier les magnifiques « Santiano » adapté d’une chanson de marins et qui fut son premier grand succès en 1961 et « Hasta Luego » dédié à son ami, le prêtre jésuite d’Ouessant, Michel Jaouen surnommé « le curé des mers » et à son trois-mâts Le Bel Espoir qui servait de refuge aux mineurs sortis du droit chemin… Le final sera particulièrement émouvant avec cette reprise de « La Prière » de Georges Brassens dédiée une nouvelle fois à son ami Renaud.

Une fort belle soirée en compagnie de Monsieur Aufray et de sa troupe qui nous ont fait voyager dans le temps et dans nos souvenirs. Beaucoup d’émotion mais aussi d’humour dans une époque qui en manque souvent cruellement ! Merci Hugues Aufray et à la prochaine…
Merci à François T.