Peter Frampton – Paris, Le Grand Rex,  le 10 novembre 2022.
Live Report & image Live : Olivier Carle


Ma relation avec Peter Frampton est pavée d’anecdotes que je m’en vais vous narrer… Ça commence en 1976 avec le célèbre album Frampton Comes Alive! que j’avais emprunté à l’époque à ma médiathèque située à Bourg-la-Reine et copié sur une K7. C’est sans doute la bande magnétique qui a le plus souvent tourné dans l’auto-radio de ma Simca 1100 lorsque j’ai dégotté le permis l’année suivante. Jusqu’au jour où lors d’une révision de mon véhicule, un mécanicien indélicat m’a dérobé cet objet qui m’était si cher et j’ai eu bien du mal à m’en remettre… En 1978, je me suis rué chez un disquaire à NYC pour acquérir le vinyle I’m In You , un album resté confidentiel dans la carrière de PF mais qui contient un des plus beaux Slows de l’histoire du Rock, ce « I’m In You » justement. J’avoue que à part Where I Should Be de 1979, sorti bien des années plus tard en CD chez Lemon Recordings, je n’ai guère suivi la carrière studio de Peter. Par contre chaque fois qu’un nouveau Live sortait, que ce soit le Comes Alive II de 1995 en DVD, le Live In Detroit de 2000, la réédition du Comes Alive original en Edition Deluxe en 2001 avec les inédits voire le Frampton Comes Alive! 35 Tour  pressé le soir-même du concert au Bataclan, je ne manquais pas d’en faire l’acquisition. J’ai attendu la tournée Frampton Comes Alive II qui passait par le Bataclan en octobre 1995 pour enfin découvrir Peter sur scène et prendre une grosse claque visuelle et auditive. Je devrai attendre février 2004 pour le revoir à La Cigale pour la tournée « Now ». Ce concert, même s’il fut comme toujours excellent, me laissera un goût amer puisqu’il sera l’ultime occasion de voir son comparse Bob Mayo qui décédera le lendemain lors de la date à Bâle en Suisse. Bob Mayo, immortalisé sur le Live de 1976 avec les célèbres mots de Peter « Bob Mayo on keyboards… Bob Mayo », aura donc passé 30 ans à ses côtés en tant que claviériste/guitariste et il aura droit  à un hommage émouvant au concert du Grand Rex tout comme le batteur de l’époque John Siomos décédé lui aussi en 2004, 1 mois avant Bob, cruelle année ! Après ce sera le Bataclan de 2011 pour un concert-fleuve de 3 heures qui célébrera les 35 ans de Comes Alive rejoué dans son intégralité à la perfection avant un festival de reprises triées sur le volet dont le « Black Hole Sun » de Soundgarden, « While My Guitar Gently Weeps » des Beatles ou encore le bien Rock « Four Day Creep » d’Humble Pie, tout trois rejoués une nouvelle fois au Grand Rex d’ailleurs.

Après ce préambule qui montre combien Frampton a compté dans ma vie, j’en arrive à cette tournée d’adieu qui passait par Paris après un report lié à la pandémie de 2020. Je passe sur la première partie assurée par le Bluesman Jack Broadbent qui reprend avec sa guitare sur les genoux « On The Road Again » et « Hit The Road Jack » pour faire patienter le public venu nombreux au Grand Rex malgré la galère dans les transports parisiens en raison d’une grève. Accompagné de ses 4 musiciens, Peter monte sur scène à 20h45 pétantes, soutenu par son probable Manager. Il rejoint sa chaise qu’il ne quittera plus pour les prochaines 150 minutes. Hormis le claviériste, ses autres comparses joueront également assis. On a droit à des photos d’archives projetées sur un grand écran en fond de scène où on retrouve Bob, John, Stanley Sheldon mais aussi Steve Marriott et Jerry Shirley de Humble Pie évidemment et puis David Bowie, son camarade d’école qu’il accompagnera sur la tournée « Glass Spider » des années plus tard. Comme sur Comes Alive, Peter attaque avec « Something’s Happening ». Sa voix reconnaissable entre mille est toujours là mais on sent bien qu’il a du mal à jouer de la guitare du fait de sa maladie dégénérative. En fait cette crainte sera vite levée par la suite car il délivrera des soli bien souvent comme si de rien n’était. Petite incursion ensuite dans l’album très 80’s Premonition avec l’entraînant « Lying ». Peter nous raconte ensuite l’histoire de la « batterie verte » Ludwig qu’il avait achetée à l’époque pour John Siomos en remplacement de celle que celui-ci avait apportée lors de son audition et qui visiblement était toute de bric et de broc. Batterie qu’il a retrouvé des années plus tard sur ebay et qu’il a dû racheter « beaucoup plus cher »… C’est d’ailleurs ce même instrument qui trône sur scène ce soir. L’hommage à Bob et John se fera grâce au mélancolique « Lines On My Face » très dans l’esprit du Live de 1976.


C’est maintenant l’incontournable « Show Me The Way » qui déboule pour le plus grand plaisir des fans qui le reprennent en chœur. Retour ensuite en 1972 et au tout premier album solo de Frampton « Wind Of Change » avec « The Lodger ». Peter nous explique que cette chanson lui a été inspirée par la maison qu’il avait pu s’acheter avec la grosse avance d’A&M Records et qui était squattée par tout un tas de gens à l ‘époque à tel point qu’il avait dû bien vite mettre le holà à cette situation. On enchaîne avec « It’s A Plain Shame » et son solo de guitare joué à la perfection. Il dédiera ensuite à sa mère Peggy le sublime instrumental « Georgia On My Mind » de Hoagy Carmichael, compositeur préféré de celle-ci… On apprendra aussi qu’il a écrit le morceau suivant issu du premier album « All I Want To Be (Is By Your Side) » sous la pression du producteur Chris Kimsey qui lui avait demandé un dernier morceau pour finaliser cet opus. Il l’a composée la nuit précédant la session en studio et on peut dire qu’elle fait partie des plus belles chansons de l’artiste. « Breaking All The Rules » de l’album du même nom de 1981 fait partie de ces pépites que Peter se plaît à remettre au goût du jour pour cette ultime tournée et c’est tant mieux ! J’avais beaucoup aimé sa reprise instrumentale de « Black Hole Sun » au Bataclan il y a 11 ans et là encore j’ai été bluffé par la façon dont Peter la revisite. Il chantera la fin avec sa célèbre Talk-Box, grand moment ! Il nous racontera cette fois où, grand fan de Hank Marvin, il s’est retrouvé à jouer avec l’intégralité des Shadows ou cette autre occasion où il a réussi à réunir Charlie Watts et Bill Wyman, bien après que ce dernier ait quitté les Stones, pour un moment unique… On le voit, Peter ne sera pas avare en anecdotes toutes plus intéressantes les unes que les autres et cela me rappellera le concert de Corky Laing de Mountain au New Morning, quand celui-ci nous avait raconté quasiment toute sa carrière musicale avec beaucoup d’humour et de simplicité. Mais Peter revient maintenant au « Comes Alive » avec d’abord le bien Heavy « (I’ll Give You) Money » qui donne lieu à un fabuleux duel de guitare entre lui et l’excellent Adam Lester avant le très attendu « Baby, I Love Your Way » suivi de l’histoire de là Les Paul noire qu’il a retrouvée, 32 ans après sa disparition lors d’un accident d’avion, pour son plus grand bonheur et le nôtre. Gibson l’a partiellement rénovée mais a laissé les traces des séquelles qu’elle a subies afin de la rendre encore plus « culte » !

Et on termine avec le classique « Do You Feel Like We Do » que tout amateur de Classic Rock se doit de connaître par cœur avec les échanges entre Peter à la Talk-Box et le public en délire… Le groupe restera sur scène pour le rappel qui commence par ces deux sublimes morceaux popularisés par Humble Pie, « Four Day Creep » et le très apprécié « I Don’t Need No Doctor » qui donnera lieu à des soli des différents musiciens. C’est l’euphorie dans la salle et tout le monde est debout. Le Show se terminera avec un magnifique « While My Guitar Gently Weeps » avant que Peter ne quitte la scène définitivement non sans saluer une dernière fois le public très ému de savoir qu’il ne reverra probablement jamais le musicien même si Mr Frampton lancera un ultime « Never Say Never » un peu intriguant… A suivre donc !

Merci à Adeline et Mathieu


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