Kaz Hawkins à Paul B. Massy le 14/01/2022 – Par Olivier Carle

Dixiefrog fait partie de mes Labels de Blues préférés et ce depuis sa création en 1986 par Philippe Langlois. Quand j’ai appris qu’une « nouvelle » artiste avait été signée par les successeurs de Philippe, je me suis dit qu’il était temps d’aller la découvrir sur scène. RDV fut donc pris à Paul B. à Massy en ce vendredi de janvier… Une chance que ce concert ait eu lieu au beau milieu des annulations en cascade du fait de ce damné Omicron ! La configuration sera assise et masquée mais après tout c’est toujours mieux que rien.

Je retrouve les excellents Red Beans & Pepper Sauce en 1ère partie. Malheureusement des problèmes de micro défaillant coupent l’élan du combo qui perd du coup d’entrée un peu de sa rage scénique. Le Set sera court, environ ½ heure, et Jessyka, Laurent et leurs camarades devront se concentrer sur les titres les plus accrocheurs de leur courte carrière. Pas trop le temps de convaincre le public présent, d’autant que la position assise s’accorde peu avec le style Groovy du quintet de Montpellier. Même si la superbe reprise de Gary Clark Jr. « Bright Lights », le volcanique « My Land » et le phénoménal « Half World Changeling » tiennent toujours bien la rampe, la prestation de RB&PS n’égalera pas celle en 1ère partie de Dana Fuchs il y a 3 ans dans cette même salle de Massy ou la soirée de lancement de leur album « Mechanic Marmalade » à la Boule Noire juste avant le début de la pandémie. Je pense que la notoriété montante de ce jeune groupe devrait lui permettre de ne plus avoir à se produire en 1ère partie et de pouvoir attirer sous son nom un nombre conséquent de fans à l’instar de Jessie Lee ou de Gaelle Buswel pour une Setlist complète et une tournée digne de ce nom…

C’est de Belfast que nous vient Kaz Hawkins mais elle vit dorénavant en France. Elle est entourée d’un groupe de 4 musiciens franco-belges depuis peu et cela lui permet de revisiter son Back-Catalogue en lui donnant une dimension moins intimiste et plus Rock. Il faut dire qu’elle a dégoté un guitariste d’exception en la personne de Stef Paglia qui n’hésitera pas à montrer l’étendue de son talent pour quelques soli bien sentis. Elle a également un claviériste et une section rythmique solide sur lesquels elle peut s’appuyer. Il ressort assurément une certaine fragilité de cette artiste malgré son assurance scénique « de façade »… Elle nous expliquera qu’elle est tombée dans la drogue pendant des années et qu’elle a eu beaucoup de chance de s’en sortir. C’est d’ailleurs le thème de la sublime chanson « Lipstick & Cocaine » (rebaptisée « One More Fight » avec cette nouvelle formation) qu’elle terminera en pleurs, moment très intense. Dans le même genre on aura droit aussi à un magnifique « Because You Love Me », dédié à sa fille qui ne voulait pas s’éloigner d’elle pendant ses années de dépendance, ou encore le très beau « Surviving ». Il y aura aussi cette reprise du magnifique « Anyhow » du Tedeschi Trucks Band, groupe qu’elle affectionne particulièrement avec son guitariste. Et puis cette chute inattendue dès le premier morceau en allant rejoindre son batteur dont elle s’amusera par la suite car Kaz ne manque pas d’humour c’est le moins que l’on puisse dire. Elle fera beaucoup rire le public avec son « amour » pour le « fromage » qu’elle « adore » et qui reviendra fréquemment au cours de la soirée avec son accent irlandais fort sympathique. On ne s’ennuie pas à un concert de Kaz car elle revisite beaucoup de genres musicaux, du Gospel au Blues en passant par le Rock, le Folk et la Soul. J’ai même décelé un peu de Country avec l’accrocheur « Drink With The Devil »… Par moment elle m’a fait penser à la regrettée Candye Kane que j’aimais beaucoup et qui savait elle aussi manier l’émotion et la dérision avec classe.

On l’aura compris j’ai été séduit par la personnalité de Kaz Hawkins et je n’hésiterai pas à retourner la voir d’autant qu’elle va écumer les salles de l’hexagone maintenant qu’elle habite dans notre beau pays. Et puis vivement son nouvel album chez Dixiefrog en mars, le nouveau titre joué pour la première fois à Massy sonnait très prometteur…