Barry The Fish Melton @ Paris, La Dame De Canton, le 3 juin 2025.
Live Report & images par : Olivier Carle



Nouveau rendez-vous avec une légende vivante en ce mardi de juin. En effet Barry Melton, a.k.a. The Fish, la seconde moitié du combo Country Joe & The Fish est de retour à La Dame De Canton 2 ans après son précédent passage que j’avais beaucoup apprécié. On pourrait même parler de « culte » en citant Barry puisque Country Joe & The Fish est à l’origine du San Francisco Sound des années 60 aux côtés d’autres groupes de Folk , de Psychedelic ou d’Acid Rock comme Jefferson Airplane, The Grateful Dead, It’s A Beautiful Day ou Quicksilver Messenger Service entre autres. CJ&TF a eu une courte carrière puisqu’elle n’a duré que de 1965 à 1970 mais a trouvé le moyen d’être présent à Woodstock et au Monterey Pop ! Par la suite ses membres fondateurs ont fait quelques retours mais sans grand succès. Certains sont décédés comme Hirsch et Barthol mais Country Joe continue à se produire occasionnellement tout comme The Fish dont les concerts sont toujours des évènements.


Cette soirée est toujours à l’initiative du dévoué guitariste Stéphane Missri qui a réinvité pour l’occasion quasiment la même équipe de musiciens qu’il y a 2 ans sur la petite scène de La Dame De Canton. Il y aura notamment la guitariste Natalie Martel qui accompagne Barry et qui est surtout connue pour être la compagne du regretté John Cipollina de Quicksilver Messenger Service, décédé en 1989. Aux guitares (et au chant) on aura aussi pour un morceau un autre vétéran californien en la personne de Jay Ryan qu’on connaît ici dans le groupe Jay & The Cooks.


Au saxo ce sera l’excellent Ben Perkoff qu’on a pu apprécier par le passé avec Boz Scaggs, Paul Butterfield, Mike Bloomfield, Albert Collins, etc. Une pointure donc. C’est une artiste « nomade » habituée du Sunset, du Petit Journal et de la Java qui officiera aux claviers et parfois au chant : Gabriela Arnon. La section rythmique sera assurée par Marten Ingle à la basse et Jean E. Hanela qui remplace au pied levé Marty Vickers à la batterie. Jean plus connu sous le sobriquet de « Jeannot » fut le batteur de Trust sur les 2 premiers albums et collabore régulièrement avec Sanseverino. On notera la prestation remarquable tout au long de la soirée de l’excellent violoniste Paul Susen.


La Jam va durer comme la dernière fois environ 2 heures et demie devant un public logiquement relativement âgé et pétri d’admiration face à la quantité de talents réunis sur scène. Beaucoup de respect entre les différents musiciens qui se connaissent depuis des lustres pour la plupart. La Setlist évoluera au cours de la soirée en fonction des desiderata de Barry… On commence par la très belle ballade « Jesse James » écrite par Barry et Robert Hunter et la voix du Fish est toujours aussi envoûtante. Puis c’est le Countrysant « S.O.S. », autre titre fétiche du répertoire de Mr Melton. « Babylon » nous emmène vers des contrées plus Bluesy mais toujours avec ce son caractéristique des 60’s/70’s. La température à l’intérieur de La Dame de Canton commence à monter avec le bien Rock « Working On A Building » qui voit les musiciens rivaliser d’imagination pour leurs soli respectifs. C’est maintenant au tour de Stéphane Missri de proposer une de ses compositions « Juke Box Girl » avec un hommage appuyé de Barry à celui sans qui ces concerts à La Dame De Canton n’auraient sans doute pas lieu et ce serait franchement dommage ! La seconde guitariste Natalie Martel nous propose ensuite deux titres à venir de son nouvel album à venir sur lequel on retrouvera la plupart des musiciens présents ce soir : « Sooner Or Later » et « Where Does The Truth Lie », toujours un joli brin de voix. Le saxophoniste Ben Perkoff prend ensuite les affaires en main et mène le groupe d’une main de maître pour son « Blue Fun » totalement jouissif. Retour au Blues avec le classique de Leadbelly « In The Pines » qui nous ramène une centaine d’années en arrière au cœur de l’Amérique profonde… Puis c’est au tour du duo des Butterfly Twins à savoir la claviériste new-yorkaise Gabriela Arnon et le bassiste de San Francisco Marten Ingle de nous proposer leur « Love Is A Wave » d’excellente facture pour un moment d’une grande intensité…


Petite pause le temps de se réhydrater et c’est reparti de plus belle avec le magnifique et très émouvant « Ashokan Farewell » de Jay Ungar. Comme il y a 2 ans, le légendaire Jay Ryan viendra ensuite sur scène pour une de ses compositions « The Man Who Never Smiled », toujours un plaisir de retrouver Jay au chant et à la guitare que Barry lui prêtera bien volontiers. On retrouve une nouvelle fois Ben Perkoff aux commandes pour un « Soul Serenade » de King Curtis très enjoué et musicalement parfait. Retour à une chanson plus nostalgique et mélancolique avec « Mountains In Dreamland » interprétée de façon poignante par Barry décidément très en voix. Idem avec « Who Makes The Moves ? » et ses sonorités quelque peu psychédéliques. On repart ensuite vers la Country Music avec Natalie et le très apprécié « My Soul Knows The Way ». Marten Ingle prend le micro pour un « Faraway Radioland » bourré de Feeling et le Set se termine par un « Mojo Navigator » tiré du répertoire de Country Joe & The Fish qui mettra tout le monde d’accord !


Ambiance bon enfant donc avec un public ravi, des moments de grande intensité et d’autres plus improvisés. Un vrai bonheur en tout cas de voir Barry en bonne forme à bientôt 78 ans et un groupe de musiciens heureux d’être là pour célébrer la musique américaine qu’on aime tant.

Merci à Stéphane