eRa, le 18 avril 2019 à La Seine Musicale


eRa, le futur à nos oreilles.
« Ennimential Rythmn Of The Ancestors », plus connu sous le nom eRa représente un projet musical gothique français qui a vendu plus de 12 millions de CD à travers le monde, sans jamais accorder la moindre Interview, ce qui n’est pas courant dans cette industrie portée principalement par la communication et l’image anglo-saxonne.

Le projet eRa est né il y a 23 ans, et les Parisiens vont avoir le privilège de voir ce sublime événement pour la première fois sur scène… Le créateur et producteur, Éric Lévi, de son vrai nom Éric Jacques Levisalles, fils d’un éminent Professeur de chimie organique à l’Université Pierre et Marie Curie de Paris explique que ce retour en force de eRa n’est pas sans émotion pour lui. Au début de son projet eRa, la presse spécialisée ne voulait absolument pas entendre parler de cette musique. Deux décennies plus tard, on constate que certains décideurs des maisons de disques sont bien passés à côté de belles promesses de succès. Cette difficulté de trouver un Label digne de ce nom, a permis à Éric de la transformer en dynamisme. Éric crée Le Mythe avec eRa en jouant la carte du mystère, sans radio, sans télé, sans presse, ni photo sur l’album. Un pari osé, mais un pari réussi. Désormais, à 63 ans, Éric Levi peut être fier d’avoir réussi le tour de force d’imposer sa musique sans céder à la moindre compromission, et ainsi proposer pour la première fois en 2019 à Paris un spectacle de sa formation des plus surprenantes.

Même si ses premières amours s’avèrent loin de la musique de eRa, Éric s’est fait connaître par un groupe de Hard Rock entre 1976 et 1982. Cofondateur de Shakin’ Street, aux côtés de deux femmes exceptionnelles : Corine Marienneau (future bassiste de Telephone) et Fabienne Shine, la sublime chanteuse. Éric n’a jamais abandonné l’univers de la musique et de la guitare. Son groupe de Hard Rock a surtout connu ses plus belles heures de gloire aux USA. Là encore, avec eRa, Éric trouve la reconnaissance hors de ses terres. Sa volonté l’a porté jusqu’à concrétiser chacun de ses rêves. Pour ceux qui pensent que Éric a vendu son âme, ce dernier n’hésite pas à rappeler que « Le Hard Rock et eRa ne sont pas si éloignés, ils ont le goût de l’épopée et de l’efficacité » dans une des rares Interviews qu’il a accordé au Parisien, très récemment.

Cependant, même si eRa est reconnu pour avoir un style moins Rock, Éric n’a jamais abandonné le Rock, il s’est juste diversifié. Pour jouer du Rock qui lui plaît, il va jusqu’à quitter La France pour New York et ainsi jouer avec de nombreuses célébrités mondiales et principalement Marianne Faithfull, l’ex-égérie des Rolling Stones. Jamais Éric ne s’est mis à genoux face aux diktats de l’industrie de la musique. Il a juste évolué au gré de ses désirs et de ses passions. Avant de s’adonner à sa deuxième passion avec la musique électronique et lyrique de eRa, Éric s’est fendu de huit Bandes Originales de films, dont « OpeRation Corned-Beef » puis pour sa deuxième collaboration avec Jean-Marie Poiré sur « Les Visiteurs », vu en 1993 par 14 millions de spectateurs. Le Single : ‘’Enae Volare’’ obtient également un large succès commercial avec une nomination aux Césars pour la meilleure musique de film. Ce n’est qu’après cette expérience, et en écoutant « Carmina Burana » que Éric va avoir le déclic : Et s’il réalisait son propre « Carmina Burana » ? Il le feRa sous le nom de eRa. Éric part dans les Studios Abbey Road à Londres entre 1995 et 1996 pour y enregistrer le premier album qui sortira en mars 1997 et seRa vendu à plus de 5 millions d’exemplaires dans le monde entier. En mixant ses mélodies épiques, à des chœurs gothiques et une imagerie chevaleresque, Éric va donner naissance au sublime titre « Ameno ». Ce point de départ d’une aventure qui a conquis tant de cœurs grâce à son coté médiéval et son langage inventé va faire de Éric Levi le précurseur de ce type de musique à travers le monde. Mais avant de rencontrer une gloire certaine, Éric passe un certain nombre d’années à essuyer les refus des maisons de disques, trouvant finalement l’adhésion chez le regretté Yan-Philippe Blanc qui dirigeait Mercury, un sous Label d’Universal.

En 1998, Éric Lévi collabore avec le chef d’orchestre coréen Myung-whun Chung, chef principal de l’Orchestre de l’Académie nationale de Sainte-Cécile de Rome. Responsable du programme musical du Vatican, Chung recherche une nouvelle œuvre originale pour marquer la venue du Pape Jean-Paul II à Paris, lors des Journées mondiales de la jeunesse de 1998. Éric Lévi lui propose « I Believe », dont il a écrit la musique et les paroles. Le titre de eRa est enregistré une première fois avec l’orchestre de Sainte-Cécile à Rome, sous la direction de Chung. Il est interprété par Cecila Bartoli et Andrea Bocelli. Toutefois, Cécila seRa remplacée par Dee Dee Bridgewater qui accompagneRa Andréa Bocelli lors de la cérémonie parisienne. Ils interpréteront « I Believe » devant le Pape Jean-Paul II et une foule d’un million de personnes présentes à ces JMJ de 1998 à Paris.

Mais revenons à ma soirée du 18 avril 2019. Après mon passage dans une église pour un concert Pop avec Laurent Voulzy, me voilà dans une salle Rock pour dévorer une musique New-Age. À l’époque, eRa ne donne pas de concert, comme il l’explique dans Le Parisien : « Ça, c’est parce que j’étais beaucoup trop puriste. Je me disais que nous n’arriverions pas à reproduire sur scène l’univers que je créais sur disque. »

Début du spectacle à 20 heures 12 avec un « Agnus Deorem » surpuissant. La salle est comble et se laisse emporter dès la première chanson. Avec le deuxième titre, « Enae Volare Mezzo », le clou est enfoncé. Éric Lévi nous a kidnappés afin de nous emmener dans le futur. Nous venons de quitter nos corps pour nous approprier l’espace et le temps. Sur scène, la vision se révèle spectaculaire. Au total, 32 artistes accompagnent Éric Lévi sur la scène de La Seine Musicale de Boulogne-Billancourt, cette superbe salle de spectacle dans laquelle j’ai failli voir l’année dernière le groupe américain Toto, un concert que j’ai loupé pour la bonne cause : il m’a permis de gérer des affaires courantes désastreuses de ma vie personnelle qui traînaient en longueur… Enfin, revenons à ce 18 avril 2019, le plaisir de me trouver sur cette île Seguin, et dans ce magnifique bâtiment, me permet de voir sur scène 17 choristes uniques, neuf musiciens dont cinq instruments à cordes extraordinaires. Un chœur de neuf femmes et neuf hommes, une parité absolue, deux chanteurs exceptionnels et deux chanteuses aux voix surnaturelles. Les quatre chanteurs sont issus du monde lyrique autant que de l’univers du Metal. Ce mélange s’avère somptueux. Les teintes dramatiques, épiques, romantiques qui s’enchaînent sur scène donnent le frisson. Les émotions sont garanties. L’auditoire se délecte de cette soirée hors norme.


Le son, subtilement puissant et doux, nous transporte. Les Lights, très étudiés, habillent parfaitement cette scène d’une élégance surprenante. La scénographie se révèle magique. En digne successeur du groupe français des Seventies, Space (conceptualisé par Didier Marouani) avec ces deux superbes opus « Magic Fly » et « Deliverance », eRa propose un spectacle digne d’une grande comédie musicale futuriste. J’en suis bluffé et propulsé dans une émotion intérieure qui me chavire. Ce voyage dans le temps avec eRa se révèle exquis. En tout point. Spirituellement et musicalement divin. La puissance de la musique et la beauté des voix nous emportent. Loin. Très loin. Entre les ambiances World Music et les chants où se mêlent dans le dialecte eRa du latin, du grec et des mots inventés… Franchement, nous pourrions y passer la nuit dans ce climat que j’en seRai aux anges le premier.


Musicalement, Éric Levi a parfaitement su trouver l’équilibre. Le Rock des Seventies surplombe cette musique New-Age de Éric Lévi. Les voix lyriques trouvent leur place au milieu de la guitare saturée de Éric Levi, à l’image de Kitaro qui a su s’engouffrer dans la même voie. La troupe eRa apporte une nouvelle dimension au Rock. Le projet eRa me rappelle les excellents Nightwish et Trans Siberian Orchestra, le Side-Project du groupe Heavy Metal Progressif américain Savatage, que j’ai eu le bonheur il y a quelques années déjà de voir deux fois à l’Olympia et quelques jours plus tard au Forest National de Bruxelles. Le projet eRa me rappelle aussi les projets européens, le somptueux français de Deep Forest, que j’ai eu le plaisir de voir à Lille juste avant leur départ pour le Japon, et les deux projets allemands celui de Franck Peterson et ses chants grégoriens dans le groupe Gregorian, et celui de Michael Cretru et de la sublime chanteuse et épouse Sandra – artiste culte des Eigties et ex-égérie allemande qui avait cartonné avec le Single « (I’ll Never Be) Maria Magdalena », « Everlasting Love », « Innocent Love », et « In The Heat Of The Night » …) Ce projet s’appelait de façon énigmatique Enigma, nom d’une machine électromécanique servant au chiffrement et au déchiffrement de l’information de la Seconde Guerre mondiale. Chacun ses références. Enfin, pour l’heure, seuls les concerts des projets allemands, Enigma et Gregorian, manquent à mon tableau de chasse, je compte bien y remédier ! Même si la splendide Sandra ne participe plus à cette formation allemande.


Pour eRa, ce soir d’avril offre une ambiance particulière et rend le concert inoubliable. En une vingtaine de titres, Éric Levi nous fait entrer dans son univers particulier. Que dire lorsqu’il présente la genèse de son « Masterpiece »… Ce seRa l’un des rares moments où Éric Levi prendra la parole « Je voudrai partager un souvenir qui m’est cher. Pour mon premier album, j’avais installé un studio d’enregistrement assez sommaire tout en haut d’un donjon médiéval, dans la chambre de la Reine. Il y avait quelque chose d’étrange, presque d’inquiétant d’être seul dans ce grand château tard dans la nuit. Un soir, alors que le vent hurlait dans les couloirs, j’ai entendu des voix. De très belles voix. Et là, avec les mystères de l’inspiration, en un quart d’heure, avec ces voix dans la tête, j’ai écrit ce morceau que vous allez entendre. Je pense que vous le reconnaître dès le début. » Et il a raison, dès la première mesure, l’audience manifeste son bonheur d’écouter « Anemo »… Le public plutôt quadragénaire semble sage, mais n’hésite pas à s’abandonner à une certaine folie en se laissant bercer sans mal. Les 23 titres qui composent cet Opéra Rock emballent une salle conquise. Et pour cause, après 23 ans d’attente, nous sommes tous au taquet, et un titre par année d’absence n’est pas du luxe…

Ce gigantesque spectacle se conclut à 21 h 44, mais c’est sans compter sur un public friand qui en redemande. Après plus de deux décennies d’attente, les fans réclament une seconde fois le méga Hit, « Anemo », pour un rappel improvisé… Cette fois, le public exulte face à un rappel exceptionnel, et une audience au bord de la crise d’apoplexie déjà avec la magnifique interprétation de « Redemption » qui nous a propulsés vers le futur en seulement trois mesures.


Ce superbe projet artistique français managé par un personnage haut en couleur Pascal Nègre, l’ancien PDG de Universal, Président de la Société civile des producteurs associés et Président de la Société civile des producteurs phonographiques, et le tourneur Live Nation, nous donnent rendez-vous les 26 et 27 décembre prochain à la Salle Pleyel. Une seconde salve que je vous conseille de ne pas louper… !
Live Report et Images (Live) : Carlos Sancho.

eRa Setlist:
01 Agnus Deorem
02 Enae Volare Mezzo (Remix)
03 Misere Mani
04 Don’t U
05 Looking for Something
06 Reborn
07 Sentence
08 The Mass
09 Dark Voices
10 If You Shout
11 ImpeRa
12 Hurricane
13 Ameno
14 I Believe (7th Sword version)
15 Don’t go away
16 Avemano
17 I Fall For Your
18 Abbey Road Blues
19 Chosen Path
20 I’m No AngelPlay Video
21 Devore Amante

Encore:
22 Redemption (With Sinfoni Deo Chorus)
23 VoxifeRa (Rock Edit)

Encore 2:
24 Ameno (Request from the Audience)