Raismes Fest 2019
Retour dans le Nord pour mon 8ème Raismes Fest. Toujours un plaisir de retrouver le parc du château de la Princesse d’Arenberg, le public familial et attentif et l’équipe de Philippe Delory qui nous a encore concocté une très bonne programmation…

J’ai manqué Come Unstuck et Sweet Needles pour cause d’arrivée tardive, désolé pour ces deux groupes !

J’ai pu voir le Set de Molybaron mais je dois avouer que je n’y ai pas trouvé mon compte, ces Français délivrant un Rock plutôt classique mais sans grand relief.


J’ai été beaucoup plus séduit par le Hard Rock sans fioritures de 58 Shots qui nous vient tout droit de Belfort, comme Ange mais dans un style fort différent ! Là c’est du brut de décoffrage à la AC/DC avec des influences sudistes qui ne sont pas pour me déplaire. Ma véritable découverte et bonne surprise du jour…


Laura Cox je la connais bien pour l’avoir vue plusieurs fois sur scène depuis quelques années et notamment en première partie de Band Of Friends à Guyancourt. Entre temps, Laura s’est réellement affirmée dans son rôle de Leader du groupe qui porte son nom. Il n’en demeure pas moins que notre charmante chanteuse/guitariste peut toujours compter sur le talentueux Mathieu Albiac à la seconde guitare et sur la paire François/Antonin pour la rythmique de choc. Elle ne manquera d’ailleurs pas de laisser la place à ces deux-là pour montrer leurs aptitudes en milieu de concert lors du traditionnel « Franconin »… Même si l’intention est louable, ce n’est pas une super idée quand on n’a qu’une heure pour faire ses preuves devant un public pas forcément acquis d’avance… Mais bon, pas grave car Laura a eu le temps de revisiter une grande partie de son premier album avec des titres efficaces comme : « Hard Blues Shot » ou « Too Nice For Rock’n’Roll ». Dommage qu’on n’ait pas pu découvrir quelques nouveautés du prochain album « Burning Bright » à sortir début novembre, le groupe préférant en réserver la primeur au concert de lancement du Trabendo le 4 décembre ! On attend tout cela avec impatience…


C’est ensuite au tour des Hollandais de DeWolff de s’emparer de la scène. On m’avait dit le plus grand bien de leur Rock Psyché à la Iron Butterfly ou Jefferson Airplane. Mais comme toujours quand on cite des influences aussi illustres, l’attente est forte et je me suis heurté au même problème qu’avec Blues Pills, Rival Sons, Wolvespirit, The Vintage Caravan ou autres Greta Van Fleet, tous ceux que j’appelle les « Canada Dry » des 70’s ! Je peux comprendre que les plus jeunes n’aient pas eu la chance de voir les groupes qui ont fondé cette musique comme : Led Zep, l’Airplane ou le Dead mais doit-on pour autant se contenter de voir fleurir ces jours-ci toute une palanquée de plagieurs pas toujours très inspirés comme ceux précédemment cités ? Entre ça et les « Tributes », le marché en est envahi… Malheureusement DeWolff n’échappe pas à la règle et je dois dire que je me suis ennuyé ferme pendant leur Set car on est bien loin de Iron Butterfly que j’ai eu la chance de voir sur scène…

Ça ne va guère s’arranger avec les Allemands de Zodiac qui s’auto-baptisent « New Classic Rock » (!), ce qui en dit long sur la démarche. Je prends un peu de Led Zep, je saupoudre de Thin Lizzy, je vais chercher des idées chez Free et chez Purple et au final j’espère que la mayonnaise va prendre… Ben non pas pour moi désolé ! Les compos sont répétitives et une bien pâle copie des originaux, voilà le problème !

Heureusement avec H.E.A.T., pas de soucis de cet ordre-là. Les Suédois ont réussi à se créer une vraie identité musicale basée sur le Hard Rock, l’A.O.R. et le Glam avec des compos extrêmement riches et efficaces. De « Bastard Of Society » à « A Shot Of Redemption », en 15 titres, les Suédois vont une nouvelle fois faire l’unanimité avec un Show délirant et musicalement parfait. Erik Grönwall est une véritable pile électrique et les autres musiciens ne sont pas en reste à commencer par le guitariste Dave Dalone qui est un véritable tueur à la six-cordes. Pas de temps mort, les tubes s’égrènent à l’instar de « Breaking The Silence », de l’incontournable « Shit City », des très Hard FM « Downtown » et « Living On The Run » ou encore du sublime « Mannequin Show »… Et puis ce « Beg Beg Beg » d’anthologie qui permettra à Erik de revisiter le « Whole Lotta Rosie » d’AC/DC et même le « Piece Of My Heart » popularisé par Janis Joplin ! Ce concert de H.E.A.T. restera le grand moment de cette journée du samedi à Raismes même si l’artiste suivant n’a pas fini de nous surprendre !


Glenn Hughes, puisque c’est de lui qu’il s’agit, va enfin donner le concert-hommage à Deep Purple qu’on attendait depuis le fiasco de l’Élysée Montmartre l’année précédente et éliminer sans difficulté ce que David Coverdale a proposé avec Whitesnake dans le même registre il y a peu… Il semblerait d’ailleurs que les relations entre les 2 ex-chanteurs de Purple ne soient pas au beau fixe puisque Glenn fera allusion à son « Dear Friend » David avec une grimace très éloquente… Visiblement seul le regretté Tommy Bolin reste dans son cœur à ce jour et il lui rendra comme à l’accoutumée un hommage appuyé. La Setlist dédiée au Pourpre Profond n’a pas beaucoup varié avec le temps et repose essentiellement sur les 3 albums auxquels Glenn a participé : « Burn », « Stormbringer » et mon préféré « Comme Taste The Band » avec son ambiance plus Soul… Toujours fringué très 70’s,  attaque avec le très Hard « Stormbringer »Glenn. Soren Andersen joue toujours prodigieusement bien les soli de Blackmore de l’époque. Glenn s’époumone malheureusement encore un peu trop souvent avec ses vocalises dispensables mais bon on lui pardonne car il reste « The Voice Of Rock » ! Le batteur Ash Sheehan est un peu bourrin parfois mais bon ça passe. Quant au clavier il n’est ni trop omniprésent, ni trop discret, bref il fait le Job sans nous la jouer Jon Lord ! On enchaîne avec les divins « Might Just Take Your Life » et « Sail Away », tous deux issus de « Burn » avant un « Keep On Moving » bourré de Groove et de Feeling, souvenir de la période Tommy Bolin… On reste d’ailleurs en 1975 avec « Gettin’ Tighter » dans une version/Jam qui frôle la demie heure avec Glenn qui s’éclate à la basse, heureux comme on ne l’avait pas vu depuis longtemps ! L’intro bien connue des fans annonce maintenant un « Mistreated » somptueux pour lequel Glenn développe toutes ses capacités vocales. Petite échappée vers le DP Mk 2 pour l’incontournable « Smoke On The Water » dont on pourrait aisément se passer car relativement hors-sujet mais il faut bien satisfaire les foules ! Cela permet à Glenn d’enchaîner sur le « Georgia On My Mind » de Ray Charles comme il le faisait lors des concerts de Purple de l’époque 73-75, émouvant moment sans aucun doute ! Le groupe reviendra pour un rappel avec le légendaire « Burn » dans une version survitaminée et un « Highway Star » de derrière les fagots lui aussi plutôt burné… Bien content en tous cas d’avoir pu oublier la prestation de l’Élysée M. et de retrouver ce bon vieux Glenn au meilleur de sa forme ! Il va en avoir besoin pour les mois à venir entre sa carrière solo, Black Country Communion et les Dead Daisies


La journée de dimanche commence avec Freak Show, du Rock Heavy sympa mais sans grande originalité. Rien de bien nouveau non plus avec Massive, des Australiens qui reproduisent fidèlement un Hard Rock à la AC/DC ou Rose Tattoo. On avait déjà Airbourne et les autres Clones de la bande à Angus, n’en jetez plus ! Quant à Aaron Buchanan & The Cult Classics, toujours pas compris l’intérêt de ce groupe jusqu’à ce jour…


On commence les choses sérieuses avec les vétérans de Tokyo Blade que j’avais déjà vus il y a longtemps en 1ère partie de Mama’s Boys ou de Blue Öyster Cult et plus récemment avec et sans Alan Marsh au British Steel Festival de Fismes. Après Tygers Of Pan Tang et Praying Mantis, TB est le représentant de la N.W.O.B.H.M. de cette édition 2019 du Raismes Fest. On a droit au Line-Up originel du groupe anglais (à 1 ou 2 ans près pour certains !) et du coup la Setlist est un Best Of des débuts… De « Sunrise In Tokyo » à « If Heaven Is Hell » en passant par les légendaires « Midnight Rendez-Vous » et « Night Of The Blade », les fans de la première heure sont comblés ! Dommage juste que ces héritiers de Maiden aient donné l’impression de prendre ce concert par dessus la jambe avec un Alan Marsh qui devait lire les paroles des chansons sur une fiche, un Andy Boulton qui s’est absenté longuement pour un problème de guitare somme toute anodin et un groupe qui n’a pas jugé bon d’utiliser tout le temps qui lui était imparti pour jouer 1 ou 2 morceaux de plus… Un peu de sérieux Messieurs les Anglais, rien n’est acquis même après près de 40 ans de carrière !


J’avoue que je connaissais assez peu ces Electric Boys avant le festival, il faut dire qu’ils ont eu un parcours quelque peu chaotique depuis la fin des 80’s. Mais le groupe suédois va très vite devenir mon coup de cœur de la journée de dimanche… Avec un répertoire plutôt varié qui va du Hard Funk à la Living Colour au Heavy Rock à la Aerosmith, la bande à Conny Bloom va délivrer une prestation haute en couleur et jouissive. Il faut dire que les musiciens sont excellents, que ce soit le guitariste Franco Santunione ou la paire Andy Christell/Jolle Atlagic à la section rythmique, sans compter la voix impressionnante de Conny… On part sur les chapeaux de roue avec un « Hangover In Hannover » très AC/DCien avant un non moins énergique « Suffer » et ses chœurs à la Def Leppard. Ambiance très Living Colour avec « Groovus Maximus » de la grande époque qui secoue tout le public. Pas de baisse de régime avec « Swampmotofrog » enchaîné au très Groovy « Electrified ». Avec « Gone Gone Gone », le groupe suédois se risque à la ballade qui tue pour satisfaire l’audience féminine nombreuse qui n’en perd pas une miette ! Et ça repart de plus belle avec le percutant « Knee Deep In You » suivi du très Poppy « You Spark My Heart » qui rappelle un peu les Cars de Ric Ocasek (R.I.P.) ! « Rags To Riches » est un véritable brûlot très 80’s avec son refrain et son côté très Groovy qui me font penser à Dan Reed Network. Et puis les Suédois nous délivrent un tiercé gagnant : « Angel In An Armoured Suit », « First The Money, Then The Honey » et le tube incontournable « All Lips ‘n Hips » qui met tout le monde d’accord… Décidément ce passage des Electric Boys au Raismes Fest restera gravé comme un très grand moment de ferveur Rock ‘n’ Roll !


Du fait du retard de l’avion de The Night Flight Orchestra, la prod’ est obligée d’avancer le concert de Brian Downey’s Alive & Dangerous. On ne s’en plaindra pas car le passage du batteur de Thin Lizzy est un moment très attendu des fans de Classic Rock dont je suis… La Setlist est toujours grosso modo la même c’est-à-dire à peu de choses près l’intégralité du mythique « Live & Dangerous » de Thin Lizzy. Quel plaisir de retrouver tous ces morceaux qui ont marqué notre adolescence, de « Jailbreak » à « Suicide » en passant par « Rosalie », « Don’t Believe A Word » sans oublier les tubes « The Boys Are Back In Town » ou « Whiskey In The Jar » ! Et puis cette version sublime de « Still In Love With You » chantée par un Matt Wilson dont la voix se rapproche de plus en plus de celle de Phil, l’illusion est quasiment parfaite ! Certains esprits chagrins diront que l’album est rejoué à la note près, sans grande prise de risque notamment des 2 excellents guitaristes mais comment peut-il en être autrement quand on touche au Saint Graal qu’est le Live de la bande à Phil Lynott ? 1 heure de pur bonheur musical et de communion entre les quatre musiciens et le public aux anges…


Inversion de passage entre Phil Campbell qui devait clore la soirée du dimanche et Leprous qui jouera juste avant TNFO. Ayant vu le guitariste de Motörhead il y a peu, je ne redirai pas tout le bien que je pense du groupe qu’il a formé avec ses fils… Le Set est à peu près le même qu’au Golden Age Rock Festival avec alternance de titres de la bande à Lemmy et de la récente carrière solo de Phil sans oublier un petit clin d’oeil à Hawkwind avec « Silver Machine »… Toujours un très bon moment en compagnie de Phil et de ses Bastards !


Ne connaissant pas du tout Leprous, je n’avais aucun à priori positif ou négatif à son égard. Je savais juste que le groupe norvégien de Prog’ est très clivant, certains le vénérant et d’autres l’exécrant littéralement… Il faut reconnaître que la voix du chanteur est particulièrement agaçante à la longue et que les morceaux se ressemblent beaucoup. Mais cela étant dit, si on accepte de rentrer dans cette musique un peu ardue, à l’instar de Tool, il est indéniable que Leprous est très riche musicalement et que ses musiciens sont visiblement des passionnés ! J’ai eu beaucoup de mal à accrocher pendant les 45 premières minutes mais j’ai trouvé les 2 derniers morceaux « Mirage » et « From The Flame » extrêmement intéressants et efficaces. Je pense que Leprous mérite amplement sa popularité croissante et qu’il faut faire l’effort d’aller vers ces Norvégiens hors norme car il y a un potentiel énorme…


Je n’en dirai malheureusement pas autant de The Night Flight Orchestra dont on m’avait pourtant dit le plus grand bien avant le Raismes Fest. On m’avait annoncé le nouveau Rainbow, de l’AOR du niveau de Boston ou de Kansas, j’en passe et des meilleures… Au final, ces musiciens, pourtant reconnus puisque venant d’horizons aussi divers que Soilwork, Arch Enemy ou Spiritual Beggars, délivrent une bouillie FM mâtinée de Disco totalement indigeste. Le tout avec une mise en scène ultra kitsch qui met en avant 2 choristes bien en chair qui sont censées être drôles et sympas mais qui frisent le pathétique ! Ceux qui ont eu le courage d’affronter le froid pour assister à ce naufrage avaient l’air pour la plupart de trouver ça à leur goût mais personnellement j’ai préféré mettre les voiles pour échapper à ce pastiche profondément ennuyeux !

Malgré cette fin un peu décevante, le Raismes Fest 2019 restera un très bon cru surtout grâce aux plus anciens comme : Glenn Hughes, Brian Downey, Phil Campbell… Ou les plus récents H.E.A.T. et Electric Boys. Mais je comprends bien que du fait du vieillissement du public Classic Rock et de l’arrêt de beaucoup de groupes des glorieuses années pour les mêmes raisons, le festival est obligé de se renouveler et de faire la part belle aux nouveaux venus. Le seul problème c’est que la vraie relève se fait attendre et que la plupart de ces « jeunes » groupes se contentent de copier les anciens sans forcément avoir des compos à la hauteur de leurs aînés… Dommage !
Live Report & images : Olivier Carle

Merci à Philippe Delory et à Bertrand « The Voice » Roussel