Raismes Fest Open Air, le 7 et 8 septembre 2024.
Live Report par : Olivier Carle, images par : Alain Boucly
Cette 24ème édition du Raismes Fest sera ma 11ème. Contrairement à la « canicule » de l’année précédente, le temps sera plus clément même si la pluie gâchera un peu la fin et en particulier le concert de D-A-D le dimanche soir… En tout cas le public a répondu présent et cela dès les premières heures de ce Week-End festif !
La journée du samedi commence avec le Garage Rock hautement recommandable des Lillois de Deluxe Renegades. Avec leur nouvel EP judicieusement intitulé « Extended Play » sous le bras, ces Hellacopters français vont électriser les premiers arrivés qui ne s’attendaient pas à une telle débauche d’énergie… Il faudra suivre ce trio explosif dans les mois et les années à venir !
Malheureusement le groupe suivant Nemesis H.P. avec son Hard 80’s sans grande originalité ne marquera pas selon moi cette édition 2024 du Raismes Fest. Next !
Les choses sérieuses reprennent avec les excellents Small Jackets venus d’Italie. Beaucoup d’influences chez ces transalpins. On peut citer là encore les Hellacopters mais aussi des aînés 70’s comme Aerosmith voire Ted Nugent. Le résultat est totalement jouissif et le public ne s’y trompe pas car il y a de l’ambiance dans les premiers rangs. On aura droit à pas mal d’extraits de leurs 5 albums et notamment du dernier en date « Just Like This ». Ce quartet a beau avoir subi de très nombreux changements de Line-Up depuis sa création il y a près d’un quart de siècle, la formation actuelle fait preuve d’une redoutable cohésion et d’une efficacité scénique imparable. Un grand moment de la journée de samedi indubitablement.
J’avais beaucoup aimé la prestation de Kim Melville l’année dernière à La Cigale en 1ère partie de Laura Cox. Son Blues-Rock teinté de Glam et de Hard m’avait alors convaincu que la belle Kim avait un destin tout tracé dans le paysage musical hexagonal voire international. Mais là je n’ai pas retrouvé l’artiste que j’avais tant appréciée à Paris. Elle nous a offert 3 quarts d’heure d’un Rock que je qualifierai de Grunge et relativement peu inspiré. Malgré tous ses efforts pour entraîner le public présent dans son Trip, celui-ci est visiblement resté de marbre. Peut-être que la jeune Kim n’est pas encore prête pour les festivals et il faudra attendre son premier véritable album studio qui ne saurait tarder pour voir la direction musicale prise car j’ai le sentiment que pour le moment elle se cherche encore… Laissons lui le temps !
On continue avec une autre « Rockeuse », suédoise cette fois-ci et qui officie dans un style beaucoup plus Heavy Metal. Il s’agit de Liv Jagrell que j’avais découverte du temps où elle était la vocaliste de Sister Sin, en 2015 en 1ère partie de U.D.O. au Forum Vauréal. Je n’en garde pas un souvenir impérissable mais avec son nouveau groupe Liv Sin, je l’ai trouvée tout à fait convaincante. Les compos sont en acier trempé et ses musiciens font le Job tout comme elle. C’est à la fois classique, dans la lignée d’Accept ou même de Doro dont elle a parfois les intonations, mais aussi résolument moderne avec des sonorités presque Indus’. Les riffs sont accrocheurs et on ne s’ennuie pas une seule seconde pendant le Set de Liv Sin. Mon coup de cœur de la journée assurément !
J’avais trouvé Dätcha Mandala plutôt sympathique en remplaçant de dernière minute de Ko Ko Mo l’année dernière à Guitare En Scène. Le problème c’est que c’est toujours un peu pareil… Ce Power-Trio bordelais recycle la musique des 70’s avec un talent certain mais ça tourne un peu en rond et les compos se suivent et se ressemblent. Visiblement le public raismois a apprécié mais personnellement je me suis quelque peu ennuyé devant leur Set.
De l’ennui il n’en est pas question avec les grandioses Gotus que j’avais découverts sur scène il y a 2 ans toujours à Guitare En Scène… A l’époque Dino Jelusick venait de passer le flambeau vocal à Ronnie Romero et on avait eu droit à la présence de Dino avec Gotus pour une reprise somptueuse de « Rockin’ In The Free World » de Neil Young. Des reprises il va y en avoir en pagaille ce soir puisque le guitariste vétéran suisse Mandy Meyer a participé à pas mal de projets par le passé à commencer par Krokus et Gotthard d’où le sobriquet du groupe. La première partie du concert sera consacrée à 2 autres formations dont il a également fait partie à savoir Unisonic et Cobra avec des morceaux très Heavy comme « Fallen Angel », « Souls Alive » ou encore « First Strike ». Ronnie est très en voix, Mandy est impérial comme d’habitude la section rythmique de Krokus composée de Tony Castell et Patrick Aeby est au Top sans oublier le talentueux Alain Guy aux claviers. A tout seigneur tout honneur on ira revisiter le grand Krokus avec « Fire » et bien sûr Gotthard avec « Reason To Live » et « Top Of The World », superbes versions. Le premier album de Gotus sorti il y a peu sera aussi de la partie avec l’excellent « Beware Of The Fire » et le très Rainbow « Take Me To The Mountain ». Et pour finir une petite pépite de Katmandü, groupe fondé par Mandy au début des 90’s et malheureusement très sous-estimé, avec « Warzone ». Très heureux d’avoir eu la chance de revoir Gotus 2 ans après Guitare En Scène pour ce qui sera mon meilleur concert de la journée de samedi haut la main !
Je passe brièvement sur la fin de la journée avec Audrey Horne qui me passionne à peu près autant que The Night Flight Orchestra dans le genre Classic Rock mélodique joué par des ex-Black/Death Metalleux suédois. Je m’étais profondément ennuyé à l’écoute des fades compos de Audrey Horne il y a 11 ans sur cette même scène et la situation n’a guère changé en 2024…
Quant à Korpiklaani, c’est sûrement très bien et hautement festif quand on a carburé à la Cuvée des Trolls toute la journée mais comme ce n’est pas mon cas, je préfère m’abstenir de tout commentaire.
La journée de dimanche commence sous les meilleurs auspices avec le Power-Trio : The Mad Jackets venu de la proche Valenciennes et qui remplace Goodgrief au pied levé. Bonne pioche car ces 3 musiciens vont mettre le feu sur la scène en une petite demi-heure devant un public encore peu nombreux mais conquis d’emblée. A suivre donc…
Ça continue de plus belle avec les formidables The Georgia Thunderbolts qui finissent leur tournée européenne à Raismes. Du Southern Rock pur jus venu de Géorgie comme leur nom l’indique et qui n’a rien à envier à leurs compatriotes de Blackberry Smoke ou aux Britanniques de Sons Of Liberty qui avaient foulé la scène raismoise il y a 2 ans. Avec son dernier album « Rise Above It All » sorti il y a peu, le quintet va nous proposer une Setlist bourrée de testostérone pendant 45 minutes qui passeront bien trop vite à mon goût. Ce groupe méritait d’être beaucoup plus haut sur l’affiche et d’avoir un Set d’une heure et demie selon moi. Le Lead guitariste est exceptionnel et ses soli ne passeront pas inaperçus.
Quant au chanteur TJ Lyle, il possède l’organe vocal idéal pour ce genre de musique à l’instar de Charlie Starr de BS. Il y a fort à parier que ces Géorgiens vont assurer la relève de Lynyrd aux USA dans les années à venir… Meilleur concert du dimanche sans aucun doute.
Mais le troisième groupe du jour tient bien la corde à savoir celui du Belge Thomas Frank Hopper. Je ne connaissais pas du tout cet artiste mais je dois dire que j’ai pris une grosse claque en le découvrant sur scène. Son style est relativement indéfinissable même si le Blues y est très présent comme chez Ben Harper par exemple. Les compos sont d’une très grande richesse et il s’y entend pour faire sonner ses guitares, notamment la Weissenborn qu’il maîtrise à la perfection.
Il est accompagné d’un guitariste redoutable qui ne manque pas une occasion de décocher un solo ravageur. La Setlist pioche allègrement dans ses 2 albums, « Bloodstone » sorti en 2021 et « Paradize City » de 2023. Bravo à Philippe Delory d’être allé chercher ce jeune Belge inconnu par chez nous mais qui va à n’en point douter se faire un nom très vite dans l’hexagone. Honnêtement ça fait bien longtemps que je n’avais pas entendu quelque chose d’aussi intéressant sur la scène Blues-Rock…
On m’avait dit le plus grand bien de Massive Wagons surtout suite à leur passage à l’Empreinte de Savigny. Ce mélange de Hard-Rock et de Punk-Rock, un peu dans la lignée de The Offspring que j’aime beaucoup, avait tout pour me séduire. Pour être tout à fait honnête j’ai trouvé ça pas mal mais un peu répétitif là encore. Le chanteur ne manque pas d’énergie et les musiciens assurent bien mais on a un peu l’impression d’entendre toujours grosso modo le même morceau. C’est sympathique et festif mais c’est le genre de groupe dont peut très vite se lasser…
Et la suite ne va guère être plus originale avec Sideburn, une sorte de sous-AC/DC dans la lignée de Airbourne qui fait du « neuf » avec du vieux. Franchement à quoi bon là encore Cloner les Australiens avec des compos bien inférieures aux originales…
Je passe bien vite sur Cachemire que j’avais déjà vu à l’Olympia lors de la soirée anniversaire des 120 ans de Harley Davidson l’année dernière. Je n’avais pas compris l’intérêt de ce groupe ce soir-là et je ne le comprends toujours pas aujourd’hui. Comment peut-on massacrer à ce point le magnifique « La Nuit Je Mens » du pauvre Bashung qui n’en méritait pas tant ? Quand je pense que Didier Wampas compare ces Nantais et leurs riffs éculés aux Sheriff ou à Téléphone, j’avoue que ça me dépasse !
Heureusement voilà Dino Jelusick qui vient remettre les pendules à l’heure et l’église au milieu du village ! Voilà un artiste de plus que j’ai découvert à Guitare En Scène, d’une part avec son propre groupe éponyme et lors d’un Tribute mémorable à Whitesnake puisqu’il avait été embauché comme doublure vocale de Coverdale. Premier groupe croate à jouer au Raismes Fest, ce moment s’annonçait grandiose. Ce ne le fut qu’à moitié. Ivan Keller, le Shredder très inspiré par Zakk Wylde, s’est déchaîné pendant tout le Set, peut-être même un peu trop. Le bassiste Luka qui saute comme un kangourou et maltraite sa basse avec délectation nous a délivré un long solo tout à fait dispensable. Seul Mario le batteur a su rester sage mais néanmoins très efficace derrière ses fûts.
Quant à Dino il a toujours une des plus belles voix du Hard contemporain et il assure fort bien aux claviers. La Setlist s’appuie sur le premier album du combo, excellent au demeurant, « Follow The Blind Man ». J’ai été particulièrement bluffé par le fantastique « Fly High Again » avec un Dino très en voix. On peut juste regretter que le groupe n’ait pas jugé utile de nous offrir une ou deux reprises, « au hasard » du Serpent Blanc. Était-ce vraiment utile d’aller piocher le « The Look » de Roxette pour une version très convenue ? Je respecte le fait que Dino veuille imposer son propre répertoire mais dans un festival comme celui de Raismes il faut savoir faire plaisir aux fans de bon Classic/Hard Rock…
Le RF se termine avec les incontournables D-A-D qui y jouent pour la 3ème fois en 10 ans. Personnellement ce sera mon 7ème concert des Danois en 35 ans de fidélité à ce groupe atypique, mon tout premier datant de la tournée « No Fuel Left For The Pilgrims », un de leurs meilleurs albums ! Ce que j’apprécie chez eux hormis la musique bien évidemment c’est la complicité entre les musiciens et la forte dose d’humour et d’auto-dérision qu’ils injectent d’habitude dans leur prestation. Ce soir hormis le petit jeu entre le batteur Laust et le chanteur Jesper, on a eu le minimum syndical du délire. Il faut dire que le groupe est arrivé en retard en raison d’un blocage à Bruxelles, annulant de ce fait la dédicace et les Interviews. Ils ont d’ailleurs commencé en retard et ont réduit leur Set à 1 heure et quart. Et puis la pluie battante n’a rien arrangé à l’affaire avec un public parti en grand nombre se réfugier sous le chapiteau à une bonne cinquantaine de mètres de la scène… Passons sur ces quelques désagréments et reconnaissons que les Danois nous ont offert une Setlist tout à fait respectable et notre dose de « tubes » incontournables. De « Sleeping My Day Away » à « Jihad » en passant par « Bad Craziness » et « Grow Or Pay » ou encore « Monster Philosophy », les fans ont été comblés ! On aurait juste aimé un peu plus de folie comme lors de leurs 2 précédents passages à Raismes car même Jacob et surtout Stig semblaient beaucoup plus « sages » que d’habitude… On se doute qu’ils reviendront dans une prochaine édition et que la météo et le Fun seront au rendez-vous !
On l’aura compris, cette édition 2024 du RF m’a semblé mi-figue mi-raisin avec de belles découvertes, des confirmations mais aussi quelques déceptions. Il n’en demeure pas moins que c’est toujours un plaisir d’y retourner pour retrouver les potes dans un cadre toujours aussi agréable et avec un accueil au top !
Merci à Philippe Delory, Bertrand Roussel et à tous les bénévoles de ce fantastique festival !