Retro C Trop Festival 2025,
Château de Tilloloy, le 27, 28 & 29 juin 2025.
Live Report par : Olivier Carle
& images par : Tomi Carle


Cela fait plusieurs années que j’avais envie d’aller au Retro C Trop. 2025 sera la bonne d’autant que la programmation a tout pour me plaire…Ce sympathique festival en est à sa 9ème édition et a déjà accueilli des grands noms du Classic Rock comme : Deep Purple, ZZ Top, Sting, Uriah Heep, les Pretenders, Scorpions, Jethro Tull, etc. Situé dans le parc du Château de Tilloloy, il attire environ 5000 personnes par jour au cœur de la Picardie. Cette année on verra 13 groupes sur la grande scène et quelques émergents sur celle du tremplin Heroes Proxelia. Toutes les conditions sont réunies pour que les festivaliers passent un bon moment vintage dans ce cadre enchanteur…


Vendredi 27 juin 2025.



Ça commence le vendredi soir avec les Whops, venus tout droit de Londres. Agés de respectivement 12 et 14 ans, Freddie et Frankie chantent et jouent de la guitare.


Ils sont accompagnés d’un jeune joueur de Cajon. Leur répertoire consiste en des reprises dynamiques de Hits du Punk de leurs aînés comme les Clash, les Jam, les Ramones… et même Elvis.


Je n’ai jamais été grand amateur des enfants mis en avant du fait de leur jeune âge pour le plaisir un peu malsain de leurs parents comme ce fut le cas pour Jordi (remember « Dur Dur d’être un bébé »?).


Mais là c’est fait dans un esprit plutôt festif et respectueux d’autant que ces mômes se sont entraînés dans les rues de Camden, la meilleure école pour le Live. La communion avec le public se passe plutôt bien et c’est une entrée en matière réussie pour cette première soirée.


Celui que tout le monde attend en cette chaude soirée de juin c’est bien sûr Manu Chao. Il vient avec sa guitare acoustique et est accompagné de Matumati à la seconde guitare, de Miguel Rumbao Serrano aux percussions ainsi que 2 cuivres : Max (de Los Tres Puntos) au trombone et Mamatt à la trompette. Il va nous interpréter des extraits de son dernier album en date « Viva Tu » et quelques-uns de ses plus grands succès en solo comme « Clandestino » ou « Me Gustas Tu » et avec la Mano Negra comme : « Mala Vida ». Un peu ennuyeux au début car plutôt répétitif, son Set prend une autre dimension dans la dernière demie heure avec une participation active du public qui chante et danse sur ses rythmes latinos et festifs.


Je vous mentirais si je vous disais que je n’ai pas nettement préféré les Skatalites. Ce groupe de Ska jamaïcain est actif depuis les années 60 mais surtout depuis une quarantaine d’années. Ils sont 8 sur scène et on voit tout de suite que les membres les plus anciens sont le percussionniste/chanteur, qui doit être Larry McDonald et qui fête ses 88 ans, et le bassiste, probablement Val Douglas, qui joue assis et qui a côtoyé Peter Tosh, Bob Marley et tous les plus grands artistes jamaïcains… Bref une pointure ! Un vrai plaisir d’écouter ces légendes du Ska, du Rocksteady et du Reggae nous interpréter des tubes comme « Guns Of Navarone » ou « Rock Fort Rock ». Ayant commencé un peu plus tard que prévu sur l’horaire, ils vont nous emmener en Jamaïque jusqu’à près de 2 heures du matin sur des rythmes Groovy et chaloupés.


Samedi 28 juin 2025.


La journée de samedi commence à 15h00 avec From The Jam. Fondé en 2007 par le bassiste du Jam originel, Bruce Foxton, malheureusement absent pour raisons de santé, et le guitariste-chanteur Russell Hastings qui ressemble fortement à Paul Weller surtout d’un point de vue capillaire, ce combo reprend les principaux succès du groupe Mod.


On aura ainsi droit à des versions proches des originales de « Town Called Malice », « In The City », « That’s Entertainment », « Going Underground », « Start! », « Down In The Tube Station At Midnight » et même une version bien Soul du « Heatwave » de Holland/Dozier/Holland.


De base je ne suis pas un inconditionnel de The Jam mais je dois dire que j’ai beaucoup apprécié de réentendre ces hymnes de la période Mod joués avec autant de vigueur et de déférence.


Beaucoup plus fan du groupe qui arrive maintenant : (The) Sweet Featuring Andy Scott. Hormis le guitariste-fondateur, on retrouve au chant une figure connue en la personne de Paul Manzi (Arena, Cats In Space…).


Andy nous annonce que c’est la première fois que Sweet joue dans l’hexagone. C’est vrai que je ne les ai jamais vus par ici mais j’étais convaincu qu’en près de 60 ans de carrière ils avaient joué une fois ou deux dans notre pays.


Peut-être était-ce une autre version du groupe car il y a eu jusqu’à 4 combos tournant sous ce même nom ! Le quintet va nous replonger dans les glorieuses 70’s avec des tubes comme : « Love Is Like Oxygen », « The Ballroom Blitz », « Fox On The Run » ou encore « Blockbuster » mais dans des interprétations un peu plus Hard que Pop, histoire de muscler un peu le Set. Certains morceaux moins connus sonnaient un peu comme du Uriah Heep avec des harmonies vocales comparables. Bon succès auprès du public pourtant pas forcément branché Hard-Rock en cette journée plutôt orientée Punk-Rock.


A propos de Punk, c’est maintenant Stiff Little Fingers qui va investir la scène de Tilloloy. Personnellement je ne les ai vus qu’une seule fois, il y a presque 45 ans lorsque je vivais en Angleterre. C’était au New Theatre d’Oxford en mai 1981 pour le « Go For It » Tour. Je n’en garde pas un souvenir impérissable. De l’époque ne subsiste que la moitié du groupe originel à savoir le chanteur-guitariste Jake Burns et le bassiste Ali McMordie. Intéressant d’apprendre qu’Ali fut remplacé au sein de SLF par Mr Bruce Foxton de The Jam de 1991 à 2006, soit la période juste avant la création de From The Jam qui passait un peu plus tôt sur cette même scène ! Comme quoi, comme on dit souvent, le monde est petit, surtout celui de la musique… Le quatuor qui se présente devant nous est complété par un second guitariste Ian McCallum et le batteur Steve Grantley, tous deux arrivés dans les années 90. Musicalement ça n’a pas beaucoup changé. Ils jouent toujours, comme à l’époque, pas mal d’extraits de leur tout premier album « Inflammable Material » qui reste un classique du genre Punk, dans la lignée des Clash ou des Damned. C’est sympathique mais je continue de trouver que ça tourne vite en rond !


Tout le contraire des Stranglers qui restent parmi mes groupes préférés des années 70/80. Pas une surprise donc que je les revoie ici pour la 7ème fois depuis une quarantaine d’années. Comme à l’Olympia l’année dernière et il y a 2 ans je retrouve le grand Jean-Jacques Burnel, seul membre originel, à la basse et au chant ainsi que l’excellent Baz Warne qui officie derrière le micro et à la guitare depuis plus de 20 ans.


Et puis les « petits nouveaux » Jim Macaulay à la batterie, qui remplace le regretté Jet Black depuis une dizaine d’années, et Toby Hounsham qui a repris les claviers au décès de Dave Greenfield en 2020. Le quartet va nous délivrer un Set assez proche de ceux des récents Olympia. Pas mal de tubes comme les très attendus « Golden Brown » et « Hangin’ Around », les toujours Poppy « Always The Sun » et « Skin Deep », les bien Reggae « Peaches » et « Nice’n’ Sleazy », le mélancolique « Strange Little Girl » et la sublime reprise de Burt Bacharach « Walk On By ». Et puis comment finir leur concert sans les 4 titres incontournables et puissants que sont : « Something Better Change », « Tank », l’hymne Pub-Rock « Go Buddy Go » et bien sûr l’hymne des Punks « No More Heroes » ! Cerise sur le gâteau j’ai eu droit à ce qui est devenu mon nouveau morceau-fétiche des Stranglers, le Discoïsant « White Stallion » du tout récent album « Dark Matters » (2021). Une Setlist de rêve pour un groupe mythique et fondamental de l’histoire du Rock… Le concert du jour et peut-être même du Week End !


1 semaine après le Hellfest je retrouve maintenant les Sex Pistols Featuring Frank Carter. Même Setlist, même Show… On ne change pas une équipe qui gagne !


L’ambiance est un peu moins tendue qu’à la Warzone mais Frank Carter ne boudera pas pour autant son plaisir d’aller faire un tour dans la foule. Mon fils, qui ne les avait pas vus au Hellfest, me fera néanmoins remarquer que tout cela est peut-être un peu trop propret, trop bien interprété et limite aseptisé pour un groupe Punk qui s’est formé pendant la vague de 1977. Et il n’a pas totalement tort car ça manque un peu de spontanéité et de folie.


Steve Jones joue parfaitement sa partition, Paul Cook est remonté et métronomique comme le lapin Duracell, Glen Matlock est Mr Cool et Frank Carter est là pour faire le Show mais c’est toujours le même soir après soir… En fait c’est comme si le Punk-Rock était devenu une sorte d’institution, une partie intégrante du Classic-Rock alors qu’il en était l’anti-thèse en 1977. Est-ce une bonne ou une mauvaise chose, à tout un chacun d’en décider !


On retrouve d’ailleurs cet esprit Punk originel chez les Molotovs qui jouent maintenant sur la scène Heroes Proxelia. Mais en ce qui les concerne c’est une sorte de Néo-Punk très esthétisant et sophistiqué.


Une bassiste très sexy qui attire tous les regards et son frère, chanteur-guitariste au Look Fashion à la Paul Weller ou David Bowie.


Leur version de « Suffragette City » est d’ailleurs un moment fort de leur prestation car menée à 100 à l’heure et totalement jouissive. Ce n’est pas un hasard si les Pistols justement ou encore Blondie et Adam Ant les ont adoubés pour partager la scène avec eux en tournée.


Issey et Mathew Cartlidge sont appelés à un grand avenir d’autant que Marshall Records (le Label de la marque d’amplis) et Live Nation misent beaucoup sur eux… On n’a pas fini d’entendre parler des Molotovs, ça c’est certain !


Dimanche 29 juin 2025.



La journée de dimanche commence avec les Nomads, groupe de Garage Punk/Rock venu de Suède. Même si ce combo existe depuis les années 80, je n’avais jamais eu l’occasion de les voir sur scène jusqu’à aujourd’hui. Inspirés par les Stooges, MC5, les Cramps ou les New York Dolls, ils ont eux-même été à l’origine de l’essor de groupes comme les Hellacopters ou The Hives dans leur patrie d’origine.


Autant dire que ça va être une bonne mise en bouche pour la venue exceptionnelle en soirée de Sir Iggy Pop. Le quintet va revisiter des extraits de ses nombreux albums sortis en un peu plus de 40 ans d’activité. L’ambiance sera un peu plus calme qu’à l’époque mais l’énergie est toujours là et les riffs sont toujours aussi acérés.

Ambiance festive ensuite avec le Punk rigolo des Toy Dolls. Là encore j’avoue ne guère priser la musique de ces Anglais essentiellement connus pour leur reprise décalée de « Nellie The Elephant ».


Avec leurs cheveux colorés, leurs pas de danse un peu répétitifs et leurs riffs infantiles, je pense qu’ils s’adressent plutôt à un public d’ados boutonneux qu’à de vrais amateurs de Punk Rock déjanté mais ce n’est que mon avis !

Je connaissais assez mal les Silmarils si ce n’est leur tube d’il y a 25 ans « Va Y Avoir Du Sport ». Je les avais vus en 1997 à l’Olympia pour la tournée « Original Karma » mais je n’en garde aucun souvenir… Je dois dire que j’ai été assez bluffé au départ par leur prestation à Tilloloy, sans doute la plus puissante et percutante du Week End.


Le son est énorme et les basses sont à la limite du supportable dans les premiers rangs. Ce mélange de Hip-Hop et de Rock distillé par le collectif ressemble fortement à celui de Rage Against The Machine ou des Red Hot Chili Peppers.


Le seul problème c’est que tout ça tourne vite en rond et j’avoue être parti boire un coup au calme bien avant la fin de ce Set un peu bourratif et surtout très fatigant.


Ceux qui me lisent savent que j’ai un rapport compliqué à Rival Sons. Je les ai vus déjà 4 fois, toujours en festival. Mon premier date de 2016 au Hellfest et j’avais trouvé leur Classic Rock un peu trop calqué sur leurs aînés et surtout sans grande originalité, ce que je nomme souvent du Canada Dry des illustres 70’s.


Mon second ce fut en Corse l’année suivante, aux Nuits de la Guitare de Patrimonio, et ma première impression n’en fut que renforcée. Par je ne sais quel tour de magie, leur prestation au Hellfest 2022 fut tout bonnement magique à tel point que je me demande encore aujourd’hui si c’est bien le même groupe que celui que j’avais vu les deux fois précédentes…


L’année dernière ils sont passés à Guitare En Scène et rebelote, grosse déception avec un Jay Buchanan trop bavard et peu convaincant. Leur venue au Retro C Trop allait-elle être enfin une vraie révélation me concernant. La réponse est malheureusement non.


Ça commence pourtant très fort avec des titres Zeppeliniens comme : « End Of Forever », « Electric Man », « Open My Eyes » et « Pressure And Time » voire « Torture ». Mais la tension retombe très vite avec des mièvreries comme : « Shooting Stars » interprétée par Jay seul à l’acoustique ou « Rapture ».


Ça repart un peu avec « Too Bad » et « Belle Starr » mais « Feral Roots » et « Mosaic » auront raison de ma patience. « Do Your Worst » et « Secret » n’arriveront pas à me sortir de ma torpeur après ce Set en dent de scie.


Je suis prêt à reconnaître que Scott Holiday est un grand guitariste mais Jay Buchanan en fait des tonnes sans atteindre loin s’en faut le niveau de Robert Plant ! Bref ce n’est pas encore cette fois-ci que Rival Sons rentrera dans mon panthéon du Rock.


Celui qui y est depuis bien longtemps, dans ce panthéon, c’est bien Iggy Pop. Cet ultime concert du Retro C Trop 2025 sera mon 12ème de l’Iguane (avec et sans ses Stooges) depuis Le Palace en 1982. Autant dire que j’ai connu et vu l’évolution de Mr Osterberg sur ces 40 dernières années. La première chose qui frappe c’est qu’il a de plus en plus de difficultés à se déplacer du fait de sa scoliose. Mais il dégage malgré tout une énergie phénoménale pour ses 78 printemps ! Il nous a concocté une Setlist Stoogienne (mais pas que…) qui va ravir les fans les plus exigeants. Çà commence pied au plancher avec un « TV Eye » qui met la barre très haut. « Raw Power » déboule ensuite et c’est la folie devant la scène. Iggy est déchaîné et se lance dans un « I Got A Right » totalement débridé.


Le groupe derrière lui assure bien même si à titre personnel je me serais bien passé des 2 cuivres qui n’apportent absolument rien et qui dénaturent même le son global du groupe ! Je ne comprends toujours pas pourquoi l’Iguane a trouvé judicieux de les intégrer… La tension baisse un petit peu avec le mélodique « Gimme Danger », un Must des Stooges. Retour à sa carrière solo avec le très attendu « The Passenger » avant un trop vite avorté « Lust For Life » qui débouche sur le déjanté « Death Trip » qui marque le retour au répertoire Stoogien. L’incontournable « I Wanna Be Your Dog » va mettre tout le monde d’accord comme à chaque fois tant cet hymne est addictif. Idem pour « Search And Destroy » qui met le batteur à rude épreuve et les 2 guitares très en avant. Redoutable de puissance ! Le tribal « Down On The Street » sera une formidable transition pour le très Punk « 1970 » qui reste un formidable classique des Stooges. On finira d’ailleurs le Set Stoogien par un plus calme, du moins au début, « I’m Sick Of You ». Retour donc à la carrière solo avec un inattendu « Some Weird Sin » qui me fait bien plaisir car j’adore sa période berlinoise avec Bowie. Petit détour par l’époque actuelle avec le bien Hard Rock « Frenzy » de son dernier album solo en date « Every Loser » sorti il y a 2 ans. On aura d’ailleurs droit à un autre extrait de cet ultime opus avec « Modern Day Rip Off » qui succédera à « L.A. Blues/Nightclubbing ». Le final ce sera une version orgasmique du « Louie Louie » de Richard Berry (pas l’acteur !) qui verra le formidable batteur d’Iggy se lancer dans un solo d’une force inégalée qui bluffera tout le monde.


Au final les grands gagnants du Week End sont selon moi Iggy, les Stranglers et les Sex Pistols qui nous ont montré à quel point les anciens sont encore dans la course. Ce sympathique festival qu’est Retro C Trop fête l’année prochaine ses 10 ans d’existence et j’ai hâte de connaître la programmation qu’il va nous proposer. Beaucoup de groupes du Classic Rock raccrochent régulièrement les gants et ça devient difficile de proposer une affiche cohérente susceptible de plaire au plus grand nombre. Gageons qu’il y parviendra !

Merci à Yazid