British Steel Saturday Night 12 @ Fismes, le 4 octobre 2025.
Live Report par : Olivier Carle
& images par : Alain Boucly


Je n’étais pas retourné à Fismes pour le British Steel depuis sa 7ème édition en 2018. Il faut dire qu’ente temps il y a eu le Covid et puis des éditions spéciales Iron Maiden dont je ne suis pas un inconditionnel loin s’en faut ! J’avais pourtant répondu présent depuis le début à cette initiative lancée par l’association Underground Investigation en 2012. J’y ai ainsi notamment vu Tokyo Blade, Tygers Of Pan Tang, Attentat Rock, Girlschool, Holocaust, Chariot, le Saxon de Graham Oliver et Steve Dawson, Praying Mantis, The Deep, Fist, Steve Grimmett’s Grim Reaper et bien d’autres groupes de la N.W.O.B.H.M. puisque c’est le thème originel de ce festival sans oublier Gang, le groupe local dont les membres participent activement à l’organisation de l’évènement… Cette 12ème édition consacrée cette fois à Motörhead, histoire de célébrer les 80 ans de la naissance de Lemmy, les 50 ans de la création du groupe anglais et les 10 ans de la mort de son Leader, s’annonçait nettement plus dans mes cordes d’autant que la programmation était prometteuse. Pas moins de 7 groupes à l’affiche de la Salle des Fêtes de la ville champenoise en 2025. Depuis ma dernière venue la salle a été quelque peu rénovée mais les fondamentaux sont toujours là. Beaucoup plus de vendeurs de disques et de Merchandising qu’auparavant, ce qui oblige à rapprocher la table de mixage de la scène laissant peu de place à l’assistance sur la partie centrale et l’obligeant à se rabattre sur les côtés, un peu dommage à mon sens. L’accueil des bénévoles est toujours aussi sympathique et la bière et le champagne coulent à flot. Toujours le même public fan de Hard et de Metal qui partage sa passion avec d’autres amateurs venus pour certains d’assez loin. Bonne ambiance assurée pour ce rendez-vous annuel devenu incontournable !


J’arrive à 14h30, juste au début de la prestation de Rhabstallion qui ouvre le festival. Je ne les connaissais pas et ça va être une excellente surprise. Fondé en 1976, ce quintet anglais fait bien partie de la N.W.O.B.H.M. Leur titre « Chain Reaction » apparaissait d’ailleurs sur la compilation-culte de cette époque « New Electric Warriors » dont je garde le vinyle précieusement. Dissous en 1984, le combo s’est reformé en 2018 avant de sortir enfin un album digne de ce nom, le très bon « Back In The Saddle » en 2021, soit en plein Covid… On va d’ailleurs avoir droit à pas mal d’extraits de ce récent opus notamment les excellents « Going Nowhere », « Bat Shit Crazy » et « Better Late Than Never » qui rappellent le début des années 80 mais avec une véritable touche de modernité. Les Britanniques obtiennent d’ailleurs un franc succès auprès des spectateurs présents en ce début d’après-midi. Comme quoi il faut toujours venir tôt à ce festival car on n’est pas à l’abri d’une découverte intéressante…


Le groupe suivant, Sacrilege, fut formé en 1982 par Bill Beadle, toujours aux commandes aujourd’hui. Après l’avoir dissous en 1987, Bill décide de relancer le quartet il y a une quinzaine d’années. Il est accompagné de Jeff Rolland à la basse et de Tony Vanner à la Lead Guitar ainsi que d’un batteur. Le quartet va nous jouer une Setlist issue des 6 albums studio dont le dernier « The Court Of The Insane » mais aussi « Six6Six » et « Sacrosanct » sans oublier quelques incursions vers le registre du début des années 80. On retrouve là encore les codes de la N.W.O.B.H.M. mais je dois reconnaître que les compos sonnent un peu plus datées que celles de Rhabstallion. C’est plutôt plaisant à écouter d’autant que les 4 musiciens dégagent une énergie et une sympathie non feinte mais je n’y ai personnellement pas totalement trouvé mon compte.


Je retrouve ensuite Desolation Angels que j’avais particulièrement apprécié en 2018 à ce même British Steel. Petit changement de Line-Up depuis la dernière fois puisque Robin Brancher a été remplacé à la Lead Guitar par Richie Yeates. Il y a toujours Paul Taylor (ex-Elixir) au chant, le désormais unique membre fondateur Keith Sharp aux guitares, le sympathique Clive Pearson à la basse et Chris Takka à la batterie. Lors de leur précédent passage à Fismes les Anglais faisaient la promotion de leur album « King » sorti en 2018. Entre temps ils en ont sorti 2 autres : « While The Flame Still Burns » en 2020 et « Burning Black » en 2022. La Setlist va donc piocher dans ces 3 opus avec notamment l’excellent « Doomsday » qui m’avait fortement impressionné il y a 7 ans, le récent « Unseen Enemy » qui n’a rien à lui envier, mais aussi dans les classiques des Britanniques comme « Fury », « Valhalla » ou « Spirit Of The Deep »Paul a ressorti sa veste à frange avec des ailes dans le dos qui le fait vaguement ressembler au Ozzy de la période Blizzard Of Ozz, Richie et Keith semblent former un nouveau duo très efficace aux guitares, Clive est comme toujours tout sourire et Chris se déchaîne derrière les fûts. Bref j’ai retrouvé le Desolation Angels que j’avais aimé il y a 7 ans et j’espère les revoir dans un futur proche.


Hommage au groupe de Mr Lemmy Kilmister oblige c’est maintenant un Tribute intitulé Motörheadz qui va revisiter les « Hits » du légendaire trio. Je retrouve Paul « Shorty » Van Camp, Leader du groupe belge Killer que j’avais eu la chance de voir au Golden Age Rock Festival il y a 3 ans. Il s’est affublé d’un chapeau qui rappelle celui de Phil Campbell et son jeu de guitare est assez proche de celui-ci. Dans le rôle du chanteur-bassiste le plus célèbre du Heavy Metal, c’est Lloyd-Lemmy Kiltmister qui se présente devant nous avec une ressemblance troublante notamment au niveau de la coiffure et des bacchantes sans oublier le couvre-chef, le micro très en hauteur et la célèbre basse Rickenbacker au Look reconnaissable entre mille. Le batteur, semble-t-il un petit nouveau qui a appris tout le répertoire la veille, a un faux-air de Marc Varez de Vulcain. J’aurais dû demander à Daniel Puzio, présent à Fismes, s’il était du même avis que moi… De « Iron Fist » à « Overkill » en passant par « Stay Clean », « No Class », « Bomber », « Killed By Death », « Metropolis » etc. tous les « tubes » de Motörhead sont repris avec beaucoup de déférence. Excellente initiative d’avoir demandé à Shorty de venir avec ses 2 comparses pour cet hommage à Lemmy qui s’imposait du fait du thème de cette 12ème édition du British Steel


C’est maintenant au tour de More, un autre rescapé de la N.W.O.B.H.M., de monter sur scène. Le groupe s’est créé à Londres en 1980 et a par la suite compté de nombreux Line-Ups différents et de longues périodes d’inactivité. On en est quasiment au 10ème Line-Up aujourd’hui et le seul membre qui a réussi à passer entre les gouttes depuis 1985 c’est Baz Nicholls, toujours bassiste de More aujourd’hui. Les autres sont arrivés par la suite, que ce soit Mike Freeland au chant en 1998, Steve Rix à la batterie en 2012 et depuis 2 ans Peter Welsh à la guitare. Le groupe n’avait jusqu’à présent pas sorti d’album depuis 1982 et devait donc auparavant s’appuyer sur ses 2 opus du début des années 80, « Warhead » en 1981 et « Blood & Thunder » en 1982 pour construire sa Setlist ! Mais la bonne nouvelle c’est qu’un nouvel album sort le jour du British Steel, « Destructor ». Les Anglais vont donc nous en livrer la primeur en Live. Ce nouvel album a été produit par le regretté Chris Tsangarides qui fut également guitariste du combo de sa reformation en 2011 jusqu’à son décès en 2018. « Destructor » lui est d’ailleurs dédié. Les morceaux qu’on a pu découvrir à Fismes m’ont paru tout à fait prometteurs et dans la lignée des opus des années 80. Les Britanniques sont très heureux de rejouer en France puisque comme nous l’expliquera Peter, qui parle un français parfait, More n’était pas revenu dans l’hexagone depuis 1985. Je ne les avais personnellement pas vus à l’époque et j’ai été très heureux de les découvrir enfin sur scène…


Un festival dédié à Motörhead ne pouvait pas faire l’impasse sur Tank qui a souvent joué en ouverture de Lemmy et sa bande au début des années 80. Je les ai d’ailleurs vus ensemble à la Philipshalle de Düsseldorf le 9 décembre 1981 lors de la tournée « No Sleep Til’ Christmas ». Il s’agissait alors d’un trio composé du légendaire Algy Ward, venu des Damned, et des frères Brabbs. Même structure que Motörhead donc puisqu’Algy chantait et jouait de la basse tandis que Peter et Mark tenaient respectivement la guitare et la batterie. Un style d’ailleurs très proche également puisque le trio copiait sans vergogne la bande à Lemmy à la fois visuellement et musicalement. On pourra d’ailleurs le vérifier quelques mois plus tard avec la sortie du premier album, le cultissime « Filth Hounds Of Hades » et son visuel aux 3 chiens menaçants, produit par « Fast » Eddie Clarke. Par la suite Algy a viré les frères Brabbs et a embauché 2 guitaristes Mick Tucker et Cliff Evans tout en changeant régulièrement de batteur. Une séparation en 1989 puis une reformation en 1997 avant d’aboutir à une brouille définitive entre Algy et les 2 guitaristes en 2008. Du coup on a pu voir 2 Tank tourner en parallèle pendant les années 2010, celui d’Algy à partir de 2013 et jusqu’à sa mort en 2023 et celui de Tucker/Evans jusqu’à aujourd’hui. Avant d’aboutir au Line-Up actuel les 2 guitaristes auront testé au poste de vocaliste Doogie White (ex-Rainbow, Schenker, Alcatrazz, etc.) puis ZP Theart (ex-DragonForce, Skid Row), David Readman (ex-Adagio, Pink Cream 69, Voodoo Circle, etc.) avant de se « fixer » sur Marcus Von Boisman depuis 2 ans et qu’on va pouvoir juger sur pièce aujourd’hui. Puisque Brian Tatler a mis la carrière de Diamond Head en suspens pour rejoindre Saxon, Karl Wilcox s’est retrouvé sans emploi et a donc décidé de rejoindre Tank aux baguettes en 2024. Quant au petit nouveau c’est Gavin Kerrigan à la basse. On aura compris que Tank n’est plus un trio à la Motörhead depuis longtemps mais un quintet plus classique autour des 2 guitaristes Tucker et Evans qui demeurent l’âme du groupe. La Setlist va essentiellement piocher dans les albums des débuts à savoir en grande partie « Filth Hounds Of Hades » (1982) pour les fans de la première heure mais aussi « Power Of The Hunter » (1982), « This Means War » (1983) et « Honour And Blood » (1984). Une prestation plutôt réussie pour les Britanniques même si le côté Punk qui caractérisait Algy a laissé la place à un Hard & Heavy plus conventionnel…


En ce samedi soir à Fismes, je vais assister à mon 14ème concert de Girlschool depuis mon tout premier en 1981 à Oxford pour la tournée « Hit And Run ». Les filles vont donc rejoindre mon Top 10 des groupes que j’ai le plus vus dans ma longue carrière musicale aux côtés de Saxon, Judas, Wishbone Ash et quelques autres. La petite nouveauté c’est que le quartet a changé de bassiste. Tracey a été remerciée en 2024 après de longues années de service au profit de la nièce de Don Airey (qu’on ne présente plus !), la belle Olivia Airey. Le groupe va bientôt fêter son demi-siècle d’existence depuis 1978. Il a toute sa place pour ce festival spécial Motörhead dans la mesure où les filles ont côtoyé Lemmy pendant toute leur carrière jusqu’au décès de celui-ci il y a 10 ans… On retrouve donc avec plaisir les 2 fondatrices Denise Dufort à la batterie et Kim McAuliffe à la guitare et au chant sans oublier Jackie Chambers, la blonde guitariste soliste arrivée à l’aube du 21ème siècle en remplacement de la regrettée Kelly Johnson. Le concert commence mal puisque l’ampli de Jackie rend l’âme dès les premières mesures de « Demolition Boys » et il faudra tout le professionnalisme et l’humour de Kim pour combler les quelques minutes de flottement avant que l’ampli ne soit remplacé. Les Hits des Londoniennes vont alors se succéder à un rythme soutenu, de « C’mon Let’s Go » à « Screaming Blue Murder » en passant par « The Hunter », « Hit And Run », « Kick It Down », « Take It All Away », l’incontournable « Emergency », la traditionnelle reprise de The Gun « Race With The Devil » et le très apprécié « Bomber » de Motörhead. J’avais secrètement espéré que Girlschool joue pour cette occasion « Please Don’t Touch » que les filles avaient repris en duo avec la bande à Lemmy en 1981 sur le EP « St Valentine’s Day Massacre » mais le miracle n’a pas eu lieu. La prestation des Anglaises n’est peut-être pas la plus percutante qu’il m’ait été donné de voir sur les 45 dernières années mais c’est toujours un vrai plaisir de retrouver nos 4 « écolières » en forme et toujours motivées…

Belle douzième édition du British Steel en attendant la treizième en 2026. Je suis sûr que Sylvain va nous concocter un programme de haut niveau qui attirera au moins autant de monde que cet excellent cru 2025…

Merci à Sylvain et à toute l’équipe d’Underground Investigation