MauditsIn Situ – Par : Franck Leber
Autoproduction
Note : 5/5
Genre : Post-Metal Instrumental


C’est la grande surprise de cet automne 2025, la sortie du nouvel album longue durée de Maudits, qui avait occasionné, de la part de votre serviteur, l’écriture de 2 chroniques pour l’album Précipice (1 et 2). Pour ce nouvel effort intitulé In Situ, les musiciens Olivier Dubuc (guitares et effets), Erwan Lombard (basse et effets) et Christophe Hiegel (batterie et samples) ont officiellement intégré au groupe le violoncelliste Raphael Verguin, qui avait déjà participé à l’enregistrement de Précipice et aux concerts de Maudits l’an passé. De plus le désormais quatuor nous a concocté 2 autres surprises, à savoir 2 titres chantés, pour la 1ère fois dans l’histoire du groupe. N’oublions pas le travail d’Emmanuel Rousseau (piano, mellotron, synthétiseurs) pour les prises de guitares et qui épaule le groupe au niveau de la production de l’album, ni celui de Frédéric Gervais aux manettes de l’enregistrement et du mixage.


Et l’impatience de votre serviteur est à son comble au moment de démarrer l’écoute de ce nouveau joyau, qui va asseoir encore plus la capacité de composition du groupe, même si l’effet de surprise est moins grand que pour Précipice. L’album s’ouvre avec «Leftlovers», en douceur avec un son édifiant, léger, des claviers ensorceleurs et une ambiance mélancolique profonde. Le ravissement est toujours présent, les guitares légères mais cinglantes aussi entament leur jeu. Et les sensations dévoilées par Précipice sont bien présentes, ce titre est la parfaite suite du voyage musical entrepris par Maudits, avec cette magie toujours aussi poignante.

Avec «Fall Over», c’est une autre perspective qui éclot, plutôt expérimentale mais mélodique et criant de magnificence avec des envolées instrumentales de haute tenue, rythmée par une batterie hallucinante, délicate et d’une efficacité incontestable. Les Breaks font rage et donnent à ce titre une assise incroyable. Le bonheur d’écoute ressenti l’an passé resurgit dans la mémoire auditive et remet en avant la puissance de feu des musiciens, c’est absolument remarquable de justesse.


Le titre de l’album «In Situ» permet au violoncelle de Raphael Verguin, au son limpide et d’une douceur telle qu’il fait encore et toujours pleurer votre serviteur, d’exprimer tout le romantisme musical de Maudits. Cela rappelle bien sûr le fameux «Lights End» de Précipice, avec cette guitare acoustique des plus délicates et d’une belle finesse. C’est ensuite le 1er titre chanté «Roads», reprise de Portishead, avec au micro la merveilleuse Mayline Gautié (Lün), dont la voix d’or va séduire à l’extrême et donner un nouveau souffle à cette chatoyante composition.

L’ombre tenace de Précipice plane sur ce nouveau disque, puisque le groupe nous propose en plage 5 un prolongement inouï avec «Précipice Part III», d’une beauté tangible, d’une richesse musicale intense, plus de 9 minutes de fièvre instrumentale, parfaitement orchestrée par des musiciens totalement impliqués, les larmes de joie coulent, ce précipice musical est totalement renversant !
Mais In Situ ne veut pas s’inscrire simplement comme la suite de Précipice, Maudits veut avant tout explorer et surprendre encore. Avec un second titre chanté, l’album va se démarquer car «Carré D’As» va surprendre et exprimer une évolution à la musique de Maudits. Avec une approche différente, la voix d’Olivier Lacroix (Erlen Meyer, Novembre), qui a écrit les paroles, va donner un élan nouveau et subtil tout en permettant aux instruments de s’illustrer dans un registre plus saccadé, plus sombre, mais toujours aussi impressionnant. Le final aux touches Thrashisantes, suivi d’une douceur infinie montre tout le talent de composition du groupe, ce titre est déconcertant et addictif à la fois.

Le 7ème et dernier titre «Lev-Ken» de 8 minutes environ, assoit encore la pertinence du violoncelle et les caractéristiques musicales du groupe. Leur style propre jaillit encore ici, leur griffe incontournable et leur passion constante pour ce jeu instrumental de haut vol font feu de tout bois. La partie claviers est extraordinaire, la batterie continue de charmer, c’est un pur délice, une clôture fantastique, difficile de ne pas craquer sur ces circonvolutions démentielles, au paroxysme du talent de Maudits. Ce titre est un aboutissement et une vraie révélation qui va au-delà encore au niveau sensations.

In Situ démontre si besoin est toute la rigueur instrumentale et la volonté d’innovation de Maudits, cet album est bien plus qu’un simple second album de longue durée, il est la complète expression d’un style affirmé, parfaitement associé au jeu éclatant des musiciens, d’une majesté rare et d’une aisance fabuleuse. Tout simplement sensationnel !!!


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