Raismes Fest 2023
Live Report : Olivier Carle,
images : Olivier Girard (PHOT ‘O’ LIVE)


Ce Raismes Fest 2023 sera mon 10ème… Le festival fête ses 25 ans et sa 23ème édition ! Pas mal pour un événement en plein air, dédié au Classic Rock, dans le Nord de La France tout près de Valenciennes. Public toujours familial et avide de retrouvailles mais aussi de découvertes. 17 groupes venus d’un peu partout et dans des genres relativement différents. La particularité de cette édition 2023 c’est qu’elle va se passer sous un soleil de plomb avec des températures caniculaires, inhabituel pour l’endroit et la période de l’année. Le matos va souffrir, les musiciens aussi mais heureusement que les festivaliers pourront, eux, se réfugier à l’ombre des grands arbres du Parc du Château de la Princesse d’Arenberg

La journée du samedi commence avec les Lillois de Cleytone pour 30 minutes d’un Rock plutôt Heavy mais surtout jouissif et inspiré. Le groupe vient de sortir un EP intitulé cyniquement « What A Time To Be Alive » avec le percutant « Earthquake » qui fonctionne très bien sur scène. Même si la fosse peine encore à se remplir du fait de l’horaire, il n’est que midi et demi, et de la chaleur qui commence à monter à Raismes, le quartet ne ménage pas ses efforts pour convaincre les indécis à coup de riffs saignants pas très éloignés de Wolfmother par exemple… Bonne pioche que cette sélection du tremplin du Ch’ti Rock pour ouvrir les hostilités.

On continue dans le Rock rageur avec Zoë qui nous vient de Calais mais dans un style plus Stoner. Je dois avouer que malgré tous mes efforts je n’ai pas réussi à « rentrer » dans leur univers musical qui m’a paru plutôt répétitif et sans relief.

Ce sont maintenant les Espagnols de The Electric Alley qui s’emparent de la scène sous une chaleur qui ne doit pas trop les dépayser… Leur Hard Rock est plutôt sympathique même s’il ne révolutionne pas le genre et s’inspire largement des vétérans des 70’s. Le chanteur est plutôt convaincant et le guitariste manie sa six-cordes avec talent. Mais comme pour le groupe précédent ça tourne malheureusement vite en rond et on a une impression persistante de déjà vu.


Pour avoir vu Little Odetta il y a peu mais en version acoustique en 1ère partie de Wishbone Ash au New Morning, j’attendais beaucoup de cette prestation en configuration électrique du combo d’Audrey Lurie et de Lucas Itié


L’idée de mélanger Rock 70’s et Rhythm & Blues/Soul est une garantie de succès évidente. Le public ne s’y est pas trompé puisqu’il a réservé un accueil enthousiaste au quintet et surtout à la belle Audrey.


Celle-ci se dépense sans compter au milieu de ses acolytes et se permet même une incursion très appréciée dans la fosse à la rencontre des nouveaux fans qu’elle n’a pas manqué de gagner avec cette version rallongée de l’excellent « Shake » qui ouvre le premier et unique album du groupe. Il serait peut-être temps de lui donner un petit frère d’ailleurs…


Séquence nostalgie à présent avec les vétérans de Ganafoul et leur Leader-guitariste-vocaliste Jack Bon. On retrouve avec plaisir l’autre membre historique Yves Rothacher à la batterie. Un bassiste et un second guitariste complètent la formation de Givors. On va avoir droit à une plongée dans le Rock français de la fin des années 70 avec de larges extraits de « Saturday Night » et « Full Speed Ahead ». La voix de Jack n’a pas beaucoup changé et il nous offre un Hard/Blues Rock teinté de Boogie de très bonne facture. Je n’avais pas eu la chance de voir Ganafoul sur scène à l’époque et c’est donc plus de 45 ans plus tard que m’est enfin donnée cette opportunité… Un vrai plaisir de réentendre en Live tous ces morceaux issus de mes vieilles K7 Crypto que j’avais usées dans l’auto-radio de ma Simca 1100 de l’époque ! Un des meilleurs moments de cette 1ère journée assurément…


Mais les bonnes choses ne font que commencer puisque je retrouve Ray Wilson 1 an après son superbe concert à La Batterie de Guyancourt et 25 ans après sa venue à Bercy avec Genesis pour la tournée « Calling All Stations »… Il est toujours accompagné de son frère à la guitare, d’un clavier, de son batteur derrière une paroi de verre, de sa jolie et virevoltante violoniste et d’un bassiste multi-instrumentiste qui manie avec dextérité le saxo et la flûte. La Setlist sera assez différente de celle de La Batterie, festival oblige. Afin de plaire au plus grand nombre Ray va piocher abondamment dans la discographie de Genesis avec une version dantesque de « Calling All Stations » mais malheureusement pas de « Congo », ma préférée de l’album du même nom. On aura droit aussi à l’incontournable « The Carpet Crawlers », au très apprécié « No Son Of Mine », aux très entraînants « Follow You, Follow Me » et « That’s All ». Ray rendra également hommage à la carrière solo du Gab’ avec un « Sledgehammer » d’anthologie et un très beau « In The Air Tonight » de Phil Collins. Sa carrière solo ne sera quasiment pas revisitée si ce n’est pour un magnifique « Take It Slow » et celle de son groupe Stiltskin pour un très attendu « Inside » qui clôturera sa prestation. Un vrai plaisir donc de retrouver Ray au Raismes Fest car le Prog’ a toute sa place dans ce festival éclectique surtout quand il est de ce niveau de qualité et de talent.


La suite de la soirée de samedi sera consacrée à 3 groupes scandinaves, 2 suédois et 1 danois. On commence avec Eclipse qui nous (re)vient de Stockholm. Le groupe était déjà passé au Raismes Fest en 2018, à l’occasion de ses 20 ans de carrière. J’avais déjà eu une impression mitigée à cette occasion et ces réserves n’ont fait que se confirmer en 2023. Eric Martensson est un excellent chanteur et son alter ego Magnus Henriksson touche sa bille à la six-cordes mais musicalement ça tourne très vite à vide. Ces hymnes lyriques et ces harmonies vocales éculées ne génèrent chez moi que l’ennui. Une fois de plus j’ai décroché au bout de 2 ou 3 morceaux et je pense pouvoir dire que ces Suédois-là n’arriveront jamais à me convaincre. Il en sera tout autrement avec leurs compatriotes de H.E.A.T. quelques heures plus tard, on le verra…

Le passage des Danois de Dizzy Mizz Lizzy était annoncé comme un événement notamment du fait que ce groupe ne joue que très rarement hors de sa patrie d’origine si ce n’est pour quelques dates au Pays du Soleil Levant ou chez leurs voisins hollandais et allemands. Moment très attendu donc… Le début du Set est, je le reconnais, très impressionnant et m’a rappelé l’ambiance des concerts de mes chouchous de Porcupine Tree. Un mélange détonant de Prog’ et de Metal incandescent. Malheureusement le plaisir est de courte durée car on bascule bien vite dans des morceaux d’une longueur interminable à la Leprous et là je décroche totalement. Rendez-vous manqué pour ce qui me concerne avec ces Danois.


Heureusement le meilleur est encore à venir avec H.E.A.T. qui va donner selon mon humble avis le meilleur concert de la journée de samedi… Il faut dire que je suis un fan absolu de ces Suédois depuis la première fois que je les ai vus, au festival des Rockalies, aujourd’hui disparu corps et biens malheureusement, près de Caen il y a précisément 10 ans. Je suis retourné les voir 5 ans plus tard au Petit Bain parisien et encore une grande claque. Puis ce sera l’année suivante au Raismes Fest  2018 toujours avec le talentueux Erik Grönwall au chant. Depuis, Erik a rejoint Skid Row et le vocaliste d’origine Kenny Leckremo a retrouvé son rôle de Frontman après 10 ans d’absence pour raisons médicales. C’est donc pour moi l’occasion de découvrir la nouvelle-ancienne version de H.E.A.T. et je dois dire que je n’ai pas été déçu ! Avec son Look à la Sebastian Bach des années 80, le bougre se déchaîne vocalement et physiquement et impressionne fortement le public venu en masse devant la scène pour ne pas en perdre une miette. Contrairement à Eclipse, les compos de H.E.A.T. sont extrêmement accrocheuses et font mouche à chaque fois. L’amateur de Hard FM que je suis se délecte des pépites que sont « Dangerous Ground », « Back To The Rhythm » ou encore « One By One ». On retrouve du Europe dans leurs envolées mélodiques et Dave Dalone n’a rien à envier à son compatriote John Norum question guitares… Je ne suis pas près d’oublier ce 4ème moment en compagnie des Suédois !

La journée de dimanche va voir quelques incidents techniques dûs à la forte chaleur mettre à dure épreuve les nerfs de l’équipe technique. A commencer par la console qui montre des signes de faiblesse à l’ouverture et qui va entraîner un retard d’une vingtaine de minutes qu’il va être bien difficile de rattraper tout au long de l’après midi. Les Cambrésiens de Black Hazard vont donc monter sur scène plus tard que prévu mais ils auront bien leurs 30 minutes allouées. C’est du Heavy Rock plutôt classique qui ne m’a pas bluffé plus que ça…

En tant que rare groupe américain de l’affiche, The Mercury Riots se devait de marquer un grand coup à Raismes dans le cadre de sa tournée commune avec Electric Mary qu’on va découvrir un peu plus tard. C’est du Rock « à l’australienne » qui donne parfois envie de taper du pied mais qui ne fait là encore pas vraiment avancer le schmilblick…


Retour ensuite aux valeurs sûres avec le duo Moho Vivi du Trust du début des années 80, époque « Marche Ou Crève » et « Idéal ». On va donc avoir droit à un hommage à ce groupe de Hard français légendaire notamment via « Au Nom De La Race », « Les Templiers », « Toujours Pas Une Tune », « Préfabriqués » et bien sûr l’incontournable « Antisocial ». Vivi n’a pas le même timbre de voix que Bernie mais on se laisse prendre malgré tout. Evidemment les titres de l’album éponyme « Moho Vivi » sorti récemment tiennent difficilement la comparaison avec ceux de Trust mais on comprend bien que ces deux-là ne veulent pas vivre uniquement dans l’ombre des vétérans du Hard français et souhaitent se créer un nouveau répertoire.


Le guitariste Sylvain Laforge complète admirablement Moho et le batteur Camille Sullet fait le Job. On aura droit à un petit hommage au guitariste décédé de leurs potes d’AC/DC via un émouvant « Malcolm ». Moment nostalgie très apprécié des anciens fans venus en nombre au festival…

Le groupe Prog’ du jour sera celui des Britanniques de Threshold. Ils vont devoir faire face à un problème technique inattendu et lié à la chaleur excessive qui aura raison de l’ordinateur des Anglais… Interruption du concert pendant de nombreuses minutes histoire de rafraîchir le PC défaillant. Cela n’arrange guère les affaires des organisateurs qui voient le retard s’accumuler. Heureusement le quintet reprendra rapidement le contrôle des opérations en s’excusant très poliment auprès des fans. Et c’est reparti pour leur Metal-Prog’ plutôt agréable et accrocheur. Glynn Morgan, revenu récemment au poste de vocaliste, est un Leader incontestable et il peut s’appuyer sur le solide Karl Groom à la guitare et le talentueux Richard West aux claviers pour délivrer un Set hyper énergique et très inspiré. Bien content de les avoir enfin vus Live !


Le second groupe américain du festival après The Mercury Riots c’est le très attendu Robert Jon & The Wreck car celui-ci avait dû reporter sa prestation à Raismes pour cause d’épidémie de Covid. Le quintet est bien là avec en tête l’extraordinaire guitariste Henry James (Schneekluth) qui m’avait tant impressionné à La Dame De Canton en 2019 et aux Etoiles en 2021… En un peu plus d’une heure, ces chantres du Southern Rock vont se mettre le public dans la poche avec un Set haut en couleur qui rappelle les grandes années du Allman Brothers Band. Robert Jon Burrison et ses acolytes ont repris le flambeau du Rock Sudiste aux côtés de Blackberry Smoke, Marcus King ou Tedeschi Trucks Band et on ne peut que s’en réjouir…


Autre groupe qu’on attendait de pied ferme à Raimes depuis des années, mais originaire d’Australie celui-là, Electric Mary allait enfin nous injecter sa dose de Hard ‘n’ Roll ! C’est carré, sans fioritures, droit au but… On y retrouve du AC/DC mais pas que ! Le public ne s’y trompe pas et réserve un accueil chaleureux aux dynamiques Australiens qui se donnent à 110%.

Tout l’opposé de Mike Tramp qui va donner ce que je suis tenté de qualifier le pire moment du festival. Bon je dois avouer en préambule que je ne suis pas du tout fan de White Lion et encore moins de la carrière solo de Tramp. Je ne m’attendais donc pas à grand chose mais ce fut pire. Il n’arrête pas de raconter sa vie et a un melon encore plus grand que celui de Sebastian Bach puisqu’il clame qu’il était « attendu comme le messie » à Raismes depuis 20 ans, pas par moi en tout cas ! Et puis ces morceaux indigents dont même Bon Jovi ne voudrait pas, quelle tannée…


Heureusement que le grand Ian Paice arrive tout de suite après ce désastre avec Purpendicular ! Comme pour H.E.A.T., c’est la 4ème fois que je vais retrouver le groupe de Robby Thomas Walsh. Les précédentes étaient dans des salles de taille moyenne comme le Forum Vauréal ou l’Empreinte de Savigny. Cette fois c’est en festival et ça va prendre une autre dimension. Autant le dire d’emblée, ce concert sera le meilleur de ce Raismes Fest 2023 et de loin ! Ian Paice est en grande forme et on sent qu’il est très heureux de sortir du cadre rigide de Deep Purple pour jouer (depuis 2004) avec d’autres musiciens talentueux des titres qui ont émaillé sa carrière dans le Pourpre et ailleurs… A commencer par Whitesnake avec les mythiques « Walking In The Shadow Of The Blues » et « Ready An’ Willing », sublimes ! Purple sera bien évidemment largement représenté avec les joyaux que sont « Highway Star », « Hush », « Lazy », « Black Night » et une digression vers « Sweet Home Chicago », « Perfect Strangers » avec un hommage aux claviers au grand Jon Lord, « Space Truckin’ » et bien sûr « Smoke On The Water » avec une introduction Jazzy inattendue et un succès évident. La surprise ce sera ce « petit » rappel avec « Stormbringer » que Ian n’a guère l’occasion de revisiter avec Gillan et pour cause… On aurait aimé un « Child In Time » mais Robby ne semble plus très enclin à reprendre ce titre plutôt dur avec les cordes vocales ! Il y aura aussi un ou deux titres extraits du nouvel album studio de Purpendicular « Human Mechanic » plutôt réussi au demeurant. Le guitariste est excellent et reproduit fidèlement les soli et riffs. Le clavier et le bassiste sont plutôt en retrait et laissent toute la place à Robby dont la voix et le jeu de scène se rapprochent de plus en plus de ceux de Ian Gillan, c’en est troublant !

Encore un Week-End à Raismes bien rempli comme on aime… A l’année prochaine pour la 24ème édition de ce festival si sympathique ! Juste un peu moins caniculaire si c’est possible…

Merci à Philippe Delory, Bertrand Roussel et à tous les bénévoles de ce fantastique festival !