Guitare En Scène Festival
@ Saint-Julien-En-Genevois,
du 16 au 19 juillet 2025.
Live Report par : Olivier Carle
& images par : Tomi Carle
Retour à Saint-Julien-En-Genevois pour notre 4ème édition de Guitare En Scène. Une programmation éclectique et intéressante comme chaque année avec quelques têtes d’affiche incontournables comme Simple Minds et Santana mais surtout des découvertes intéressantes comme on va le voir. Toujours 3 scènes : la petite « Quartier Libre » pour voir des groupes émergents, la moyenne « Village » et la grande sous chapiteau qui peut contenir 5000 festivaliers… La nouveauté c’est que la « Village » a changé d’orientation, histoire d’éviter des malaises liés au soleil pleine face pour les artistes qui s’y produisent en fin d’après midi comme ce fut le cas précédemment. La météo fut relativement clémente cette année même si la pluie s’est brièvement invitée le dernier jour. En tout cas pas de températures caniculaires comme on a pu connaître par le passé… Au lieu de se dérouler du jeudi au dimanche, le programme s’étale maintenant du mercredi au samedi et ce n’est pas plus mal !
La journée du mercredi débute par le Folk moderne de Jango Janice et ses mélodies aériennes et délicates. Parfait pour débuter cette édition…
Comme d’habitude, on va découvrir les finalistes du Tremplin GES tout au long du festival sur la scène « Village ». On commence avec Rosaly en ce premier jour. Ils nous viennent de Nancy et délivrent un Rock Prog’ à la fois intimiste et puissant.
Melody, la chanteuse, a incontestablement un charisme prometteur. Elle est accompagnée de Quentin aux guitares, de Paul à la basse et de Romain à la batterie sans oublier l’incontournable Quentin qui donne une touche d’originalité avec son violoncelle. On sent un véritable potentiel dans ce quintet qui gagne facilement le soutien du public présent avec ses mélodies riches et envoûtantes. C’est d’ailleurs Rosaly qui gagnera le Tremplin au final, on apprendra ça le samedi après-midi…
Je ne suis pas un inconditionnel d’Eagle-Eye Cherry… Je lui préfère nettement son trompettiste de père, Don, que j’ai eu la chance de voir sur scène maintes fois avant sa disparition il y a 30 ans. Ou sa sœur Neneh qui a su me séduire il y a déjà longtemps avec son savant mélange de Soul et de Trip-Hop. Je suis beaucoup moins fan du Pop-Rock surfait de son frère. Comme tout le monde j’avais trouvé son tube de 1997 « Save Tonight » plutôt bien troussé mais il n’a jamais vraiment retrouvé une telle inspiration par la suite. A part peut-être pour « Are You Still Having Fun ? » en 2000. Ce seront d’ailleurs ces 2 titres qu’il jouera en clôture de sa prestation, histoire de sortir quelque peu le public de la torpeur dans laquelle il l’avait plongé avec les compositions précédentes…
Ce qui arrive ensuite restera sans doute un des meilleurs moments de ce Guitare En Scène 2025 : Simple Minds. Ce sera mon 7ème rendez-vous avec les Ecossais depuis le Zénith de 1984 qui m’avait tant marqué ! La dernière fois c’était au Montereau Confluences il y a 14 ans et j’avais retrouvé l’ambiance de folie qui régnait dans leurs concerts au cœur des années 80… Il faut dire que j’ai assidûment suivi la carrière de ces chantres de l’Arena-Rock depuis 1982 et l’album « New Gold Dream (81/82/83/84)» que j’ai usé sur ma platine à l’époque. De ces débuts ne subsistent « que » Jim Kerr, le légendaire vocaliste, et le formidable guitariste Charlie Burchill mais ces deux-là sont sans aucun doute les piliers et l’âme des « Simples d’Esprit » ! A la batterie c’est la talentueuse et ravissante Cherisse Osei qui occupe le siège longtemps attribué à Mel Gaynor. A la basse je retrouve Ged Grimes que j’avais découvert à Montereau. On notera la présence d’un second guitariste en la personne de Gordon Goudie. Et puis pour remplacer la fabuleuse Robin Clark que j’avais tant aimée sur la tournée « Once Upon A Time/Alive And Kicking » à Bercy et au Zénith il y a près de 40 ans, il y a la non moins fantastique choriste Sarah Brown que j’avais elle aussi découverte à Montereau et qui va une nouvelle fois nous faire chavirer tout au long de la prestation des Ecossais. La Setlist sera exceptionnelle avec une flopée de hits triés sur le volet. De « Waterfront » à « Alive And Kicking » en passant par « Someone Somewhere In Summertime », « Promised You A Miracle » ou encore « All The Things She Said » et bien d’autres , Jim et Charlie nous offrent le meilleur de leur carrière. La version de « Belfast Child » sera absolument sublime avec cette mélodie traditionnelle tirée de « She Moved Through The Fair » et cette montée en puissance irrésistible des guitares pour un final orgasmique. Sans oublier le très attendu « Don’t You (Forget About Me) » qui comblera toutes nos attentes. Simple Minds reste un groupe fondamental des années 80 et au delà !
Après cette montée d’adrénaline, difficile de rentrer dans l’univers Garage Rock des Vendéens de Dynamite Shakers. Pourtant leur prestation digne des Fleshtones ne manquait pas d’atouts pour me séduire mais j’étais encore trop subjugué par la prestation d’enfer des Ecossais. Désolé pour ce groupe français visiblement bourré d’énergie mais ce sera pour une autre occasion…
La journée de jeudi commence bien avec mes chouchous d’Heritage que j’avais beaucoup appréciés l’année dernière sur cette même scène « Quartier Libre ». Toujours mené par le tandem père-fils, Patrick et Matin Tayol, et la charmante vocaliste Margot Viotti, le quintet délivre un Blues-Rock de qualité à base de reprises finement choisies. Gros succès assuré auprès de l’assistance qui ne se fait pas prier pour danser à la fin du Set trop court à mon goût…
Second groupe finaliste du Tremplin GES, c’est maintenant au tour de Chey’N’Shiners mené par la chanteuse Cheyenne Janas de fouler la scène « Village ». Autant j’avais littéralement détesté son autre groupe Furies l’an passé aux Etoiles en 1ère partie des non moins pénibles Wings Of Steel, autant j’ai été proprement subjugué par le Hard-Rock survolté distillé par ce quartet. Cheyenne est entourée de Jerem G, Hugo Groovy et Romain et le Show est bien Rock ‘n’ Roll. On se croirait revenu dans les années 80 avec des brûlots comme « Last Night Was A Better Night », « Kill You ’till You Die » ou le Groovy « Somewhere In My Mind », tous issus de leur EP prometteur « Let’s Get Mad » sorti l’année dernière. Franchement une découverte plus que sympathique !
Je n’en dirai pas autant de Wolfmother, encore un groupe Canada Dry des 70’s. Ce trio australien mélange Hard Rock et Rock Psychédélique et c’est profondément ennuyeux. La voix du chanteur-guitariste Andrew Stockdale est souvent énervante et les compos se suivent et se ressemblent. Bref j’ai tenu 15 minutes sous le chapiteau et je suis parti faire un tour…
Malheureusement ça ne s’arrangera pas avec Nada Surf. Eux je les avais découverts en 1997 en 1ère partie d’INXS au Zénith de Paris. Je n’en garde pas un souvenir impérissable. Je comprends mieux aujourd’hui pourquoi car leur Power-Pop est trop typé années 90 pour moi qui suis beaucoup plus sensible aux sonorités 70’s et 80’s ! Pas grave, ils ont visiblement un public tout acquis à leur cause…
Les Stereophonics c’est un peu différent. Même s’ils viennent eux aussi des 90’s, ils sont plus dans la lignée d’Oasis ou de The Verve. Je ne dis pas que c’est le genre de musique que j’écouterais volontiers tous les jours mais on peut leur reconnaître un sens de la mélodie et des compos fort efficaces. Le chapiteau est blindé pour leur Set et je n’imaginais pas que ce groupe gallois bénéficiait d’un tel engouement dans l’hexagone. Ne les ayant jamais vus je me suis prêté au jeu et j’ai trouvé leur Show fort bien huilé et plutôt plaisant à écouter. Je comprends mieux maintenant pourquoi ils ont vendu plus de 10 millions d’albums et remplissent des stades. La recette est classique mais c’est du beau boulot !
Après Chey’n’Shiners, Storm Orchestra va être mon second coup de cœur de la journée. Je vais avoir la même heureuse surprise que j’avais pu ressentir lors des éditions précédentes de GES avec Last Train ou The Inspector Cluzo c’est dire ! Ce trio est relativement récent puisqu’il s’est formé en 2019 autour de 2 copains : Maxime Goudard, chant et guitare, et Adrien Richard, basse, clavier et chœurs auxquels s’ajoute le batteur Loïc Fouquet. On retrouve du Muse ou du Arctic Monkeys dans leur musique et surtout des influences très éclectiques qui donnent des compos riches et variées. Ils viennent d’ailleurs de signer chez Mascot pour la production discographique et Gerard Drouot Productions pour les concerts, preuve s’il en fallait que leur carrière future est déjà bien lancée !
Vendredi on commence avec les Parisiens d’Adéen sur la petite scène. Le groupe est tout récent puisqu’il a été créé il y a 2 ans par les 2 guitaristes, Mathis à la Lead et Joseph à la rythmique. Le quartet se compose également de Tristan à la batterie et Coline au chant et à la basse. Celle-ci a un timbre de voix intéressant dans une veine plutôt Gothique ou New Wave. Le groupe propose un Rock qui va du Prog’ au Heavy avec un mélange de puissance et de fragilité touchante. On ressent une véritable alchimie entre les 4 membres qui semblent tous très heureux de se retrouver sur une scène, aussi petite soit elle… Ils auront droit à 4 Sets entre le vendredi et le samedi même si le troisième sera quelque peu perturbé par la pluie.
La découverte du jour pour moi ce sera Saults sur la scène « Village ». Il s’agit d’un duo de 2 frères, Antoine à la guitare et au chant et Greg aux claviers accompagnés d’une section rythmique. Le style est très Funky, entre Prince et Bruno Mars. La fratrie est partie vivre à Londres pendant de nombreuses années et ça se sent car le Show proposé est ultra professionnel. Antoine est un guitariste hors pair et balance des soli à tout va. Il chante également très bien et son frère l’accompagne pour les chœurs voire pour quelques chorégraphies fort sympathiques. Leur premier album « Entracte » vient de sortir et je dois dire qu’il contient des pépites qui font de Saults un futur grand de la scène hexagonale, j’en donne ma main à couper. Des titres comme « Jeu De Piste », « Givin’ Up » ou « A la Mode » passent redoutablement bien l’épreuve de la scène et le public de GES est conquis par le Groove incendiaire du quartet. Et ce Slow « Only Place To Hide », avec son solo digne de Prince, sera sans aucun doute mon plus grand moment des 4 jours de festival. On tient là un joyau et j’espère bien que tous les programmateurs de radio et de festivals vont se ruer sur Saults !
Pour avoir vu Dream Theater 3 fois par le passé je peux dire que ces chantres du Metal Prog’ sont loin d’être mes favoris du genre. Je leur préfère nettement Porcupine Tree qui m’avait bluffé à GES il y a 2 ans ou Tool dans un genre plus sophistiqué. Je dois avouer qu’ils étaient remontés dans mon estime au Hellfest 2019 avec un Set plutôt réussi. J’avais hâte de les revoir avec le grand Mike Portnoy revenu il y a 2 ans pour le plus grand bonheur des fans. Son Set de batterie est toujours aussi impressionnant et on sent que ça va faire mal.
Ça commence très fort avec le puissant « Night Terror » du tout dernier album « Parasomnia » et je sens que je vais me régaler. Il y aura des hauts et des bas dans la Setlist mais je dois dire que contrairement au Show du Printemps de Bourges en 1998 où je m’étais profondément ennuyé, j’ai trouvé DT beaucoup plus efficace à GES et nettement moins dans la virtuosité et la démonstration technique de chacun des musiciens.
En 12 morceaux piochés dans leur imposante discographie et quelques clins d’œil à Pink Floyd et Metallica, les New Yorkais vont prouver qu’après 40 ans de carrière l’énergie et la passion sont toujours présentes au sein du quintet.
Comme au Hellfest le mois précédent, je n’attendais pas grand chose du SatchVai Band et ça s’est une nouvelle fois confirmé. Double peine avec ces 2 virtuoses de la guitare qui m’ont toujours gonflé avec leurs instrumentaux respectifs sans fin et sans grand intérêt mais ça n’engage que moi… Même la sempiternelle reprise finale de « Born To Be Wild » chantée par Marco Mendoza m’a paru poussive et bien fade c’est dire !
C’est à Matteo Mancuso que revient la lourde tâche de clôturer cette journée de vendredi… Il s’en sortira à merveille avec son Jazz Rock Fusion de très haut niveau pour un moment de grâce musicale bien éloigné des gesticulations masturbatoires de ses 2 prédécesseurs. Il faut dire que le Sicilien est très bien entouré avec un bassiste et un batteur qui jouent comme des dieux. Même si le niveau technique est élevé, il n’empiète pas sur le Feeling et le plaisir de jouer de ce formidable trio. Le public ne s’y trompe pas et reste jusqu’au bout de ce Set enjôleur et parfait pour terminer ce vendredi très axé sur la guitare…
Le samedi, dernier jour du festival, sera plutôt éclectique musicalement parlant puisqu’on passera du Blues Rock au Hard en passant par le Funk et le Latino. Venu de Troyes, Younger Spirit est le troisième et dernier finaliste du Tremplin GES à se produire cette année. Il s’agit d’un Power-Trio composé de Gabriel au chant et à la guitare, Rémi à la basse et aux chœurs et Gatien derrière les fûts. La voix de Gabriel, légèrement éraillée, colle parfaitement au Blues-Rock proposé par ces jeunes musiciens qui puisent leurs influences chez Stevie Ray Vaughan ou John Mayer. Jolie découverte sur la scène « Village » donc !
J’avais beaucoup aimé Nik West il y a 2 ans sur cette même scène et l’annonce de son retour mais sous le grand chapiteau cette fois avait tout pour me plaire mais il n’en fut rien.
Un son ultra fort et brouillon, un Set qui part dans tous les sens, des digressions sans fin et des postures éculées ont tout gâché. Autant j’avais trouvé son Show très rafraîchissant et musicalement parfait la dernière fois, autant sa prestation « à l’américaine » de cette fois m’a vraiment déçu. Même les reprises des Beatles ou de Prince se sont noyées dans un flot de Funk sans grand relief…
Heureusement Santana sera là pour remettre les pendules à l’heure… Ce sera mon 10ème concert du célèbre guitariste depuis la tournée « Zebop » en 1981… Un Show excellent en tout point. On avait dit que Carlos était très affaibli suite à son malaise sur scène il y a quelques semaines. C’est vrai qu’il s’assoit relativement souvent mais son jeu de guitare reste toujours le même. Son groupe est sans doute l’un des meilleurs qui l’aient accompagné dans sa longue carrière. Celle qui m’a le plus impressionné c’est sa femme Cindy Blackman qui accomplit un travail phénoménal à la batterie tout au long du Set.
Mais les autres ne sont pas en reste à commencer par les chanteurs dont l’excellent Andy Vargas et les percussionnistes qui se déchaînent sur leurs tambours.
Une Setlist de rêve qui revisite tous les hits des 60 ans de carrière de Carlos : « Soul Sacrifice », « Jin-Go-Lo-Ba », « Evil Ways », « Black Magic Woman/Gypsy Queen », « Oye Como Va » et « Maria Maria » d’entrée de jeu, on ne peut espérer mieux ! Et puis le légendaire « She’s Not There » des Zombies un peu plus tard sans oublier l’incontournable Slow « Europa » de nos tendres années et les sublimes « Smooth », « Put Your Lights On » et « Yaleo » qui avaient illuminé l’album « Supernatural » de la fin des 90’s et qui marquaient le grand retour de Carlos au sommet des Charts mondiaux.
On aura droit également à la venue d’Orianthi, qui se produit juste après sur la scène « Village », pour un duel de guitares sur le Groovy « Hope You’re Feeling Better » et le chaloupé « The Game Of Love ». La cerise sur le gâteau (d’anniversaire) ce seront les fleurs et la pâtisserie de circonstance pour célébrer les 78 printemps de Mr Santana puisqu’il est du lendemain, le 20 juillet 1947. La foule reprendra en chœur le traditionnel « Happy Birthday To You » avec une ferveur inégalée. Dans mon Top 3 de ce GES avec Saults et Simple Minds assurément !
Mais le festival n’est pas fini puisque la belle Orianthi va se produire maintenant en clôture du GES. L’ancienne guitariste de Michael Jackson, Prince et Alice Cooper vient nous présenter son nouvel album « Some Kind Of Feeling » sorti il y a peu. En formule Power-Trio, l’Australienne va impressionner le nombreux public qui s’est massé devant la scène « Village ».
Un charisme certain, une voix envoûtante, un jeu de guitare bien rôdé, toutes les conditions sont réunies pour un Show de qualité. Hormis ses titres qui sont plutôt intéressants, Orianthi nous gratifiera de quelques reprises comme « Never Make Your Move Too Soon » de B.B. King, « All Right Now » de Free, « Sharp Dressed Man » de Z.Z.Top et bien sûr le morceau de bravoure « Voodoo Child » de qui vous savez pour finir son Set. Je n’avais jamais vu l’Australienne auparavant et je sais d’ores et déjà que je retournerai la voir à la première occasion…
Bon alors finalement cette nouvelle édition de Guitare En Scène que faut-il en retenir ? De belles découvertes notamment Saults sur la « Village » et Adéen sur la « Quartier Libre », des confirmations sous le chapiteau comme Santana ou Simple Minds, quelques déceptions comme Nik West… Mais ce festival à taille humaine reste un moment de partage avec les organisateurs, les photographes, les bénévoles, les passionnés du public et c’est sans doute cela qui compte le plus dans son succès qui perdure…
Merci à Thierry, Géraldine, Pascale, Laurent, Jacques…